1-Main Titles 3.49*
2-Memories 3.07
3-Rough Flight 5.13
4-Little Secrets/Power of the Sun 2.49
5-Bank Job 2.21
6-How Could You Leave Us? 5.49
7-Tell Me Everything 3.13
8-You're Not One Of Them 2.22
9-Not Like The Train Set 5.12
10-So Long Superman 5.31
11-The People You Care For 3.27
12-I Wanted You To Know 2.56
13-Saving The World 3.12
14-In The Hands Of Mortals 2.11
15-Reprise/Fly Away 4.15

*Thème composé par John Williams.

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

Warner Bros/Rhino R2 77654

Produit par:
John Ottman
Album co-produit par:
Casey Stone
Montage musique:
Amanda Goodpaster
Assistant montage:
Joseph Bonn
Album Business Affairs:
Keith Zajic, Kris Ahrend,
Dan Butler

Product Manager:
Matt Abels
Directeurs de la musique
pour Warner Bros. Pictures:
Gary LeMel, Doug Frank,
Nick Bonomo

Artwork and pictures (c) 2006 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
SUPERMAN RETURNS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
Superman est de retour ! Il paraissait difficile de débuter cette critique sans écrire une phrase de ce genre, certes très cliché mais ô combien fort d’à propos. Après cinq ans d’absence à rechercher les traces de sa planète natale, Krypton, Superman revient sur terre pour retrouver tout ceux qu’il aime, à commencer par sa mère adoptive, Martha Kent (Eva Marie Saint), puis sa fiancée Lois Lane (Kate Bosworth), qui travaille toujours comme journaliste au Daily Planet pour le compte de Perry White (Frank Langella). Mais après toutes ces années d’absence, Lois a finit par oublier Superman et considéré que le monde n’avait plus besoin de lui. Elle s’est fiancé avec Richard White (James Mardsen) et est désormais mère d’un petit garçon nommé Jason. Superman/Clark Kent est donc de retour et va tout mettre en oeuvre pour se rapprocher de la femme qu’il aime, mais qui mène désormais une nouvelle vie. Il va essayer de prouver à Lois que la magie de Superman existe toujours et que le monde aura continuellement besoin de lui. Mais au même moment, l’ignoble Lex Luthor (Kevin Spacey), ennemi juré de Superman, est sorti de prison et organise un plan visant à détruire Superman et à conquérir la planète en construisant un nouveau monde à l’aide des cristaux de kryptonite qu’il a volé dans la forteresse de la solitude. Superman aura donc fort à faire pour déjouer les desseins machiavéliques de Lex Luthor et empêcher la destruction du monde tout en renouant le contact avec la belle Lois Lane.

‘Superman Returns’ fait partie de ce genre de vieux projet qui traîne depuis plus d’une dizaine d’années à Hollywood et qui n’avait encore jamais pu se concrétiser. En 1997, les producteurs de la Warner souhaitaient remettre au goût du jour les aventures de Superman au cinéma. Le projet initialement prévu pour Tim Burton et intitulé ‘Superman Lives’ (avec Nicolas Cage dans le rôle du célèbre héros) avait débuté mais fut rapidement annulé par la production. Entre temps, plusieurs réalisateurs furent pressentis, incluant Brett Ratner, McG, Robert Rodriguez, Michael Bay avant de terminer avec Bryan Singer, qui devait à l’origine s’occuper de ‘X-Men The Last Stand’ et quitta ce projet pour finalement tourner les nouvelles aventures de ce Superman version 2006. Le film de Singer – dédié à Christopher Reeve et Dana Reeve – est un véritable hymne à l’homme d’acier –sorte de Jésus Christ des temps modernes-, réalisé par un passionné qui connaît son sujet sur le bout de doigts. Visuellement, le film est particulièrement grandiose et splendide, avec des scènes ahurissantes comme le sauvetage de l’avion/navette vers le début (premier moment fort du film), le sauvetage de l’épave du bateau en train de sombrer ou la scène où Superman enlève l’énorme roc en train de prendre forme sur l’eau pour l’amener et le jeter dans le vide de l’espace. On retrouve aussi tout l’aspect romantique entre Superman et Lois qui faisait déjà tout le charme du film de Richard Donner en 1978. A noter que ‘Superman Returns’ n’est pas un remake de ce dernier mais une sorte de suite donné à 'Superman II' qui nous montre un héros cinq ans après ses précédentes aventures.

C’est le jeune acteur Brendan Routh qui a eu le privilège de succéder au regretté Christopher Reeve à jamais immortalisé dans l’esprit des gens dans la peau de Superman. Routh s’en tire à merveille et dégage le même charisme juvénile et viril que son prédécesseur, les deux acteurs se ressemblant d’ailleurs beaucoup. Parmi les nouveaux acteurs à noter une Kate Bosworth très sympathique dans la peau d’une Lois Lane tourmentée et émerveillée, mais un Kevin Spacey assez décevant dans la peau de Lex Luthor, qui sombre une fois de plus dans la caricature comme sa version 1978 qui était interprétée par Gene Hackman et qui souffrait déjà du même défaut. Décidément, Lex Luthor reste l’un des plus mauvais méchants de toute l’histoire du cinéma, avec ce côté toujours très méchant de cartoon qui paraît affreusement kitsch et ridicule aujourd’hui. Si Kevin Spacey dégage un certain charisme tout au long du film, on aurait souhaité voir un personnage moins caricatural, plus puissant (il n’a absolument aucun super pouvoir – comme ennemi de Superman, on aurait pu s’attendre à mieux!) et peut être plus agressif encore, même si le Lex Luthor 2006 paraît bien plus sombre et dangereux que celui de 1978. Il est quand même regrettable que le film ne nous propose qu’une seule véritable scène d’affrontement entre les deux ennemis, quelque chose qui manque cruellement ici alors que l’affrontement aurait du être au contraire apocalyptique pour le grand retour de Superman! Mais l’atout majeur du film de Bryan Singer, c’est le côté plus sombre de l’histoire (la scène où Superman se fait tabasser par Lex Luthor et ses sbires est particulièrement violente pour un film de Superman) et la bonne dose de psychologie qu’il a injecté à son histoire. On ressent ici toute la profondeur des sentiments du héros, tourmenté par son amour pour Lois qu’il ne peut plus concrétiser. Idem pour Lois, dont le coeur balance entre Superman et Richard, en gros la magie ou la vie de famille. A ce sujet, les scènes plus intimes et psychologiques sont nettement plus développées ici, les grosses séquences d’action n’étant finalement pas si présentes que cela sur les quelques 154 minutes du film, une bonne chose qui permet d’apporter un peu de profondeur au récit. ‘Superman Returns’ marque donc le grand retour de Superman au cinéma, une version 2006 réussie bien que peu exceptionnelle en soi, à réserver avant tout aux fans purs et durs des aventures de l’homme d’acier!

Qui dit Bryan Singer dit inévitablement John Ottman, qui en plus d’avoir écrit la musique s’est aussi occupé du montage du film. Pour Ottman, faire la musique de ‘Superman Returns’ était une sorte de rêve, le compositeur avouant être un grand fan du ‘Superman’ de Richard Donner (1978). Le défi était donc énorme pour John Ottman, qui souhaitait écrire une grande partition dans la continuité du célèbre chef-d’oeuvre de John Williams immortalisé par son non moins célèbre thème principal d’une popularité comparable à celle de ‘Star Wars’ ou de ‘Indiana Jones’. Il a donc été décidé en toute logique de reprendre le thème d’origine de John Williams pour le réadapter dans la nouvelle partition de ‘Superman Returns’. Ainsi, on commence très vite pour le générique de début (‘Main Titles’) avec le retour de la célèbre fanfare héroïque à souhait et plus éclatante que jamais. Aucun doute possible à l’écoute de ce morceau triomphant, on lève immédiatement le poing vers le ciel en criant ‘Superman est de retour!!!’. Le score original de Ottman reste quand à lui dans la même veine, une grande partition 100% symphonique qui incorpore de nouveaux thèmes, à commencer par un Love Theme qui fait aussi office de nouveau thème de Superman et que l’on découvre dans toute sa splendeur ‘Little Secrets/Power of the Sun’. Ce thème romantique possède un côté à la fois majestueux et triste, personnifiant à merveille les sentiments de Superman face à Lois et à son envie de lui faire redécouvrir la magie de Superman, du temps où les gens considéraient encore avoir besoin de lui. A 1.20, on découvre dans ‘Little Secrets’ ce nouveau thème poignant assez étonnant de la part de John Ottman, qui n’avait jamais vraiment eu l’occasion jusqu’à présent d’écrire de belles mélodies de ce genre pour un film, un très beau thème empreint d’une certaine émotion et qui évolue tout au long du film. A 1.56, le thème est magnifié par un choeur puissant pour la séquence où Superman reprend des forces en puisant son énergie du soleil vers la fin du film, avant de partir affronter Lex Luthor.

Ce dernier a aussi droit à un nouveau thème, Ottman considérant que le fameux ‘March of the Vilains’ du score de John Williams ne collait pas tellement au personnage de Gene Hackman et qu’il fallait un thème bien plus sombre et menaçant pour ‘Superman Returns’, tout à l’image du personnage de Kevin Spacey. Ce thème est entendu dans ‘Not Like The Train Set’ pour la séquence où Lex Luthor utilise son canon à kryptonite pour créer un nouveau continent sur l’océan. Motif descendant et menaçant joué la plupart du temps par des cuivres graves, le thème de Lex Luthor renforce à merveille dans le film le côté dangereux du personnage et parvient à faire oublier le côté plus comique du thème d’origine de Williams qui, de toute évidence, n’aurait pas pu coller ici avec le personnage de Kevin Spacey. Sa meilleure reprise reste sans aucun doute la marche sombre entendue à 2.40 avec le motif joué aux trombones, un vrai thème de méchant sombre et agressif comme il se doit! Les choeurs sont quand à eux toujours présents pour renforcer les passages plus puissants et grandioses de la musique et du film. A noter à la fin de ‘Not Like The Train Set’ une superbe reprise de la triomphante fanfare de Superman lorsque ce dernier continue de sauver le monde. A noter un dernier thème qui ne sera repris qu’à deux reprises dans le film, celui de ‘Memories’, lorsque Clark, revenu à la ferme de sa mère adoptive, se souvient de sa jeunesse chez les Kent lorsqu’il apprit à maîtriser ses pouvoirs. ‘Memories’ nous permet d’entendre le thème associé à la jeunesse de Clark et à ses parents adoptifs, mélodie plus majestueuse magnifiée ici par des choeurs lorsque l’on voit le jeune Clark s’envoler dans les airs. Le thème sera réentendu une dernière fois vers la fin du film lorsque l’on reverra le personnage d’Eva Marie Saint.

Avec ses nouveaux thèmes et ses développements du thème de John Williams – ainsi que la reprise du ‘Love Theme’ d’origine de Williams dans un morceau comme le magnifique ‘How Could You Leave Us?’ – John Ottman élabore une grande partition symphonique à l’ancienne, avec son lot de morceaux d’action tonitruants, de passages plus émouvants et de reprises thématiques puissantes. On regrette juste le fait que le score, en regarde du magistral ‘Main Title’, souffre un peu de la comparaison avec le matériau de John Williams sur le plan plus technique et musical. On sent bien à quel point, malgré tous ses efforts, John Ottman n’a ni le savoir-faire ni la maîtrise technique de John Williams. Qu’à cela ne tienne, Ottman assume complètement son statut de jeune compositeur ayant appris sur le tas (Ottman n’a pas une réelle formation musicale, il s’est formé avant tout en tant que monteur et réalisateur!) et nous livre l’un de ses scores symphoniques les plus aboutis de toute sa jeune carrière. Des morceaux d’action énormes et démesurés comme le sauvetage de l’avion (‘Rough Flight’), le hold up de la banque avec ses percussions et ses excitants rythmes syncopés mélangeant influences de Williams et de Goldsmith (‘Bank Job’) ou le sauvetage final (‘Saving The World’) sont autant de déchaînements orchestraux que de moments où John Ottman nous prouve qu’il a atteint une certaine maturité d’écriture même si l’on sent toujours les influences dans sa musique. On sait pertinemment que John Williams aurait écrit quelque chose d’encore plus sophistiqué et complexe que ce qu’a fait Ottman, mais le résultat n’en demeure pas moins assez impressionnant et bluffant de la part du compositeur attitré de Bryan Singer! Mention spéciale à l’excitant ‘Rough Flight’ qui reste incontestablement LE morceau d’action incontournable du score de ‘Superman Returns’. L’émotion n’est aussi pas en reste avec la scène de l’envol de Superman/Lois (comme dans le film de 1978) dans le très beau ‘How Could You Leave Us ?’ qui reprend le Love Theme d’origine de Williams et développe le nouveau thème romantique d’Ottman dans toute sa splendeur et son intensité émotionnelle. Un morceau plus mélancolique comme ‘In The Hands of Mortals’ (scène à l’hôpital vers la fin du film) avec ses choeurs funèbres est du quasiment jamais entendu chez John Ottman, qui souhaitait depuis longtemps mettre en musique des scènes romantiques et plus apaisées que ce qu’il fait d’habitude. ‘Reprise/Fly Away’ conclut finalement cette grande aventure sur une superbe reprise puissante du Love Theme aux choeurs, avant d’enchaîner sur le Love Theme de Williams et la célèbre fanfare en guise de conclusion grandiose.

John Ottman rend donc un grand hommage au chef-d’oeuvre de John Williams avec sa nouvelle partition symphonique impressionnante pour ‘Superman Returns’. Néanmoins, aussi doué que puisse être Ottman, il n’a et n’aura jamais le talent et encore moins le génie de John Williams, et quand on l’écoute tenter d’imiter par moment le maestro, on se dit qu’Ottman a encore beaucoup de chemin à parcourir s’il espère un jour arriver à la cheville du grand maître de la musique hollywoodienne. Néanmoins, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître toutes les qualités de ce grand score orchestral qui, à défaut d’être le nouveau chef-d’oeuvre du compositeur (on ne ressort pas du tout de l’écoute de ‘Superman Returns’ aussi bluffé qu’on avait pu l’être sur le score de John Williams en 1978!), apporte une énergie et une émotion véritable au film de Bryan Singer. Certes, l’ensemble n’a rien de follement original et manque parfois de surprise, d’imagination, mais qu’importe, John Ottman remplit parfaitement le cahier des charges et nous prouve qu’il possède quand même un certain savoir-faire qui ne demande encore qu’à évoluer et à mûrir. Néanmoins, de tout ce que le compositeur a pu écrire jusqu’à présent (en dehors de l’incomparable et exceptionnelle ‘claque’ musicale que représenta son chef-d’oeuvre ‘Usual Suspects’ en 1995), ‘Superman Returns’ est de loin l’une de ses partitions les plus abouties, sans être forcément la meilleure dans son genre. On regrette par moment un certain manque de personnalité et d’imagination dans la partition d’Ottman, qui aurait peut être pu se montrer encore plus radical dans certains de ses choix musicaux (comme le laissait par exemple sous-entendre un très bon morceau aux rythmes surprenants dans ‘Bank Job’). Dommage aussi que ses nouveaux thèmes, au demeurant fort sympathiques, ne laissent pas une impression aussi forte et puissante que ceux écrit par John Williams pour le film de Richard Donner. En conclusion, voilà un score solide parfait pour accompagner les nouvelles aventures de Superman version 2006, un score qui devrait faire sauter de joie tous les fans de John Ottman sans pour autant emporter systématiquement l’adhésion de tous les autres!


---Quentin Billard