1-The Opening 2.14
2-Maybe My Luck Has Changed 1.48
3-Arrival on the Island 2.43
4-Sacrifice - Hail to the King 7.06
5-Arthusa 2.18
6-Full Moon Domain-
Beauty Is a Beast 4.22
7-Breakout to Captivity 4.06
8-Incomprehensible Captivity 2.52
9-Kong Hits the Big Apple 2.33
10-Blackout in New York/
How About Buying me a Drink 3.20
11-Climb to Skull Island 2.26
12-The End is at Hand 1.41
13-The End 4.24

Musique  composée par:

John Barry

Editeur:

FSMCD Silver Age Classics
Vol.8 No. 8

Produit par:
Lukas Kendall

Artwork and pictures (c) 1976 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
KING KONG
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Barry
Bien avant la récente version de Peter Jackson en 2005, il y avait déjà eu en 1976 un remake de ‘King Kong’, le plus célèbre gorille géant de toute l’histoire du cinéma hollywoodien. Réalisé par John Guillermin (cinéaste anglais à qui l’on doit quelques films comme ‘The Towering Inferno’, ‘Death on the Nile’, ‘The Blue Max’, etc.), ce ‘King Kong’ version seventies s’éloignait du New York des années 30 pour se rabattre sur le monde contemporain des années 70 dans lequel se déroule l’histoire. La suite du film reste assez fidèle à la version de 1933: le navire de la compagnie pétrolière ‘Petrox’ accoste sur l’île du crâne à la recherche de précieux gisement de pétrole. Ils découvrent que l’île est habitée par un gorille géant baptisé ‘Kong’ par les indigènes du coin qui offrent l’une des passagères du navire, Dwan (Jessica Lange), en sacrifice au gigantesque Kong. L’immense gorille s’empare de Dwan mais ne lui fait aucun mal et tombe amoureux d’elle, un amour qui est bien loin d’être réciproque, Dwan étant plus terrorisée qu’autre chose par l’immense bête. Jack Prescott (Jeff Bridges), l’un des membres de l’expédition, organise avec quelques hommes de l’équipage une mission de sauvetage afin de retrouver la jeune femme et de la ramener saine et sauve sur le navire. Une fois la mission accomplie, Fred Wilson (Charles Grodin), le chef de la compagnie pétrolière, décide de compenser son infortune de quête de l’or noir par un projet complètement insensé et démesuré: capturer Kong et le ramener aux Etats-Unis pour en faire un grand spectacle pour tout public. De retour aux USA, Kong réussit à briser ses chaînes et dévaste tout sur son passage avec une seule idée en tête: retrouver Dwan à tout prix. L’armée se mobilise alors pour abattre la bête qui continue de semer la terreur partout dans New York.

L’histoire est donc restée à peu près inchangée par rapport au film d’origine malgré quelques différences plus mineures. Jessica Lange débutait alors dans ‘King Kong’ pour son tout premier rôle au cinéma, à peine âgée de 27 ans. Evidemment, l’attraction majeure du film c’est bien sur King Kong en personne, un Kong bien cheap qui rappelle évidemment celui du film de 1933, mais avec la technique et les effets spéciaux typiques des années 70. On est guère loin par moment des effets spéciaux à la Ray Harryhausen, la créature ayant été initialement prévue par l’italien Carlo Rambaldi, qui devait à l’origine créer une bête grandeur nature avant qu’un problème de budget oblige la production à faire appel à une version plus cheap de Rick Baker – plus connu pour avoir participé au tout premier ‘Star Wars’ de Georges Lucas. Du coup, Kong a perdu de la crédibilité et se balade tout au long du film avec un côté ridicule pas du tout terrifiant qui nous ferait presque regretter par moment le Kong (aussi très cheap) de 1933. Peut-être qu’un budget plus conséquent aurait permit aux producteurs du film de se payer un vrai Kong digne de ce nom au lieu d’un acteur en costume a l’air stupide et niais, le principal défaut de la créature dans ce film. Ceci étant dit, les effets spéciaux sont plutôt réussis pour un film de 1976 (cf. excellente scène du combat entre Kong et le serpent géant) même si ce ‘King Kong’ a pris un petit coup de vieux, décidément très (trop?) ancré dans l’ère des ‘seventies’ (cf. le look limite hippie aux cheveux longs de Jeff Bridges dans le film). Les décors sur l’île sont de toute beauté et la longue séquence finale à New York est particulièrement impressionnante et spectaculaire pour l’époque (on est guère loin par moment du style d’un autre célèbre film de John Guillermin, ‘The Towering Inferno’), avec une fin tragique à souhait mais pas aussi bouleversante que celle du film d’origine ou celui de Peter Jackson. En bref, on est loin ici du brio du film d’origine dans cette version pas très inspirée mais néanmoins de bonne facture, qui séduira avant tout les nostalgiques de King Kong et ceux des gros film d’aventure des années 70.

Inattendu sur ce film, John Barry nous offre une partition symphonique qui, s’il elle n’a pas le brio de la mythique partition initiale de Max Steiner, possède quelques qualités qui en font un score intéressant sans être indispensable dans son genre. Le score, sombre, massif et romantique à la fois, s’articule autour d’un premier thème développé dans l’ouverture du film (‘The Opening’), annoncé par des cuivres sombres, des cordes froides et un orgue qui préfigurent déjà le drame à venir, une ouverture sombre et massive parfaite pour le film, l’utilisation de l’orgue s’avérant être inattendue, apportant une couleur particulière à la musique de ‘King Kong’! On retrouve un John Barry plus lyrique et romantique dans ‘Maybe My Luck Has Changed’ où le compositeur développe le thème romantique de la partition, qui sera véritablement au coeur de la musique, illustrant plus tard la romance de ‘la belle et la bête’ (sans réciprocité de la part de la belle dans cette version!), mélodie lyrique de cordes/vents typiques du style romantique ‘seventies’ du compositeur. ‘Arrival on the Island’ continue de développer ce côté lyrique et chaleureux typique du compositeur durant la scène de l’arrivée sur l’île, où Barry réutilise l’orgue de l’ouverture dans un registre plus doux et apaisé ici quasi pastoral, dominé par vents, cordes, quelques petites percussions discrètes et des cuivres plus majestueux évoquant l’immensité de l’île. L’ambiance change alors radicalement dans ‘Sacrifice’ où Barry illustre la scène du sacrifice de Dwan à l’aide de percussions tribales et de choeurs sauvages soutenus par un orchestre brutal et dissonant, un morceau étonnant de la part du compositeur qui évoque un rituel de sacrifice tribal de façon très exotique et brutale à la fois - à noter quand même la durée du morceau, près de 6 minutes 57, ce qui risque fort d’en rebuter plus d’un vu le côté répétitif du morceau, qui fonctionne cependant parfaitement bien à l’écran, rendant cette séquence réellement intense! ‘Arthusa’ calme alors le jeu et nous permet de retrouver le très beau ‘Love Theme’ du score dominé par les cordes et un effet de piano en écho très réussi, John Barry apportant un raffinement sincère à son thème romantique renvoyant à une esthétique musicale très ‘Golden Age’ hollywoodien, qui colle parfaitement au film de John Guillermin.

‘Full Moon Domain – Beauty Is a Beast’ évoque les scènes entre Dwan et Kong, la belle refusant l’affection de la bête, d’où un côté musicalement plus sombre et dramatique lié à cette idée d’amour impossible entre la femme et l’immense animal. Barry traduit cette idée brillamment en essayant de faire revenir le ‘Love Theme’ par petites brides, sans jamais vraiment le développer intégralement, comme si le thème se faisait ici plus hésitant, plus discret, à l’image de cet amour impossible tué dans l’oeuf. La dernière partie du morceau, plus agressive, utilise percussions exotiques et orchestre plus agité pour la scène où Kong affronte le serpent géant durant l’un des premiers gros morceaux d’action du score de ‘King Kong’. ‘Breakout to Captivity’ développe un motif de cuivres plus sombre avec des percussions métalliques du plus bel effet durant la scène de la capture de Kong, permettant à Barry de nous offrir un nouveau morceau d’action particulièrement sombre et agressif, débouchant sur le non moins sombre ‘Incomprehensible Captivity’ avec son obsédant motif de 3 notes descendantes aux cors/trombones. Hélas, arrivé à la dernière partie du score, Barry casse tout en nous offrant un ‘King Hits The Big Apple’ ultra ‘70s’ et particulièrement kitsch et déplacé dans le contexte du score, une faute de mauvais goût qui heureusement, est très vite rattrapée par une seconde partie plus en adéquation, reprenant l’orgue de ‘Arrival on the Island’. ‘Blackout in New York’ pose alors une atmosphère plus sombre sur la scène où Kong s’échappe dans New York et crée un black-out dans toute la ville, Jack et Dwan partant à sa recherche. On retrouve ici le motif plus sombre du début du score, annonçant clairement l’issue tragique du film, tandis que le compositeur fait une brève allusion à son Love Theme joué discrètement par un saxophone.

‘Climb to Skull Island’ reprend l’obsédant motif menaçant de 3 notes de ‘Incomprehensible Captivity’ qui prend ici une tournure quasi tragique et funèbre avec, en toile de fond, le thème sombre de Kong développé aux cordes/cuivres dans un registre plus torturé et pesant, alors que Kong escalade les immenses immeubles de New York, traqué par l’armée. ‘The End is at Hand’ marque la mort de l’immense gorille dans un style sombre et percussif. Barry évoque l’inéluctabilité de la mort de Kong avec une montée de tension parfaitement gérée, traversée par quelques coups de percussions martiales illustrant les attaques de l’armée contre le gorille. Finalement, ‘The End’ marque la fin de cette sombre histoire d’amour impossible tragique avec les derniers battements de coeur du gorille agonisant débouchant sur un retour du thème sombre de Kong et de son obsédant motif de 3 notes particulièrement dramatique et pesant, d’une noirceur absolue. Malgré le côté monstrueux du gorille et le refus de Dwan de céder à son amour, Barry prend le parti pris de la créature dans sa musique et illustre avec une noirceur étonnante la tragédie de cet être voué à mourir dans un univers qui n’est pas le sien. Le générique de fin est accompagné d’une dernière reprise du très beau ‘Love Theme’ confié aux cordes avec vents, cuivres et piano. A noter que, pour des raisons économiques, FSM (le label de Lukas Kendall) n'a pas été en mesure de fournir un 'Expanded' du score de John Barry et s'est contenté de reprendre le contenu du LP d'origine sur CD (avec au passage un bien meilleur son), alors que de nombreux morceaux de la partition sont passés à la trappe, ce qui est bien dommage!

Sans atteindre les sommets de la légendaire partition de Max Steiner pour la version initiale de 1933, la musique de John Barry pour ce ‘King Kong’ de 1976 nous rappelle à quel point le compositeur a toujours particulièrement affectionné les atmosphères dramatiques et romantiques. La partition symphonique de Barry pour ce ‘King Kong’ à la sauce seventies apporte drame, noirceur et romantisme à un film pas très inspiré et destiné avant tout aux nostalgiques de l’univers de King Kong. Voilà en tout cas une solide partition orchestrale qui, sans être l’un des opus incontournables du John Barry des années 70, n’en demeure pas moins très réussie, à recommander avant tout aux inconditionnels du compositeur britannique!


---Quentin Billard