1-Prelude and Pursuit 6.18
2-Descent to Fortress 4.51
3-Forbidden Dream 4.47
4-Kick Fight 5.52
5-Mind Wipe 4.44
6-Karen 3.37
7-Remembering the Platoon 0.52
8-Freedom 4.13

Musique  composée par:

Frederic Talgorn

Editeur:

Edition promotionnelle
FCTN 1001

Produit par:
Frederic Talgorn, Douglass Fake
Producteur associé:
Roger Feigelson
Orchestrations de:
Frederic Talgorn

(c) 1998. All rights reserved.

Note: ***
FORTRESS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Frederic Talgorn
Pour certains, c’est un grand classique, pour d’autre, c’est un gros navet typique des années 90. Réalisé par Stuart Gordon, adepte de la série-B horrifique cheap (on lui doit entre autre ‘Re-Animator’, ‘From Beyond’, ‘Castle Freak’, etc.), ‘Fortress’ est sans aucun doute le film qui a relancé la carrière de Christophe Lambert à une époque où cette dernière commençait à battre dangereusement de l’aile. Le film nous plonge dans un futur proche. La surpopulation est devenu un enjeu de taille. Pour mettre fin à ce problème, le gouvernement décide d’instaurer une loi interdisant la naissance d’un deuxième enfant dans les familles. Après le décès de leur premier enfant, John Brennick (Christopher Lambert) et sa femme Karen (Loryn Locklin) enfreignent la loi et décident d’avoir un second enfant. Recherchés par la police, ils sont arrêtés par une patrouille d’inspection et envoyés dans une mystérieuse prison de haute sécurité baptisée la ‘forteresse’, énorme complexe souterrain caché quelque part en plein milieu du désert. La prison est dirigée par le sinistre Poe (Kurtwood Smith) qui est chargée, avec des appareils de très haute technologie, de surveiller les moindres faits et gestes des prisonniers, dont les pensées, les actes et les rêves sont surveillés en permanence. Chaque prisonnier porte un ‘intestinor’, une sonde électronique insérée dans l’estomac et qui permet d’envoyer des chocs électriques violents en cas de réprimande, provoquant la mort en cas de désobéissance ou de fautes graves. A son arrivée dans la prison, Brennick s’attire des ennuis et témoigne d’un tempérament rebelle, provoquant la colère du directeur Poe qui décide de lui administrer un très sévère lavage de cerveau, tandis qu’il découvre l’existence de sa femme Karen, détenue dans le compartiment féminin de la prison. En manque de compagnie, Poe décide de faire de Karen sa nouvelle compagne, l’obligeant à se soumettre à son joug en la menaçant constamment de tuer son mari en cas de désobéissance. Karen joue le jeu et décide de tout mettre en oeuvre pour que Brennick retrouve la mémoire. Une fois qu’il aura retrouvé ses esprits, Brennick préparera son évasion avec sa femme et ses nouveaux amis.

Décors très série-B de science-fiction, effets spéciaux très ‘eighties’, suspense, gore, action, tous les éléments sont réunis ici pour faire de ‘Fortress’ une divertissante série-B futuriste sans grande âme, tout juste bonne à passer un bon moment pendant près de 95 minutes (à noter la présence au casting de l’acteur fétiche de Stuart Gordon, Jeffrey Combs). Le principal défaut du film c’est avant tout le manque de conviction de Christophe Lambert, apparemment peu à l’aise dans ce film, même s’il nous offre quelques bons moments comme pour la scène où il affronte Maddox (Vernon Wells) à mains nues, Stuart Gordon en profitant au passage pour retrouver son amour du cinéma d’horreur en nous offrant une bonne scène bien gore où l’on voit l’abdomen de Maddox exploser à la suite d’un violent ‘intestinage’ mortel. Si le concept du héros enfermé dans un univers carcéral n’a rien de neuf (on pense par exemple au ‘Lock Up’ avec Stallone, datant de 1989), ‘Fortress’ demeure malgré tout une sympathique série-B futuriste sans grande prétention, le film mettant un peu de temps à décoller pour finalement nous offrir quelques scènes d’action sympas vers la fin du film, lorsque Brennick et ses amis affrontent les gardes robotisés de la prison à grand renfort de fusillades et de scènes explosives. Aucune surprise donc pour ce film violent et sombre qui n’échappe hélas pas à la routine hollywoodienne et aux conventions des séries-B de science-fiction, desquelles le film de Stuart Gordon semble avoir bien du mal à échapper, le jeu plus que moyen de Christophe Lambert n’arrangeant rien à l’affaire (l’acteur paraît étrangement effacé et distant tout au long du film). Reste que ‘Fortress’ a sut récolter l’adhésion de quelques fans qui lui ont très vite donné (peut-être à tort) le statut de film culte des années 90. A vous de voir!

La musique de ‘Fortress’ a été confiée au compositeur français originaire de Toulouse Frederic Talgorn. Ce dernier avait déjà oeuvré sur un précédent film de Stuart Gordon, ‘Robot Jox’ (1990). Pour ‘Fortress’, Talgorn adopte un style orchestral massif qui n’est guère éloigné de sa partition de ‘Robot Jox’. La musique de ‘Fortress’ s’impose très vite par son ton sombre et mystérieux, Talgorn utilisant toutes les ressources de l’orchestre pour parvenir à ses fins. Dès le générique de début du film (‘Prelude and Pursuit’), un tuba introduit le thème principal constitué d’une cellule de 6 notes mystérieuses après un premier coup de percussions, très vite suivi des cordes et des vents qui développent une atmosphère orchestrale sombre où l’on retrouve, comme toujours chez Frederic Talgorn, un certain classicisme d’écriture très ‘Golden Age’ hollywoodien d’esprit (à noter par exemple le jeu en octaves des cordes, très classique d’esprit et typique de l’écriture orchestrale du compositeur). Des cuivres et des percussions martiales développent alors le thème principal associé à la forteresse tout en accompagnant la scène où Brennick et sa femme sont arrêtés par les policiers au début du film, après une solide montée de tension débouchant sur un premier morceau d’action énergique à souhait, mettant les cuivres, les cordes, et les percussions en valeur sur fond de rythmes militaires du plus bel effet. A noter que les morceaux d’action font parfois penser par leurs rythmes syncopés et leur écriture orchestrale à certaines musiques d’action ‘eighties’ de Jerry Goldsmith, qui a probablement inspiré Talgorn dans l’écriture de sa partition (on pourrait aussi parler ici de l’influence de John Williams dans certains morceaux du score). Avec ‘Descent to Fortress’, le compositeur accompagne la scène de la descente dans la forteresse sur un style toujours très sombre où règne une tension et un sentiment de danger permanent. Talgorn en profite pour développer son thème principal entre des cordes dissonantes, un piano, des vents sombres et quelques cuivres menaçants. On retrouve une écriture de cordes plus raffinée dans ‘Forbidden Dreams’ durant la scène où Brennick rêve avant d’être violemment intestiné par le directeur. Puis, très vite, le début nostalgique et intime du morceau laisse la place à un morceau au suspense glauque et oppressant, avec ses percussions et ses cordes dissonantes, avant de se conclure sur le très beau ‘Love Theme’ de la partition, joué par une clarinette, des cordes et une harpe sur fond d’harmonies postromantiques du plus bel effet.

‘Kick Fight’ reste quand à lui le morceau d’action incontournable du score de ‘Fortress’, accompagnant la scène du violent affrontement entre Brennick et Maddox. Percussions, cuivres, cordes et vents sont tous de la partie pour nous offrir un superbe morceau d’action de près de 6 minutes aux rythmes frénétiques. On appréciera au passage la qualité de l’écriture et des orchestrations du compositeur, qui semble avoir été quelque peu influencé ici par le style de John Williams, notamment dans la façon dont il écrit pour le pupitre des vents, qui rappelle pas mal de partitions d’action/aventure de John Williams. Le morceau apporte une intensité remarquable à la scène, le tout sur fond de percussions martiales du plus bel effet. Si ‘Mind Wipe’ se résume essentiellement à un solide morceau de suspense particulièrement tendu, ‘Karen’ nous permet d’entendre un autre sinistre morceau de suspense qui évoque le danger de la situation de Karen qui se retrouve prisonnière du directeur Poe. A noter ici l’utilisation de cordes dissonantes et d’une écriture atonale plus pesante où règne un sentiment d’oppression et de danger permanent (à noter que l’on retrouve au passage le ‘Love Theme’, transformé et considérablement assombrit comme pour souligner le fait que Brennick et Karen sont loin de l’autre). Si ‘Remembering the Platoon’ nous offre une petite pause pour un morceau plus intime et mélancolique confié à un cor lorsque Brennick se souvient de son ancien régiment, ‘Freedom’ accompagne la scène de l’évasion finale pour un ultime morceau d’action de plus de 4 minutes, à grand renfort de percussions martiales, de piano ‘thriller’ à la Goldsmith et de cordes dissonantes aboutissant à un final plus heureux où le thème change d’aspect et se transforme en thème de la liberté. On se serait néanmoins peut-être attendu à un morceau d’action un peu plus mouvementé, alors que ce morceau s’apparente surtout plus à une montée de la tension et à du suspense, savamment bien dosé certes, mais pas très excitant à l’écoute, d’autant que l’album promo du score omet curieusement certains morceaux d’action de la partition de Frederic Talgorn.

Le score de ‘Fortress’ n’a peut-être pas le charme et l’héroïsme de ‘Robot Jox’, mais il n’en demeure pas moins un travail de qualité de la part du plus hollywoodien des compositeurs français, qui a parfaitement sut ‘digérer’ ce style musical et s’adapter aux contraintes d’un système musical très codifié. Son travail sur ‘Fortress’ témoigne en tout cas de son talent à manier l’orchestre avec un classicisme d’écriture vigoureux, délaissant totalement tout support électronique pour nous offrir une partition thriller/action de qualité, dans la plus pure tradition hollywoodienne du genre. On aurait peut-être aimé entendre quelque chose d’un peu plus personnel et d’un peu plus original (on sent pas mal l’influence de Goldsmith et Williams dans ce score), bien que, pour un navet de ce genre, il ne fallait pas s’attendre à grand chose d’autre. Le résultat s’avère quand même être assez convaincant sans révolutionner le genre, apportant ce qu’il faut de frisson et d’action au film de Stuart Gordon, une musique à découvrir grâce à l’album promotionnel publié par le compositeur lui-même avec l’appui du label Intrada.


---Quentin Billard