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1-Opening 0.36
2-White Water Rafting 1.25 3-Nightmare in the Hospital 0.43 4-The Mountains 1.54 5-Drive to the Cave 2.57 6-Into the Cavern 2.00 7-Down the Pipe 2.54 8-The Tunnel Collapses 3.42 9-Crossing the Crevasse 4.13 10-Cave Paintings 2.33 11-Sarah Sees a Crawler 1.32 12-The Bone Dam 5.21 13-Reunited with Juno 2.00 14-Sarah Makes a Torch 2.24 15-Sarah Finds Beth 2.31 16-The Lair 3.16 17-Juno Climbs 0.54 18-The Crawlers Attack 2.24 19-The Descent 4.54 20-Alone 1.27 Musique composée par: David Julyan Editeur: Cooking Vinyl COOKCD374 Score produit par: David Julyan Sound design additionnel: David Hoskins Préparation de la musique: Bill Silcock (c) 2006 Cooking Vinyl, under exclusive license from Celador Films. All rights reserved. Note: ***1/2 |
THE DESCENT
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by David Julyan
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Après un ‘Dog Soldiers’ mémorable, le réalisateur britannique Neil Marshall nous revient en pleine forme sur son nouveau film d’horreur, ‘The Descent’, dans lequel il renoue avec son goût pour les atmosphères crasseuses et les effets gore à l’ancienne. Six jeunes femmes anglaises se donnent rendez-vous un jour en plein coeur du massif des Appalaches aux Etats-Unis pour une expédition spéléologique. L’une d’entre elle, Sarah (Shauna Macdonald), a perdu un an auparavant son mari et sa petite fille dans un terrible accident de voiture. Pour Juno (Natalie Jackson Mendoza), son amie qui organise l’expédition, c’est l’occasion rêvée pour s’évader et permettre à Sarah d’oublier ce souvenir douloureux. Mais l’expédition tourne très vite au cauchemar lorsqu’un tunnel s’effondre à la suite d’un éboulement, bloquant le chemin du retour. Isolées au fond de la caverne, les filles doivent trouver un autre chemin pour réussir à s’échapper de cet enfer. Mais le cauchemar commence véritablement lorsqu’elles comprennent qu’elles ne sont pas seules au fond de la caverne et que des créatures assoiffées de sang hantent les lieux à la recherche de proies. La descente dans la caverne se transforme alors en descente aux enfers pour les six femmes confrontées à la terreur absolue.
A la différence de la plupart des films d’horreur hollywoodiens d’aujourd’hui, ‘The Descent’ se distingue par la qualité de sa mise en scène, de ses créatures très effrayantes et d’une atmosphère claustrophobique réellement angoissante. La tagline officielle du film l’annonçait déjà clairement: ‘il y a des films d’horreur...et il y a des films qui font peur’. C’est bien là la grande réussite du film de Neil Marshall: avoir réussi à créer la terreur pure en filmant six femmes (chose rare dans un casting de film d’horreur – à part un personnage au début, il n’y a pas un seul homme dans le film!) dans une caverne, mélangeant différentes variantes de la peur dans un cocktail explosif de claustrophobie, de vertige, de paranoïa et d’hallucination. Marshall livre ses six héroïnes en pâture aux crawlers, des créatures mangeuses de chair humaine qui semblent avoir vécues dans la caverne depuis des milliers d’années, aveugle, la peau complètement dépigmentée et une dentition proche de celle d’un homme (à noter que Marshall a refusé d’utiliser le numérique pour son film!). Le réalisateur joue ensuite avec les différents stéréotypes du genre – surtout dans l’utilisation de sursauts brutaux – en multipliant les références cinématographiques, ‘Alien’ pour les longs boyaux éclairés par la lampe des casques de spéléo des héroïnes, ‘Predator’ pour le côté protagonistes pris au piège de prédateurs primitifs redoutables, sans oublier ‘Deliverance’, sans aucun doute le film qui a le plus inspiré Neil Marshall sur ‘The Descent’, le réalisateur considérant son nouveau film comme une sorte de ‘Deliverance’ mais dans une grotte. Les héroïnes se retrouvent perdues dans un lieu sauvage et hostile face à des prédateurs redoutables, des femmes ordinaires dans une situation extraordinaire. Sous le coup de la terreur et de l’isolement le plus total, seul compte alors l’instinct de survie, ces femmes autrefois civilisées se transformant en machine de guerre prêtes à tout pour faire face au danger et survivre coûte que coûte, d’où quelques scènes d’affrontement avec les crawlers d’une brutalité impressionnante. Le film vaut aussi par la qualité de ses scènes gore, Marshall n’ayant pas peur de montrer le sang et la chair à une époque où le cinéma d’épouvante hollywoodien tend malheureusement à s’édulcorer de plus en plus. Terreur viscérale, suspense et aussi grands moments d’émotion comme la mort de Beth (Alex Reid), ‘The Descent’ pourrait très vite devenir une nouvelle référence du cinéma d’horreur britannique, un film terrifiant d’une efficacité redoutable qui ne laissera personne indifférent. Vivement le prochain film de Neil Marshall! David Julyan, compositeur attitré de Christopher Nolan (‘Following’, ‘Memento’, ‘Insomnia’, etc.) a été contacté par Neil Marshall alors que ce dernier venait d’entendre la BO de ‘Insomnia’ et trouva que le compositeur avait un style musical qui collerait à merveille à l’ambiance globale de ‘The Descent’. Il faut croire qu’il ne s’est pas trompé puisque le résultat est là : David Julyan nous livre ici un gros score de terreur pure, mené par un thème principal ample et dramatique et de purs moments d’angoisse et d’horreur extrême. C’est la première fois que le compositeur se voit confier un aussi gros budget musical sur un film, après avoir écrit des partitions plus modestes et minimalistes pour ‘Memento’ ou ‘Insomnia’. Julyan utilise ici une formation orchestrale de 70 musiciens et un choeur de 16 femmes, le tout agrémenté d’électronique. Premier point marquant au sujet de la musique dans le film : la violence et l’intensité qui se dégage de la plupart des morceaux de terreur, apportant un impact spectaculaire aux images du film. Deuxième point majeur: l’atmosphère incroyablement macabre et noire de la musique. On sait que Julyan a toujours eu une certaine affection pour les musiques atmosphériques et sombres, mais avec ‘The Descent’, le compositeur peut enfin aller plus loin en allant même jusqu’à citer le style du célèbre ‘Requiem’ de Györgi Ligeti par le biais de l’utilisation d’une chorale féminine (associée dans le film aux six héroïnes) qui apporte une couleur très particulière aux morceaux de suspense/terreur du score. Les choeurs sont toujours utilisés ici de façon très discrète et retenue, presque subliminale et profondément envoûtante. Les voix féminines semblent surgir des profondeurs de l’enfer comme pour évoquer le dernier relent d’humanité qui habite encore ses femmes confrontées à l’horreur absolue. L’ouverture du score (‘Opening’) est basé sur une série de nappes sonores de synthétiseurs aux sonorités glauques annonçant clairement la couleur en près de 36 secondes. Puis, ‘White Water Rafting’ utilise l’orchestre essentiellement composé des cordes et des cuivres de façon plus ample et dramatique, évoquant l’amitié des six femmes tout en annonçant le drame à venir, d’où le côté ample et assez sombre du morceau. Le compositeur en profite aussi pour dévoiler ici son thème principal aux cordes qui porte ce côté dramatique assez intense dans la première partie du film. On retrouve cette même ambiance dans ‘The Mountains’ où les synthétiseurs atmosphériques rejoignent l’orchestre pour accentuer le côté ample et massif du morceau évoquant l’immensité des Appalaches. Même chose pour ‘Into the Cavern’ pour la descente dans la caverne. En revanche, si ‘Nightmare in the Hospital’ est le premier morceau de suspense pure pour la scène du cauchemar de Sarah à l’hôpital vers le début du film, ‘Down the Pipe’ change la donne en imposant une atmosphère plus mystérieuse où règne déjà un climat d’inquiétude et d’isolement certain, durant la scène de la traversée d’un tunnel de la grotte. Julyan utilise ici les synthétiseurs de façon très sombre et atmosphérique à souhait, dans un climat inquiétant et envoûtant suggérant un danger certain. C’est enfin avec ‘The Tunnel Collapses’ que les choses commencent à s’aggraver considérablement. Atmosphérique et sombre, le morceau l’est assurément. Cette formidable montée de tension et de suspense, avec ses effets de cordes dissonantes et légers gargouillis de pizzicati, renforce clairement la sensation de la claustrophobie, de l’isolement angoissant dans un espace confiné et extrêmement étroit. Le morceau aboutit au premier passage de terreur pure avec un déchaînement orchestral particulièrement violent lorsque le tunnel s’effondre à la suite d’un éboulement. C’est cette violence orchestrale extrêmement spectaculaire qui fait ici toute la puissance et le charme de cette partition horrifique très intense dans le film. Julyan en profite aussi pour dévoiler un goût qu’on ne lui connaissait pas pour la musique avant-gardiste/atonale du 20ème siècle, celle des sieurs Ligeti (influence majeure dans certains passages du score de ‘The Descent’) mais aussi Penderecki, Boulez, etc. Cette orientation musicale se confirme avec l’impressionnant ‘Crossing the Crevasse’ pour la séquence de la traversée de l’immense crevasse, aboutissant à un nouveau sursaut orchestrale de terreur pure dominé ici par des percussions agressives et des clusters de cordes/cuivres d’une grande brutalité. ‘Cave Paintings’ revient quand à lui à un style plus atmosphérique et mystérieux pour la scène où les héroïnes découvrent les peintures sur les parois de la caverne. Julyan utilise ici une pulsation électronique de 2 notes obstinées, idée que le compositeur a sans aucun doute emprunté au thème du score de ‘The Thing’ d’Ennio Morricone, qui procédait déjà de la même façon (coïncidence ou influence volontaire?). Cette pulsation renforce à son tour la sensation de danger et de menace omniprésente tout au long du film. ‘Sarah Sees a Crawler’ prolonge cette atmosphère de suspense pesant à l’aide de textures sonores macabres et de l’apparition de choeur féminin hypnotisant qui semble tapis dans l’obscurité, à l’instar des héroïnes du film (idée astucieuse de la part du compositeur!). L’horreur peut enfin débuter avec ‘The Bone Dam’ pour les premières attaques des crawlers durant la scène de la cave des os. L’orchestre entame une série de sursauts de terreur pure entre deux passages plus mystérieux durant lesquels Julyan réutilise l’entêtante pulsation électronique de deux notes. Le compositeur fait à nouveau appel à ce style orchestral massif, dissonant et extrêmement brutal emprunté au vocabulaire de la musique atonale savante du 20ème siècle. L’intensité de la musique durant cette scène est une fois de plus tout bonnement remarquable, et ce alors que les choeurs féminins paraissent ici plus présents, sous la forme d’impressionnantes tenues dissonantes qui rappellent comme dit précédemment le ‘Requiem’ de Ligeti (serait-ce une sorte de Requiem pour les héroïnes du film?). L’ambiance qui se dégage de ‘The Bone Dam’ est tout simplement terrifiante à souhait, autant à l’écoute isolée que dans le film, et les quelques déchaînements orchestraux qui traversent l’ensemble du morceau sont à leur tout proprement ahurissants d’intensité et de violence. ‘Sarah Makes a Torch’ représente l’isolement de Sarah face à une horde de crawlers déchaînés, alors que la jeune femme se retrouve séparée du reste du groupe. Les choeurs féminins sont toujours de la partie, soutenant un orchestre noir et pesant et des sonorités électroniques macabres à souhait. La musique dégage ce parfum de mort à l’écran, cette sensation d’être dans un autre univers, où la folie et l’horreur deviennent quasi palpables. A noter une brève respiration avec le retour du thème dramatique quasi funèbre dans ‘Sarah Finds Beth’ lorsque Sarah met fin aux souffrances de son amie Beth, mortellement blessée accidentellement par Juno au cours d’une bagarre contre des crawlers. La scène où les héroïnes se retrouvent dans le nid des créatures est à son tour accompagnée par une musique terrifiante d’une noirceur absolue: ‘The Lair’. L’orchestre s’en donne ici à coeur joie avec les voix féminines dissonantes et envoûtantes, et de formidables déchaînements orchestraux d’une violence quasi extrême (on appréciera par exemple l’incroyable hurlement des trompettes à 1.29!) afin d’accompagner les terribles affrontements sanguinaires entre les héroïnes et les créatures affamées. Idem pour ‘Juno Climbs’ pour les retrouvailles entre Juno et Sarah à la fin du film et ‘The Crawlers Attack’ pour l’affrontement final contre les crawlers, que Julyan accompagne au son de percussions électroniques quasi tribales, renforçant la sauvagerie et la violence extrême de la scène. Finalement, ‘The Descent’ et ‘Alone’ ramènent le calme en reprenant une dernière fois le thème principal aux cordes dans sa dimension toujours aussi ample et inexorablement dramatique et sans espoir, annonçant clairement la fin du film. Vous l’aurez probablement compris, ‘The Descent’ est une très bonne surprise de la part de David Julyan, qui va là où on ne l’attendait pas forcément. Le compositeur nous prouve ainsi qu’avec un peu de plus de moyens il est capable d’écrire des musiques bien plus ambitieuses et massives. La violence et l’intensité qui se dégagent de cette terrifiante musique dans le film ne peuvent pas laisser le spectateur/auditeur indifférent. En effet, le compositeur a réellement tout compris de l’ambiance du film et nous propose un score terriblement en adéquation avec les images du film. Certes, malgré l’emploi d’un style avant-gardiste/atonal ‘contemporain’, la musique de ‘The Descent’ ne révolutionne nullement le genre de la musique d’horreur et repose au contraire sur la plupart des stéréotypes du genre. Mais comme le film lui-même, le score de David Julyan dépasse tout simplement ces stéréotypes en s’affirmant de façon totalement décomplexée avec une efficacité redoutable. Donc, point de grosses originalités ici mais plus une puissance dans le ton et le traitement de la musique qui nous ferait presque regretter la durée finalement assez frustrante de la musique de 'The Descent' (certains morceaux auraient mérité un plus long développement). On aurait ainsi apprécié entendre le compositeur développer davantage ses déchaînements orchestraux qui sont finalement bien trop courts tout au long de la BO du film. Quoiqu’il en soit, même si le score de ‘The Descent’ n’apporte rien de neuf au genre de la musique horrifique, il n’en demeure pas moins une bien belle surprise signée d’un compositeur qui semble enfin se révéler avec ce projet plus ambitieux qui, on l’espère, permettra au compositeur d’obtenir par la suite des projets encore plus ambitieux dans lesquels il pourra laisser libre cours à son imagination. C’est en tout cas tout le mal qu’on lui souhaite! ---Quentin Billard |