1-Ten Thirty 1.58
2-Thrown A Bone 2.36
3-Stevie Switcharoo 1.35
4-Dalton's World 0.45
5-357 0.58
6-392 1.39
7-2nd Floor Window 0.46
8-Defend Brooklyn 1.17
9-Food Chain 1.11
10-Above Your Pay Grade 1.27
11-Everything Hunky Dory 1.29
12-Frazier's Tour 4.52
13-Press Here To Play 1.41
14-Nothing Yet 2.06
15-Demands In Place 1.00
16-Here Lies Peter Hammond 2.34
17-Nazis Pay Too Well 3.54
18-Nice Talking To You 1.18
19-They Bugged Us 1.45
20-Hostage Takedown 2.49
21-Dr. Phil 1.12
22-Photo Ops 2.00
23-ESU Search 1.26
24-Dalton's Cell 1.11
25-Follow The Ring 4.17
26-Good and Ready 2.20
27-Chaiyya Chaiyya
Bollywood Joint 6.10*

*Ecrit par A.R. Rahman,
Gulzar et Panjabi MC
Interprété par Sukhwinder Singh,
Sapna Awasthi avec Panjabi MC
Arrangements orchestraux de
Terence Blanchard.

Musique  composée par:

Terence Blanchard

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6722

Produit par:
Spike Lee, Terence Blanchard
Producteur exécutif:
Robert Townson
Producteurs exécutifs de l'album:
Spike Lee, Brian Grazer
Directeurs de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield
Music Business Affairs
pour Universal Pictures:
Phil Cohen
Direction de l'album pour
Universal Pictures:
David Buntz
Assistant producteur:
Robin Burgess
Montage musique:
Todd Bozung
Coordinateur de session:
Robin Burgess
Assistant session:
Vincent Bennett

Artwork and pictures (c) 2006 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***
INSIDE MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Terence Blanchard
Plus que jamais productif, Spike Lee retourne dans son nouveau film ‘Inside Man’ à un registre plus conventionnel et un peu éloigné de ses dernières productions (‘25th Hour’, ‘She Hate Me’, etc.). Dans ‘Inside Man’, Spike Lee évoque le hold-up parfait organisé par un génie du crime, Dalton Russell (Clive Owen). Ce dernier s’est mis en tête de braquer une grande banque de Manhattan à l’aide d’un commando masqué déguisé en peintre en bâtiment. Tous les clients et employés de la banque sont alors pris en otage et sont déguisés comme leurs ravisseurs, dans le but de semer le trouble dans l’esprit des policiers qui encerclent déjà tout l’établissement. L’inspecteur Frazier (Denzel Washington) se rend alors sur les lieux pour tenter de négocier avec Dalton. Commence alors un haletant jeu du chat et de la souris alors que Dalton semble curieusement peu bavard et assez laconique, pesant chacune de ses paroles et de ses moindres faits et gestes comme s’il avait absolument tout prévu de A à Z. Pendant ce temps, Arthur Case (Christopher Plummer), le patron de la banque, fait appel à Madeline White (Jodie Foster), une courtière sans scrupule qui sera chargé de mettre des bâtons dans les roues de Frazier et d’empêcher par la même occasion Dalton d’obtenir ce qu’il cherche, un précieux et mystérieux objet caché au fond d’un coffre de la banque et qui semble appartenir à Arthur Case. La situation devient alors plus complexe tandis que la tension ne cesse de monter entre Frazier et Dalton.

Sur un scénario astucieux et bien ficelé, Spike Lee greffe un suspense captivant pour un film de braquage qui rappelle par moment ‘Ocean’s Eleven’ mais en plus sombre. Certes, ‘Inside Man’ s’apparente davantage à un film de commande qu’à une production vraiment personnelle et indépendante comme la plupart des précédents films de Spike Lee (qui a toujours été en marge du système hollywoodien traditionnel), mais même malgré cela, le réalisateur en profite pour nous démontrer toute l’étendue de sa science de metteur en scène, multipliant les cadrages astucieux, les effets de mise en scène recherchés et bien sur, sa direction d’acteur sans faille. Denzel Washington (acteur fétiche de Spike Lee), Clive Owen et Jodie Foster s’accaparent littéralement l’écran, entourés de quelques autres grands noms comme Christopher Plummer ou Willem Dafoe. De rebondissements en rebondissements, ‘Inside Man’ rend ainsi un bien bel hommage aux films de braquages comme ‘Dog Day Afternoon’ de Sidney Lumet (1976), grand classique du genre. Il arrive à nous maintenir parfaitement en haleine jusqu’au coup de théâtre final inattendu, un véritable jeu de dupe qui ravira sans aucun doute tous les fans de Spike Lee qui signe là un nouveau grand film!

Fidèle au réalisateur depuis ses débuts, le compositeur Terence Blanchard retrouve Spike Lee pour la sur ‘Inside Man’, pour lequel il livre une partition orchestrale assez conventionnelle mais néanmoins très prenante dans le film. Les deux hommes ont collaborés ensemble sur de nombreux films tels que ‘Mo’Better Blues’ (1990), ‘Jungle Fever’ (1991), ‘Malcolm X’ (1992), ‘Crooklyn’ (1994), ‘Clockers’ (1995), ‘Get on the Bus’ (1996), ‘Summer of Sam’ (1999), ‘Bamboozled’ (2000), ‘25th Hour’ (2002), ‘She Hate Me’ (2004), etc. La nouvelle partition de Terence Blanchard pour ‘Inside Man’ ne révolutionne pas le genre mais s’inscrit dans la continuité des précédentes oeuvres du compositeur. A l’orchestre traditionnel (ici, l’inévitable Hollywood Studio Symphony), Blanchard ajoute une petite formation instrumentale incluant trompette (le compositeur est trompettiste de jazz), saxophone (Brice Winston), piano (Aaron Parks), basse (Derrick Hodge) et batterie (Kendrick Scott). Le score s’articule autour de deux thèmes majeurs, un thème sombre de 3 notes associés à Dalton et le braquage de la banque introduit rapidement au début du film dans ‘Ten Thirty’ par des cordes avec cuivres et percussions électroniques en tout genre. L’électronique reste toujours très présente pour soutenir la tension de certains morceaux plus atmosphériques. Le thème possède ce côté à la fois mystérieux, inquiétant et ambigu qui sied à merveille au personnage interprété par Clive Owen. ‘Thrown a Bone’ nous permet d’entendre le reste des instruments incluant guitares, basse, batterie dans un registre plus cool et funky, très vite rejoint par la partie orchestrale/électronique plus atmosphérique et sombre. Blanchard installe cette tension omniprésente tout au long du film à travers sa musique, utilisant ici les cuivres de façon plus massive et à bon escient sur fond de percussions électroniques/acoustiques en tout genre. ‘357’ nous permet de découvrir le second thème associé quand à lui à l’inspecteur Frazier, introduit par les trompettes sur fond de rythmique funky sympa avec guitares/batterie/basse et quelques synthétiseurs. Terence Blanchard apporte un côté cool au personnage de Denzel Washington et évoque à travers ce thème sympa sa détermination à résoudre la crise du braquage de banque orchestré par un génie du crime qui semble imprenable.

Le thème de Dalton reste quand à lui très présent tout au long du film, comme le confirme des morceaux plus sombres et atmosphériques comme ‘Dalton’s World’ ou bien encore ‘392’. Blanchard s’offre même un détour du côté des traditionnelles musiques de thriller plus agressives et dissonantes dans ‘2nd Floor Window’ évoquant la brutalité de Dalton au début du film, qui cherche à prouver au reste des otages qu’il ne plaisante pas. ‘Defend Brooklyn’ est un peu à part avec sa mélodie mystérieuse de célesta pour la scène où Dalton discute brièvement avec le jeune enfant noir en train de jouer à un jeu vidéo particulièrement violent. Puis, le thème cool de Frazier revient aux cuivres avec rythmique funky dans ‘Food Chain’ lorsque les policiers vont chercher de la nourriture à donner aux ravisseurs et aux otages. Les synthétiseurs suggèrent ici une tension toujours très perceptible autant dans le film que dans la musique, débouchant sur un ‘Above Your Pay Grade’ qui débute sur des cuivres agressifs et se prolonge sur une rythmique électronique plus posée. Le reste du score se prolonge ainsi sans grande surprise, que ce soit les passages atmosphériques sombres comme ‘Everything Hunky Dory’ ou ‘Frazier’s Tour’ ou des pièces plus intimistes et calmes comme ‘Press Here To Play’ qui nous propose une jolie reprise assez mystérieuse du thème de Frazier au piano avec un saxophone. Un morceau comme ‘Nothing Yet’ est très représentatif de l’atmosphère musicale de ‘Inside Man’, avec ses touches funky, ses synthétiseurs atmosphériques et son orchestre sombre installant un sentiment de danger et d’attente tout au long du film. Les percussions plus orientées ‘action’ de ‘Demands in Place’ accentuent quand à elles la tension de ce jeu du chat et de la souris entre Frazier et Dalton, percussions qui restent elles aussi omniprésentes tout au long du film. Blanchard s’offre alors une petite pause plus nuancée dans le mélancolique ‘Nazis Pay Too Well’ écrit pour quatuor à cordes et qui fait office de ‘source music’ durant une scène chez le vieux Arthur Case. On appréciera ensuite la façon dont le thème funky de Frazier revient à de nombreuses reprises sous sa forme initiale dans ‘Nice Talking To You’, une sorte de refrain musical un peu cool et typique du style de Terence Blanchard.

L’action pointe le bout de son nez avec le très tendu et percussif ‘They Bugged Us’ lorsque Frazier comprend qu’il s’est fait manipuler depuis le début, suivi du sombre ‘Hostage Takedown’ pour la libération des otages, sur fond de percussions martiales et de cordes/cuivres plus majestueux. Petite pause funky avec ‘Dr. Phil’, et l’on retrouve ensuite le thème de Frazier interprété de façon plus lente et ample aux cordes dans ‘Photo Ops’ comme pour exprimer une sorte de victoire personnelle de Frazier à la fin de cette mission difficile (une victoire toute en demi teinte comme le suggère bien évidemment la musique de Blanchard). Le thème de Dalton revient finalement dans ‘Dalton’s Cell’ dans une version sombre flûte/piano/cordes débouchant sur les derniers passages atmosphériques du score qui semblent suggérer un espoir, comme ‘Follow The Ring’ pour la révélation finale et surtout ‘Good and Ready’ qui reprend le thème de Frazier dans une version cool pour saxophone/basse/batterie/cuivres suivi d’un bref slow jazzy sensuel lorsque le personnage de Denzel Washington retrouve sa femme à la fin du film avant le coup de théâtre final. A noter que l’album de Varèse Sarabande se conclut sur la chanson ‘Chaiyya Chaiyya Bollywood Joint’, écrite par le fameux A.R. Rahman, grand spécialiste des musiques de Bollywood (le cinéma indien), accompagné ici par des arrangements orchestraux de Terence Blanchard. La chanson ouvre et conclut le film d’une façon assez inattendue et originale, étant donné que le style du film ne laissait nullement présager à priori l’utilisation d’une chanson en provenance de Bollywood (Spike Lee reste toujours très attaché dans ses films à cette idée du métissage culturel et musical), chanson pop/rap qui a sans aucun doute contribué au succès du film et de sa BO.

Sans être la plus brillante collaboration Spike Lee/Terence Blanchard, ‘Inside Man’ n’en demeure pas moins une partition de qualité, mélangeant orchestre, électronique et rythmiques funky dans un cocktail détonnant de tension, de suspense et de brefs moments d’action. Le compositeur nous offre un score sombre, atmosphérique et rythmé qui apporte son lot de tension au film tout en accompagnant efficacement le bras de fer entre les deux principaux acteurs du film, Denzel Washington et Clive Owen, d’où l’importance ici de la thématique des deux personnages. On regrettera le côté parfois très répétitif du score qui tend à devenir un peu monotone à la longue mais qui conserve une certaine énergie du début jusqu’à la fin du film. Etant donné le style plus conventionnel de ‘Inside Man’, le résultat est malgré tout très convaincant sans pour autant marquer définitivement les esprits. A réserver en priorité aux inconditionnels de la collaboration Spike Lee/Terence Blanchard!


---Quentin Billard