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1-Opening 0.31
2-Haru, Okiteruu? (Have You Waken Up, Haru?) 2.12 3-Rune to no Deai (Encounter with Rune) 0.45 4-Neko to Ohanashi (Chat with a Cat) 1.40 5-Neko ou no Gyouretsu (Procession of the Cat King) 1.19 6-Neko no Ongaeshi (The Cat Returns) 1.09 7-Munashii Houkago (Dull Time after Lessons) 1.15 8-Nazo no Koe (Mysterious Voice) 0.35 9-Juuji-Gai ni Te (Street Organ) 2.17 10-Muta o Otte (Following Muta) 1.06 11-Youkoso Neko no Jimusho e (Welcome to the Cat Office) 1.51 12-Koukyuu e no Yuukai (The Abduction to the Seraglio) 2.25 13-Koko ga neko no Kuni? (Is this the Catland?) 0.44 14-Neko-ou no Shiro e (To the Castle of the Cat King) 2.02 15-Nekoo? (Me, a Cat?) 1.05 16-Neko Juggler no Rumba (Rumba of the Juggler Cat) 0.19 17-Haragei Neko no Polka (Polka of the Belly-Dance Cat) 0.25 18-Waltz 'Katzen Blut' 1.38 19-Watashi wa Hunbert von Sickingen (I'm Hunbert von Sickingen) 3.16 20-Otori ja Neezo (I'm not a Decoy!) 0.48 21-Meiro Kara no Tousou (Escape from the Labyrinth) 2.19 22-Rune to Yuki (Rune to Yuki) 2.39 23-Dasshutu (Escape) 4.34 24-Kaerata, Watashi Kaeretanda! (I'm Back, I'm Back Home Now!) 3.25 25-Kaze ni Naru (I Become Wind) 4.09* 26-Baron 4.22 27-Neko-ou (The Cat King) 4.02 28-Haru no Boogie (Haru's Boogie) 3.05 29-Pastorale 4.37 30-Haru no Omoide (Haru's Memory) 3.21 *Paroles et musique de Ayano Tsuji Arrangements de Takashi Negishi et Takuo Yamamoto Interprété par Ayano Tsuji. Musique composée par: Yûji Nomi Editeur: Tokuma Japan Communications TKCA-72367 Album produit par: Yûji Nomi Artwork and pictures (c) 2002 Studio Ghibli. All rights reserved. Note: ***1/2 |
NEKO NO ONGAESHI
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Yûji Nomi
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Produit par les studios Ghibli, dont l’un des plus célèbres fondateurs n’est autre que le grand Hayao Miyazaki, ‘Le royaume des chats’ est la première réalisation de Hiroyuki Morita, plus connu pour avoir assuré pendant plusieurs années l’animation de films/productions de Miyazaki tels que ‘Le château de Cagliostro’, ‘Kiki la petite sorcière’ ou ‘Mes voisins les Yamada’ (ce dernier ayant été réalisé par Isao Takahata). Dans ce très beau film d’animation au ton léger et fantastique qui sait suite à ‘Mimi o sumaseba’ (Si tu tends l’oreille), Hiroyuki Morita évoque l’histoire d’une jeune collégienne nommée Haru, une adolescente ordinaire qui manque de confiance en elle et qui mène une existence pour le moins ordinaire, jusqu’au jour où elle sauve la vie d’un chat qui était sur le point de se faire écraser par un camion en traversant une route. Elle ignore encore que cet acte allait définitivement bouleverser sa vie. Le chat est en réalité le fils du roi du mythique royaume des chats, qui se trouve dans une dimension parallèle à la notre. En guise de remerciement, le roi fait envoyer de nombreux cadeaux à Haru comme des souris ou de l’herbe à chat. Croyant avoir rêvé lors de sa première rencontre avec le roi des chats, Haru va très vite comprendre que le royaume des chats existe bien réellement alors qu’un émissaire du roi des chats la convie à venir dans son royaume pour épouser le prince Lune. C’est alors qu’une mystérieuse voix surgissant de nulle part lui conseille de se rendre au ministère des chats, où elle fera la connaissance de trois précieux amis, l’élégant chat baron, le gros Mouta et le corbeau/statue Toto. C’est alors que surgissent l’émissaire du roi et ses chats qui embarquent précipitamment Haru pour l’amener au royaume des chats. Baron, Mouta et Toto se lancent alors à sa poursuite et se rendent ensemble au mystérieux royaume. Là, Haru découvre un monde étrange et magique. Elle fait alors la rencontre d’une très belle chatte blanche qui lui conseille de quitter très vite le royaume des chats, mais en vain. Haru est amenée devant le roi et se transforme à son tour en chatte au moment où on prépare pour elle ses fiançailles dont elle ne veut pas, refusant d’épouser un chat. Ses amis viennent alors la secourir pour l’aider à s’échapper du palais du roi.
Sur un scénario somme toute assez léger, Hiroyuki Morita arrive à créer une atmosphère magique et poétique absolument typique des productions du studio Ghibli. Cependant, on est loin ici de la profondeur et de l’intensité émotionnelle de certains films d’animation de Hayao Miyazaki, et même si l’on sent ici l’empreinte du réalisateur à travers l’animation et le graphisme du film, ‘Le royaume des chats’ demeure malgré tout un film d’animation mineur en regard des anciennes productions du studio. Cependant, on aurait tort de bouder notre plaisir, car les personnages sont tous extrêmement attachants, les péripéties sont souvent bien drôles et farfelues et l’univers crée par le réalisateur reste toujours très fantastique, magique et poétique, une vraie incitation au rêve, à l’évasion, à l’imagination, avec ses personnages décalés et son évocation de l’enfance, le tout construit sous la forme d’un récit initiatique dans lequel une jeune adolescente va apprendre à se connaître elle-même en vivant une fabuleuse aventure au delà de l’imagination humaine (l’équivalent nippon de ‘Alice au pays des merveilles’), sur fond de quête de l’identité et de l’individualisme - Haru cherche pendant tout le film à s’affirmer elle-même, quitte à devoir changer d’univers et de société pour y arriver, un message assez curieux et étonnant dans un Japon qui prône plutôt traditionnellement le communautarisme et l’affirmation de soi à travers le travail. A noter quelques scènes fortes comme la traversée vers le monde du royaume des chats, la découverte du ministère, la séquence des festivités lors du mariage d’Haru ou la poursuite dans le labyrinthe et la tour que fait exploser le roi. Sans être l’un des meilleurs films d’animation des studios Ghibli, ‘Le royaume des chats’ s’avère être malgré tout un très beau dessin animé classique rempli de poésie, de malice, d’espièglerie (on notera la façon dont Haru traite Muta de ‘gros vicieux’ lorsque ce dernier demande à aller se changer dans la même loge qu’Haru!), d’humour et de magie, une oeuvre légère et attachante qui plaira aux petits comme aux grands, ces derniers pouvant apprécier ici les thèmes sous-jacents abordés tout en subtilité par le réalisateur Hiroyuki Morita dans ce premier long-métrage d’animation. La musique orchestrale de Yuji Nomi, auteur de la partition d’un autre film d’animation des studios Ghibli, ‘Si tu tends l’oreille’ (1995), qui annonçait déjà ‘Le royaume des chats’, s’avère être particulièrement belle, légère, enjouée et pleine de poésie. Comme toujours dans les bandes originales des productions Ghibli, la musique occupe une place majeure tout au long du film, particulièrement soignée et élaborée avec finesse et goût. A une époque où les musiques de film d’animation U.S. finissent toutes par se ressembler et décevoir par leur manque d’inspiration (ce n’est heureusement pas une généralité), il est bon de revenir à une musique plus fraîche et fine, où le classicisme d’écriture du compositeur côtoie une certaine poésie et une légèreté exemplaire, le tout servi par l’interprétation sans faille de l’orchestre philharmonique de Tokyo. Si l’ouverture se veut plutôt brève et discrète, révélant néanmoins quelques harmonies intéressantes et un sens de l’orchestration proche de Ravel, ‘Haru Okiteiru’ apporte un sentiment de légèreté et une profonde douceur de vivre avec une mélodie gracieuse de vents et cordes lorsque Haru part à l’école le matin au début du film. Nomi soigne ses orchestrations et apporte une fraîcheur indispensable à sa musique, parfaite et extrêmement agréable et énergique sur les images du film. ‘Neko to Ohanashi’ dévoile quand à lui le thème principal du score, très belle mélodie simple et épurée jouée par une flûte, un piano sur fond de cordes, de harpe et de vents, et que l’on entend lors de la scène du flash-back où Haru se souvient lorsqu’elle donna à manger à un chaton dans la rue, et qui deviendra par la suite le thème associé à Haru au cours de son aventure au royaume des chats. ‘Nekoou No Gyoretsu’ rompt quand à lui avec le début plus léger du score en développant une ambiance plus mystérieuse avec son d’orgue et quelques éléments électroniques pour la scène de la procession des chats devant la maison d’Haru, cette dernière rencontrant le roi des chats qui vient la remercier personnellement d’avoir sauvé la vie du prince. Puis, on retourne finalement dans un registre plus orchestral et léger avec le très mickey-mousing et agréable ‘Neko No Ongaeshi’ toujours bourré de vie, ou ‘Juuji-gai ni Te’ et sa petite valse douce et nostalgique joué par un orgue de barbarie, que l’on entend joué par un musicien dans une rue lorsque Haru suit Muta, le gros chat blanc, en direction du ministère des chats (cette petite valse n’est pas sans rappeler certaines mélodies du grand Koji Kondo pour des jeux vidéos comme ‘Super Mario Bros’). La découverte du ministère des chats est illustrée dans le brillant ‘Youkoso Neko No Jimusho H’ avec ses harmonies riches et ses orchestrations raffinées. Des trompettes plus solennelles font leur apparition lorsque le fringant Baron se présente à Haru, la musique donnant un côté faussement cérémonial pour traduire le charme du personnage et apporter une certaine énergie à cette séquence. Mais c’est sans aucun doute ‘Koukyu Heno Yuukai’ qui attirera ici notre attention, premier morceau d’action qui accompagne la séquence où les chats viennent chercher Haru pour l’emmener de force au royaume des chats. Les cordes et les cuivres, plus rythmés, créent le dynamisme nécessaire à cette scène, tandis qu’un nouveau thème fait son apparition, thème de trompette plus majestueux et vaguement héroïque, associé aux exploits du Baron qui tente de tout mettre en oeuvre pour retrouver Haru et la sortir de là. L’arrivée au royaume des chats reste illustrée de façon toujours très légère et élégante, Yûji Nomi nous offrant une série de petites pièces symphoniques au classicisme d’écriture élégant et complètement assumé. A noter un sympathique ‘Nekoou No Shiro He’ qui paraît plus ‘balourd’ avec son rythme balancé qui rappelle Prokofiev pour la scène où Nomi est accueilli au royaume et prépare ses noces « forcées » avec le prince. On retrouve une ambiance similaire dans ‘Nekoo’ avec son thème associé au roi des chats, où règne un certain humour, puisque le compositeur va même jusqu’à faire référence à un passage célèbre du troisième mouvement de la première Symphonie dite ‘Titan’ de Gustav Mahler, durant les préparatifs du mariage – le morceau traduit aussi de façon légèrement plus dramatique la tristesse d’Haru, qui voit son visage se transformer en chat et commencer à perdre son identité. Nomi continue aussi de jongler avec ses références à la musique classique (que ce soit Mahler ou Prokofiev dans le morceau précédent), nous rappelant cette pratique courante dans les musiques des vieux films d’animation à l’ancienne, du temps des cartoons hollywoodiens mis en musique par Carl Stalling ou Scott Bradley, lorsqu’il était alors de coutume de glisser des allusions ‘classiques’ et populaires dans les musiques des cartoons. Le compositeur nous offre quelques brèves pièces plus amusantes comme la rumba de ‘Neko Jungler No Rumba’ ou la polka sautillante de ‘Haragei Neko No Porka’ durant la scène où le roi demande à ses sujets de divertir Haru, mais sans grand succès. Cette séquence de divertissements musicaux se termine avec une jolie valse élégante dans ‘Waltz Katzen Blut’, lorsqu’Haru commence alors à entamer une valse avec un mystérieux chat masqué qui se trouve être le Baron déguisé et venu ici pour aider Haru à s’échapper du royaume. La valse, entamée par un accordéon, est ensuite reprise par l’ensemble de l’orchestre avec grâce et énergie. On entre alors dans la dernière partie du film et du score, lorsqu’Haru et ses amis s’échappent du royaume. ‘Watashi wa Hunbert von Sickingen’ reprend le superbe thème héroïque et majestueux du Baron illustrant sa détermination et sa bravoure lorsqu’il aide Haru à s’enfuir pour qu’elle puisse retrouver son identité humaine. L’action revient alors dans ‘Meiro Kara No Tousou’ lorsque les gardes du roi poursuivent Haru, le Baron et Muta. La musique conserve là aussi ce ton léger, classique et enjoué, la musique refusant systématiquement de se prendre au sérieux et maintenant son côté mélodique agréable et parfait à l’écran. Idem pour ‘Run To Yuki’ qui débute de façon plus solennelle lorsque le prince Lune revient pour tenter de mettre un terme aux méfaits de son père. Ce morceau plus cuivré et toujours aussi agréable nous permet de réentendre le très beau thème principal lorsqu’Haru comprend que la jolie Blanche n’est autre que la petite chatte à qui Haru donna à manger lorsqu’elle était plus petite dans une rue. Le thème possède un côté nostalgique un brin rêveur parfait pour incarner cette belle histoire d’amitié et de quête initiatique. ‘Dassou’ évoque alors la fuite finale d’Haru, mise en parallèle avec l’affrontement entre le Baron et le roi. L’action est de nouveau au rendez-vous, entrecoupée ici d’allusions au thème majestueux du Baron et de rythmes plus affirmés pour la scène de la montée au sommet de la tour. ‘Kaereta Watashi Kaeretand’ reprend le thème principal aux cordes dans toute sa splendeur lorsqu’Haru et le Baron s’envolent dans les airs grâce aux amis corbeaux de Toto qui créent un escalier pour les ramener dans le monde des hommes. Ce très beau morceau marque la fin d’une belle aventure avec un enthousiasme, un optimisme et une infime tendresse toujours très agréable à l’écran comme sur l’album. Le générique de fin est accompagné quand à lui de la très jolie chanson ‘Kaze Ni Naru’, interprétée par la chanson de pop japonaise Ayano Tsuji. A noter que Yuji Nomi nous offre en guise de bonus quelques pistes inédites incluant des versions concert du thème du Baron, du thème du roi des chats, un boogie amusant pour Haru, une jolie pastorale et une reprise finale du thème principal associé aux souvenirs d’Haru (‘Haru no Omoide’), idéal pour conclure l’album en beauté. Vous l’aurez donc compris, la musique orchestrale de Yuji Nomi pour ‘Le royaume des chats’ est un véritable régal pour les oreilles, une musique légère, énergique, dynamique, fraîche et entraînante qui ne se prend jamais la tête et dans laquelle le compositeur témoigne d’un classicisme d’écriture élégant et affirmé qui apporte une fraîcheur remarquable au film de Hiroyuki Morita. On pense évidemment au style des musiques de Joe Hisaishi pour les films d’Hayao Miyazaki, la partition du ‘Royaume des chats’ s’affirmant bien évidemment dans la continuité de ce style, mais avec la patte de Yuji Nomi en plus. Le compositeur remplit donc parfaitement le cahier des charges et nous offre une oeuvre symphonique belle, simple et élégante, parfaite pour une production Ghibli d’une telle qualité, preuve que la musique de film japonaise continue de nous étonner par son incroyable fraîcheur et sa vivacité, à une époque où Hollywood et une bonne partie du cinéma européen commence à s’essouffler d’un point de vue musicale (et hélas aussi, cinématographique). Voilà en tout cas une très belle BO pleine de poésie, de charme et de fraîcheur, à découvrir avec le non moins magnifique film de Hiroyuki Morita! ---Quentin Billard |