1-Firewall 3.16
2-Surveillance 3.38
3-Breaking In 2.56
4-The Bank 0.57
5-First Night 1.21
6-Hostages 3.24
7-The Camera Dances 3.47
8-The Epi-Pen 3.59
9-The Family Theme 1.21
10-Escape From The Bank 10.23
11-Looking For Help 3.04
12-Exchanging The Files 2.10
13-The Fight 7.14
14-Rainy Day 3.15
15-Together Again 1.20

Musique  composée par:

Alexandre Desplat

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6717

Produit par:
Alexandre Desplat
Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage musique:
Joe E. Rand
Assistant montage:
Barbara McDermott
Assistant Mr. Desplat:
Xavier Forcioli

Artwork and pictures (c) 2006 Warner Bros Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
FIREWALL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Desplat
La carrière du grand Harrison Ford semble battre quelque peu de l’aile en ce moment. Après les échecs commerciaux de ‘K-19’ et ‘Hollywood Homicide’, la star s’était fait discrète quelques années avant de revenir à un domaine dans lequel il semble être particulièrement à l’aise: le thriller/film d’action. Dans ‘Firewall’, Harrison Ford interprète Jack Stanfield, expert en sécurité informatique dans une importante banque américaine de Seattle, qui a récemment mis au point un ‘pare-feu’ (‘Firewall’ en anglais), logiciel capable d’empêcher quiconque de pirater les réseaux informatiques de l’établissement. Un jour, un homme qui se fait appeler Bill Cox (Paul Bettany) débarque chez lui et kidnappe sa femme Beth (Virginia Madsen) et ses deux enfants, avec l’aide d’une poignée d’hommes armés. Cox, qui a espionné Stanfield depuis des mois, sait tout de celui qu’il a pris au piège. Le gangster force alors Jack à trouver un moyen de l’introduire dans les réseaux informatiques de la banque pour détourner 100 millions de dollars et les virer sur des comptes off-shore. S’il désobéit ou s’il tente de s’échapper, Cox tuera sa famille, et il a en tout 24 heures pour accomplir sa tâche. Pris dans un piège diabolique, Jack va tenter de trouver une solution pour échapper à cet enfer et sauver sa famille.

Le scénario, archi-conventionnel, n’est qu’un prétexte à une suite de scènes à suspense qui font monter la tension, avec comme toile de fond la sempiternelle prise d’otage, l’intrigue du film rappelant quelques thrillers récents du même acabit comme ‘Panic Room’ de David Fincher ou ‘Hostage’ de Florent Emilio-Siri. Harrison Ford s’impose une fois de plus par son charisme légendaire, et se montre toujours aussi énergique dans les scènes d’action, l’acteur ayant tenu à interpréter lui-même toutes ses cascades sans se faire doubler, quitte à demander à Paul Bettany de le cogner pour de vrai afin d’accentuer le réalisme des combats. Harrison Ford se montre aussi particulièrement sensible et émouvant dans le rôle de ce père de famille ordinaire pris au piège d’une situation extraordinaire, qui va tout faire pour tenter de sauver ses proches. A noter que le film devait être réalisé à l’origine par Mark Pellington, ce dernier ayant du quitter le projet après avoir appris la mort de sa femme, remplacé au pied levé par Richard Loncraine, cinéaste britannique avec lequel Paul Bettany avait déjà tourné dans la comédie romantique ‘Wimbledon’ (2004). La réalisation est totalement impersonnelle et dénuée de la moindre subtilité. Les scènes s’enchaînent efficacement, privilégiant le suspense et la tension psychologique au détriment des traditionnelles bagarres et course-poursuites réduites ici au strict minimum. Paul Bettany campe un méchant savoureux à souhait face à un Harrison Ford toujours aussi charismatique et nuancé. A voir donc si vous êtes un inconditionnel de l’acteur et des thrillers hollywoodiens sans grand relief.

Notre Alexandre Desplat national continue sa progression à Hollywood après avoir récemment mis en musique quelques productions U.S. comme ‘Hostage’, ‘Birth’, ‘The Upside of Anger’ ou bien encore ‘Syriana’. Le compositeur revient dans ‘Firewall’ à un genre qu’il semble affectionner particulièrement: la musique d’action/suspense. On sera inévitablement tenté de comparer d’entrée de jeu son nouvel opus avec le score de ‘Hostage’ (coïncidence, les deux films se ressemblant déjà quelque peu), ‘Firewall’ conservant cette même patte orchestrale avec une bonne dose de synthétiseurs en plus. Mais à l’inverse de ‘Hostage’, Desplat s’est considérablement montré bien moins inspiré sur ‘Firewall’ puisqu’il nous livre un thème extrêmement quelconque et sans grand relief, le ‘Family Theme’, plus intimiste et mélodique, associé à la famille de Stanfield. Le reste du score alterne entre action rentre-dedans et plages de suspense atmosphérique parfois longues et monotones. ‘Surveillance’ et ‘Breaking In’ (kidnapping de la famille Stanfield) posent les bases de la partition: cordes et vents sombres et lentes, sonorités électroniques froides et omniprésentes (évoquant l’univers informatique du film), percussions, piano et cuivres menaçants, etc. L’action dans ‘Breaking In’ fait monter la tension durant la scène où Cox force Stanfield à détourner l’argent dans les réseaux informatiques de la banque. Les rythmiques électroniques sont utilisées ici pour renforcer l’orchestre et faire monter la tension. Dommage cependant que des morceaux plus mineurs et atmosphériques comme ‘The Bank’, ‘First Night’ ou ‘Hostages’ n’apportent pas grand chose à l’écoute, les morceaux semblant s’enchaîner sans jamais marquer l’esprit et permettre à l’auditeur d’avoir un élément fort auquel se rattacher, autant dans le film que sur l’album du score publié par Varèse Sarabande.

La musique de Desplat semble alors sortir lentement de cette étrange torpeur avec ‘The Camera Dances’ où il évoque une sorte de jeu du chat et de la souris évoquant les tentatives désespérées de Jack et sa famille pour échapper à leurs ravisseurs. A noter cependant que, plus l’écoute progresse, plus l’on ressent dans la musique d’Alexandre Desplat des influences évidentes de temp-tracks. ‘The Camera Dances’ faisant par exemple beaucoup penser à du John Frizzell, tandis que ‘Looking for Help’ nous ferait plutôt pencher du côté d’Alan Silvestri ou de Edward Shearmur. On appréciera un morceau d’action plus enlevé et enragé comme ‘The Epi-Pen’ et ses cordes enjouées aux rythmes excitants pour une scène de tentative d’évasion hors de la maison prise en otage par les sbires de Bill Cox. Idem pour le morceau introductif de l’album, ‘Firewall’, qui se retrouve en fait vers le milieu du film. On retrouve dans ces morceaux d’action une certaine patte orchestrale que l’on entendait déjà dans ‘Nid de Guêpes’ ou ‘Hostage’. A noter que ‘Firewall’ est de loin l’un des meilleurs morceaux d’action du score, avec un emploi très marqué des cordes et des cuivres sur fond d’ostinato de percussions (acoustiques et électroniques). Le morceau accompagne la scène où la famille Stanfield tente de s’échapper en passant par le garage de la maison. Dommage que le compositeur n’ait pas choisi de réutiliser par la suite le motif de cordes entendu au début du morceau, qui aurait pu faire un bon thème d’action pour cette BO. La tension continue ensuite de monter à travers le très long ‘Escape from the Bank’ et le tendu ‘Exchanging the Files’ aboutissant enfin à l’affrontement final sur des rythmes agressifs et excitants (‘The Fight’) et la conclusion plus paisible, ‘Together Again’.

Que dire de plus si ce n’est que la musique d’Alexandre Desplat fonctionne plutôt bien dans le film, apportant action et suspense aux images du film de Richard Loncraine tout en demeurant figée dans un statut fonctionnel sans grand relief. Dommage, car le compositeur nous avait déjà habitué à bien mieux avec ses précédents scores d’action comme ‘Hostage’ ou le grandiose ‘Nid de Guêpes’. Il est véritablement regrettable de constater à quel point Desplat est complètement rentré ici dans le moule hollywoodien, nous livrant un score totalement impersonnel et bourré d’influences (Frizzell, Silvestri, Elfman, Shearmur, etc.) probablement dues aux temp-tracks du film. Les morceaux de suspense traînent en longueur et les passages d’action sont bien trop peu nombreux pour permettre à l’auditeur d’accrocher véritablement à l’écoute de cette partition tout à fait quelconque. Evidemment, la faute n’incombe pas totalement à Alexandre Desplat qui n’a fait que suivre le rythme et le montage du film (qui, comme dit auparavant, ne contient pas énormément de scènes d’action), mais il est dommage que le compositeur ne se soit pas montré plus inspiré que cela, en particulier dans sa thématique, qui reste étrangement légère voire inexistante en dehors d’un thème principal d’une banalité absolue. Bref, on est bien loin ici du brio de ‘Hostage’ et c’est fort dommage! Espérons qu’Alexandre Desplat saura éviter de se laisser emporter par les facilités hollywoodiennes pour la suite de sa carrière!


---Quentin Billard