1-20 Years Ago 1.10
2-Bathroom Titles 1.09
3-The Church of Magneto/
Raven is my Slave Name 2.40
4-Meet Leech/
Then Off to the Lake 2.37
5-Whirlpool of Love 2.04
6-Examining Jean 1.12
7-Dark Phoenix 1.28
8-Angel's Cure 2.34
9-Jean and Logan 1.39
10-Dark Phoenix Awakes 1.45
11-Rejection is Never Easy 1.09
12-Magneto Plots 2.05
13-Entering the House 1.18
14-Dark Phoenix's Tragedy 3.18
15-Farewell to X 0.30
16-The Funeral 2.52
17-Skating on the Pond 1.12
18-Cure Wars 2.57
19-Fight in the Woods 3.06
20-St Lupus Day 3.03
21-Building Bridges 1.16
22-Shock and No Oars 1.15
23-Attack on Alcatraz 4.36
24-Massacre 0.31
25-The Battle of the Cure 4.20
26-Phoenix Rises 6.29
27-The Last Stand 5.29

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6732

Musique arrangée et
produite par:
John Powell
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteurs exécutifs de l'album:
Brett Ratner, Mark Helfrich
Directeur de la musique pour
Twentieth Century Fox:
Robert Kraft
Musique supervisée pour la
20th Century Fox par:
Mike Knobloch

Artwork and pictures (c) 2006 Twentieth Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ***1/2
X-MEN: THE LAST STAND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
Dernier volet de la trilogie des super héros de chez Marvel, ‘X-Men: The Last Stand’ nous propose un affrontement final mouvementé entre les mutants ralliés à la cause humaine et les mutants maléfiques dirigés par Magneto (Ian McKellen). Lorsque les scientifiques humains mettent au point un ‘vaccin’ permettant aux mutants de redevenir des humains normaux sans pouvoir, le monde des mutants s’en trouve considérablement ébranlé. Désormais, deux camps adverses se dressent l’un contre l’autre: les mutants dirigés par le professeur Xavier (Patrick Stewart) qui continue de prôner la tolérance, le respect de l’humanité et le droit à la différence pour les mutants, et ceux qui se rallient à la cause de Magneto, qui continue de mener son combat contre la race humaine et qui voit dans cette nouvelle affaire un affront de trop de la part des humains. Avec l’arrivée de nouveaux mutants dans les deux camps et la résurrection surprise de Jean Grey (Famke Janssen) devenue une surpuissante mutante baptisée ‘le Phoenix’, c’est le début d’une gigantesque bataille épique opposant les deux clans mutant qui ne fait que commencer.

A noter que ce troisième opus n’a pas été mis en scène par Bryan Singer (auteur des deux premiers épisodes) mais par Brett Ratner, tâcheron hollywoodien sans grand talent qui continue d’oeuvrer au cinéma U.S. malgré le nombre impressionnant de mauvaises critiques perpétrées à son égard (un peu comme Paul W.S. Anderson dans un autre genre). Et pourtant, au vu du résultat final, Ratner s’en tire plutôt bien même si l’on ne peut s’empêcher de penser ce que serait devenu le film aux mains de Bryan Singer, le seul et unique instigateur de cette trilogie à succès. Le film prolonge son exploration des différents enjeux opposants les mutants de Xavier et ceux de Magneto, sur fond de politique et de quête de la survie. Dommage cependant que la mise en scène impersonnelle de Brett Ratner empêche au film de réellement décoller comme le faisait ‘X-Men 2’ de Singer, le scénario amorçant des tas d’éléments intéressants sans jamais prendre le temps de les développer outre mesure. Tout s’enchaîne très vite comme pour nous rappeler que nous sommes en présence d’un bon divertissement estival et rien de plus. Pourtant, l’histoire et les personnages possèdent un réel potentiel, une substance qui aurait largement mérité d’être mieux explorée et maîtrisée. On ne comprends par exemple pas à quoi cela servait d’introduire le personnage d’Angel (Ben Foster) si c’est pour le délaisser tout au long du film. Quand à l’intrigue du vaccin censé guérir la ‘maladie’ des mutants (on est guère loin par moment d’une certaine métaphore astucieuse de l’homosexualité), elle est ici aussi totalement sous-exploitée alors qu’il y avait matière à approfondir le sujet. Et que dire du jeune mutant Leech incarné par le décidément très doué Cameron Bright, acteur de 13 ans vu dans ‘Godsend’ et ‘Birth’ qui campe ici un personnage totalement vide parce que très rapidement abandonné par le scénario? On ne pourra s’empêcher de penser que le scénario a été honteusement bâclé par rapport au potentiel énorme de l’histoire d’origine. A noter cependant que certains personnages prennent ici une plus grande importance par rapport aux épisodes précédents comme celui de Tornade (Halle Berry, qui faillit pendant un temps ne pas rempiler sur ce troisième opus, probablement artistiquement affaiblie par l’échec retentissant du ‘Catwoman’ de Pitof) et celui de Jean Grey, toujours campé avec succès par Famke Janssen. Le film se rattrape néanmoins sur la qualité de ses effets spéciaux et de ses hallucinantes scènes d’action, à commencer par un très long affrontement final sur la prison d’Alcatraz spectaculaire et anarchique à souhait. L’ambiguïté qui habite certains personnages et la teneur dramatique du scénario auraient du faire de ‘X-Men 3’ un blockbuster ambitieux et passionnant. Au lieu de cela, Brett Ratner accouche d’un honnête divertissement estival qui ne cassera certainement pas trois pattes à un canard.

Après un premier score de feu Michael Kamen et un autre de John Ottman, c’est au tour de John Powell de rejoindre l’aventure ‘X-Men’ pour la musique de cet opus final de la trilogie. Etant donné que les musiques se suivent sans reprendre un fil thématique conducteur, John Powell a eu tout loisir de créer de nouveaux thèmes pour cet épisode final. Musicalement, Powell apporte un peu de neuf en utilisant des chœurs féminins aux sonorités épiques et religieuses associés ici au personnage de Jean Grey/Le Phoenix. Le Hollywood Studio Symphony résonne quand à lui dans toute sa splendeur, Powell délaissant ici ses traditionnels synthétiseurs pour nous offrir une partition 100% orchestrale, traversée de larges morceaux d’action grandioses et de moments dramatiques et sombres très appropriés. Le thème principal du score constitue déjà l’atout majeur du score, avec son rythme martial emprunté au thème de ‘Superman’ de John Williams (Powell reste dans de la musique de super héros très premier degré) et ses cuivres majestueux et amples à la fois, un thème idéal pour évoquer cet affrontement final épique imminent. Le second thème majeur de la partition est associé quand à lui à Jean Grey, thème entendu pour la première fois dans ‘Whirlpool of Love’. Le thème de Jean possède un côté majestueux et légèrement dramatique qui évoque bien la facette tragique de ce personnage à double personnalité complètement dépassé par ses pouvoirs devenus trop puissants. Le troisième thème, associé quand à lui à Magneto et à ses sbires, apparaît dans ‘The Church of Magneto/Raven is My Slave Name’, et qui évoque bien évidemment le côté menaçant et puissant de Magneto, bien que ce thème soit quand à lui bien moins présent tout au long du film.

John Powell accompagne le film avec une énergie sans cesse renouvelée, la grande nouveauté provenant donc, comme signalé plus haut, de l’utilisation d’une chorale féminine aux accents religieux qui renforcent la dimension épique de la musique, chose nouvelle dans l’univers musical de la trilogie ‘X-Men’. On commence d’ailleurs par cette première introduction grandiose du thème de Jean/Phoenix aux choeurs dans ‘Whirlpool of Love’, lors des retrouvailles entre Jean et Scott. Un morceau comme ‘Examining Jean’ (scène où Xavier examine Jean) traduit parfaitement quand à lui l’ambiguïté du personnage de Famke Janssen. Les choeurs deviennent plus inquiétants et envoûtants dans ‘Dark Phoenix’, évoquant les pouvoirs menaçants du double maléfique de Jean, le Phoenix Noir. Le compositeur nous propose une reprise plus mélancolique de ce thème aux choeurs féminins dans le sombre ‘Jean and Logan’ qui traduit clairement les tourments intérieurs du personnage. Par la suite, Powell nous offre de l’action en veux-tu en voilà, même si toute la première partie s’avère être plus lente et nuancée, à l’instar du film. A noter une belle mais brève envolée orchestrale un peu kitsch dans ‘Angel’s Cure’, pour la scène où Angel, au moment d’absorber le vaccin, déploie ses ailes et s’envole au loin. Les cuivres héroïques de ce bref passage aérien font une fois de plus penser à du John Williams à l’ancienne, rappelant ici aussi ce côté premier degré que l’on trouvait déjà dans l’ouverture du film. ‘Rejection is Never Easy’ est quand à lui plus spectaculaire avec ses choeurs grandioses et son orchestre sombre et agité toujours associé aux pouvoirs du Phoenix. A noter une utilisation intéressante des chœurs dans ‘Entering the House’ lorsque Xavier et Magneto se rendent ensemble chez Jean Grey. Powell utilise ici un ostinato harmonique martelé inlassablement par des percussions métalliques avant d’être rejoints à la fin du morceau par des voix susurrant doucement les paroles ‘Dies Irae, Dies Illae’ (‘jour de colère’, issu de la messe des morts autrement connue sous le nom de ‘Requiem’). Le morceau aboutit au premier climax de la partition de ‘X-Men 3’, ‘Dark Phoenix’s Tragedy’. Powell déchaîne son orchestre sur fond d’ostinato martial entêtant, de percussions et de reprises grandioses du thème de Jean qui prend une tournure véritablement ample et dramatique ici, représentant la tragédie de Jean pour la scène de l’affrontement dans la maison, nous amenant à l’inévitable conclusion funèbre, ‘Farewell to X’, superbe morceau pour chœur a cappella particulièrement poignant mais hélas trop court.

Powell nous offre aussi quelques magnifiques passages d’émotion comme le très beau ‘The Funeral’ pour la scène des funérailles vers le milieu du film, pour lesquels le compositeur reprend le thème principal dans une version plus intime et lyrique aux cordes. Il est même assez amusant de constater à quel point ce passage fait parfois penser à du John Barry ou du Jerry Goldsmith pour le côté lyrique et raffiné à l’ancienne (point de synthétiseurs à l’horizon, chose rare chez John Powell!). Le morceau évoque non seulement la disparition d’un être cher mais aussi l’espoir des mutants de s’unir plus que jamais et de continuer le combat contre Magneto. ‘Skating on the Pond’ s’autorise même un petit détour du côté des musiques intimes/romantiques pour la scène où Kitty (Ellen Page) et Iceman (Shawn Ashmore) font du patin sur glace pendant un bref moment de calme, avant le combat final. Puis, l’action s’intensifie pour de bon avec ‘Cure Wars’ qui marque les débuts de la bataille finale. On ressent ici l’influence de Danny Elfman dans la façon dont Powell écrit pour l’orchestre, plus particulièrement pour le pupitre des cuivres (il y avait sans aucun doute des scores d’Elfman dans les temp-tracks du film!). On regrettera d’ailleurs ce manque de personnalité dans certains passages d’action, John Powell ayant pourtant d’ordinaire un style très reconnaissable, surtout dans ses musiques d’action. Néanmoins, le compositeur se rattrape sur l’intensité et la qualité de ses morceaux d’action, très mal mis en valeur dans le film car mixés sous des tonnes d’effets sonores (comme d’habitude) mais réellement percutants sur les images du film.

La séquence de l’affrontement dans la forêt (‘Fight in the Woods’) est un très excitant déchaînement orchestral percussif à souhait, comme la scène de la destruction du pont reliant Alcatraz dans ‘Building Bridges’ avec ses percussions martiales et ses cuivres massifs - à noter que l’on retrouve ici des bribes du thème de Magneto afin d’évoquer les pouvoirs spectaculaires du leader des méchants mutants. Puis, la bataille finale sur l’île d’Alcatraz s’intensifie avec ‘Shock and No Oars’ où les choeurs reviennent en grande pompe afin d’accentuer la dimension épique de l’affrontement. A noter que les choristes continuent de chanter ici un ‘Dies Irae’ traduisant toute la fureur de la scène avec une efficacité redoutable (marrant comme les choeurs sont revenus au goût du jour dans les partitions hollywoodiens depuis le succès des musiques des ‘Lord of the Rings’!). ‘Attack on Alcatraz’ intensifie cette fureur orchestrale pendant un déchaînement symphonique totalement décomplexé de plus de 4 minutes 30 d’action pure et dure. A noter une superbe reprise du thème principal au cours de la dernière partie du morceau, représentant les moments de bravoure de Logan/Wolverine (Hugh Jackman) et ses compagnons. La fureur s’intensifie dans le frénétique ‘Massacre’ qui fait parfois penser à du Don Davis (encore une influence des temp-tracks?), se poursuivant sur ‘The Battle of the Cure’ avant d’aboutir au démentiel ‘Phoenix Rises’, 4 minutes 22 d’envolées spectaculaires pour ce ‘Dies Irae’ surpuissant à souhait lors de l’affrontement final entre Logan et le Phoenix Noir – sans aucun doute l’un des morceaux les plus grandioses et les plus énormes qui ait été donné à John Powell d’écrire pour un film! Le calme revient enfin avec ‘The Last Stand’ qui récapitule les principales idées thématiques du score de ‘X-Men 3’ (à noter d’ailleurs une excellente reprise finale du thème de Jean/Phoenix à la toute fin du morceau).

Si John Powell ne révolutionne pas le genre de la musique de super héros avec sa nouvelle partition symphonique pour ‘X-Men 3’, il nous prouve néanmoins qu’il a décidément plus d’une corde à son arc et qu’il est aussi capable d’écrire de redoutables partitions d’action épique comme nous le prouve son nouvel opus pour le film de Brett Ratner. On l’attendait au tournant mais John Powell ne déçoit pas, même si l’on regrettera véritablement le manque de personnalité de cette composition orchestrale (quasiment dénuée d’éléments électroniques, et ce à l’inverse des précédentes partitions de Kamen et Ottman) qui sent à plein nez l’influence trop flagrante des temp-tracks (Williams, Elfman, Davis, etc.). Néanmoins, Powell a parfaitement réussit à personnifier musicalement cette bataille finale épique avec une puissance orchestrale et chorale quasiment jamais entendu auparavant chez le compositeur, et même si l’ensemble demeure toujours désespérément peu original et assez impersonnel, on ne pourra qu’apprécier ce bien bel effort de la part de l’un des meilleurs compositeurs de l’écurie Media-Ventures!


---Quentin Billard