1-Entering the House 1.51
2-Loomi's Funeral 2.18
3-Playing the Game 6.03
4-Finn Plays Alone 1.55
5-Strange Things...1.21
6-Investigation 3.01
7-Phinn Dies 1.21
8-Mourning Phinn 2.04
9-Hutch's Story 1.39
10-Loomi's House 2.07
11-Meet the Counters 2.34
12-End of October 1.10
13-Winning by a Rose 3.25
14-Abigail is Captured 1.39
15-Going Below 2.05
16-Countess and Abigail 1.36
17-Final Encounter 2.12
18-In Stores Now 0.45

Musique  composée par:

John Frizzell

Editeur:

Nicabella Records NRCD 001

Producteurs exécutifs de l'album:
John Frizzell, Ray Costa
Consultant de l'album:
Ford A. Thaxton
Préparation de la musique:
Pavel Ciboch
Opérateur ProTools:
Ivan Zibal
Monteurs musique:
Chuck Martin, Andy Dorfman

Merci à Ray Costa pour
m'avoir envoyé un exemplaire de
la bande originale de 'Stay Alive'.

Artwork and pictures (c) 2006 Spyglass Entertainment Group. LLC. All rights reserved.

Note: ***1/2
STAY ALIVE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Frizzell
Férus de jeux vidéos, le réalisateur William Brent Bell et le producteur Matthew Peterman souhaitaient depuis quelques temps faire un film ayant comme toile de fond un jeu vidéo diabolique sur fond de thriller conventionnel. Ce concept assez fascinant a finalement réussi à retenir l’attention de quelques producteurs (incluant le producteur/réalisateur McG) qui ont permis de mettre au point ‘Stay Alive’, thriller d’épouvante au concept totalement neuf. Alors qu’il joue un soir à un tout nouveau jeu vidéo qu’il vient de recevoir, Loomis Crowley est retrouvé sauvagement assassiné chez lui. Après ses funérailles, son ami Hutch (Jon Foster) réunit ses camarades tous férus de jeu vidéo et entament ensemble une partie de ‘Stay Alive’, le mystérieux jeu vidéo d’horreur auquel Loomis joua le soir de sa mort. Le jeu met en scène le terrifiant mythe de la comtesse Elizabeth Bathory dite ‘la comtesse de sang’, qui terrorisa la Hongrie au XVIIe siècle en massacrant des centaines de jeunes vierges afin de se baigner dans leur sang qui, selon le mythe, lui aurait servi à préserver sa jeunesse. Les joueurs doivent s’aventurer dans le château de la terrifiante comtesse et découvrir la vérité pour mettre fin à ces carnages. Mais l’un des joueurs se fait tuer dans le jeu. Peu de temps après, il est assassiné d’une façon totalement similaire. Hutch, Abigail (Samaire Armstrong), Swink (Frankie Muniz), Phineas (Jimmi Simpson) et October (Sophia Bush) vont mener leur enquête et ne vont pas tarder à comprendre que quand on meurt dans ce jeu maléfique, on meurt dans la réalité de la même façon. Mais ils ont déjà tous joués à ‘Stay Alive’ et désormais, leur temps est compté. La fantôme de la comtesse de sang utilise ce jeu vidéo pour commettre ses crimes effroyables, traquant les joueurs les uns à la suite des autres. Leur seule chance de survie: trouver le corps de la vraie comtesse enfermée dans la tour de son château et le détruire pour de bon.

Si le concept est somme toute original et particulièrement intéressant (il explore le thème de la réalité virtuelle, de la confusion entre réalité et fiction et de la réalité perceptive, des thèmes décidément très à la mode dans le cinéma fantastique/science-fiction d’aujourd’hui), sa mise en scène est loin d’être aussi brillante. William Brent Bell est encore un de ces tâcherons hollywoodiens sans réel talent et sans imagination, qui aligne les plans les uns à la suite des autres sans jamais réussir à leur donner une réelle consistance. Les acteurs ont tous été choisis pour leur look jeune et branché mais ne brillent pas non plus dans ce film, Jon Foster en tête, exaspérant dans son manque d’expressivité (le gars voit la plupart de ses amis mourir dans d’atroces conditions, et il semble n’en être jamais vraiment affecté!). Et que dire du casting féminin fatiguant de cliché et de stéréotype (la jolie blondinette, la brune au look limite gothique, etc.), typique des personnages de slasher-movie pour adolescents en manque de sensation forte. ‘Stay Alive’ lorgne d’ailleurs très clairement vers le côté slasher, avec ce petit plus que constitue l’expérience du jeu vidéo maléfique qui tue tout ceux qui y jouent et qui y font un ‘Game Over’. A ce sujet, le film parle régulièrement de réalité perceptive, sans jamais vraiment expliquer de quoi il s’agit réellement (sujet déjà quelque peu évoqué dans ‘The Matrix’). A vrai dire, le scénario semble survoler pas mal d’éléments, comme par exemple le passé de la jeune Abigael ou le concepteur d’origine du jeu vidéo, pourtant évoqué à un moment donné mais jamais vu une seule fois dans le film (à moins que le jeu ne se soit fabriqué tout seul, par un étrange tour de magie noire? Après tout, ne dit-on pas d’Elizabeth Bathory qu’elle était une adepte de la magie noire?). Les jeux ont atteint aujourd’hui un réalisme et une intensité telle qu’il paraissait évident qu’un réalisateur finirait par s’intéresser au sujet et nous proposer le croisement inédit entre le monde du cinéma et des jeux, et qui plus est, un jeu d’horreur, dans la lignée des ‘Silent Hill’, ‘Resident Evil’ et compagnie. Ce sont évidemment les scènes de jeu vidéo qui retiennent ici toute notre attention, celles du film live semblant particulièrement fade à côté alors que l’on devrait logiquement préférer le ‘live’ à l’artificiel pixellisé. Le problème vient surtout de la banalité affligeante de la mise en scène qui accumule cliché sur cliché (porte ouverte qui grince, fantôme qui passe dans le dos du personnage, bruits récurrents, sursauts faciles, etc.) et qui ne parvient jamais à susciter la terreur ou l’angoisse, d'autant que bons nombres d'idées semblent avoir été influencées par des films comme 'The Ring' ou 'The Grudge' (les esprits contorsionnistes, le média maudit qui tue les gens, etc.). Bref, malgré son concept neuf fascinant et inquiétant, ‘Stay Alive’ échoue dans ce qu’il cherche à évoquer, porté par une mise en scène extrêmement fade et un manque de talent évident dans la réalisation. Dommage, voilà une belle occasion manquée!

La musique de John Frizzell reste en revanche l’un des rares points positifs de ‘Stay Alive’. Frizzell a toujours manifesté un goût sur pour l’expérimentation, et grâce à ‘Stay Alive’, le jeune compositeur a enfin eu l’occasion de mettre en avant certaines idées neuves pour coller au plus près à l’ambiance spéciale du film de William Brent Bell. Le compositeur devait trouver une idée pour représenter le concept de la réalité perceptive, ou de l’effacement des frontières entre réel et virtuel. Pour se faire, il a donc eu l’idée d’utiliser un orchestre symphonique et d’enregistrer une partie de l’orchestre sur ordinateur afin de remanier ces parties à l’aide du logiciel de traitement de son ProTools. On se retrouve donc avec une partie orchestrale jouée en ‘live’ et une partie enregistrée et trafiquée sur ordinateur. Du coup, le concept de réel/virtuel apparaît dans toute sa splendeur dans la musique de John Frizzell. L’idée peut paraître simple en soi, encore fallait-il y penser! Frizzell installe donc tout au long du film une atmosphère particulièrement sombre, macabre et mystérieuse, mêlant l’étrange et l’oppressant avec une agilité certaine. Dès l’introduction, ‘Entering the House’, la musique donne le ton: cordes sinistres et agitées, sonorités glauques et sons de cordes déformés sur ProTools. Ce sont les sonorités trafiquées des cordes qui attirent ici notre attention, Frizzell jouant sur les différents paramètres du son comme l’attaque, la durée ou la réverbération du son pour créer ces sons étranges, froids et bizarrement électroniques, parfaitement intégrés dans l’ambiance musicale associée au jeu vidéo ‘Stay Alive’. ‘Entering the House’ fait monter la tension en personnifiant la menace et la terreur de la comtesse de sang durant la scène introductive dans le jeu. ‘Playing the Game’ se fait ainsi l’écho de ‘Entering the House’ en reprenant son mélange sons live/déformés pour accentuer l’expérience virtuelle cauchemardesque. A noter que le début du morceau correspond à l’introduction du jeu, exposant le très mystérieux thème de la comtesse de sang personnifié ici par des harmonies sombres et un choeur samplé qui possède un côté quasi mystique assez angoissant. Le thème est joué ensuite par un piano lointain, une mélodie elle aussi profondément mystérieuse, un air qui semble surgir d’une autre époque. Frizzell y prolonge son travail sur les sons et nous propose un cocktail assez intrigant, qui possède une réelle personnalité dans ses textures sonores étranges, personnalité qui apporte beaucoup à l’ambiance du film de William Brent Bell. A noter l’utilisation de traits de cordes vers le milieu de ‘Playing the Game’ qui évoque par moment par son côté très écrit maintes partitions thriller de Bernard Herrmann à l’ancienne (comme toujours, John Frizzell reste soumis à beaucoup d’influences). On trouvera même un motif de cordes de 4 notes répétées inlassablement pour évoquer les parties à l’intérieur du jeu vidéo.

‘Finn Plays Alone’ prolonge cette ambiance sombre et étrange lorsque Phineas continue de jouer au jeu seul, tandis que ‘Strange Things’ et ‘Investigation’ accentuent l’atmosphère plus mystérieuse et pesante d’un score clairement orienté vers la terreur et le suspense. ‘Investigation’ dévoile quand à lui un motif de piano mystérieux que l’on pourrait appeler ‘thème de l’enquête’ et qui est entendu ici lorsque Hutch et ses amis cherchent à découvrir la vérité au sujet de tous ces terrifiants meurtres en rapport avec ‘Stay Alive’. A noter une reprise du thème de la comtesse de sang au piano à la fin du morceau, comme pour rappeler la présence démoniaque de la terrifiante comtesse. Les meurtres sont évoqués de façon froide et macabre comme ‘Phinn Dies’ ou ‘End of October’. Dommage ceci étant dit que Frizzell ait tendance à reprendre les mêmes éléments enregistrés tout au long du score, ce qui donne l’impression d’un score somme toute très répétitif malgré ses bonnes idées initiales. On a même parfois l’impression que le compositeur tourne en rond dans ses idées. Ceci étant dit, un morceau comme ‘End of October’ est une magnifique démonstration de ce que la MAO (musique assistée par ordinateur) peut nous offrir en terme de sonorités inédites à l’aide de samples enregistrés à partir de vrais instruments et de vrais orchestres. Frizzell répète durant la scène de la mort d’October le même motif de cordes ascendantes reprises de ‘Entering the House’ sous différentes versions, la normale d’abord puis une légèrement plus accélérée, plus aigue, plus fine, saccadées avec des notes en moins, etc. A l’écran, s’il paraît évident que l’on ne pourra malheureusement pas apprécier toutes ces subtilités, l’écoute sur l’album demeure assez passionnante même si l’on regrette le manque de renouvellement du score qui donne parfois l’impression de tourner un peu en rond à la longue.

Les passages à suspense/atmosphérique sont parfois moins intéressants à l’écoute comme c’est le cas pour ‘Meet the Counters’, ‘Going Below’ ou ‘Loomi’s House’, lorsque Hutch et Abigail explorent ensemble la maison de Loomis pour rechercher des preuves et des indices. Frizzell nous offre même quelques passages plus intimes et apaisés comme ‘Loomi’s Funeral’ (scène où Hutch se rend aux funérailles de son ami au début du film) avec son traditionnel mélange piano/cordes ou le mélancolique ‘Mourning Phinn’ lorsque October rumine sur la mort de son frère Phineas après son meurtre, sans oublier ‘Hutch’s Story’ avec son mélange cordes/piano/violoncelle du plus bel effet, lorsque Hutch raconte son histoire sur l’origine de sa phobie du feu qui remonte à un drame survenu au cours de son enfance. Les derniers morceaux basculent dans la terreur pure pour la confrontation contre la comtesse de sang avec le sinistre ‘Abigail is Captured’ ou le violent ‘Final Encounter’ où la musique se veut plus chaotique comme la séquence en elle même, la seconde partie du morceau étant nettement plus apaisée. A noter que Frizzell reprend dans ce morceau le mystérieuse thème de la comtesse de sang aux cordes, dans une version qui rappelle curieusement les premières notes du thème de ‘Schindler’s List’ de John Williams (coïncidence?). Finalement, ‘In Stores Now’ marque le retour du motif de cordes trafiquée de ‘Entering the House’, que Frizzell s’amuse même ici à coller sur la partie réelle non trafiquée, idéal pour conclure cette étrange partition horrifique en beauté, le jeu vidéo étant toujours présent et prêt à étendre sa malédiction sur de futurs joueurs.

‘Stay Alive’ est une partition horrifique à la fois conventionnelle et originale, tour à tour classique et déroutante. John Frizzell désormais avec habileté toutes les conventions musicales du genre pour pouvoir dorénavant s’autoriser quelques touches expérimentales plus surprenantes qui permettent de rompre un peu avec la routine hollywoodienne habituelle. Du coup, la musique apporte au film une réelle personnalité musicale, le score se transformant en une expérience particulière sur l’album qui, grâce à ses 39 minutes de score, retranscrit toute l’atmosphère si étrange et inquiétante de la musique du film de William Brent Bell. Voilà donc un score horrifique intelligent et étonnant, qui change un peu de la routine hollywoodienne habituelle même si la plupart des codes musicaux y sont repris, mais agencés différemment. Frizzell nous prouve qu’il a décidément plus d’un tour dans son sac et qu’il aime expérimenter avec des alliages de sonorités inédits, quelque chose qu’il nous avait déjà fait comprendre d’une façon plus nuancée dans certains passages de ‘Alien Resurrection’ ou de ‘13 Ghosts’. Dommage que le score ait tendance à devenir très répétitif vers le milieu du film. Un score somme toute assez remarquable, sans être pour autant le chef-d’oeuvre du siècle!


---Quentin Billard