1-Suite 3.00
2-Brothel 0.41
3-Guidebooks 1.19
4-Village 1.43
5-Spa 0.51
6-Pedicure 0.52
7-Tortury 2.15
8-Unwell 1.01
9-Achilles 0.47
10-Déjà Vu 0.46
11-Smokestack 1.03
12-Far From Home 1.03
13-Gallery 1.40
14-Mr. Serious American 2.21
15-Dreams 3.36
16-Trolley of Death 2.53
17-Elevator 3.56
18-Escape 1.45
19-Bugeye 4.06
20-Roadblock 1.55
21-Reflections 2.16
22-Follow 1.18
23-Revenge 1.49

Musique  composée par:

Nathan Barr

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6710

Score produit par:
Nathan Barr
Producteur exécutif de l'album
pour Varèse Sarabande:
Robert Townson
Directeur de la musique pour
Sony Pictures Entertainment:
Lia Vollack
Préparation de la musique:
Bonnie Rodiger
Superviseur de la musique:
Gerry Cueller, Greg Danylyshyn
Montage musique:
Brian Richards

Artwork and pictures (c) 2005 Screen Gems, Inc./Lions Gate Films Inc. All rights reserved.

Note: ***
HOSTEL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nathan Barr
Après le succès inattendu de ‘Cabin Fever’, Eli Roth était attendu au tournant pour son second film. Produit par Quentin Tarantino, ‘Hostel’ est le nouveau film d’horreur d’Eli Roth qui s’intéresse cette fois-ci à une sinistre histoire de groupes de personnes qui payent pour torturer des victimes innocentes. Paxton (Jay Hernandez), Josh (Derek Richardson), deux jeunes étudiants américains et l’islandais Oli (Eythor Gudjonsson) sont en quête d’aventures et de sensations fortes dans l’Europe de l’Est. Suivant le conseil d’un jeune homme rencontré quelques jours auparavant, les trois compères se rendent à Bratislava en Slovaquie où ils découvrent un paradis de débauche et de filles faciles. Ils rencontrent alors deux jeunes allumeuses dans une auberge de jeunesse, Natalya (Barara Nedeljakova) et Svetlana (Jana Kaderabkova) avec qui ils passent leurs journées entre parties de jambe en l’air et éclate en boîte. Mais ce paradis de débauche cache en réalité une bien sinistre réalité: les trois compères sont tombés dans un piège qui va les conduire au bout de l’horreur absolue, alors qu’un groupe de personnes installés dans une vieille usine désaffectée à l’autre bout de la ville kidnappent des touristes et paient pour les torturer. Comme dans ‘Cabin Fever’, ce n’est pas tant le scénario – très basique – qui compte dans ‘Hostel’ mais plus la façon dont Roth développe son sujet, nous offrant sa dose habituelle de gore et d’effusions de sang et de chair à volonté. Mais à la différence de ‘Cabin Fever’, l’horreur ne vient pas ici d’une maladie mais de l’homme lui-même, le réalisateur explorant la part sombre de l’humanité et des pulsions primaires de l’être humaine dans tout ce qu’il y a de plus monstrueux, de plus violent et de plus criminel en lui, un portrait bien sombre d’une humanité en perdition. Le malaise est constant tout au long du film, du en particulier à quelques scènes de torture à la limite de l’insoutenable (fameuse scène du nerf optique arraché), et ce même si par rapport au battage médiatique qu’a reçu le film par le biais de la participation très remarquée de Tarantino à la promotion du film (qui semble être tombé amoureux de ce projet et souhaitait que le réalisateur repousse les limites du genre), on pouvait s’attendre à quelque chose d’encore bien plus subversif et gore que cette simple description de scènes de torture qui vire parfois au fondu en noir lorsque cela devient trop insupportable (conventions hollywoodiennes oblige!). D’un autre côté, on appréciera cette maigre mais réelle économie de moyens, le film ne misant pas systématiquement sur les effets sanguinolents, malgré quelques facilités évidentes. On regrettera néanmoins le fait que tout l’essentiel du film repose sur cette débauche de violence gratuite au lieu de prendre le temps d’approfondir une intrigue qui aurait pu être bien plus intéressante (d’autant qu’Eli Roth s’est vaguement inspiré d’un fait divers). On sait que le film a fait son petit effet lors de son avant-première mondiale au Festival de Toronto en septembre 2005 et que depuis, il a suscité une certaine polémique par rapport à sa violence gratuite et facile que beaucoup ont trouvés totalement injustifiés, sans un bon fond scénaristique digne de ce nom. Autre élément que l’on pourra fortement critiquer ici, la peinture stéréotypée et limite injuriante que nous offre le réalisateur de cette Europe de l’Est soumise à la torture et à la débauche, créant une sorte d’amalgame dangereuse à replacer absolument dans le contexte du film et à ne surtout pas prendre au sérieux. ‘Hostel’ est donc une semi-déception qui nous offre quand même quelques scènes de torture gores qui ravira les amateurs des films d’horreur à l’ancienne, mais qui s’avère être bien trop gratuit dans son évocation de l’horreur et de la violence humaine pour en faire un bon film d’horreur digne de ce nom!

Le compositeur Nathan Barr retrouve donc Eli Roth après sa première collaboration sur ‘Cabin Fever’, pour lequel il avait composé une bonne partie de la musique aux côtés d’Angelo Badalamenti. Sur ‘Hostel’, Barr s’en donne à coeur joie en nous offrant une partition horrifique un brin rétro et entièrement orchestrale, écrite à l’ancienne, confié aux soins du Filmharmonic Orchestra de Prague. Dès le premier morceau du score (qui est en fait entendu dans le générique de fin du film), ‘Suite’, Nathan Barr donne d’entrée le ton du score à l’aide de cordes agitées et dissonantes qui se répondent par le biais d’un motif rythmique frénétique, soutenu par des percussions agressives et des cuivres massifs. On a clairement l’impression d’écouter ici une musique orchestrale de film d’horreur à l’ancienne comme on en entendait régulièrement dans les années 50/60 à Hollywood, un style inattendu qui surprend ici alors que l’on se serait attendu aux traditionnels effets électroniques chers aux musiciens du Hollywood d’aujourd’hui. Barr joue donc la carte de la musique horrifique rétro et va approfondir ce style jusqu’au bout du film. A noter un thème plus mystérieux et feutré dans la seconde partie de ‘Suite’, confié à un groupe de cordes, vents, harpe et glass harmonica interprété par le compositeur lui-même et que ce dernier utilise dans les premiers morceaux du score, soulignant le côté mystérieux et inquiétant de certaines pièces comme ‘Brothel’, ‘Guidebooks’ (qui fait intervenir une voix féminine mystérieuse) et ‘Village’ pour l’arrivée en grande pompe à Bratislava, ‘Village’ reprenant d’ailleurs le thème principal énigmatique introduit dans ‘Suite’. On retrouve la voix féminine dans un morceau un peu à part du score, ‘Spa’, petit passage léger et sautillant à base de harpe, cordes et vents qui jure franchement avec le reste du score, accompagnant la scène où les trois compères rendent visite aux deux filles dans le sauna. On est ici à la limite de la faute de goût avec ce morceau quasiment mickey-mousing qui, de toute évidence, n’a pas sa place ici. Le style véritablement horrifique du score apparaît enfin dans ‘Pedicure’ avec son impressionnante montée de tension frissonnante à souhait, aboutissant à la première scène de torture dans ‘Tortury’, à base de cordes et cuivres dissonants, piano grave martelé et timbales agressives (on est guère loin par moment du style horreur/thriller d’un Christopher Young ou d’un Marco Beltrami). ‘Achilles’ confirme l’orientation horrifique du score avec un premier déchaînement orchestral à base de percussions, de cordes stridentes dissonantes, de cors enragés et de clusters de piano, la violence orchestrale de la musique retranscrivant efficacement à l’écran celle du film.

Si certains passages atmosphériques comme ‘Déjà Vu’ ou ‘Far From Home’ s’avèrent être moins intéressants, ce sont les déchaînements orchestraux de terreur qui attirent véritablement ici notre attention. Les quelques passages à suspense comme le sinistre ‘Unwell’ ou le très sombre ‘Gallery’ (scène où Paxton se met à la recherche de ses deux amis disparus) ne sont que des préparatifs à l’horreur à venir, des montées de tension très efficace dans le film aboutissant par exemple à un défouloir orchestral comme ‘Mr. Serious American’ pour la scène où Paxton découvre enfin toute l’horreur de la situation. Nathan Barr met ici l’accent sur les effets de cordes stridentes/dissonantes avant-gardistes qui créent le sentiment d’horreur avant un déferlement orchestral de terreur qui ne cesse de monter dans l’aigu, une véritable ascension orchestrale de l’horreur très impressionnante autant sur l’album que dans le film. Dès lors, la partition de ‘Hostel’ développe systématiquement ce côté horrifique avec un ‘Dreams’ très impressionnant et particulièrement frénétique à souhait, qui évoque le combat de Paxton pour survivre et affronter l’horreur. Barr met ici l’accent sur les cuivres massifs, les cordes dissonantes (souvent utilisées en trémolos stridents), les timbales agressives, etc. Une fois encore, on est guère loin ici du style horreur/thriller de Christopher Young, qui semble avoir servi de référence au compositeur. L’ambiance plus furtive de ‘Trolley of Death’ accompagne ainsi les efforts entrepris par Paxton pour tenter de sortir de cet enfer, comme dans ‘Elevator’ et son suspense explosif sans cesse sur le fil du rasoir, qui maintient la pression constante dans le film et suggère que le danger est omniprésent pour Paxton. Son évasion est illustrée dans le tonitruant ‘Escape’ où Barr utilise même des percussions quasi martiales avec ses cordes dissonantes et stridentes. La scène du nerf optique sectionné – ‘Bugeye’ – permet à Barr de reprendre le motif de cordes rythmique et agité de ‘Suite’ pour ce qui constitue le climax horrifique de la partition (et du film), 4 minutes de déchaînement orchestral de terreur de qualité. Idem pour le brutal ‘Roadblock’ qui débouche sur un ‘Reflections’ plus paisible qui nous permet de souffler avant le grand final de violence que représente ‘Follow’ et surtout le brutal ‘Revenge’.

Partition horrifique rétro et sans grande surprise, ‘Hostel’ confirme quand même que Nathan Barr a décidément un certain potentiel qui mérite vraiment d’être exploité sur de meilleurs films, en espérant que, à l’instar de certains compositeurs de maintenant comme Elia Cmiral ou Marco Beltrami, Nathan Barr ne se laissera pas enfermer dans le registre de la musique de film d’horreur, un style souvent très stéréotypé sur lequel il devient de plus en plus difficile d’expérimenter et d’innover. Le score de Nathan Barr apporte une certaine puissance dramatique aux images du film d’Eli Roth et renforce la dimension horrifique et terrifiante du film en utilisant toutes les ressources de l’orchestre symphonique sans avoir eu recours aux traditionnels synthétiseurs – c’est suffisamment rare aujourd’hui pour être signalé! Il ne reste plus qu’à espérer de futures grandes partitions du compositeur qui devrait réussir à trouver sa voie parmi les plus grands de la musique de film hollywoodienne, s’il sait choisir correctement ses projets!


---Quentin Billard