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1-Munich, 1972 2.37
2-The Attack at Olympic Village 3.00 3-Hatikvah (The Hope) 2.02 4-Remembering Munich 4.38 5-Letter Bombs 2.48 6-A Prayer for Peace 3.51 7-Bearing the Burden 8.11 8-Avner and Daphna 4.02 9-The Tarmac at Munich 3.59 10-Avner's Theme 3.07 11-Stalking Carl 4.24 12-Bonding 1.57 13-Encounter in London and Bomb Malfunctions 3.37 14-Discovering Hans 2.47 15-The Raid in Tarifa 2.03 16-Thoughts of Home 4.03 17-Hiding the Family 1.25 18-End Credits 4.06 Musique composée par: John Williams Editeur: Decca Classics 9879142 Produit par: John Williams Music Business Affairs: Sheryl Gold American Federation of Musicians. Artwork and pictures (c) 2005 Dreamworks SKG/Universal Pictures. All rights reserved. Note: **** |
MUNICH
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by John Williams
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Chaque film de Steven Spielberg est désormais attendu avec une grande ferveur de la part de ses fans et de certains cinéphiles. Après la claque cinématographique de l’énorme ‘War of the Worlds’ qui semblait presque redéfinir le genre du film d’invasion extra-terrestre à lui tout seul, Spielberg, en homme de défi, revient sur terre et nous offre son nouveau chef-d’oeuvre: ‘Munich’. Très attendu et soumis à une intense controverse dès sa mise en chantier il y a quelques mois (le film a été tourné en un temps record pour pouvoir concourir à la cérémonie des Oscars en décembre 2005, une pratique de plus en plus courante à Hollywood), ‘Munich’ relate le tragique assassinat des 11 athlètes israéliens par des terroristes palestiniens de ‘Septembre Noir’ aux Jeux Olympiques d’été de Munich le 5 décembre 1972. Une vingtaine d’heures plus tard, des millions de téléspectateurs du monde entier apprenaient avec horreur cette tragédie à la télévision. Le gouvernement israélien mené par Golda Meir (Lynn Cohen) refuse de négocier avec les terroristes palestiniens, qui réclament la libération de leurs semblables, et décide de riposter en organisant une énorme opération secrète de représailles baptisée ‘Colère de Dieu’. Avner (Eric Bana), un jeune agent du Mossad (les services secrets israéliens), est recruté pour mener à bien cette opération de représailles, à la tête d’une équipe de quatre hommes. Ils sont chargés de traquer et d’éliminer un peu partout dans le monde onze représentants de Septembre Noir considérés comme responsables de l’attentat de Munich. Cette mission difficile les conduira à commettre l’irréparable, à remettre leurs propres consciences et leurs propres valeurs en doute, à devenant des hommes de l’ombre, des fantômes, sans identité, sans attache.
Adapté du roman de George Jonas intitulé ‘Vengeance’ (et qui devait être le titre initial du film), ‘Munich’ est un drame qui ne laissera personne indifférent. Peu importe que l’on soit d’accord ou pas avec la façon dont Spielberg montre la complexité du conflit israélo-palestinien et des agissements de certains agents du Mossad, nul ne peut nier que ‘Munich’ est un film dur et bouleversant qui porte en son sein une véritable et puissante réflexion sur l’humanité, sur le cercle vicieux de la violence qui engendre la violence, sur les conséquences tragiques de la logique de la loi du talion (autrement dit: la vengeance), etc. Cinq hommes sont ainsi engagés pour en tuer 11 autres, découvrant finalement que les hommes qu’ils ont assassinés sont très vite remplacés par d’autre, et ainsi de suite – coupez la tête à la bête, une autre repoussera aussitôt après. Par conséquence, le réalisateur montre la folie de cette partie de l’humanité piégée dans une implacable logique de destruction qui n’engendre que la mort comme seule issue possible -Spielberg s’arrangeant pour montrer dans le film la violence de façon crue, douloureuse et malsaine, totalement dénuée d’artifice hollywoodien. Sans jamais prendre aucun parti pris pour un camp ou l’autre (on a même sévèrement reproché à Spielberg de mettre sur un même piédestal les terroristes palestiniens et les agents du Mossad), Steven Spielberg offre un véritable appel à la paix et dresse avec un tact rare le portrait contrasté de ces hommes du Mossad transformés en redoutables machines à tuer – parfois malgré eux – défendant, comme le camp adverse, leurs valeurs, leur peuple, leur terre, etc. Le ton froid quasi ‘clinique’ du film renforce encore plus le réalisme parfois ahurissant de certaines scènes, et plus particulièrement les séquences d’attentat, d’une violence rare. Cette mise en scène âpre et sans concession doit aussi beaucoup à l’épuration de la bande son, qui utilise au minimum la musique originale de John Williams au profit d’un nombre impressionnant de silences qui traduisent le climat angoissant de certains passages du long-métrage (ou comment réussir à créer de la tension à partir de ‘rien’). Long (le film dure quand même 2h40), complexe, dense, intense, violent, choquant, bouleversant, ‘Munich’ est de loin l’un des films les plus aboutis et les plus étonnants que Steven Spielberg nous ait offert à ce jour, une vraie claque cinématographique d’une richesse hallucinante, une superproduction qui mise bien plus sur les qualités d’un vrai cinéma d’auteur que sur le traditionnel côté blockbuster, même si Spielberg n’oublie jamais que ‘Munich’ est avant tout un film et pas un documentaire et encore moins un reportage (d’où quelques petites incohérences avec la réalité historique, certains éléments du récit étant évidemment romancés pour les besoins dramatiques du film). Totalement investi dans son film, Spielberg s’est donné à fond pour filmer cette terrible histoire en y apportant sa propre contribution et son propos résolument humaniste (typique du réalisateur), et ce envers et contre tous. On se souvient par exemple que le réalisateur reçu de nombreuses menaces de mort au début du tournage et que certaines critiques s’excitaient déjà sur un film qu’ils qualifiaient à l’avance d’idéologique et de moralisateur sans même avoir vu une seule image du long-métrage – ou l’art de polémiquer gratuitement dans le vide avec autant de mauvaise foi que possible! Il y a certains sujets tellement brûlants qu’ils motivent un réalisateur à donner le meilleur de lui-même pour conserver l’intégrité de ce récit dans son propre film, et ‘Munich’ fait partie de cette catégorie de film, sans aucun doute l’un des long-métrages plus adultes, les plus murs et les plus osés jamais réalisé par Steven Spielberg, à ranger du côté de ‘Schindler’s List’ ou ‘Saving Private Ryan’, même si, par rapport à ces derniers, on est, d’un point de vue prise de risque, encore un cran au dessus dans ‘Munich’. Le casting hallucinant du film, regroupant des acteurs de diverses horizons tels qu’Eric Bana, Daniel Craig (futur James Bond), Ciaran Hinds (aperçu récemment en méchant dans ‘Tomb Raider 2’), Mathieu Kassovitz, Hanns Zischler, Geoffrey Rush, Michael Lonsdale, Mathieu Amalric, Valeria Bruni Tedeschi, Marie-Josée Croze, Yvan Attal, etc. On notera au passage l’importance accordé au casting français, et aux clins d’oeil cinématographiques comme les affiches de cinéma que l’on voit dans les rues de Paris au cours d’une scène du film, qui confirme l’intérêt que porte et qu’a toujours porté Spielberg envers le cinéma français. Pour résumer, ‘Munich’ est un film qui fera date dans l’histoire du cinéma américain de ce début de 21ème siècle, assurément, et qui confirme une fois encore que Steven Spielberg est décidément l’un des plus géniaux et des plus intelligents cinéastes américains de tous les temps! La nouvelle collaboration entre Steven Spielberg et John Williams sur ‘Munich’ paraît au premier abord bien différente des autres. On est bien loin ici de la pompe d’un ‘Jurassic Park’ ou d’un ‘Indiana Jones’ ou de la légèreté d’un ‘Always’ ou d’un ‘Catch Me If You Can’. La partition de John Williams pour ‘Munich’ est un modèle d’introversion, une partition sombre, lente, froide, lyrique et aussi poignante, qui ne bascule jamais dans le mélodramatique ou les effusions orchestrales. Curieusement, c’est probablement aussi l’une des premières fois où Spielberg a choisit de ne mettre que très peu de musique dans son film, afin de respecter le ton réaliste du récit (un peu comme il l’avait déjà fait dans ‘Saving Private Ryan’). Ainsi, sur les 160 minutes de film, Williams n’a écrit que 60 minutes, la musique étant utilisée avec parcimonie tout au long du film. Le score s’articule autour du ‘Avner’s Theme’, thème associé au personnage d’Eric Bana et qui évoque ses tourments et son enfermement dans cette spirale infernale de la violence, le tout sur un ton très intimiste. Williams nous en propose quelques belles variantes tout au long du film, que ce soit aux cordes dans le très beau ‘A Prayer for Peace’, au hautbois dans le mélancolique ‘Discovering Hans’ ou à la guitare dans ‘Avner’s Theme’ et ‘Bonding’. Williams concède à ce thème un côté méditatif et mélancolique qui rappelle certains passages de ‘Schindler’s List’, avec un même usage des instruments solistes, que le compositeur décline ici à volonté dans de multiples variantes. La seconde partie du thème contient quelques touches orientales qui rappellent les origines du protagoniste principal, Williams évitant fort heureusement de tomber dans la caricature en conservant une approche musicale classique et toujours très respectueuse de ses influences orientales/arabisantes, du travail honnête et intelligent en somme! Le second thème, qui fait office de thème principal de la partition, est introduit dès le début du film et de la musique dans ‘Munich 1972’, suggéré par la voix éthérée de la chanteuse soliste Lisbeth Scott (on se souvient de ses interprétations remarquables sur 'The Passion of the Christ' de John Debney), lamentation poignante aux accents orientaux écrite en hommage aux 11 athlètes israéliens assassinés dans les attentats de Munich. Ici aussi, Williams nous propose une série de variantes de ce thème à travers des pièces comme le poignant ‘Remembering Munich’ (un sommet d’émotion de la partition), au hautbois dans ‘Avner and Daphna’, au violoncelle dans ‘Thoughts of Home’, etc. Mais si le côté introspectif règne sur une partie de la partition de ‘Munich’, Williams n’en oublie pas pour autant le facette plus noire et violente du film avec une série de pièces atmosphériques atonales particulièrement sombres. Dès le morceau introductif ‘Munich 1972’, Williams nous permet d’entendre une poignante lamentation ‘orientalisante’ interprétée par Lisbeth Scott sur fond de cordes graves quasi funèbres. La seconde partie met en place un élément clé du score de Williams, une pulsation électronique obsédante que l’on entendra tout au long du film et plus particulièrement dans les scènes d’attentat. La tension monte durant la scène introductive de la prise d’otage avec un intéressant jeu de piano dans le registre grave (dans un genre très ‘thriller/suspense’), un tapis de cordes dissonantes et quelques vagues sonorités orientales sombres suggérées par un duduk arménien et un cymbalum hongrois (Williams utilise aussi par moment l'oud, luth très utilisé dans la musique arabe). La musique installe clairement un climat de tension et de menace dès le début du film avec ce morceau qui suggère l’horreur de la tragédie à venir. Le reste du score alterne ainsi entre moments intimistes et mélancoliques et passages à suspense glauques et pesants. On notera l’utilisation de synthétiseurs atmosphériques au début de ‘The Attack at Olympic Village’ suivi d’un thème de cordes graves arabisant associé aux terroristes de ‘Septembre Noir’, thème sombre que l’on retrouve à plusieurs reprises dans le film. On retrouve ce thème durant les flash-backs concernant l’attentat de Munich, comme c’est le cas dans la scène de l’aéroport pour le menaçant ‘The Tarmac at Munich’ ou ‘Encounter in London and Bomb Malfunction’, morceau qui dépeint les ennuis que rencontrent Avner et ses compères avec leurs bombes défectueuses, Williams reprenant au passage l’obsédante pulsation électronique inquiétante de ‘Munich 1972’, qui est, rappelons-le, un élément clé du score dans les passages à suspense de la partition de ‘Munich’ (on le retrouve aussi dans ‘The Raid in Tarifa’). On pourrait aussi citer la scène des lettres piégées (‘Letter Bombs’) avec un intéressant motif rythmique de cordes/piano en unisson sur un fond de cordes dissonantes pesantes, le morceau se concluant de façon plus agressive avec un léger martèlement de timbales qui continue de faire monter la tension, soutenant des cordes plus agitées. La musique véhicule une fois de plus une tension très prenante dans le film, personnifiant le danger et la menace constante qui pèse sur l’équipe d’Avner lorsqu’ils préparent leurs attentats. On pourrait aussi signaler ‘Bearing The Burden’ qui fait monter la tension pendant plus de 8 minutes au détour d’un rappel du thème d’Avner à la clarinette, entre deux morceaux de suspense avec cordes dissonantes, piano menaçant, duduk et harpe, évoquant les tourments intérieurs d’Avner et de sa descente aux enfers. Signalons pour finir que le compositeur nous offre un arrangement inédit du fameux hymne israélien dans ‘Hatikvah (The Hope)’, adapté ici dans une très belle écriture de cordes raffinée. Le morceau est entendu durant la scène des funérailles des athlètes israéliens au début du film – certains ayant vivement reproché au compositeur de ne pas avoir mentionné l’emploi de l’hymne israélien dans le livret du CD – un morceau qui apporte une très grande émotion dans cette séquence poignante du film. Enfin, last but not least, John Williams nous offre un dernier grand moment musical avec l’inévitable ‘End Credits’, qui reprend le Avner’s Theme introduit par les cordes et développé au piano sous les doigts de la soliste Gloria Cheng, une sorte de concerto pour piano et orchestre typique de la veine classique de John Williams et qui atteint ici un sommet du raffinement que les fans du compositeur apprécieront assurément. C’est aussi l’occasion pour le compositeur de se souvenir des innocents qui ont perdu la vie dans cette terrible tragédie humaine, la musique n’en faisant jamais de trop, évitant systématiquement les élans orchestraux intempestifs. Entre souvenir, respect, introspection et tension à couper au couteau, le score de ‘Munich’ est une partition remarquable qui, bien que peu originale en soi et parfois très répétitive (dommage que le découpage de l'album soit aussi systématique, à savoir - un morceau de suspense, un thème mélancolique, un autre morceau de suspense, un autre thème mélancolique, etc.), apporte une émotion subtile et nuancée au film de Steven Spielberg, même si le score paraît parfois curieusement mis en retrait dans le film voire par moment quasiment inexistant, une distance musicale que souhaitait le compositeur par rapport à l’histoire du film. Mais au final, le résultat est là et John Williams accouche une fois encore d’une nouvelle grande partition pour sa 22ème collaboration avec Steven Spielberg, collaboration qui, on s’en doute, n’a pas finit de faire parler d’elle! ---Quentin Billard |