1-Prologue 0.31
2-Main Title 2.50
3-Yamamoto's Choice 1.12
4-Signal Corps On 1.29
5-Yamamoto's Second Meeting 2.21
6-Hiroshima Harbor 0.47
7-Haruko's Dilemna 0.58
8-By Order Of Nimitz 2.38
9-Cancelling Operation 'K' 1.54
10-Strawberry 5 1.23
11-Attack Begins 2.17
12-Missing The Flatlands 0.48
13-Morning of the Battle 1.15
14-Red Parks Fighting 1.23
15-Scout 4 1.09
16-Ensign Gay Afloat 0.37
17-Burning Carriers 1.14
18-Crash Landing 1.48
19-Good News for Nimitz 1.08
20-Matt Takes Off 0.54
21-Matt's Crash 1.10
22-End Title: Midway March 2.25
23-Men of Yorktown March 2.46

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5940

Produit par:
Robert Townson
Musique conduite par:
Rick Wentworth
Orchestration:
Herbert W. Spencer

(c) 1998 Varèse Sarabande. All rights reserved.

Note: ***1/2
MIDWAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Brillante reconstitution de la célèbre bataille de Midway qui opposa les troupes américaines et japonaises dans l’océan pacifique du 3 au 6 juin 1942, ‘Midway’ de Jack Smight évoque avec minutie les différents détails de cette bataille qui marqua un tournant décisif dans la future victoire des alliés et le début d’une contre-offensive victorieuse des américains, six mois après le choc de l’attaque surprise sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Après l’avancée japonaise dans le Pacifique et l’Insulinde durant la bataille de la mer de Corail (4 au 8 mai 1942), le lieutenant-colonel James H. Doolittle est chargé par l’armée américaine d’envoyer un raid aérien bombarder Tokyo le 15 avril 1942. En guise de riposte, l’amiral Yamamoto (Toshirô Mifune) – qui avait dirigé l’opération surprise sur Pearl Harbor – toujours commandant de la flotte japonaise, organise un plan visant à s’emparer de la base américaine de Midway au nord-ouest d’Honolulu. S’il réussit, il pourra alors contrôler le Pacifique central et repousser les américains. Pendant ce temps, le commandant Joseph Rochefort (Hal Holbrook) et ses hommes captent des messages secrets japonais qu’ils tentent de déchiffrer. Rochefort convoque alors le capitaine Matthew Garth (Charlton Heston) et lui explique la situation: il a le sentiment que ces messages laissent présumer une future attaque sur l’atoll de Midway, mais il n’en a pas encore la confirmation. Il réussit néanmoins à convaincre l’amiral Nimitz (Henry Fonda) de placer sa flotte au nord-ouest de l’île, assurée par le commandement de l’amiral Fletcher (Robert Webber). Pendant ce temps, des escadrons aériens décollent de quatre porte-avions japonais avec un effectif total réunissant près de 5000 hommes. Les bombardiers et chasseurs nippons attaquent alors la base de Midway tandis que les américains, pris de vitesse, tardent à répondre. Une première escadrille de bombardiers américains de la base est alors entièrement anéantie. Mais les américains, qui localisent dorénavant la position des troupes japonaises répliquent, tandis que le vice amiral Nagumo (James Shigeta) ordonne aux appareils de revenir pour recharger leurs munitions en vue d’une seconde attaque cette fois-ci terrestre. Peu de temps après, des escadrilles de bombardiers américains qui ont réussis à se glisser entre les nuages attaquent alors la flotte japonaise par surprise, réussissant à mettre le feu à trois porte avions et à en couler deux d’entre eux, tandis que le quatrième, le Hiryu, reste intact. Yamamoto décide de répliquer en lançant un nouvel escadron à partir du Hiryu, croyant que les américains n’ont à leur tour que deux portes avions à leur service. Il ignore en réalité que le Yorktown, endommagé durant la bataille de la mer de Corail, est toujours actif. L’attaque menée par Yamamoto réussit à endommager gravement le Yorktown, mais très vite, les bombardiers américains mènent une nouvelle attaque surprise au cours du 5 juin 1942 qui permet de détruire définitivement le Hiryu. Privé d’avions et de porte-avions, l’amiral Yamamoto est forcé d’abandonner la bataille de Midway.

Le réalisateur Jack Smight s’est entouré pour ‘Midway’ d’un casting d’exception afin de retranscrire cette immense bataille du Pacifique avec fidélité. ‘Midway’ réunit ainsi des stars hollywoodiennes comme Charlton Heston, Henry Fonda, James Coburn, Glenn Ford, Hal Holbrook, Robert Mitchum, Robert Wagner, Cliff Robertson, Robert Webber, Ed Nelson, Edward Albert et le chinois d’origine japonais Toshirô Mifune, acteur fétiche du grand Akira Kurosawa. Afin d’accentuer le réalisme du film, le réalisateur a décidé d’inclure durant les scènes de bataille des images d’archive qui ont évidemment du être retravaillées pour pouvoir s’adapter au format Panavision. A noter qu’en plus de ces séquences d’archive datant de 1942, le film inclut aussi quelques stock-shots repris de films tels que ‘Tora ! Tora ! Tora !’ (1970), ‘Away All Boats’ (1956) ou ‘Thirty Seconds Over Tokyo’ (1944). Apparemment, la production a jugé utile d’emprunter des scènes à d’autres films traitants du même sujet, probablement pour des raisons économiques ou parce que le budget ne permettait pas de tourner certaines de ces scènes. Malheureusement, si l’emprunt de ces scènes ne gêne en rien à la vision du film, on ne pourra pas en dire autant des stock-shots de 1942 extrêmement mal montés et incorporés au reste des scènes originales du film. On passe trop souvent durant les batailles de scènes d’une qualité visuelle nette à des plans flous et poussiéreux, le passage de 1976 à 1942 se faisant ainsi avec beaucoup de difficulté dans le film. Du coup, on en vient même à se demander si ce choix était une si bonne idée que ça, tant le passage de l’un à l’autre finit par choquer à la vision du film. Autre problème, et il est typique de ce style de film de guerre hollywoodien à l’ancienne, il y a énormément de personnages et peu de temps pour pouvoir les développer chacun suffisamment (même en 132 minutes!). Par conséquent, on ne sait plus qui est qui au bout d’un moment, et on finit par s’y perdre un peu. On finit aussi par se perdre un peu dans toutes ces scènes de jargon stratégique militaire parfois ennuyeuses et qui traînent souvent en longueur. Malgré tous ces défauts, ‘Midway’ n’en demeure pas moins une brillante et prestigieuse reconstitution de la bataille de Midway, un grand classique du film de guerre des années 70!

La musique de ‘Midway’ a été confiée à John Williams qui nous livre pour le film de Jack Smight une partition symphonique à la fois martiale, déterminée, par moment sombre et dramatique et par moment plus entraînante et héroïque. A noter que sur les 132 minutes du film, John Williams n’a écrit qu’à peine trente minutes de musique. Le compositeur applique ici toutes les recettes des musiques de film de guerre à l’ancienne en utilisant fanfare et percussions militaires, le tout mené par un thème principal de qualité, héroïque et majestueux comme Williams sait si bien les écrire. Ici, l’idée est on ne peut plus simple : vanter le courage et les mérites de l’aviation américaine qui s’est distingué pour la première fois dans l’histoire de la 2de Guerre Mondiale contre les troupes ennemies. Ici, point d’éléments exotiques/asiatiques, la musique illustre le seul point de vue des américains (une facilité que l’on pourrait tout à fait critiquer à juste titre). Dès l’introduction à la trompette du thème principal héroïque dans le ‘Prologue’ (solennel comme il se doit, typique de John Williams), on comprend que l’on va avoir à faire à une grande partition empreinte de respect, de grandeur et d’énergie. Le ‘Main Title’ (générique de début) est quand à lui bien plus sombre, il met en avant les percussions (timbales, piano, caisse claire, etc.) pour la séquence introductive du bombardement de Tokyo par l’aviation américaine, se concluant sur un crescendo orchestral massif et totalement maîtrisé. A noter ici le rôle prédominant du piano qui semble guider les autres instruments par son côté martelé et rythmique. Les japonais sont illustrés quand à eux par des morceaux bien plus sombres et menaçants comme ‘Yamamoto’s Choice’ qui montre clairement le parti pris musical visant à renforcer le sentiment que les japonais sont ici des ennemis dangereux et menaçants, d’où la noirceur et la tension des musiques illustrant leurs scènes. C’est aussi l’occasion pour le compositeur de lorgner du côté de sa facette plus atonale et dissonante de sa musique, créant une intensité assez remarquable durant ces scènes de préparatifs japonais. ‘Signal Corps On’ et ‘Yamamoto’s Second Meeting’ confirment ainsi cette orientation sombre et plus tendue de la musique de Williams pour les troupes nippones, renforçant aussi la sensation que Yamamoto représente un très grand danger pour les troupes américaines. A noter le rôle toujours important du piano dans ‘Yamamoto’s Second Meeting’ qui renforce quand à lui la tension avec une petite touche de mystère en plus, comme si la musique voulait signifier à l’écran le caractère imprévisible des japonais.

A noter quelques vagues touches asiatiques dans ‘Hiroshima Harbor’ avec l’utilisation de petites percussions en bois pour une scène sur le port d’Hiroshima, un élément qui n’est cependant pas développé par la suite. Williams s’autorise même quelques touches plus intimes et apaisées comme le très beau morceau pour flûte avec cordes et harpe dans ‘Haruko’s Dilemma’ évoquant les tourments d’Haruko, la fiancée d’origine japonaise de Thomas Garth (Edward Albert). L’action déploie alors ses ailes dans ‘By Order of Nimitz’ où les cuivres et les percussions (piano toujours très présent) font monter une certaine tension, aboutissant à une reprise du thème principal lorsque l’amiral Nimitz ordonne à la flotte de se rendre près de l’îlot de Midway. La tension monte d’un cran pour la scène où les appareils américains de détection signalent la présence des troupes japonaises dans ‘Strawberry 5’, aboutissant à l’excitant ‘Attack Begins’ marquant le début de la bataille. On retrouve dans ce morceau tout le savoir-faire orchestral traditionnel du compositeur, qui semble parfois annoncer certains de ses grands scores d’aventure/action des années 80, avec toujours cette écriture très syncopée du pupitre des percussions (xylophone, piano, etc.) et des cuivres. ‘Red Parks Fighters’ prolonge ce sentiment d’action durant une nouvelle séquence de bataille entre deux escadrons ennemis alors que des morceaux comme ‘Scout 4’ ou ‘Ensign Gay Afloat’ (scène où l’enseigne George Gay se retrouve dans l’eau avec son gilet de sauvetage après avoir échappé de justesse à la destruction de son avion, ce qui nous vaut une nouvelle reprise du thème principal symbole ici de courage et de détermination chez les américains) jouent plus sur l’ambiance sombre du conflit en maintenant une tension permanente. A noter un ‘Burning Carriers’ particulièrement sombre et agité pour la scène où les porte avions japonais sont en feu. La noirceur de la musique évoque bien évidemment ici les méfaits tragiques de la guerre, même s’il s’agit ici d’une défaite des troupes ennemies.

‘Crash Landing’ se veut quand à lui plus agité et orienté action avec un pupitre de cuivres massifs à souhait pour une scène de crash sur un porte avion américain. Une fois encore, on retrouve ici un style orchestral tonitruant qui annonce très clairement le John Williams des années 80 voire 90. Le thème revient finalement dans toute sa splendeur dans le vibrant et optimiste ‘Good News for Nimitz’ alors que les japonais n’ont plus de portes avions et sont obligés de se retirer du conflit, avant de continuer sur un ‘Matt Takes Off’ plus rythmé et la scène du crash de son appareil dans ‘Matt’s Crash’ où la musique se veut plus élégiaque et dramatique pour évoquer la mort du capitaine avec respect. Finalement, Williams conclut sa partition avec deux marches militaires de qualité: le ‘Midway March’ que le compositeur a écrit spécifiquement pour le générique de fin du film et qui se caractérise par sa fanfare héroïque et entraînante (on sent les prémisses ici de ‘Superman’!), une fanfare joyeuse et typiquement américaine qui évoque ici le triomphe des troupes américaines au cours de la bataille de Midway. S’en suit alors le ‘Men of the Yorktown March’ illustrant la bravoure de l’équipage du Yorktown, un hymne plus solennel et vibrant aussi typique de John Williams, idéal pour conclure la partition de ‘Midway’ en toute beauté.

Sans être ce que John Williams a fait de mieux au cours de sa glorieuse période des années 70, ‘Midway’ n’en demeure pas moins une grande partition de qualité qui, malgré sa courte durée, parvient à susciter l’enthousiasme et l’adhésion du public par son côté à la fois ample, majestueux, sombre et dramatique à la fois, une partition qui retranscrit bien toutes les émotions de la bataille même si l’on pourra toujours reprocher le parti pris facile pro U.S. de la musique (typique de certains films de guerre hollywoodiens de cette époque!). Avec son thème principal héroïque et sa superbe fanfare de ‘Midway’s March’, la musique de John Williams trouve déjà un certain impact auprès du public, même si l’on regrettera la durée souvent trop courte de la plupart des morceaux, empêchant une écoute plus développée et continue sur l’ensemble du score. La musique apporte aussi son lot d’émotion au film de Jack Smight sans jamais en faire de trop pour autant. Certes, certains morceaux versent dans le massif pur et dur mais la musique est heureusement utilisée avec parcimonie dans les scènes stratégiques du film et n’alourdit jamais les images, bien au contraire. A noter que l’album publié par Varèse Sarabande est un réenregistrement de la partition par le Royal Scottish National Orchestra qui nous offre ici une interprétation remarquable de ce score resté longtemps inédit dans la discographie de John Williams, une partition typique de la facette années 70 du maestro et qui reste incontestablement à redécouvrir, avec le film de Jack Smight!


---Quentin Billard