1-Prince Charming 2.03
2-Leaving Home 1.10
3-Far Far Away 1.42
4-Family Dinner 2.08
5-Fiona's Room 0.59
6-We Need To Talk 1.30
7-The Poison Apple 1.17
8-The Factory 1.38
9-By The Ol' Oak 2.00
10-Annoying Talking Animal 2.42
11-The Potion Room 2.26
12-Deep Fried 1.58
13-Not Meant To Be 2.46
14-The Ball 1.07
15-The Prince of Her Dreams 2.13
16-Tonight on 'Knights' 0.46
17-Magic Tea 1.47
18-The Mission 1.30
19-Muffin Man 1.07
20-Get The Wand 2.05
21-All Is Revealed 3.14
22-Dragon!! 0.37

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 629 2

Album produit par:
Harry Gregson-Williams
Chargé de la musique
pour Dreamworks:
Sunny Park
Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique additionnelle de:
Stephen Barton, James McKee Smith

Artwork and pictures (c) 2004 DreamWorks SKG. All rights reserved.

Note: ***
SHREK 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
On prend les mêmes et on recommence! Telle aurait put être la tagline officielle de ‘Shrek 2’, suite du fameux film d’animation d’Andrew Adamson et produit par Dreamworks, qui cartonna au box-office U.S. 2001. L’ogre vert et sa nouvelle fiancée sont de retour dans une nouvelle aventure totalement délirante qui se moque toujours autant des codes des contes de fée et autres récits populaires. Alors qu’ils viennent tout juste d’entamer leur lune de miel, Shrek et Fiona reçoivent une invitation à dîner des parents de la princesse, le Roi et la Reine du royaume de Fort Fort Lointain. Ces derniers ne se doutaient pas que leur fille serait devenue une ogresse et qu’elle aurait épousé un ogre. Très vite, la tension s’installe entre Shrek et le Roi, l’ogre se sentant clairement indésirable dans cette famille. De son côté, le Roi conspire en cachette auprès de la malicieuse Marraine la Bonne Fée pour faire éliminer Shrek et le remplacer par le Prince Charmant, le fils de la Bonne Fée. Il décide alors de faire appel au Chat Potté, qui se chargera d’éliminer lui-même Shrek en échange de quelques pièces d’or. Mais après une première rencontre mouvementée avec Shrek et l’âne, le Chat Potté est défait et décide finalement de retourner sa veste et de devenir son allié. Ce dernier révèle alors à Shrek les mauvaises intentions du Roi et de la Bonne Fée, obligeant Shrek à contre-attaquer et à déjouer les plans des deux comploteurs.

Le scénario, somme toute très banal, n’est qu’un prétexte à une nouvelle séries de gags désopilants et un humour potache dans la droite lignée du premier opus. Mais ce qui fait le charme de cette suite, c’est avant tout son esprit de dérision constant et sa gentille moquerie aux conventions des contes de fée: ici, la Bonne Fée et le Prince Charmant sont les méchants, l’ogre est le gentil, Pinocchio porte des strings, les trois petits cochons ont un souffle d’enfer, le Chat Potté est un ersatz latino de Zorro vraiment hilarant, etc. ‘Shrek 2’ nous propose au passage une satire délirante de l’univers des paillettes et du show-biz d’Hollywood, le Royaume de Fort Fort Lointain étant une transposition à peine dissimulée d’Hollywood (cf. scène où l’on aperçoit le logo du Royaume au loin sur une colline, à l’instar de celui d’Hollywood). Derrière les ruses et les mauvais plans de la Bonne Fée et du Roi se cache une critique ironique de la superficialité et des artifices du monde des stars à Hollywood, nous le prouve par exemple cette scène qui caricature la cérémonie des Oscars avec la Bonne Fée en présentatrice survoltée. Les auteurs du film s’appuient ainsi sur une multitude de clins d’oeil cinématographiques, incluant par exemple des allusions ironiques à ‘Mission Impossible’, ‘Alien’ (scène hilarante où le Chat Potté fait semblant de sortir du ventre de Shrek, comme l’alien dans le film de Ridley Scott), ‘Ghostbusters’ (attaque du biscuit géant totalement déjantée à la fin du film), la série ‘Hawai Five-O’ (un des trompettistes du roi au début du film se tape un gros délire en jouant le célèbre thème du générique à son instrument), ‘Pretty Woman’, ‘The Little Mermaid’, ‘In The Line of Fire’, ‘Godzilla’, ‘The Fabulous Baker Boys’, ‘Spider-Man’, ‘Beauty and the Beast’, ‘Lord of the Rings’, etc. On pourra peut-être même reprocher cette utilisation un peu trop systématique et excessive des clins d’oeil, sans oublier des allusions diverses comme celle de la publicité pour l’Oréal (Prince Charmant, les cheveux au vent, déclarant d’un trait ‘parce que je le vaut bien’) ou à l’émission de télé-réalité U.S. ‘Cops’ (scène où les policiers arrêtent Shrek et ses amis à la télévision). Grâce à un humour constant, un rythme survolté et une qualité graphique et d’animation, ‘Shrek 2’ s’impose comme une suite très réussie de ce beaucoup considérent déjà comme l’un des grands classiques du film d’animation de ce début du 21ème siècle!

Cette fois-ci, Harry Gregson-Williams compose la musique de ce second opus sans l’appui de John Powell, mais avec deux compositeurs de musique additionnelle issus de Media-Ventures, Stephen Barton et James McKee Smith. Le score de ‘Shrek 2’ n’apporte rien de neuf par rapport au premier opus mais s’impose d’emblée comme un parfait complément de la musique du premier ‘Shrek’. On retrouve évidemment le très beau thème principal du premier score, annoncé dès le début du film dans l’excellente ouverture (‘Prince Charming’), joué par une flûte sur fond de choeurs féeriques, vents, piano et cordes, idéal pour évoquer la romance entre Shrek et Fiona sur fond de conte de fée déjanté limite trash. La seconde partie du morceau débouche sur une superbe envolée héroïque à l’ancienne alors que l’on découvre Prince Charmant chevauchant sur son fidèle destrier à la recherche de la princesse à libérer. Le score reste toujours très orchestral, sans aucune intervention des synthétiseurs chers au compositeur. ‘Leaving Home’ est typique quand à lui du style musical ‘Shrek’, avec ses rythmes enjoués empreints d’une certaine espièglerie et d’un esprit mickey-mousing. Mais les premières surprises apparaissent avec ‘Far Far Away’ et ‘Family Diner’, deux morceaux dans lesquels Harry Gregson-Williams s’amuse à faire des références à la musique classique. Le premier accompagne en fanfare l’arrivée de Shrek et Fiona au palais du Roi et de la Reine de Fort Fort Lointain, à grand renfort de trompettes et de chorale baroque dont l’écriture très classique d’esprit fait clairement référence ici au style d’oratorios de Haendel, et qui finit par s’effondrer dans des couacs volontaires lorsque le peuple découvre avec effroi les deux ogres verdâtres, tandis que ‘Family Diner’ accompagne l’hilarante séquence du dîner en famille qui part en vrille sur fond de pastiche de valse viennoise à la Johann Strauss. On ressent ici la culture classique de Harry Gregson-Williams, quelque chose que l’on aimerait voir plus souvent mis à profit chez le compositeur. Quoiqu’il en soit, ces deux morceaux apportent au film un humour considérable, nous montrant au passage un compositeur qui semble s’être bien amusé à écrire la musique de ce film.

‘Fiona’s Room’ reprend quand à lui l’émouvant thème principal chanté par une voix féminine avant de se conclure sur un style très intime empreint d’une grande douceur et d’une certaine nostalgie, alors que Shrek vient de se disputer avec Fiona et qu’il regrette la tournure que prend la situation. Gregson-Williams s’amuse dès lors à varier les ambiances en passant d’un style à un autre avec l’aisance qu’on lui connaît désormais, surtout lorsqu’il compose pour un film d’animation (cf. ‘Antz’, ‘Chicken Run’, ‘Sinbad’, etc.). Si ‘Fiona’s Room’ met en avant un style plus intimiste et doux, ‘The Poison Apple’ (scène de la pomme empoisonnée envoyé par la Bonne Fée – clin d’oeil évident à ‘Blanche Neige et les 7 nains’) se veut plus sombre et menaçant, semblant quasiment surgir d’une musique de thriller. Quand à ‘By The Ol’ Oak’, il s’agit d’un morceau plus rythmé et agité dévoilant une guitare latino associé au Chat Potté, rappelant au passage que le personnage est une caricature de Zorro (ce n’est pas un hasard si Antonio Banderas le double dans la V.O.), sans oublier le traditionnel mickey-mousing sautillant dans ‘Annoying Talking Animal’. ‘The Potion Room’ (scène où Shrek et ses deux amis dérobent une précieuse potion magique dans l’usine de la Bonne Fée) nous permet aussi de retrouver un style action plus proche de ce que le compositeur a l’habitude de faire dans le registre orchestral. A noter le retour du thème romantique hérité lui aussi du score de ‘Shrek’ dans ‘Not Meant To Be’, exposé par un piano et repris avec grâce par un violoncelle, qui apporte un brin de mélancolie alors que Fiona pense à Shrek et le regrette amèrement, ce qui nous permet de réentendre une très belle reprise du thème aux vents avec piano, cordes et choeurs dans un style toujours très intime. Le compositeur se fait même plaisir en nous offrant une variante un brin swing/jazzy du thème dans ‘The Ball’ pour la scène du bal vers la fin du film. On pourra aussi noter un bref passage funky inattendu dans ‘Tonight on ‘Knights’, générique qui accompagne la séquence qui pastiche l’émission de télé-réalité ‘Cops’. L’action s’emballe dans ‘The Mission’ et ‘Muffin Man’ pour la scène du biscuit géant à la fin du film, HGW apportant un sentiment de grandeur et d’aventure à cette séquence à l’aide d’un superbe rappel du thème héroïque hérité du premier opus pour un morceau manifestement tourné vers l’action, bien qu’un peu trop court pour qu’on puisse l’apprécier pleinement. Idem pour le très rythmé ‘Get the Wand’ pour l’affrontement final contre la Bonne Fée à la fin du film, à grand renfort de cuivres, de cordes et de percussions. On tend finalement vers le traditionnel happy-end dans le très beau ‘All Is Revealed’ qui reprend l’envolée triomphante du thème héroïque de la fin du premier opus de façon grandiose à l’aide d’un tutti orchestre/choeur puissant, lorsque Shrek et Fiona se retrouvent enfin et que la Bonne Fée est vaincue. HGW nous offre même un dernier rappel du thème héroïque dans ‘Dragon’ introduit par les chœurs pour la scène finale entre l’âne et la dragonne (qui fait ici son grand retour dans le film).

Aucune surprise à l’horizon donc dans cette partition symphonique bien écrite et entraînante, mais qui n’apporte pas grand chose de nouveau à la musique du premier opus. On se serait peut-être attendu à de nouveaux thèmes, à de nouvelles ambiances, le score de ‘Shrek 2’ faisant parfois redondance par rapport à celui de ‘Shrek’, d’autant que le score de ‘Shrek 2’ est loin de posséder l’inventivité d’un ‘Antz’ ou l’extravagance d’un ‘Chicken Run’. Pour un film d’animation aussi délirant, on aurait quand même pu s’attendre à quelque chose d’un peu moins conventionnel, l’atmosphère orchestrale sans surprise de la musique de HGW apportant juste ce qu’il faut d’émotion et d’humour aux nouvelles aventures de Shrek, point. La conclusion vient donc d’elle même, si vous avez adoré le score de ‘Shrek’, ‘Shrek 2’ ne devrait pas vous laisser indifférent, mais gare aux redites et aux manques de surprise!


---Quentin Billard