1-They've Eaten The Baby! 2.39
2-No More Nannies 1.23
3-Secret Toast and Jam 2.30
4-A Clockwork Mouse 1.03
5-The Pink Chair 1.00
6-I Did Knock 6.02
7-Goodnight, Children 4.25
8-Measle Medicine 1.31
9-Soup Du Jour 1.11
10-I Smell Damp 1.40
11-Barnyard Fashion 1.37
12-Lord of the Donkeys 0.39
13-The Girl in the Carriage 3.20
14-Kites in the Sky 2.26
15-The Room at the Top
of the Stairs 1.43
16-Toad in the Teapot 3.39
17-Our Last Chance 2.17
18-Mrs. Brown's Lullaby 1.20*
19-The Lady in Blue 2.04
20-Bees and Cakes 3.45
21-Snow in August 7.03

*Paroles de Emma Thompson.

Musique  composée par:

Patrick Doyle

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6690

Album produit par:
Patrick Doyle, Maggie Rodford
Producteurs exécutifs:
Nick Angel, Robert Townson
Chargés de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield
Producteur du score:
Maggie Rodford
pour Air-Edel
Montage musique:
Robin Quinn
Assistant de Patrick Doyle:
Abigail Doyle
Paroles de 'Mrs. Brown's Lullaby' de:
Emma Thompson

Artwork and pictures (c) 2005 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
NANNY MCPHEE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Patrick Doyle
Le réalisateur britannique Kirk Jones s’était déjà fait remarquer en 1998 sur son premier long-métrage, la comédie ‘Waking Ned’. Pour son second film, le cinéaste a choisi de porter à l’écran une série de livres intitulée ‘Chère Mathilda’ de Christianna Brand. Né de la collaboration entre l’actrice Emma Thompson et la productrice Lindsay Doran, ‘Nanny McPhee’ est une sorte de conte enfantin matiné d’humour noir, d’émotion et de fantaisie. Après la mort de son épouse, Mr. Brown (Colin Firth) se retrouve en grande difficulté avec ses sept enfants turbulents et totalement déchaînés qu’il n’arrive plus à contrôler et à élever correctement, se réfugiant dans son travail comme seule façon d’échapper à la dure réalité. Les enfants se sont d’ailleurs mis en tête de faire fuir de la maison chacune des nouvelles nounous qui tenterait de postuler chez eux. Et comme si les méfaits de ces sept terreurs n’étaient pas suffisants, l’affreuse Tante Adélaïde (Angela Lansbury) menace de retirer la pension qu’elle verse régulièrement à son neveu s’il ne se remarie pas dans les plus brefs délais. Et c’est au moment où tout semble perdu qu’intervient Nanny McPhee (Emma Thompson), une mystérieuse nounou au visage de sorcière qui utilise la magie par le biais de sa canne. Cette énigmatique femme va remettre de l’ordre dans tout ce bazar, imposant des règles ultra-strictes aux sept enfants qui n’ont aucune intention de se laisser faire et qui vont tenter de se rebeller, jusqu’à ce qu’ils comprennent que l’inatteignable Nanny McPhee ne cèdera jamais, usant de sa magie pour remettre les enfants dans le droit chemin. Puis, les jours passent, et Mr. Brown, qui peut enfin souffler depuis que l’énigmatique Nanny McPhee est chez lui, ne s’est toujours pas remarié. Tante Adélaïde décide alors de prendre à Mr. Brown un de ses enfants qui partira vivre chez elle, et c’est la jeune domestique Evangeline (Kelly MacDonald) qui se sacrifie et part à la place d’un des enfants. Mr. Brown n’a donc plus le choix: il va devoir se marier avec Mrs. Quickly (Celia Imrie), une vieille aristocrate délurée qu’il n’aime pas mais qui reste son seul espoir de s’en sortir. Les enfants comprennent alors que les choses sont devenues graves et qu’ils doivent agir ensemble s’ils veulent mettre fin à cette situation. Le plus âgé d’entre eux, Simon (Thomas Sangster), va parler personnellement à Nanny McPhee pour lui demander conseil, lui qui était jusqu’ici opposé à l’énigmatique nounou. Et, très rapidement, celle qui était autrefois l’adversaire des enfants va devenir leur plus précieux allié.

L’histoire de ‘Nanny McPhee’ est en réalité un condensé de trois romans de Christianna Brand, ‘Chère Mathilda’, ‘Chère Mathilda s’en va-t-en ville’ et ‘Chère Mathilda aux bains de mer’. Kirk Jones n’a retenu que l’essentiel de ces trois ouvrages pour nous offrir ce très sympathique conte fantastique qui s’adresse autant aux jeunes qu’aux vieux, ‘Nanny McPhee’ nous proposant un subtil mélange entre fantaisie, univers magique et comédie dramatique intimiste. Evidemment, on a très vite rapproché le film de Kirk Jones aux ‘Harry Potter’, ‘Nanny McPhee’ semblant quand même devoir beaucoup à la saga de J.K. Rowling (les deux films ayant en commun d’être anglais, avec des acteurs anglais, dans un univers de magie). Mais la comparaison s’arrête là tant ‘Nanny McPhee’ part sur des bases bien plus enfantines, avec un fond plus profond sur l’importance de l’éducation des enfants et de la figure emblématique du père de famille. Quelque part, Nanny McPhee apporte la solution que le père n’a jamais réussi à mettre en pratique avec ses enfants: s’occuper d’eux, ne pas leur laisser faire n’importe quoi, être dur mais pas trop juste ce qu’il faut, savoir quand il faut être bon et quand il faut resserrer la vis. Le film possède une sensibilité et une poésie que l’on découvre surtout lors du final du film, typique d’un conte de fée, le tout sur fond de morale qui, heureusement, n’est jamais trop appuyée, mais qui rejoint les ‘5 règles’ de Nanny McPhee qui, lorsqu’une d’entre elle est atteinte, voit un élément laid de son visage disparaître pour faire progressivement apparaître un visage plus humain et épuré à des années lumières de son look de sorcière. On applaudira au passage l’excellente performance d’Emma Thompson, toujours aussi douée et ce quelque soit le rôle qu’elle joue (il ne faut pas oublier qu’elle est aussi l’une des principales instigatrices du film). Si l’histoire peut paraître classique au départ, c’est le traitement plus extravagant du film qui en fait tout son charme. Le réalisateur joue beaucoup ici sur les couleurs dans un style parfois très fantaisiste et vif très ‘british’, avec quelques effets spéciaux sympas et quelques scènes délirantes et un peu excentriques comme la séquence de l’âne qui danse à la suite d’un sort lancé par Nanny McPhee (on est à fond ici dans de l’humour british bien absurde). Du coup, le réalisateur évite de tomber dans de la comédie enfantine gnangnan et apporte un fond sincère à son film, qui se situe dans la lignée des grands classiques que sont ‘Marry Poppins’ ou ‘Cendrillon’, avec une pointe d’ironie, de poésie et de fantaisie, un film idéal pour retrouver son âme d’enfant, même si ‘Nanny McPhee’ ne laissera certainement pas un souvenir impérissable dans la mémoire collective.

Pour Patrick Doyle, ‘Nanny McPhee’ représente une nouvelle occasion de renouer avec un univers magique après sa formidable partition symphonique pour ‘Harry Potter & The Goblet of Fire’. Mais on est loin ici du style sombre et massif de ‘Harry Potter’, Doyle préférant opter pour une approche musicale certes tout aussi classique mais plus douce, joviale, nuancée et légère. La participation du compositeur au film de Kirk Jones s’explique avant tout par la présence d’Emma Thompson et de Lindsay Doran à la production, les deux femmes ayant précédemment produites ‘Dead Again’ et ‘Sense and Sensibility’ pour lesquels Patrick Doyle avait déjà écrit la musique. Le choix de ce compositeur pour ‘Nanny McPhee’ ne surprend donc guère, Doyle possédant dans sa musique ce style british qui ne pouvait que coller à l’univers du film. C’est la fantaisie et le fun que déploie le compositeur tout au long de son œuvre qui fait ici le charme de la BO de ‘Nanny McPhee’. Dès l’introduction, Doyle pose les bases de sa partition dans ‘They’ve Eaten the Baby!’: mélodie de clavecin baroque, basson sautillant et seconde partie plus orchestrale sur un rythme dansant et espiègle évoquant la pagaille commise par les enfants de Mr. Brown, et même une brève citation ironique à la célèbre ‘marche funèbre’ de Chopin, le morceau se concluant sur une brève valse pour orchestre et clavecin. La fantaisie et l’humour sont ici au rendez-vous, Doyle enchaînant les ambiances à un rythme toujours très soutenu et une grande fraîcheur. Comme d’habitude, Patrick Doyle maîtrise complètement son écriture orchestrale, apportant un raffinement à chacun de ses morceaux, orchestrés avec un classicisme indissociable du style british du compositeur. ‘No More Nannies’ développe un thème plus ironique lorsque Mr. Brown, excédé, part chercher une nouvelle nounou pour ses enfants. Les choeurs font ici leur apparition pour personnifier la facette plus magique et fantaisiste du film. A contrario, ‘Secret Toast and Jam’ se veut plus doux et intimiste, une très belle pièce pour clarinettes et cordes tout en douceur, nous rappelant à quel point Patrick Doyle est aussi un grand romantique doté d’une grande sensibilité musicale, parfois un peu ‘rétro’ mais toujours parfaitement savoureuse. ‘Secret Toast and Jam’ développe aussi le très beau thème romantique associé à Evangeline, et qui évoquera plus tard l’affection entre Mr. Brown et sa jeune domestique.

En l’espace de quatre morceaux, Doyle a posé les bases de sa partition et dévoilé les principaux thèmes de sa partition. Dès lors, l’aventure peut enfin commencer! Si l’on reste proche d’un style mickey-mousing/classique dans ‘A Clockwork Mouse’, ‘The Pink Chair’ développe la facette plus intimiste et romantique du score de ‘Nanny McPhee’ avec cordes et piano tout en douceur, rappelant les souvenirs de Mr. Brown envers son ancienne femme décédée il y a bien longtemps. La magie pointe le bout de son nez dans ‘I Did Knock’ pour illustrer Nanny McPhee et ses étranges pouvoirs. On retrouve par ici certains éléments du score de ‘Harry Potter & The Goblet of Fire’ notamment dans la façon dont Doyle utilise les vents et les cordes de façon plus mystérieuse avec quelques vagues sonorités cristallines et des choeurs associés à la magie. Le compositeur pousse même l’allusion encore plus loin puisqu’il réutilise un motif qui rappelle beaucoup celui de Voldemort dans le quatrième opus des aventures d’Harry Potter, motif mystérieux de quelques notes ascendantes associé ici aux mystères de l’énigmatique Nanny McPhee. La variété d’ambiance reste le maître de mot de Patrick Doyle sur ‘Nanny McPhee’. Ainsi, ‘Goodnight, Children’ et ‘Soup du Jour’ alternent entre passages intimes et mickey-mousing tandis que ‘Measle Medicine’ développe une sorte de valse mystérieuse et inquiétante associée aux secrets de Nanny McPhee. Un morceau comme ‘Barnyard Fashion’ et son côté très sautillant/espiègle et humoristique possède un classicisme qui fait parfois penser à Prokofiev. De l’humour, il est d’ailleurs justement question dans l’amusant ‘Lord of the Donkeys’ durant la scène où Nanny McPhee fait danser l’âne par le biais de sa magie, petite pièce de danse pour violon, piccolo et pizzicati de cordes.

Si l’émouvant ‘The Girl in the Carriage’ se veut légèrement plus dramatique lorsqu’Evangeline part avec Tante Adélaïde (Doyle rappelant au passage son très beau thème lyrique, dans la veine de celui du score de ‘Secondhand Lions’), ‘Kites in the Sky’ développe un thème plus serein associé à l’amitié entre Nanny McPhee et les enfants. On est loin ici du motif mystérieux et inquiétant de Nanny McPhee dans ‘I Did Knock’, la mélodie se voulant ici plus chaleureuse et rassurante. Doyle évoque le rapprochement entre les enfants de Mr. Brown et la mystérieuse Nanny McPhee, qui devient petit à petit pour eux une amie, une allié précieuse. Doyle s’offre un nouveau petit détour du côté de l’humour dans le fantaisiste ‘Toad in the Teapot’ pour la scène des tours de magie (crapaud dans la théière de l’affreuse Mrs. Quickly) marquant le retour du clavecin baroque qui évoque avec ironie le côté aristocrate délurée et vicieuse de Mrs. Quickly, tandis que ‘Mrs. Brown’s Lullaby’ nous propose une nouvelle mélodie chantée ici sous la forme d’une très belle berceuse, Doyle vouant décidément une certaine affection pour les passages chantés qu’il glisse régulièrement dans ses partitions (‘She Was a Real Lion’ dans ‘Secondhand Lions’, ‘Underwater Secrets’ dans ‘Harry Potter & The Goblet of Fire’, ‘Kindle my Heart’ dans ‘A Little Princess’, etc.). Le final du film, qui débute avec le retour du très beau thème d’Evangeline dans ‘The Lady in Blue’ (scène du début du mariage de Mr. Brown), se prolonge sur l’amusant ‘Bees and Cakes’ pour la scène de la bataille de gâteaux (qui reprend le thème ironique de ‘They’ve Eaten the Baby!’ joué ici aux saxophones) et se conclut sur un final magnifique, ‘Snow in August’, sept minutes de pur bonheur pour tous les fans des musiques romantiques/lyriques chères au compositeur écossais. Le compositeur développe le thème d’Evangeline qui se transforme en Love Theme entre Mr. Brown et Evangeline, apportant le traditionnel happy-end prévisible au film de Kirk Jones. Le thème de Nanny McPhee refait une dernière apparition sous un angle toujours aussi chaleureux, confié à des cordes lyriques et un choeur féerique. La mélodie de ‘Mrs. Brown’s Lullaby’ est aussi de la partie, fredonnée ici par une voix féminine rassurante, alors que la neige commence à tomber durant le mariage, recouvrant le paysage d’un long manteau de blancheur pure, symbolisant l’accomplissement des protagonistes principaux à travers leurs épreuves et la consécration de l’amour entre Mr. Brown et Evangeline.

Une fois encore, on sent à quel point Patrick Doyle s’est fait plaisir en écrivant la musique de ce film, dévoilant une facette tour à tour plus charmante, fantaisiste, lyrique, touchante et amusante de son style musical. On sent à quel point Doyle a atteint une certaine maturité musicale et qu’il n’a désormais plus grand chose à prouver, d’où un certain manque par moment d’originalité et d’audace dans sa musique. Cependant, on ne pourra pas rester insensible ici aux charmes de cette très belle partition orchestrale portée par un classicisme raffiné et le savoir-faire indiscutable de l’un des meilleurs compositeurs officiant à l’heure actuelle à Hollywood et aux alentours. Après le succès du massif ‘Harry Potter & The Goblet of Fire’, Patrick Doyle continue de nous prouver qu’il est plus que jamais le compositeur romantique/classique number one à Hollywood, choisissant toujours ses projets avec une certaine minutie. Sa partition symphonique pour ‘Nanny McPhee’ apporte toute l’émotion et le relief nécessaire à l’histoire du film de Kirk Jones, personnifiant musicalement chaque facette de l’histoire, que ce soit l’humour, la magie, l’aventure ou l’émotion. La variété des thèmes et des ambiances agrémentent l’ensemble et rendent l’écoute vraiment intéressante autant dans le film que sur l’album de Varèse Sarabande. Evidemment, on pourra toujours critiquer le côté très conventionnel de la musique de Doyle, mais qu’importe, la partition fonctionne parfaitement dans le film, et musicalement parlant, c’est une vraie réussite, alors que demander de plus?


---Quentin Billard