1-Hostage Crisis 4.42
2-Elegy 1.20
3-The Troops Arrive 1.13
4-F.U. Danny Roman 1.33
5-The Stakeout 1.56
6-Take The Shot 2.07
7-No Turning Back 1.29
8-Bluff and Double Bluff 4.17
9-The Second Breach 2.06
10-Chris Sabian Replaced 2.09
11-Blow-Up 4.06
12-The Final Breach 2.42
13-Escape 1.09
14-End Game 5.21
15-End Titles 5.11

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Restless records
0 1877 72972-2

Producteur de l'album:
Graeme Revell
Monteur de la musique:
Josh Winget

Artwork and pictures (c) 1998 Regency/Warner Bros. All rights reserved.

Note: ****
THE NEGOTIATOR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Réalisateur de 'Friday' et 'Set It Off', F.Gary Gray nous livre pour son troisième film un superbe thriller/film d'action qui raconte l'histoire mouvementée de Danny Roman (Samuel L.Jackson), un négociateur injustement accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, obligé de prendre un immeuble du gouvernement en otage pour prouver son innocence et découvrir enfin toute la vérité. Après une opération réussie, Danny Roman rentre chez lui pour fêter cela. Un soir, son ami Nathan Roenick (Paul Guilfoyle), inquiet, lui donne un rendez-vous quelque part pour lui confier une bien sombre découverte: selon lui, des policiers de leur district seraient impliqués dans une affaire de détournement de fonds. Certains de leurs amis les plus proches auraient ainsi monté un plan pour voler de l'argent dans les fonds de pension de leur département. Arrivé sur les lieux du rendez-vous, Roman découvre avec horreur que son ami Nathan a été assassiné d'une balle dans la tête. C'est le début de la descente aux enfers pour Danny Roman. Après que la police l'ait arrêté sur les lieux du crime puis relâché peu de temps après, Roman reçoit chez lui la visite des inspecteurs de Terence Niebaum (J.T. Walsh) du bureau des affaires internes: deux preuves accablantes fond de lui le suspect idéal dans cette sombre affaire: on a retrouvé l'arme du crime avec ses empreintes ainsi que des dossiers compromettants placés exprès chez lui pour le faire accuser. Danny Roman sait que quelqu'un cherche à lui faire porter le chapeau, mais il n'a aucun moyen de prouver son innocence: démobilisé, Roman doit employer la manière forte s'il veut découvrir la vérité et venger la mort de Nathan. Il décide de prendre l'immeuble de Niebaum en otage en retenant dans son bureau Niebaum, ainsi qu'un petit indic' nommé Rudy Timmons (Paul Giamatti), Maggie la secrétaire de Niebaum (Siobhan Fallon) sans oublier Grant Frost (Ron Rifkin), l'un des collègues de Danny venu pour tenter de le raisonner et devenu à son tour un otage. Dès lors, la police et le FIB encerclent l'immeuble et vont tout faire pour tenter de mettre Danny Roman hors d'état de nuire et de libérer les otages. Seulement voilà, Roman est un négociateur qui connaît toutes les astuces et les combines en tout genre pour tenter de résoudre une telle affaire, et il n'aura de cesse d'anticiper les moindres faits et gestes de leurs collègues qui se trouvent tous en bas et qui n'attendent qu'une chose: en finir une bonne fois pour toute. Bien déterminé à découvrir la vérité et à savoir qui a comploté contre lui, Roman va soumettre Niebaum à un interrogatoire long et pénible jusqu'à ce qu'il se décide à parler, persuadé qu'il lui ment depuis le début. Finalement, Roman décide de faire appel à un négociateur étranger au département, Chris Sabian (Kevin Spacey). Roman sait que certains de ses amis sont les vrais coupables, il n'a donc désormais plus le choix: il devra faire confiance à un inconnu s'il veut tenter de découvrir la vérité et de prouver une bonne fois pour toute son innocence.

La tension semble être le mot d'ordre de cet excellent thriller diablement captivant! Dans 'The Negotiator', on retrouve une fois de plus l'éternelle intrigue du héros accusé d'un crime qu'il n'a pas commis et obligé de ruser pour tenter de prouver son innocence. Ici, Danny Roman se bat seul contre tous, avec comme seules armes ses connaissances de négociateur, sa détermination et sa ruse. En ce sens, le message du film semble être assez clair: il ne faut jamais baisser les bras! F.Gary Gray maîtrise apparemment pleinement son sujet, en posant une intrigue simple qui se complexifie au fur et à mesure où on découvre que les propres collègues de Roman veulent lui faire la peau, impliqués eux aussi dans le complot. On retrouve ici un climat similaire à celui de 'Die Hard' de John McTiernan, à savoir un film d'action se déroulant dans un immeuble en huis-clos. Evidemment, la comparaison s'arrête là car 'The Negotiator' joue nettement plus sur le suspense, l'atmosphère, les coups de théâtre et la tension, une tension extrêmement bien filmée et qui rend le film pleinement captivant. On a adhère très vite à cette sympathique histoire de prise d'otage sur fond de conspiration Shakespeariennen, l'excellent Samuel L.Jackson donnant la réplique au non moins excellent Kevin Spacey dans un thriller mouvementé et très réussi. Sans aucun doute l'un des meilleurs films d'action de la fin des années 90!

Graeme Revell n'a eu de cesse d'explorer tout au long des années 90 les musiques de thriller, des films d'aventure et d'action. En ce sens, Revell n'est pas en terrain inconnu sur 'The Negotiator'. Il nous livre là un score d'action/suspense tout aussi captivant que le film de F.Gary Gray, et ce à défaut d'être d'une grande originalité. Le compositeur néo-zélandais a écrit un excellent thème principal exposé au début de 'Hostage Crisis', et qui aurait dû se retrouver dans le générique de début du film. Seulement voilà, le réalisateur a décidé d'utiliser une pièce électro/orchestrale composé par Craig Armstrong ('Romeo + Juliet', 'Bone Collector', 'Moulin Rouge', etc.), intitulée 'Rise' et extraite de son album 'The Space Between Us'. Dès lors, Revell n'avait pas d'autre choix: probablement utilisée dans le temp-track du film, la pièce d'Armstrong devait servir de modèle pour Revell qui composa donc un 'Main Title' quasiment calqué à quelques notes près sur le morceau d'Armstrong, auquel s'ajoute le propre thème principal de Graeme Revell. Finalement, c'est le morceau original de Craig Armstrong qui est utilisé dans le générique de début du film, et ce au profit de celui de Revell qui se retrouve au début de 'Hostage Crisis'. Avec sa rythmique pop/électro et son orchestre sombre essentiellement dominé par cordes, cuivres et un peu de synthé, Revell donne un côté cool avec ce thème intriguant qui évoque le mystère entourant cette conspiration au coeur de l'histoire du film.

'Hostage Crisis' développe quant à lui une atmosphère de suspense plus pesante pour la première scène de prise d'otage au début du film, dans laquelle Danny Roman fait preuve de ruse et d'audace pour tenter de mettre fin aux agissements d'Omar, le preneur d'otage. L'orchestre, plutôt sombre et tendu, crée cette ambiance de tension si caractéristique du score de 'The Negotiator'. De la tension, la partition de Graeme Revell n'en manque pas et n'aura alors de cesse d'élaborer tout au long du film une atmosphère sombre avec quelques explosions de violence parsemées d'excellents morceaux d'action dignes du compositeur de 'The Crow'. On notera la présence d'un nouveau thème confié à des choeurs à la fin de la séquence avec le preneur d'otage (morceau absent de l'album), un thème qui apporte ici une dimension tragique inattendue dans le score de 'The Negotiator', une excellente idée sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir plus tard.

Dans 'Elegy', Revell se paie le luxe de repiquer le thème de cornemuse de 'Braveheart' de James Horner, à tel point que l'on se demande comment Horner a put ne pas vouloir faire un procès à Revell pour plagiat. Toujours est-il que ce très beau morceau aux accents irlandais avec cornemuse soliste et orchestre décrit la douleur de Roman lors de la séquence des funérailles de son ami Nathan. 'Troops Arrive' renforce l'atmosphère sombre du film lorsque Frost arrive pour tenter de raisonner Roman et qu'il devient un otage à son tour. On retrouve vers la fin du morceau des percussions électroniques que Revell utilisera tout au long du score, dans un style qui n'est pas sans rappeler les mélanges orchestre/électro de l'excellent 'The Saint', score qui semble avoir servi de référence à Revell pour 'The Negotiator'. On ne pourra pas passer à côté de l'inévitable 'The Stakeout', un des meilleurs morceaux d'action pour l'arrivée des troupes de police encerclant l'immeuble. 'The Stakeout' développe le thème d'action du score avec percussions martiales, rythmiques électroniques, cuivres et cordes agitées.

On retrouve enfin le thème dramatique/religieux choral dans l'excellent 'Take The Shoot', le choeur d'hommes apportant une certaine gravité tragique pour l'une des meilleures séquences du film, lorsque l'un des snipers refuse de tirer sur Roman alors qu'il l'a en plein dans son viseur. Le choeur d'hommes pourrait presque évoquer ici la relation fraternelle de certains collègues de Roman qui savent qu'ils affrontent l'un des leurs et qui ne veulent pourtant pas le blesser ou le tuer. Il s'agit sans aucun doute ici de l'un des meilleurs passages dramatiques et émouvants du score, particulièrement intense dans cette scène-clé du film. Passé l'atmosphérique 'No Turning Back' qui évoque le fait que Roman ne peut plus reculer désormais, 'Bluff and Double Bluff' évoque l'un des rebondissements du film avec une atmosphère de suspense toujours aussi sombre et tendue, quasiment menaçante. La tension ne cesse de monter tout au long du film, Revell ayant recours à quelques sonorités électroniques pour cette scène de suspense assez glauque. 'Bluff and Double Bluff' est tout à fait caractéristique du style atmosphérique/suspense dans lequel baigne la musique de Graeme Revell pour le film de F.Gary Gray, le compositeur se montrant finalement très à l'aise dans ces passages plus calmes et menaçants, parfaitement représentatifs de l'atmosphère de tension du film.

Avec l'excellent 'The Second Breach', on entre enfin dans la partie finale du film avec l'un des meilleurs morceaux d'action du score. Revell reprend les rythmiques électroniques héritées de 'The Saint' et les couple à un orchestre survolté dominé par des percussions, des cuivres agressifs et des cordes tendues. 'The Second Breach' décrit l'une des scènes où une escadre de policiers tentent de pénétrer l'immeuble en attaquant Danny Roman. L'écriture action du compositeur est dominé par ces rythmes synthétiques excitants, ces cuivres et ces cordes qui rappellent une fois encore les morceaux d'action de 'The Saint', la musique se montrant une fois encore particulièrement intense dans la scène du film (on notera au passage la reprise du thème entendu dans 'The Stakeout' et apparemment attribué aux flics). C'est ces montés de tension et d'action intense que l'on appréciera surtout dans cette dernière partie du film, nettement plus mouvementée. On retrouve une ambiance d'action similaire dans 'Blow-Up' avec ses percussions électroniques et 'The Final Breach' (attaque finale lors de l'évasion de Roman qui s'échappe astucieusement de l'immeuble en plein 'climax' d'action dans 'Escape'). L'efficacité de ces morceaux d'action à l'écran est indiscutable, Revell prouvant au passage qu'il est une valeur sûre de la musique de thriller/action.

Pourtant, aussi sombre et tendu que soit le film, l'émotion n'est jamais mise en retrait, et le superbe 'Chris Sabian Replaced' est là pour nous le prouver. En l'espace de 2 minutes, Revell transforme la scène où le FBI prend le contrôle des opérations et vire Sabian en une véritable séquence dramatique étonnante. Le thème choral donne un ton poignant sur cette scène qui semble annoncer un destin bien sombre pour Danny Roman. C'est finalement le magnifique 'End Game' qui met fin à la tension et au suspense au cours d'un climax final quasiment inoubliable. Revell met en avant ici un climat dramatique et tragique particulièrement poignant, un sommet de l'émotion rare chez le compositeur. Cordes et cuivres s'unissent avec des timbales quasi funèbres pour la scène du bluff de Sabian et où Roman démasque enfin les conspirateurs chez Niebaum. Le climat quasi funèbre et dramatique du morceau est d'une intensité rare dans cette superbe séquence finale qui trouve son apogée au cours d'une ultime reprise du thème choral transcendé par un choeur d'hommes plus puissant que jamais dans la scène où le conspirateur est finalement arrêté et mis définitivement hors d'état de nuire. Revell nous délivre ici un requiem poignant pour la chute du méchant, une ultime touche d'émotion étonnante et inattendue, comme si le compositeur transformait la défaite du mauvais en une sorte d'hymne tragique pour le personnage en question (le morceau finit de manière plus intime avec guitare et orchestre). L'intensité de cette magnifique pièce dans la séquence finale est indiscutable et nous prouve que Graeme Revell n'est définitivement jamais aussi inspiré que lorsqu'il compose pour des bons films!

Vous l'aurez compris, 'The Negotiator' est décidément l'une des meilleures partitions de Graeme Revell, un score d'une qualité inattendue pour cet excellent thriller de F.Gary Gray. Souvent considéré à juste titre comme l'un des meilleurs travaux du compositeur avec 'The Crow', le score de 'The Negotiator' est la preuve que le compositeur possède plus d'un tour dans son sac, et même si sa musique manque cruellement de personnalité et d'originalité (on ressent ici les influences majeures des temp-tracks: Craig Armstrong, 'Braveheart', 'The Saint', etc.), elle arrive à nous captiver pleinement et à nous faire partager avec enthousiasme une aventure sombre et mouvementée à travers cette histoire de prise d'otage et de conspiration. 'The Negotiator' est aussi la preuve qu'un film d'action peut aussi contenir de grands moments d'émotion comme nous le prouvent les choeurs d'hommes aux proportions religieuses et lyriques pour les moments dramatiques les plus forts du film. Si vous ne devez retenir que trois ou quatre scores dans la carrière de Graeme Revell, 'The Negotiator' devrait faire partie d'eux!


---Quentin Billard