1-Trains 13.53
2-Devoe's Revenge 5.15*
3-Sarajevo 8.42
4-The Chase 17.07
5-Peacemaker 9.44

*Composé par Gavin Greenaway.

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Dreamworks Records
DRD 50027

Produit par:
Hans Zimmer, Adam Smalley
Directeur en charge de
la musique:
Todd Homme, Marylata E.Jacob
Monteur de la musique:
Adam Smalley

Artwork and pictures (c) 1997 Dreamworks L.L.C. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE PEACEMAKER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Réalisé par Mimi Leder et produit par Dreamworks, « The Peacemaker » (Le Pacificateur) offrait en 1997 la possibilité à l’acteur George Clooney de se lancer dans un grand film d’action pour lequel il interprète le rôle d’un lieutenant-colonel américain aux méthodes très personnelles, rôle qui lui va comme un gant. L’histoire débute alors que les accords Start viennent d’être ratifiées, mettant fin à la Guerre froide entre la Russie et les Etats-Unis. L’ex-Union Soviétique s’engage alors à désactiver son stock d’armes nucléaires. Hélas, un mystérieux commando terroriste dirigé par le général Kodoroff s’empare alors d’une dizaine d’ogives nucléaires à bord d’un train militaire. Aux Etats-Unis, le Dr. Julia Kelly (Nicole Kidman), responsable de la sécurité nucléaire à la Maison Blanche, découvre qu’il s’agit ni plus ni moins d’un sinistre complot destiné à utiliser les armes nucléaires contre l’Amérique. C’est pourquoi les Forces spéciales américaines décident d’envoyer le lieutenant-colonel Tom Devoe (George Clooney) pour épauler le docteur Kelly et l’aider à stopper les terroristes de Kodoroff et à remettre la main sur les armes nucléaires avant qu’il ne soit trop tard. C’est le début d’une longue course contre la montre pour nos deux héros qui auront fort à faire s’ils veulent empêcher qu’une catastrophe nucléaire se produise sur le sol américain. S’inspirant des vieux démons de la guerre froide, « The Peacemaker » nous propose deux bonnes heures d’action pure dans cette grande course contre la montre avec ces scènes mémorables (la bataille dans les camions de Kodoroff, la poursuite en voiture, la confrontation finale dans l’église américaine, etc.) et un duo impeccable campé à l’écran par George Clooney et la toujours aussi belle Nicole Kidman. Avec son rythme hyper soutenu et son flot d’action en continu, « The Peacemaker » est un très bon film d’action qui devrait séduire pleinement les amateurs du genre !

Hans Zimmer a composé pour « The Peacemaker » une partition excitante, massive et frénétique, pour sa toute première collaboration à une production Dreamworks - rappelons qu’aujourd’hui, le compositeur est l’actuel directeur musical du studio produit par Steven Spielberg. On raconte d’ailleurs que c’est grâce au succès du très influent score de « Crimson Tide » (1995) que Hans Zimmer aurait été contacté par Spielberg pour écrire la musique de « The Peacemaker ». Fidèle à son style synthético-orchestral alors très en vogue dans les années 90, Hans Zimmer nous offre ici une partition très entraînante aux rythmes d'action effrénés et extrêmement soutenus, servi par un excellent thème principal auquel s’ajoute un choeur d’hommes « à la russe », aux sonorités similaires à celles de « Crimson Tide » - Steven Spielberg, producteur sur « The Peacemaker », ayant effectivement demandé à Zimmer de composer pour ce film une musique dans le style de celle de « Crimson Tide ». Le thème illustre dans le film le caractère plus dramatique de l’histoire, le récit d’un serbe luttant contre les "pacificateurs" américains, qu'il accuse d'avoir fait assassiner sa famille. L'homme en question, épaulé par le général russe Kodoroff, s'empare d'une cargaison de missiles nucléaires, et menace de l'utiliser sur les Etats-Unis. Le thème du général et de ses hommes, présent dans « Trains » et « Peacemaker », s’apparente à une marche militaire russe, sur une mélodie aux accents slaves populaires dans son genre.

Pour en revenir au thème principal, il s'agit d'un chant plutôt mélancolique et solennel, évoluant dans une atmosphère de recueil élégiaque, le choeur apportant une profonde humanité à ce thème qui n'est pas sans rappeler certains passages vocaux plus dramatiques de « Crimson Tide ». On pourra ainsi apprécier ce thème dans le tragique « Sarajevo » et « Peacemaker ». « Sarajevo » s’impose d’ailleurs par son atmosphère plus élégiaque, tragique et solennelle avec l’utilisation d’un choeur a cappella. Le thème est repris avec triomphe à la fin du très long « The Chase » et dans « Sarajevo ». La reprise de ce thème dans « The Chase » rappelle ici aussi les envolées thématiques puissantes de « Crimson Tide ». Concernant « Sarajevo », on appréciera ici le caractère tragique du morceau, avec le très beau thème de Sarajevo, un thème aux accents ethniques interprété avec brio par une chanteuse soliste accompagnée d’une guitare aux consonances orientales. Le thème de Sarajevo s’affirmer par son caractère plaintif et profondément poignant, reflétant la cruauté et les atrocités commises durant le siège militaire qui secoua la ville de 1992 à 1996, une situation dramatique durant laquelle la population de Sarajevo fut constamment bombardée et touchée par des tirs de snipers. Un très beau thème construit sous la forme d’une lamentation élégiaque qui apporte une émotion véritable à la partition de « The Peacemaker » !

Après ce brillant exercice de style, Hans Zimmer nous offre une musique plus proche de son style action habituel dans l’énorme « The Chase ». Il s'agit d’une très longue pièce d’action de plus de 17 minutes qui regroupe en fait plusieurs parties du score dans une longue suite entièrement dédiée à l’action - Zimmer procéda de la même façon sur le séquençage de ses morceaux sur « Crimson Tide » et « Broken Arrow » ! « The Chase » s’articule ainsi autour des principaux gros morceaux d’action du score de « The Peacemaker », construit sous la forme d’une grande course poursuite effrénée. L'orchestre s’avère être véritablement déchaîné ici, mélangé aux synthétiseurs et aux rythmiques « action » chères au compositeur (mélange de loops électro et de jeux sur les toms de la batterie). « The Chase » est bâtit sur une longue progression, car après un début plutôt calme, la tension monte progressivement jusqu’à aboutir à un climax grandiose et mémorable. L'action débute avec le motif héroïque du lieutenant Devoe, un motif de cuivres déterminé que l’on retrouve tout au long du film et qui ponctue la plupart des grandes scènes d’action du film. Le motif accompagne ici le moment où Devoe monte à bord de son hélicoptère, pourchasse le convoi des camions qui contiennent les armes nucléaires volées par Kodoroff. Après 8 minutes 20 d'action totalement déchaînée (très peu de temps pour se reposer ici !), le morceau expose avec triomphe le thème principal, repris ici de manière triomphante pour marquer la victoire de Devoe sur Kodoroff, qu’il réussit à éliminer. Enfin, vers les 15min30 du morceau, on découvre le final triomphant du morceau, reprenant le motif de Devoe et le thème principal, exposé de façon plus triomphante, dans une atmosphère manifestement inspirée ici aussi de « Crimson Tide », sous la forme d'une marche d’action « anthemic », glorieuse et virile, tout à fait typique du compositeur : un grand moment dans la partition de « The Peacemaker », à une époque où la musique de Media-Ventures était alors en pleine mode des musiques hymniques/anthemics/épiques dans le style de « Crimson Tide », « The Rock » ou « Armageddon ».

« Trains » développe quand à lui le thème des méchants russes, pour la scène introductive où ils volent les armes nucléaires du train au début du film, sans oublier « Devoe’s Revenge » et son atmosphère d’action effrénée à la « The Rock ». A noter que ce morceau a été écrit par Gavin Greenaway, un des complices de Hans Zimmer qui travaille régulièrement avec le musicien allemand depuis plusieurs années déjà. Heureusement, « Peacemaker » nous permet de décompresser pendant quelques minutes, avant de repartir pour le grand final du score. Les quelques passages élégiaques des choeurs a cappella rappelle le goût du compositeur pour des thèmes plus émouvants et poignants qui lui permettent d’apporter un relief plus mélodique et humain à ses partitions d’action, car même s’il compose pour un film d'action et qu'il privilégie les musiques extrêmement musclées, modernes et percussives, Zimmer n'oublie pas pour autant d’exprimer sa sensibilité à travers ses thèmes, chose qu’il nous rappelle encore une fois avec le thème principal du film et l’élégie poignante de Sarajevo. Puis, vers les 2min20, on assiste à la reprise du thème des bad guys russes, qui s’enchaîne ensuite avec une partie d'action plus enlevée et agressive, reprenant par la suite le choeur du thème principal et le thème de Sarajevo, baignant dans une atmosphère de mélancolie et de recueillement.

Au final, « The Peacemaker » est une partition plutôt intéressante, car elle nous permet tout d’abord de retrouver un Hans Zimmer au sommet de sa forme, qui nous livre ici de nouveaux thèmes magnifiques et inspirés. Le compositeur semble être au meilleur de sa forme, accentuant plus que dans « Crimson Tide » l’utilisation de l’orchestre agrémenté des traditionnels synthétiseurs et autres rythmiques électroniques modernes chères à Zimmer. A noter la façon dont le compositeur allemand inclut de façon plus inhabituelle chez lui les clarinettes et les bois dans les orchestrations de ses morceaux d’action, chose avec laquelle Zimmer - qui n’a jamais maîtrisé l’écriture pour orchestre - semble être peu à l’aise d’habitude. Bien que son écriture orchestrale reste toujours aussi peu aboutie et pleine de lacune (Zimmer est un compositeur autodidacte à la base qui n’a jamais eu de formation classique !), on sent néanmoins ici une certaine volonté de la part du compositeur de se dépasser et de placer la barre un peu plus haut d’un point de vue technique, probablement encouragé pour l’occasion par Steven Spielberg, un effort louable de la part du musicien même s’il lui reste des progrès à accomplir dans le domaine de l’écriture orchestrale. Quoiqu’il en soit, « The Peacemaker » est une partition d’action massive et extrêmement énergique, teintée de touches ethniques du plus bel effet. Sans atteindre le niveau d’un « The Rock » ou d’un « Crimson Tide », « The Peacemaker » offre une excellente ambiance d’action à la fois épique, dramatique et musclée au film de Mimi Leder, car même si l’écoute sur l’album s’avère être parfois fastidieuse et un brin lourdingue (les morceaux du CD sont beaucoup trop longs !), l’ensemble n’en demeure pas moins très réussi et s’impose comme l’un des meilleurs scores d’action du Hans Zimmer des années 90 !



---Quentin Billard