1-Elliot 3.00
2-Approaching Storm 3.20
3-Desert Funeral 1.27
4-Frank's Plea 2.41
5-Electrical Storm 1.16
6-They Can Deal 0.50
7-Night One 2.30
8-Heat Dream 4.22
9-Elliot Counts On A Runway 0.51
10-Nomad's Alive 3.22
11-Model Citizen 3.12
12-Man Missing 1.30
13-Heat Stroke 1.50
14-Men Hugging 1.20
15-Dangers Of The Desert 1.26
16-Day Labor 1.32
17-Wing Crash 1.15
18-Nomad Surprise 3.04
19-Homeward 1.25

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6628

Album produit par:
Marco Beltrami
Montage musique:
Bill Abbott
Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur de la musique pour
20th Century Fox:
Robert Kraft
Musique supervisée pour
20th Century Fox par:
Michael Knobloch

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2004 20th Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
FLIGHT OF THE PHOENIX
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Sympathique remake sans grande audace du film homonyme de Robert Aldrich, ‘Flight of the Phoenix’ met en scène un groupe de survivants d’un crash d’avion qui, après s’être échoués au beau milieu du désert de Gobie en Mongolie, doivent s’entraider pour survivre et construire ensemble un appareil à partir des restes de l’avion dans l’espoir de quitter cet enfer. Le capitaine Frank Towns (Dennis Quaid), son copilote A.J. (Tyrese Gibson) et leurs passagers, des ouvriers d’un site pétrolier qui vient tout juste de fermer, vont devoir lutter contre la chaleur intense, les bandits du désert, les tempêtes de sable, le manque d’eau, l’épuisement, etc. Parmi eux se trouvent un certain Elliott (Giovanni Ribisi), qui prétend pouvoir les aider à construire un nouvel appareil à partir des restes de l’épave. Mais pour accomplir une telle tâche, ils vont devoir collaborer ensemble nuit et jour s’ils espèrent s’en sortir vivant. Réalisé par John Moore (‘Behind Enemy Lines’), ‘Flight of the Phoenix’ est un honnête divertissement hollywoodien mélangeant aventure et action sur fond de désert et de quête de la survie. Cet énième ‘survival’ comme on en voit à la pelle aujourd’hui à Hollywood (et rendu encore plus populaire avec la désormais très culte série TV ‘Lost’) ne déçoit pas en promettant un spectacle honnête mais sans génie sur les thèmes de la quête de survie, de la ténacité et du courage, avec une brochette de bons acteurs (Dennis Quaid, Miranda Otto, Tyrese Gibson, Giovanni Ribisi, Tony Curran, Hugh Laurie, etc.) et quelques scènes d’action trépidantes (cf. séquence de la tempête de sable). A noter que le tournage du film n’a pas été de tout repos puisque l’équipe s’est installée dans un vrai désert pour tourner ce long-métrage, celui de Namibie en Afrique du sud. Au final, on est quand même loin ici du brio du film d’origine de Robert Aldrich, ce remake n’apportant finalement pas grand chose à la version de 1965.

Marco Beltrami signe pour ‘Flight of the Phoenix’ une honnête partition orchestrale/électronique traversée de quelques sonorités exotiques associées au désert de Gobie. Le compositeur en profite aussi pour dévoiler à quelques moments un côté plus inventif voire expérimental dans le choix de ses instrumentations, apportant au film une ambiance parfois assez particulière (même si Beltrami aurait sans aucun doute pu aller encore bien plus loin dans ce côté expérimental!). L’utilisation de ces quelques touches expérimentales s’explique ainsi dans le film par la sensation d’être dans un monde étranger et hostile, perdu en plein milieu d’un désert sans fin. ‘Elliot’ ouvre ainsi à merveille la musique avec ce groupe d’instruments inventif, mélangeant cuivres aux effets étranges, timbales, cordes, saxophones, percussions diverses, etc. On nage ici en pleine musique atonale avec un côté un peu étrange assez inattendu. ‘Approaching Storm’ développe une ambiance plus menaçante à l’aide des percussions en tout genre (piano, timbales, temple blocks, claves, etc.) et d’un orchestre sur le fil du rasoir, alors qu’une tempête de sable arrive et menace de tout dévaster sur son chemin. ‘Desert Funeral’ développe les effets de cordes sombres et atmosphériques et timbales funèbres pour la scène des funérailles dans le désert après la mort de quelques passagers de l’avion à la suite du crash. ‘Frank’s Plea’ calme temporairement le jeu en développant le thème principal associé au personnage du capitaine incarné par Dennis Quaid, mélodie plus gracieuse et légère jouée ici par un hautbois sur fond de cordes plus intimes et chaleureuses, et qui souligne l’idée de l’espoir représenté par ce personnage leader du groupe.

Marco Beltrami s’amuse alors à développer ses différentes sonorités étranges et ses touches expérimentales discrètes comme c’est le cas dans ‘Electrical Storm’ pour la scène de l’orage électrique, morceau d’action aux rythmes agressifs et trépidants dans la lignée des précédents scores d’action/thriller du compositeur. ‘Night One’ développe de son côté l’utilisation des percussions exotiques associées à l’orchestre pour la scène du début de la construction de l’avion au cours de la première nuit. Le morceau nous fait ressentir ici toute la ténacité et la conviction du groupe unit pour tenter de s’en sortir. Idem pour ‘Heat Dream’ qui utilise de façon plus inventive les différentes percussions avec des effets électroniques étranges et dissonants, une guitare basse et une voix orientale proche du chant diphonique de Mongolie, nous renvoyant ainsi habilement aux décors du film (le désert de Gobie). La tension monte alors d’un cran dans le sombre ‘Nomad’s Alive’ pour la scène de la confrontation avec les bandits du désert. Cordes dissonantes et coups de percussions réguliers maintiennent un certain suspense synonyme ici de danger. ‘Model Citizen’ prolonge cette tension avec une instrumentation toujours assez inventive, incluant une basse synthétique, des cuivres rageurs, des cordes dissonantes, des percussions exotiques, des vents dissonants et des sonorités métalliques diverses, le tout accompagnant les doutes des personnages au sujet du mystérieux Elliot, l’homme qui prétend pouvoir les aider à construire un nouvel appareil mais dont finalement personne ne connaît la vraie histoire à son sujet. Les percussions exotiques sont de retour dans l’atmosphérique ‘Man Missing’ qui évoque parfaitement les dangers et la chaleur écrasante du désert, tandis que ‘Heat Stroke’ se distingue de son côté par son rythme rock-électro sur fond de sonorités rock/orientales du plus bel effet pour accompagner la suite de la construction de l’avion, un morceau un peu particulier de la part de Marco Beltrami qui est réellement capable de nous surprendre quand il s’en donne vraiment les moyens.

‘Men Hugging’ apporte un grand sentiment d’espoir et de joie alors que la construction progresse positivement et que le groupe reste de plus en plus soudé. On retrouve le thème de Frank transposé ici aux cordes dans un style plus majestueux, émouvant et plein d’espoir. Mais, très vite, la noirceur reprend le dessus dans ‘Dangers of the Desert’ avec son mélange synthétiseurs atmosphériques et orchestre sombre pour évoquer une fois encore les dangers du désert. ‘Wing Crash’ nous permet de réentendre de très belles parties de percussions exotiques pour un nouveau morceau d’action bref mais intense durant la scène de l’incident avec une aile de l’avion. L’action revient une dernière fois dans ‘Nomad Surprise’ pour la scène de l’attaque finales des bandits du désert, alors que l’avion enfin construit prend son envol. Beltrami entame ici un crescendo orchestral dramatique et intense pour accompagner les images de l’envol de l’avion, aboutissant au majestueux ‘Homeward’ qui conclut l’aventure sur un sentiment de triomphe et de concrétisation pour un ultime retour du thème de Frank. Dommage cependant que la fin du score perde le côté inventif/expérimental du reste du score pour retomber dans un style plus conventionnel et sans grande surprise.

‘Flight of the Phoenix’ montre en tout cas une facette intéressante de Marco Beltrami, celle d’un musicien qui aime expérimenter avec ses instruments, même si, comme dit précédemment, on aimerait parfois entendre le compositeur aller encore plus loin dans l’expérimentation. On a souvent comparé la musique de ‘Flight of the Phoenix’ à celle de ‘Planet of the Apes’ de Jerry Goldsmith pour son côté expérimental et son utilisation inventive des instruments, mais en réalité, il n’en est rien. Si l’on peut parfois ressentir une très vague influence du maestro californien dans ce score (à noter qu’à l’époque où Beltrami a écrit cette musique, Jerry Goldsmith venait de décéder depuis quelques mois à peine – on dit que le jeune musicien aurait ainsi décidé de lui rendre hommage dans cette BO) l’ensemble n’en demeure pas loin relativement ordinaire sans casser trois pattes à un canard. Certes, Beltrami expérimente mais sans jamais atteindre l’audace d’un Jerry Goldsmith de la fin des années 60 (puisque tout le monde tient absolument à le comparer à lui!). En revanche, nul ne peut nier que Marco Beltrami possède un style qui lui est propre, notamment dans sa manière d’écrire pour les cuivres, les cordes et les diverses formules rythmiques qui reviennent régulièrement dans la plupart de ses partitions. La musique de ‘Flight of the Phoenix’ apporte ainsi au film de John Moore son lot d’action, d’énergie et de suspense sans laisser pour autant un souvenir impérissable à la sortie du film. Voilà donc un honnête score orchestral assez inventif mais qui aurait certainement gagné à être encore plus audacieux dans sa forme.


---Quentin Billard