1-Main Title 3.29
2-The Bear is Back 1.19
3-Photos of Dad 0.50
4-Einar's Bike Ride 1.20
5-Visiting Griffin/A Lonely Evening 2.09
6-Honey 0.48
7-Mitch Visits the Bear 1.29
8-Leaving Gary 2.37
9-Jean's Arrival 1.24
10-Driving with Crane 1.14
11-Ride to the Gravesite 1.35
12-Lost in Thoughts 1.10
13-The Night Griffin Died 2.24
14-Trying to Forgive 0.56
15-Driving Lessons 1.06
16-Einar Takes Action 1.24
17-Breaking and Entering 2.28
18-At the Hospital/Forgiveness 1.15
19-Gary on the Bus 0.36
20-Einar's Story 0.50
21-Sneaking Out 1.12
22-A Long Awaited Freedom 1.24
23-Mitch's Dream/End Titles 2.25

Musique  composée par:

Deborah Lurie

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6683

Musique produite par:
Deborah Lurie
Album produit par:
Casey Stone
Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage musique:
David Carbonara
Préparation de la musique:
Booker White

Artwork and pictures (c) 2005 Miramax Film Corp. All rights reserved.

Note: ***1/2
AN UNFINISHED LIFE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Deborah Lurie
Pour son nouveau drame intitulé ‘An Unfinished Life’ (Une vie inachevée), Lasse Hallström nous invite à partager l’histoire d’Einar Gilkyson (Robert Redford), un fermier du Wyoming à la retraite qui tente d’oublier un passé douloureux, hanté par la mort de son fils survenue il y a 10 ans environ. Einar n’a plus qu’une seule occupation dans sa triste vie, s’occuper de son employé et vieil ami Mitch (Morgan Freeman), blessé par un grizzli il y a tout juste un an. Mais c’est au moment où il s’y attendait le moins que surgit brusquement sa belle-fille Jean (Jennifer Lopez), qu’il a toujours haï depuis la mort de son fils, la tenant pour principale responsable de ce qu’il lui est arrivé. Jean, qui a fuit son petit ami devenu violent, arrive sans le sou au ranch d’Einar avec sa fille de 11 ans, Griff (Becca Gardner), dont Einar n’avait jamais entendu parler auparavant. Ces retrouvailles inattendues avec Jean vont bouleverser à nouveau la vie d’Einar et faire ressurgir les anciens démons du passé.

Voilà un scénario taillé sur mesure pour un Lasse Hallström habitué aux drames, lui qui avait précédemment mis en scène un excellent Kevin Spacey dans le très beau ‘The Shipping News’. Le réalisateur, qui a toujours accordé beaucoup d’importance aux récits humains sans artifices, nous offre un nouveau drame splendide mené par un Robert Redford vieillissant mais toujours aussi inspiré, avec à ses côtés un Morgan Freeman parfait en vieil infirme avare en leçons de morale et une Jennifer Lopez juste et touchante (elle parvient même à faire oublier les mauvais films qu’elle a fait auparavant). ‘An Unfinished Life’ évoque les thèmes du deuil, du pardon, de la quête de la rédemption et du rachat des fautes entre un vieux cow-boy solitaire et sa belle-fille, les deux partageant un passé douloureux qu’ils tentent d’oublier chacun à leur façon. Même le vieux Mitch essaie d’exorciser ses vieux démons, hanté par le souvenir de l’ours qui l’a rendu infirme après l’avoir attaqué il y a un an. A sa façon, Mitch essaie de trouver la paix avec l’ours, qui devient alors tout au long du film une sorte de métaphore du pardon. Chaque personnage du film tente donc de faire la paix avec son passé. Mais entre eux se trouve aussi une petite fille de 11 ans, Griff, qui n’a pas sa langue dans sa poche et va redonner un sens à la vie du vieux Einar, qui se découvre bien tardivement grand-père. Au final, ‘An Unfinished Life’ évite systématiquement tout accès larmoyant et repose essentiellement sur le jeu remarquables des acteurs et sur une mise en scène classique et sobre, avec une histoire poignante comme le réalisateur les affectionne tant.

La musique, prévue à l’origine pour Christopher Young, a été finalement confiée à la compositrice Deborah Lurie, plus connue pour avoir assuré l’orchestration de certaines partitions de John Ottman. La partition orchestrale de Deborah Lurie pour ‘An Unfinished Life’ retranscrit toute la dimension dramatique et humaine du récit du film, avec une certaine retenue et un minimalisme qui évoque énormément maints partitions de Thomas Newman, tendance ‘The Horse Whisperer’ ou ‘American Beauty’. Le score s’articule autour d’un très beau thème principal intime et mélancolique associé au personnage de Robert Redford et sa relation avec sa belle-fille incarnée par Jennifer Lopez. Il ne fait nul doute que pour beaucoup, le thème principal de la très belle partition de Deborah Lurie est de loin l’atout majeur de ‘An Unfinished Life’ et ce que les spectateurs vont principalement retenir de la musique de Lurie après avoir vu le film. Le traditionnel ‘Main Title’ dévoile donc ce thème joué par un violon sur fond de cordes, piano, guitare et quelques discrètes nappes de synthé. Lurie utilise les traditionnels instruments associés aux couleurs ‘americana’ (ici, les paysages du Wyoming), fiddle, guitare et petites percussions, un ‘Main Title’ tout en retenue qui annonce clairement le côté intime et mélancolique du film de Lasse Hallström. ‘The Bear is Back’ confirme l’orientation ‘americana’ de la musique avec les sonorités des guitares typiques de la folk music américaine lorsque l’ours de Mitch revient dans les parages (la musique l’évoque aussi dès le ‘Main Titles’ à travers un motif de violon secondaire plus gracieux). On pense par exemple aux récentes touches folk/western du ‘Serenity’ de David Newman, qui semble vouloir indiquer un certain regain d’intérêt des cinéastes et des compositeurs pour ce style de musique populaire indissociable de l’Amérique. Dans ‘Einar’s Bike Ride’, on découvre un nouveau thème plus rythmé et entraînant joué par les guitares associé aussi à Einar, mais sous un angle plus positif, lorsque ce dernier se déplace en moto après que sa voiture l’ait lâché. Le thème principal est alors repris par un piano solitaire sur fond de douces nappes de synthé, de cordes chaleureuses et de harpe dans ‘Visiting Griffin/A Lonely Evening’ qui véhicule une pointe de tristesse toute en retenue lorsque l’on voit Einar se rendre au pied de la tombe de son fils Griffin. Dès lors, la partition oscille entre les touches folk/americana et l’émotion toute en retenue à la Thomas Newman, à l’instar du mélancolique ‘Mitch Visits the Bear’ avec sa très belle partie de violoncelle sur fond de cordes, piano et guitares reprenant le thème mélancolique associé à Mitch (Morgan Freeman).

A noter l’utilisation de nappes de synthé plus sombres dans ‘Leaving Gary’ agrémenté de petites percussions acoustiques avec piano et guitare, dans un genre qui rappelle aussi indiscutablement maints scores de Thomas Newman, une partie plus sombre du score qui évoque les tourments que subit Jean avec son fiancé Gary (Damian Lewis). On découvre alors le thème associé au personnage de Jennifer Lopez dans le très beau ‘Jean’s Arrival’ confié à un piano avec guitare, cordes et nappe de synthé, et qui évoque le caractère fragile du personnage et sa relation conflictuelle avec son beau-père. La musique de ‘An Unfinished Life’ est véritablement placée sous le signe de l’émotion avec de nombreux passages où règne une atmosphère d’introspection emprunte de nostalgie et de tristesse, comme le confirme le très poignant ‘The Night Griffin Died’ qui évoque la scène où Einar évoque avec colère la nuit de l’accident de Griffin en reprochant à Jean d’avoir tué son fils, ou ‘Trying to Forgive’ avec sa combinaison piano/cordes. L’autre facette de la musique, plus rythmée et enjouée, se retrouve dans l’americana ‘Driving Lesson’ avec le thème d’Einar aux guitares acoustiques/électriques, comme dans ‘Breaking and Entering’ qui semble apporter un peu d’espoir et de vitalité au sein d’un score somme toute très introspectif et tout en retenue (Einar apprend à conduire à sa petite fille), sans oublier les guitares folk de l’entraînant ‘Gary on the Bus’ lorsque le fiancé de Jean est défait à la fin du film et repart en bus le visage en mauvais état. A noter que la dernière partie de la partition se veut plus rassurante, plus déterminée, avec ses nombreux passages de guitares folk et de sonorités americana, qui finissent par cohabiter harmonieusement avec la partie plus intimiste de la formation piano/cordes/synthé, à l’image de la quête de paix et de rédemption du personnage de Robert Redford et de sa relation avec sa belle-fille. On appréciera une dernière reprise très émouvante du thème principal dans ‘Mitch’s Dream/End Title’ qui conclut le film en beauté.

‘An Unfinished Life’ est ce style de partition qui ravira sans aucun doute tous les amateurs de partition intimiste aux orchestrations minimalistes à la Thomas Newman, influence incontestable sur le score de Deborah Lurie pour le film de Lasse Hallström. La compositrice nous livre là une partition toute en retenue qui coïncide avec le style humain et dramatique du film sans pour autant marquer particulièrement les esprits. On regrettera par exemple le manque flagrant de personnalité de cette composition qui s’inspire donc très (trop) clairement de Thomas Newman, alors qu’on se serait attendu à quelque chose d’un peu plus original, de recherché. Néanmoins, ne soyons pas trop sévère, car la musique de Deborah Lurie porte un véritable souffle émotionnel du début jusqu’à la fin, avec ses thèmes mélancoliques de qualité et ses touches folks agréables. Le thème principal, très présent tout au long du film, finit par devenir particulièrement poignant voire émotionnellement très puissant sur certaines scènes du film, à tel point qu’il finit par marquer définitivement l’esprit longtemps après l’écoute. Au final, voilà une très belle partition émouvante à réserver en priorité aux fans du style minimaliste à la Thomas Newman!



---Quentin Billard