1-Ave Satani 2.31
2-On This Night 2.33*
3-The New Ambassador 2.35
4-Where Is He? 0.54*
5-I Was There 2.25*
6-Broken Vows 2.09*
7-Safari Park 3.22
8-A Doctor, Please 1.42
9-The Killer Storm 2.53
10-The Fall 3.43
11-Don't Let Him 2.46
12-The Day He Died 2.13*
13-The Dogs Attack 5.52
14-A Sad Message 1.42
15-Beheaded 1.45*
16-The Bed 1.06
17-666 0.44*
18-The Demise of
Mrs.Baylock 2.53
19-The Altar 2.02
20-The Piper Dreams 2.39**

*World Premiere Release
**Musique de Jerry Goldsmith
Interprété par Carol Goldsmith
Paroles de Carol Goldsmith
Arrangé par Arthur Morton

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6288

Produit par:
Jerry Goldsmith
Deluxe Edition produite par:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 2001 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ****
THE OMEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Le film de Richard Donner, The Omen ('La Malédiction') se place très clairement dans la perspective d'une exploitation du thème de l'Antéchrist amorcé par le succès commercial de 'The Exorcist' (1973) de William Friedkin. Loin des scènes chocs de l'Exorciste, le film de Donner est largement plus soft. A ce propos, les fans de film d'horreur bien gore seront déçus: cela n'a visiblement pas été le but du réalisateur sur ce film mélangeant sombre prémonitions, mystères angoissants et thèmes religieux. L'ambassadeur américain Richard Thorn (excellent Gregory Peck) se rend un jour à l'hôpital pour apprendre que sa femme Katherine (Lee Remick) était enceinte mais que le bébé est mort et n'a pas survécu à l'accouchement. Pour lui éviter un chagrin profond, Thorn décide d'adopter un enfant et de le faire passer pour son nouveau-né. Mais cette décision va l'entraîner progressivement dans une sombre descente aux enfers. Sans le savoir, Thorn a adopté Damien, un enfant qui est en réalité la réincarnation de l'Antéchrist, celui qui devra venir sur terre le jour de l'Apocalypse pour répandre l'enfer chez les hommes et asseoir le royaume de Satan. Malgré les avertissements d'un prêtre qui le conjure de se débarrasser de cet enfant, Thorn ne voudra rien entendre jusqu'à ce que les choses tournent mal et que Katherine se retrouve à l'hôpital alors que Damien l'a poussé dans le vide. Menant sa propre enquête avec l'aide d'un photographe, Thorn ne va pas tarder à découvrir la véritable identité de Damien lorsqu'il observera cette mystérieuse marque sous ses chevaux, 666, le chiffre de la bête selon un verset de l'Apocalypse dans la Bible. Le film joue habilement sur l'idée (comme dans The Exorcist) d'un enfant faussement innocent renfermant un véritable démon suppôt de Satan. Si dans ce premier épisode Damien est moins agressif que dans le second opus, il n'en demeure pas moins un être cruel et sans pitié prêt à écraser tout le monde sur son passage alors qu'il n'est même pas plus haut que trois pommes. Donner a aussi beaucoup insisté sur les mythes religieux et les nombreuses allusions et citations à la Bible, donnant une couleur mystique à cette sombre histoire qui joue sur une peur ancestrale: celle du diable, de l'inconnu, celle du mal suprême. Beaucoup de suspense et très peu de sang pour un premier épisode réussi sans être inoubliable, probablement l'épisode le plus réussi de toute la trilogie (on mettra à part le quatrième épisode tourné pour la télévision).

En 1976 et à la sortie du film, personne ne s'attendait au choc qu'allait créer la terrifiante musique de Jerry Goldsmith pour The Omen, un score pour lequel le célèbre 'Ave Satani' lui a permit de remporter haut la main le seul oscar de toute son immense carrière pour ce très bon score (c'est à mon avis très injuste car il aurait dû être récompensé pour de nombreuses autres œuvres!) en 1977. Je parle de choc car la musique de Goldsmith a littéralement fait une très forte impression à la sortie du film de part son caractère satanique et démoniaque. Tout repose en fait sur l'utilisation d'une chorale en latin qui proclame dans l'Ave Satani du générique de début un terrifiant hymne à Satan chanté en latin dans une messe noire sous forme de procession macabre et démoniaque. Alors que le chœur entame les paroles "Sanguis bebimus, Corpus bebimus" (le sang nous buvons, le corps nous dévorons), les plus sombres sonorités orchestrales installent le rythme de procession de cette terrifiante messe noire qui sera vite rejointe par un orgue alors que le morceau va monter en puissance pendant que l'on voit un plan fixe dans le générique de début avant la silhouette menaçante du petit Damien à droite de l'écran et sur fond rouge/noir. Saisissant, cette messe noire servant d'introduction au film nous plonge tout de suite dans l'ambiance satanique de ce très sombre score. On notera que le thème de la famille apparaît dès le début de l'Ave Satani et dont on peut entendre un bout du motif de quelques notes au piano. L'astuce est de mélanger ce thème à consonance positive (il évoque le côté rassurant et uni de la famille Thorn ainsi que son bonheur au début du film) sur la toile cauchemardesque tissé par la chorale satanique de cette sombre ouverture. Le message est clair: les Thorn vont plonger dans les enfers à cause du jeune Damien.

'On This Night' impose dès le début du film un climat grave alors que Thorn apprend que le bébé de sa femme est que le père Spiletto lui conseille d'adopter un enfant et de le faire passer pour ce bébé sans rien dire à sa femme. Avec des cordes graves, quelques vagues notes de piano et quelques vents, Goldsmith utilise le 'Love Theme' évoquant la famille mais ici sous une forme sombre qui évoque à la fois le drame de la scène et les conséquences dramatiques que vont entraîner le choix de Thorn. Les orchestrations oscillant entre cordes, vents et harpe sont très intéressante et la musique se conclue sur le 'Love Theme' alors que le couple Thorn célèbre l'arrivée de leur nouveau fils. Le climat de la musique du début du film est évidemment encore très douce et tendre, le calme avant la tempête. Dans le très beau 'The New Ambassador', Goldsmith expose pleinement son superbe 'Love Theme' très chantant, d'abord aux cordes, ensuite au piano. Il évoque le bonheur du couple au début de cette histoire: le couple est comblé car ils ont un enfant. Par ailleurs, Katherine apprend que Richard est devenu le nouvel ambassadeur américain. Bref, tout va bien pour eux et le très beau Love Theme que Goldsmith développe à son orchestre est là pour soutenir cette idée de famille unie et heureuse.

La fausse alerte évoquée aux cordes au début de 'Where Is He?' apporte le premier élément sombre du score alors que le couple en promenade perd de vue le jeune Damien pendant quelques instants. Les problèmes commencent vraiment avec le sombre 'I Was There' qui évoque un sentiment sous-jacent de menace alors que le père Brennan arrive dans le bureau de Richard Thorn pour l'informer et le mettre en garde du risque qu'il court lui et sa femme à cause de Damien en tentant de lui expliquer de manière confuse que leur nouveau fils n'est pas le jeune enfant innocent qu'il croit être. Notons la réutilisation de ce motif descendant aux cordes déjà présent dans 'On This Night' et qui évoque la menace et la sombre prémonition du prêtre. Passé l'Ave Satani du générique de début, 'Broken Vows' est le premier morceau à faire intervenir les choeurs dans le film. Alors que le couple veut se rendre avec Damien à l'église, ce dernier commence à se comporter bizarrement alors que la voiture s'approche de l'église. Pris d'une soudaine colère inexplicable, Damien se jette de rage sur Katherine. Les choeurs apparaissent alors pour évoquer l'identité diabolique de Damien qui ne supporte pas les églises et ne peut y rentrer dedans. On appréciera ici la manière dont Goldsmith installe ses ostinatos rythmiques avec des effets de pizzicati au début du morceau sur un tempo lent au caractère inexorable. On retrouve ce passage dans 'A Safari Park' lors de l'attaque des singes dans le zoo. Les choeurs sont là pour évoquer le caractère diabolique de Damien qui effraie les animaux et qui rend fou les singes. On retrouve le thème de la famille dans 'A Doctor, Please' alors que Katherine avoue à Robert un soir au lit qu'elle est prise d'angoisse et qu'elle a besoin de voir un psychiatre. Lent, le motif est exposé au piano tout en étant confronté de manière astucieuse au thème de la menace de 'On This Night' aux cordes, la juxtaposition de ces deux thèmes ayant évidemment un rapport avec ce qu'il va se passer par la suite.

'The Killer Storm' est le premier morceau véritablement terrifiant où il y'a un mort dans le film. Comme souvent, Goldsmith installe un ostinato avec la chorale en latin et l'orchestre alors que le père Brennan se retrouve coincé devant l'entrée d'une église, pris au piège par une mystérieuse tempête qui est apparue soudainement alors qu'il se venait une fois de plus de parler à Thorn des dangers qui menaçaient lui et sa femme. Les ostinatos qu'installe Goldsmith ne servent qu'à renforcer l'aspect inexorable de ce qui va se passer à la fin de la séquence, à savoir la mort inévitable du père Brennan. Le morceau finit de manière chaotique avec des choeurs puissants et infernaux. Ce morceau terrifiant permet à la partition de prendre une tournure plus chaotique et infernale alors que Damien provoque ses premiers grands méfaits. Dans le sombre 'The Fall', on retrouve le principe des ostinatos choeur/orchestre alors que Damien fait tomber Katherine par dessus la balustrade, l'envoyant à l'hôpital, et tout cela sous l'oeil mauvais de Mrs.Baylock, l'inquiétante nouvelle gouvernante. Notons l'utilisation intéressante d'une machine à vent (Maurice Ravel en a déjà utilisé dans certaines de ses oeuvres...)lors de la fin chaotique du morceau alors que Katherine fait sa chute mortelle.

Le drame se joue dans 'Don't Let Him' alors que Thorn vient voir sa femme à l'hôpital et qu'un docteur lui apprend que l'enfant qu'elle attendait est mort à la suite de cette chute, et ce avant que Katherine demande à son mari de ne pas laisser Damien tous les tuer, sa femme ayant compris le monstre qu'est Damien en réalité. Goldsmith utilise de manière triste et morne le thème de la famille au piano rivalisant avec des cordes sombres et dramatiques à la fois, la scène prenant une tournure de lente et douloureuse tragédie où le couple s'enfonce de plus en plus dans les enfers. De son côté, Thorn va mener son enquête avec le photographe dans le très sombre 'The Day He Died' où il en apprend un peu plus sur Damien et ses mystères. Après la très macabre scène dans le cimetière, Thorn et le photographe Keith Jennings se retrouvent confrontés à une meute de chiens enragés qui se jettent sur eux dans 'The Dogs Attack', les choeurs sataniques revenant une fois de plus en ostinatos pour évoquer l'attaque démoniaque de ces chiens enragés, et ce de manière chaotique alors que les deux hommes doivent fuir à tout vitesse de ce cimetière. Pour accentuer cette attaque, Goldsmith réutilise un bout de l'Ave Satani (il conserve surtout le caractère ainsi que les paroles du chant) accentuant la scène de manière chaotique.

Thorn approche de sa fin dans 'A Sad Message', là où Goldsmith réutilise le Love Theme qui ne sera jamais plus comme avant. Triste et déprimé, le thème apparaît sec et froid ici alors qu'un coup de fil apprend à Thorn que sa femme est morte, jeté par une fenêtre de l'hôpital. Le motif de la famille revient de manière délicate au piano sur fond de trémolos de cordes mais il est déjà trop tard, Thorn a perdu sa femme et il ne peut désormais plus reculer: sur les conseils d'un certain Bugenhagen, Thorn doit tuer Damien avec 7 dagues sur l'autel d'une église. Après le très sombre 'Beheaded' marquant la mort de Jennings décapité, et après le très mystérieux 'The Bed' qui marque la dernière utilisation du thème de la famille devenu plus sombre que jamais (notons les effets de cordes et de sombres glissendi), c'est le sinistre '666' qui marque l'inévitable alors que Thorn a enfin la preuve que Damien est bien la réincarnation de l'Antéchrist.

L'un des meilleurs morceaux de terreur de la partition fait son apparition dans 'The Demise of Mrs.Baylock' fonctionnant une fois de plus sur le principe des ostinatos et des choeurs en latin agressifs alors que Mrs.Baylock s'attaque à Thorn pendant que ce dernier tentait de s'emparer Damien pour l'emmener dans une église. L'affrontement entre Thorn et Baylock est accentué par un orchestre très agité, une écriture orchestrale et des choeurs magistralement écrits et interprétés de manière chaotique sur fond d'ostinato implacable et inexorable (l'inexorabilité étant le sentiment principal qui se dégage dans ces passages de terreur pure). Le récit trouve sa conclusion sur 'The Altar' dont la première partie satanique n'a pas été utilisé dans le film. Goldsmith reprend tout simplement l'Ave Satani pour le générique de fin, et pour se faire plaisir, Goldsmith s'est amusé à écrire une chanson adapté du Love Theme et chanté par sa propre femme Carol Goldsmith qui a aussi écrit les paroles de cette très belle chanson qui rompt complètement après tout le chaos et la terreur entendue dans ce sinistre score.

Que dire de The Omen si ce n'est qu'il s'agit bien là d'une oeuvre majeure dans la carrière de Goldsmith, une oeuvre très clairement inspirée dans laquelle il a sut trouver le ton juste pour aborder cette très sombre histoire d'Antéchrist. Rarement un compositeur aura su utiliser une chorale en latin de cette façon là tout au long du film. Si l'on pouvait formuler une petite critique, on pourrait dire que les ostinatos des morceaux de terreur du score ont tendance à être un brin trop métronomique et un peu trop carré sur le plan purement musical (et aussi un brin systématique mais c'est l'unité de la partition qui veut cela). Ceci dit, ce petit reproche ne pèse pas bien lourd face à la splendeur de cette partition atonale, dissonante et terrifiante tempérée par un très beau Love Theme et des passages plus dramatiques. En clair: un des chefs d'œuvre de Goldsmith!



---Quentin Billard