1-Meet Spengo 2.42
2-The Death Ray Laser 2.28
3-Morning Paper/The Abduction 4.17
4-Photo Session 1.46
5-Family Talk 1.21
6-Tod, The Destroyer 0.41
7-The Lub-Lubs 2.47
8-True Power 2.23
9-The Needle 3.18
10-Target Practice 1.59
11-Rebel Dance 1.08
12-I Love My Wife 1.38
13-Gathering Forces 5.46
14-Misunderstood 4.44
15-The Flight Home 2.10
16-On The Roof 0.56

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5385

Produit par:
Jerry Goldsmith
Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage musique:
Ken Hall
Assistant de Mr. Goldsmith:
Lois Carruth
Assistant de production du CD:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1992 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***
MOM AND DAD SAVE THE WORLD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Dans la série gros nanar intergalactique qui ne se prend pas au sérieux, ‘Mom and Dad Save The World’ est une vraie perle dans son genre. Réalisé par Greg Beeman, obscur réalisateur de série-B aujourd’hui reconverti dans les téléfilms et autres séries TV (‘Smallville’, ‘Jag’, ‘Martial Law’, etc.), ‘Mom and Dad Save The World’ est une comédie d’aventure/science-fiction totalement déjantée, un peu à la façon du ‘Brazil’ de Terry Gilliam ou des films de Mel Brooks voire des Monty Python. On y retrouve ici ce même humour absurde, ces décors extravagants, ces personnages grotesques et ces situations loufoques. Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si l’on retrouve au casting du film Eric Idle, l’un des plus fameux membres de la troupe britannique des Monty Python. L’histoire se déroule sur une minuscule planète baptisée Spengo, au fin fond d’une galaxie voisine à la notre. Cette planète est dirigée par un dictateur mégalo et totalement stupide, l’empereur Tod Spengo (Jon Lovitz). Un jour, Spengo se met en tête de détruire la terre en utilisant un puissant rayon mortel, mais il décide de modifier ses plans le jour où il aperçoit une terrienne nommée Marge Nelson (Teri Garr) en compagnie de son mari, Dick (Jeffrey Jones). Spengo tombe irrémédiablement amoureux de Marge et décide de la kidnapper et de la ramener sur sa planète en utilisant son puissant rayon magnétique. Spengo projette alors d’épouser Marge et de se débarrasser de Dick en le jetant au fond d’un cachot, duquel il réussit fort heureusement à s’évader. Désormais, Dick va devoir prendre son courage à deux mains et affronter mille dangers afin de sauver Marge, libérer le peuple de la tyrannie du stupide Tod Spengo et sauver la planète terre avant qu’il ne soit trop tard. ‘Mom and Dad Save The World’ ressemble ainsi à une énorme BD d’aventure/science-fiction brassant les grandes figures emblématiques du genre avec un enthousiasme communicatif dans l’esprit d’un cartoon. On pense ainsi à un mélange entre ‘Buck Rogers’, ‘Flash Gordon’ et la série des ‘Star Trek’ (la tagline du film, ‘Boldy going where no parents have gone before’, y faisant ironiquement référence). Mais c’est évidemment l’humour et la dérision qui priment ici, la population de Spengo étant clairement assimilée à une bande de débiles profonds qui n’ont pas grand chose dans le crâne et n’hésiteront pas à faire les choses les plus stupides qui soient (cf. fameuse scène très ‘Monty Python’ de la ‘light grenade’ qui fait disparaître tout ceux qui la touchent). Teri Garr et Jeffrey Jones (un habitué de ce type de film extravagant et ironique – cf. ‘Howard the Duck’, la section réalisée par Joe Dante dans ‘Twilight Zone The Movie’, ‘Beetlejuice’, etc.) forment le parfait couple d’américains moyens, face à un Jon Lovitz qui cabotine à souhait dans la peau de l’empereur des abrutis, sans oublier la participation d’Eric Idle dans le rôle du roi Raff. C’est divertissant, c’est rythmé, c’est gros et c’est complètement stupide, idéal pour se changer les idées durant près de 88 minutes!

On ne s’étonne donc plus de voir le grand Jerry Goldsmith offrir sa participation à pareil navet (qui, au passage, a fait un bide total au box-office à sa sortie en salle en 1992), la majeure partie de sa filmographie étant un véritable potager. Il se trouve que 1992 a été une petite année pour Goldsmith en dehors de sa partition maîtresse, ‘Basic Instinct’ (on pourra aussi noter l’excellente partition lyrique composée pour ‘Medicine Man’ de John McTiernan). ‘Mom and Dad Save The World’ fait donc partie de ses oeuvres mineures du Goldsmith des années 90, une partition symphonique qui, si elle n’apporte rien de neuf dans la carrière du maestro californien, n’en demeure pas moins réussie et pleine de punch. On y retrouve un humour cher au compositeur et qui rappelle bon nombre de ses partitions pour les films de Joe Dante, une sorte de croisement entre ‘The Burbs’ et ‘Gremlins 2’. Le score s’articule autour de deux thèmes principaux, la marche de l’empereur Spengo qui ouvre le film au son d’un entraînant ‘Meet Spengo’ qui dévoile le thème du dictateur sous la forme d’une marche qui rappelle certains passages de ‘The Burbs’, une sorte de pastiche de ‘Lionheart’ en plus humoristique. Les cuivres s’en donnent ici à coeur joie en interprétant cette marche sur fond de synthétiseurs, qui illustre bien le côté à la fois mégalo et stupide de Spengo et qui nous permet de débuter le film sur une bonne dose d’énergie et de pêche. Le second thème est entendu un peu plus loin et fait office de ‘Love Theme’ pour Dick et Marge. Ce thème romantique comme Goldsmith les affectionne tant apparaît dans le très beau ‘Family Talk’, confié à des vents sur fond de synthétiseurs (une marque de fabrique du compositeur) et de cordes chaleureuses. Le compositeur développe ainsi ses deux thèmes tout au long du film, entrecoupés de morceaux plus vifs et colorés comme l’amusant ‘The Death Ray Laser’ ou la séquence du kidnapping dans ‘Morning After/The Abduction’ ou l’amusant ‘Photo Session’ (scène délirante où Marge prend des photos de Dick devant Saturne dans l’espace) et ses touches de mickey-mousing sautillants qui annoncent très clairement ‘Dennis The Menace’ (1993). Comme d’habitude, Goldsmith soigne ses orchestrations, utilise ses traditionnelles sonorités électroniques qui lui tiennent tant à cœur. A noter par exemple la façon dont le compositeur glisse des sons de cuivres synthétiques en plein milieu de ‘Photo Session’ alors que le reste est confié à l’orchestre (ici, le National Philharmonic Orchestra’, l’orchestre fétiche du maestro). S’il ne cède pas complètement aux expérimentations qu’il mena autrefois sur certains films de Joe Dante comme ‘The Burbs’, Goldsmith se plaît malgré tout à laisser son imagination s’exprimer dans des passages colorés et extravagants, qui manquent encore malgré tout d’audace et d’originalité – il aurait certainement pu aller encore bien plus loin dans l’humour mis en musique.

On sent malgré tout que le compositeur s’est particulièrement amusé sur ce film comme nous le prouve par exemple l’inattendue chorale triomphante de ‘Tod, The Destroyer’ qu’interprètent dans le film les chanteurs de Spengo à la gloire de l’empereur des abrutis, apportant un peu de panache et de relief à l’ensemble de la BO. Et, comme souvent, on retrouve très vite le Goldsmith des grosses musiques d’action tonitruantes à souhait dans ‘The Lub-Lubs’ pour la poursuite avec les espèces de champignons carnivores dans les égoûts. Cuivres massifs, percussions et rythmes syncopés sont les ingrédients de ces passages plus musclés qui rappellent ici aussi tout ce que Goldsmith a déjà fait auparavant dans le domaine des musiques d’action. Un morceau comme l’excitant ‘True Power’ (scène de la poursuite en fusée dans le désert) nous le prouve ainsi avec panache, l’orchestre s’en donnant une fois encore à coeur joie dans ces passages survoltés où règne malgré tout un second degré constant. On appréciera au passage une très jolie reprise à l’orchestre du ‘Love Theme’ dans ‘The Needle’, apportant un peu d’émotion et de douceur à cette partition vive et colorée. Puis, ‘Target Practice’ nous fait repartir dans le genre action/aventure avec du mickey-mousing constant et des petites touches d’humour, sans oublier ‘Rebel Dance’ pour la scène où Dick danse avec les rebelles dans le désert. Ici aussi, Goldsmith s’amuse en utilisant une série de percussions, des sonorités bizarres et quelques vents pour ce morceau plus fonctionnel d’esprit. Et si le thème romantique revient avec une flûte délicate et des cordes chaleureuses dans ‘I Love My Wife’, lorsque Dick se jure de tout faire pour sauver Marge, ‘Gathering Forces’ accompagne la bataille finale avec brio pour un dernier gros morceau d’action survolté aboutissant à l’affrontement final entre Dick et Spengo dans ‘Misunderstood’. L’héroïque ‘The Flight Home’ accompagne alors le retour triomphant de Dick et Marge sur terre au son d’un rappel majestueux du thème romantique, que l’on retrouve une dernière fois de façon plus délicate dans ‘On The Roof’, qui conclut la partition sur une dernière touche d’émotion.

‘Mom and Dad Save The World’ fait donc partie des scores plus humoristiques du compositeur, une partition orchestrale pleine de couleur et d’enthousiasme mais qui n’arrive néanmoins pas vraiment à la cheville des scores pour les films de Joe Dante comme ‘The Burbs’, ‘Innerspace’ ou ‘Explorers’. Goldsmith joue ainsi avec ses formules habituelles (mélange orchestre/synthé, gros morceaux d’action, petites touches d’humour plus typique de son style comédie, etc.) et nous offre un score entraînant et plein de pêche, mais qui, à l’instar du film, ne laisse pas vraiment un souvenir impérissable, même après la vision du film. Néanmoins, il ne fait nul doute que les fans du maestro californien sauront se délecter de cette sympathique partition joyeuse pour ce navet intergalactique!


---Quentin Billard