1-Main Title 3.53
2-The Bank Robbery 3.30
3-"Prison Introduction" 0.20*
4-Over The Wall/Airforce One 2.22
5-He's Still Alive/Romero 2.12
6-"Snake' Plissken" 1.41*
7-Orientation 1.47
8-"Tell Him" 1.46*
9-Engulfed Cathedral 3.31**
10-Across The Roof 1.14
11-Descent Into New York 3.37
12-Back To The Pod - Version #1 1.34
13-Everyone's Coming
to New York 2.24***
14-"Don't Go Down There!" 0.19*
15-Back to the Pod - Version #2/
The Crazies Come Out 2.09
16-"I Heard You Were Dead!" 0.09*
17-Arrival at the Library 1.06
18-"You Are the Duke
of New York" 0.16*
19-The Duke Arrives/Barricade 3.35
20-President at the Train 2.28
21-"Who Are You?" 0.27*
22-Police Action 2.27
23-Romero and the President 1.43
24-The President is Gone 1.53
25-69th Street Bridge 2.43
26-Over The Wall 3.42
27-"The Name is Plissken" 0.25*
28-Snake Shake - End Credits 3.58

*Dialogue extrait du film
**Composé par Claude Debussy
Arrangé par Alan Howarth
***Paroles et musique de
Nick Castle.

Musique  composée par:

John Carpenter/Alan Howarth

Editeur:

Silva Screen Records
SSD 1110

Montage, séquencage et
programmation synthétiseur par:
Alan Howarth

Artwork and pictures (c) 1981 AVCO Embassy Pictures. All rights reserved.

Note: ***
ESCAPE FROM NEW YORK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Carpenter/Alan Howarth
‘Escape from New York’ (New York 1997) fait sans aucun doute partie des grands classiques du cinéma d’anticipation des années 80. Réalisé par un John Carpenter en pleine forme, ce long-métrage sombre et violent nous transporte dans le New York du futur en 1997, alors que le taux de criminalité a augmenté de près de 400% et que Manhattan s’est transformée en gigantesque prison encerclée par des murs de plus de 15 mètres de haut, protégés par des gardiens armés aux endroits stratégiques. A l’intérieur de cette prison, 3 millions de détenus y vivent dans la crasse et les ruines, organisés en bandes rivales. Un jour, un groupe de terroristes détournent Air Force One, l’avion du président des Etats-Unis (Donald Pleasence) qui s’écrase sur un immeuble en plein milieu de la prison. Mais le président a eu le temps de s’éjecter avant d’être kidnappé au sol par un groupe de criminels de la bande du Duke (Isaac Hayes), le numéro un à New York. Le directeur de la prison Bob Hauk (Lee Van Cleef) fait alors appel à Snake Plissken (Kurt Russell), ancien héros militaire fait prisonnier à la suite d’un braquage qui a mal tourné. Snake est chargé de s’infiltrer discrètement dans la prison et de récupérer le président afin que ce dernier puisse assister à un important congrès international qui aura lieu dans 24 heures. Afin de s’assurer que Snake remplira à temps sa mission, Hauk lui fait injecter deux micro-explosifs dans ses artères avec un compte à rebours mortel: s’il ne ramène pas le président dans les 24 heures, Snake mourra. Notre héros part donc accomplir sa dangereuse mission seul dans les quartiers malfamés de Manhattan, parmi les criminels de tout poil et les clochards affamés.

Tourné avec un budget modeste de 6 millions de dollars (ce qui reste quand même assez élevé pour une série-B de John Carpenter. Par exemple, ‘The Fog’ n’avait coûté qu’un million de dollars et ‘Halloween’ 325000 dollars), ‘Escape from New York’ reste à ce jour l’un des films les plus appréciés par l’ensemble des fans de John Carpenter. Il faut dire que le personnage de Snake Plissken incarné par un Kurt Russell très charismatique a largement contribué au succès du film, en campant ce héros solitaire pris au piège et qui n’est pas sans rappeler certains grands héros de western façon Clint Eastwood, avec son attitude cool et ses répliques cinglantes (incluant le fameux ‘Call me Snake’). Passionné depuis toujours par les westerns, Carpenter décida ainsi de glisser quelques allusions dans son film, avec, par exemple, la présence de l’acteur Lee Van Cleef, un habitué des westerns de Sergio Leone. Le casting est d’ailleurs sans aucun doute l’un des points forts du film, réunissant quelques ‘vieilles’ stars d’Hollywood comme Ernest Borgnine, Donald Pleasence, Lee Van Cleef, sans oublier la présence du chanteur/compositeur Isaac Hayes, à qui l’on doit le célèbre thème du film ‘Shaft’ (1973), et qui interprète ici un Duke méchant à souhait. La voix-off de l’ordinateur au début du film est interprétée quand à elle par Jamie Lee Curtis, actrice fétiche de John Carpenter (‘Halloween’, ‘The Fog’, etc.). Construit sous la forme d’un captivant compte à rebours, ‘Escape from New York’ est un film d’anticipation dans la plus pure tradition du genre, nous dévoilant un futur chaotique où la société tente de survivre sous le joug d’un état policier, sujet classique des films d’anticipation. Il faut dire que le film de Carpenter doit beaucoup à ses couleurs obscures et à son atmosphère nocturne et pesante, la majeure partie du film se déroulant la nuit, dans des quartiers en ruine couvert de crasse et de détritus - le réalisateur ayant obtenu l’autorisation de tourner une partie du film dans les anciens quartiers de Saint-Louis dans le Missouri, alors que le centre-ville avait été incendié dans les années 70, provoquant la ruine de la municipalité, un cadre idéal pour ‘Escape from New York’. Visuellement, le film est une vraie réussite, malgré son budget modeste. Les maquettes de la ville sont convaincantes, ainsi que la photographie, assurée par un jeune James Cameron méconnu à l’époque et qui débutait en tant que dessinateur de peintures sur verre et directeur de la photographie des effets spéciaux sur le film de Carpenter. Avec son atmosphère urbaine oppressante qui rappelle certains de ses anciens films (à commencer par ‘Assault on Precinct 13’ pour le côté ‘zombie’ accordé aux criminels et autres clochards du film), ‘Escape from New York’ est de loin l’une des plus grandes réussites de John Carpenter, qui donnera lieu à une suite tournée en 1996 (‘Escape from L.A.’), et qui, au passage, a largement contribué à lancer la carrière de Kurt Russell et à amplifier celle de Carpenter – excusez du peu!

Comme d’habitude, la musique est composée par John Carpenter lui-même, qui nous livre un nouveau score 100% électronique en collaboration avec son fidèle complice Alan Howarth, qui s’est occupé ici de bâtir le design sonore des synthétiseurs. Comme toujours chez Carpenter, la musique sonne irrémédiablement ‘synthé années 80 kitsch’ s’apparentant bien souvent à des ‘bip-bip’ extrêmement datés mais qui n’ont rien perdu de leur charme, car le score de ‘Escape from New York’ fait sans aucun doute partie des grands classiques du compositeur, et plus particulièrement son thème principal mémorable associé à Snake Plissken, thème dont la popularité est à hisser au rang de ceux, tout autant mémorable, pour ‘Halloween’ ou ‘Assault on Precinct 13’. Porté par une petite rythmique sympa et les traditionnelles formules d’ostinato rythmique chères au compositeur, le thème possède ce côté mélodique ‘cool’ que l’on associe immédiatement au personnage interprété par Kurt Russell. Il est d’ailleurs regrettable que le compositeur ne s’en serve pas plus souvent durant le film. L’action débute avec ‘The Bank Robbery’ pour la scène supprimée où l’on voyait Snake et ses acolytes braquer une banque sur fond de batterie et de synthé tendance pop/rock. ‘Over the Wall/Air Force One’ nous permet quand à lui de retrouver les sempiternelles formules d’ostinato rythmique indissociable des musiques électroniques de Carpenter pour accompagner la scène du détournement de l’avion présidentiel. Comme d’habitude, la musique de Carpenter reste très minimaliste, à l’instar de celles pour ‘Assault’, ‘Halloween’ ou ‘The Fog’. Des nappes, des rythmiques (voire par moment juste une pulsation), des sons parfois étranges et sombres et quelques rappels thématiques, rien de bien neuf pour ceux qui connaissent déjà ce style de musique mais un charme toujours présent. ‘Orientation’, par exemple, s’avère être très représentatif du style musical de Carpenter, avec son ostinato régulier qui annonce par moment ‘The Thing’ et ses sons qui évoquent ici ‘The Fog’. Le compositeur nous propose même une reprise inédite d’une pièce classique, ‘La cathédrale engloutie’ (Engulfed Cathedral en anglais) de Claude Debussy, pièce écrite à l’origine pour piano que Carpenter transcrit ici sur ses synthétiseurs afin d’évoquer l’univers obscur de la prison de Manhattan comparée ici à une ‘cathédrale’ engloutie dans les ténèbres et la décadence, une bonne idée qui vient relancer l’intérêt de cette musique atmosphère qui pose une ambiance sonore particulièrement adéquate avec l’atmosphère sombre du film.

Le travail d’Alan Howarth se fait particulièrement ressentir dans ‘Descent into New York’ où les sonorités étranges et textures électroniques quasi malsaines se mélangent dans un amas sonore particulièrement obscur et oppressant, durant la scène où Snake descend dans New York. La musique évoque ici le danger et le menace que représente l’immense prison, les sonorités synthétiques étranges et froides conférant un côté ‘inhumain’ à New York, un côté presque surréaliste, diabolique. Ce travail de texture sonore se prolonge sur ‘Back to the Pod’ et surtout l’excellent ‘The Crazies Come Out’ durant la scène où Snake est attaqué par une horde de clochards enragés. Sonorités métalliques, frottements bizarres et sons synthétiques déformés forment ici un cocktail assez saisissant et oppressant, Carpenter installant clairement ici une ambiance oppressante quasiment horrifique pour cette scène du film. ‘Arrival at the Library’ (scène où Snake arrive à la bibliothèque pour rencontre Brain et Maggie) s’oriente plus quand à lui du côté de l’action avec une nouvelle petite formule d’ostinato rythmique minimaliste qui rappelle par moment le thème d’Halloween. On notera aussi un sympathique ‘The Duke Arrives/Barricade’ pour la scène où le Duke apparaît pour la première fois à bord de sa luxueuse voiture. La scène est entièrement portée par une batterie rock et une nappe de synthé qui suggère le côté menaçant du personnage, tandis que la batterie apporte une pulsation en adéquation avec la scène, lui apportant une certaine énergie tout en relançant le dynamisme général du score, à l’instar de ‘President At The Train’ lorsque Snake part sauver le président retenu prisonnier dans un train désaffecté appartenant au Duke. La tension monte durant les très rythmés et minimalistes ‘Romero and the President’, ‘The President is Gone’ ou la course poursuite en voiture sur le pont miné dans ‘69th Street Bridge’ avec, comme toujours, les sempiternelles formules d’ostinato rythmique, le score se concluant sur une dernière reprise du thème principal pour le générique de fin.

Sans être un grand chef-d’oeuvre impérissable, le score de ‘Escape from New York’ s’avère être très réussi dans l’atmosphère sombre et particulière qu’il cherche à imposer tout au long du film. Très minimaliste, la musique fonctionne sur des éléments simples, ostinato, nappes, rythmes et un thème principal accrocheur. On est loin ici du côté monotone et ennuyeux de la musique de ‘Assault on Precinct 13’ qui, a contrario, cherchait trop à miser plus sur le minimalisme au profit de l’intérêt musical. Ici, John Carpenter essaie de varier les ambiances même si l’ensemble demeure toujours un peu répétitif et légèrement monotone. Mais les bonnes idées que le compositeur met en avant (sonorités expérimentales de son complice Alan Howarth, morceau de Debussy transposé sur des synthétiseurs, passage avec batterie rock, etc.) servent ici la cause du film qui s’en ressort grandi, la musique apportant incontestablement un charme supplémentaire aux images et à l’ambiance de ‘Escape from New York’. Comme d’habitude, Carpenter sait comment accompagner les images de ses propres films et s’en tire toujours bien avec très peu de moyens. A noter que l’album ‘Expanded’ sorti il y a quelques années s’avère être un peu décevant puisque la plupart des morceaux ont des sonorités différentes de la version d’origine, le compositeur ayant apparemment jugé utile de moderniser certains sons synthétiques (sans omettre le fait que, curieusement, certains morceaux ont été raccourcis par rapport à la version d’origine). Ainsi, les puristes préfèreront sans aucun doute se rabattre sur la version d’origine publiée en 1981 par Varèse Sarabande, cet ‘Expanded’ étant évidemment à réserver en priorité aux inconditionnels du compositeur et de sa musique pour ‘Escape from New York’!


---Quentin Billard