1-Hoover Academy 1.34
2-Palmer's Mansion/Robin Hood 1.20
3-Biff and Muffy 1.10
4-Cary Grant 2.11
5-Fire Drill/La Crosse/
Hoover Award 1.54
6-Diceman's Dilemna/
Shopping for Preppies 2.01
7-Violins for Muffy 0.46
8-Good Fortune 1.40
9-Nicky Buys Hoover/
Horse Play/1st Call to Breakfast 1.52
10-Class Act/Good Presents 1.57
11-Graduation 2.21
12-Love Montage 2.01
13-Golf Chase 2.10
14-Making the Grade 1.09
15-Come If You Want To 1.24*
16-Living on the Edge 3.02**
17-Double Trouble 3.12**
18-The Diceman Cometh 2.15***

*Ecrit par Michael Linn
et Richard Kraft
Produit par Don McGinnis
**Ecrit par Larry Lee et
Shandi Sinnamon
Interprété par Shandi
Produit par Larry Lee pour
Swan Productions
Remixé par Greg Penny et
Larry Lee.
***Ecrit par Larry Lee et
Shandi Sinnamon
Arrangé et produit par Larry Lee
pour Swan Productions.

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Varèse Sarabande CD Club
VCL 0505 1037

Album produit par:
Richard Kraft
Producteur exécutif:
Robert Townson

Edition limitée à 1000 copies.

Artwork and pictures (c) 1984, 2005 Metro-Goldwyn Mayer. All rights reserved.

Note: ***1/2
MAKING THE GRADE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
Du duo ‘eighties’ Menahem Golan/Yoran Globus, voici ‘Making the Grade’ (B.C.B.G. bon chic et belle gueule), comédie délirante réalisée par Dorian Walker et évoquant l’univers des prestigieuses écoles britanniques privées. Palmer Woodrow (Dana Olsen) est un adolescent rebelle et fortuné qui vit de la richesse de ses parents en passant ses journées à jouer au golf, à fricoter avec les filles ou à dormir jusqu’à des heures pas possibles, et qui ne rêve que d’une chose: partir en Europe. Mais le conseil de famille lui adresse un ultimatum, exigeant de lui qu’il parte faire des études à la prestigieuse Hoover Academy pour y décrocher un diplôme, alors que Palmer a déjà été renvoyé de trois écoles différentes. S’il ne respecte pas le contrat, sa famille menace de lui couper les vivres. Il décide alors de faire appel à un jeune homme qu’il vient tout juste de rencontrer dans les vestiaires de son green de golf, un certain Eddie Keaton (Judd Nelson), un adolescent rebelle de la rue avec lequel il passe un marché : Eddie prendra la place de Palmer à la Hoover Academy où il se fera passer pour lui afin de décrocher son diplôme, en échange d’un chèque de 10.000 dollars. Seul hic, Eddie est traqué par un bookmaker à qui il doit une importante somme d’argent et qui s’est mis en tête de tout faire pour récupérer son bien. A son arrivée à la Hoover Academy, Eddie se fait remarquer par son comportement rebelle, déjanté et nihiliste, rejetant toutes les règles de prestige et de bonne conduite avec l’aisance d’un malade mental. Il s’attire très vite les foudres de l’un des meilleurs élèves de l’école, Bif (Scott McGinnis), qui va tout faire pour lui mettre des bâtons dans les roues et le faire renvoyer de l’école. Mais son coup de foudre avec Tracey Hoover (Jonna Lee), la charmante fille du fondateur de l’école, va complètement remettre en question sa façon de voir les choses et va l’encourager à améliorer sa conduite et à rentrer progressivement dans les rangs. Mais les choses deviennent vite difficile entre Tracey et Eddie, et ce dernier n’aura plus qu’une idée en tête : conquérir définitivement le coeur de sa belle, tout en évitant d’être démasqué. Et comme si cela ne suffisait pas, Palmer, qui était censé partir en Europe, est de retour et vient rentre une petite visite surprise à Eddie. Pour finir, le bookmaker a retrouvé la trace d’Eddie et commence à lui mener la vie dure, multipliant les ultimatums.

‘Making the Grade’ est ce type de comédie pour ado typique des années 80, mené à un rythme effréné à grand renfort d’acteurs branchés, de dialogues percutants, de situations loufoques et de musiques pop ‘eighties’. Judd Nelson débutait alors sa carrière d’acteur avec ce film délirant, l’acteur s’étant très vite spécialisé par la suite dans le registre de la comédie (‘Fandango’, ‘The Breakfast Club’, ‘St. Elmo’s Fire’, etc.). Le film de Dorian Walker égratigne au passage le monde très clos des écoles privées pour les jeunes de familles riches. On y passe en revue toutes les conventions sociales et scolaires de cet univers fermé sur lui-même, dans lequel les enseignants semblent tous être à côté de la plaque. Les étudiants ne sont quand à eux qu’une bande de joyeux gus qui ne pensent qu’à s’amuser et qui ne ratent pas une seule occasion pour commettre les pires stupidités qui soient. Les gags et les situations loufoques s’enchaînent à un rythme effréné (scène du coach qui regarde un film porno avec les étudiants au moment où le directeur les surprend et où le coach se fait soudainement passer pour un redresseur de tort venu vilipender les élèves) avec une galerie de personnages décalés qui tentent de se donner un look B.C.B.G. totalement ringard et hilarant. L’arrivée d’Eddie à la Hoover Academy vaut déjà son pesant de cacahuètes, l’acteur portant un costard rouge d’une vulgarité sans nom à mourir de rire. Voilà en tout cas une petite comédie ‘eighties’ injustement tombée dans l’oubli, et qui mériterait d’être redécouverte!

La production musicale de ‘Making the Grade’ s’est faite dans le chaos le plus absolu. A l’origine, le directeur du département musique de la Cannon Films Richard Kraft (qui travaille aujourd’hui en tant qu’agent de compositeur à Hollywood) voulait engager Danny Elfman sur ce film. Mais les producteurs rejetèrent l’idée et préfèrent engager Basil Poledouris, qui, en 1984, venait déjà de se faire remarquer pour quelques scores tels que le mythique ‘Big Wednesday’ (1978), ‘The Blue Lagoon’ (1980), ‘Conan the Barbarian’ (1982) ou bien encore ‘Red Dawn’ (composé la même année que ‘Making the Grade’). Si la composition du score de ‘Making the Grade’ s’est déroulée dans de bonnes conditions, on ne pourra pas en dire autant de son exploitation par la suite durant la post-production du film. Effectivement, Richard Kraft trafiqua les mentions de copyright des morceaux et les noms du compositeur et des interprètes en déclarant que toute la musique était placée dans le ‘domaine public’ afin d’économiser de l’argent tout simplement parce que la compagnie refusait de payer les taxes de droits de réutilisation (re-use fees). De l’argent qui devait revenir à Basil Poledouris fut aussi détourné, et le tout se termina par le renvoi direct de Richard Kraft qui devint par la suite agent de musicien à Hollywood. Cela paraît difficile à croire, et pourtant, c’est bel et bien ce qui est arrivé sur ce film. Heureusement, ce malheureux acte de malhonnêteté n’en a pas affecté pour autant la composition de la musique de Basil Poledouris, qui s’apparente à une joyeuse partition comédie empreinte de touches parodiques et d’humour. Grâce à la récente édition du score en CD Club de chez Varèse Sarabande, le public béophile peut enfin redécouvrir ce vieux score du compositeur de ‘Robocop’ et ‘Conan’, à une époque où il avait encore de l’inspiration et de l’imagination à revendre.

Le score de ‘Making the Grade’ se distingue avant tout par son utilisation de pièces pastichant la musique classique et baroque. Ainsi, la partition repose sur un superbe thème principal mémorable, l’hymne de la ‘Hoover Academy’, une fanfare solennelle et majestueuse évoquant le prestige apparent de l’école avec un côté très british et ironiquement décalé dans le contexte loufoque du film. L’hymne de l’école sera ainsi présent tout au long du film, développé à travers de multiples variantes toujours empreinte d’un certain humour. ‘Palmer’s Mansion – Robin Hood’ évoque quand à lui le manoir de Palmer, morceau entendu au début du film et qui pastiche ici aussi la musique baroque avec son introduction de trompettes en ré évoquant Haëndel ou Purcell. La mélodie gracieuse et nostalgique de ‘Palmer’s Mansion’, jouée par un hautbois avec cordes et clavecin, est quand à elle complètement en décalage avec la scène chez Palmer. Poledouris s’amuse par la suite à varier les genres et les ambiances avec un même objectif: l’humour! La scène où Muffy (Patrice Watson) se glisse dans la chambre de Biff en pleine nuit est illustrée dans ‘Biff and Muffy’ par un rythme jazzy avec batterie, piano, flûte et saxophone pour le côté faussement sensuel de la scène. Autre changement de style radical avec ‘Cary Grant’ dans la scène où Eddie et son complice visionnent un film avec Cary Grant et s’inspirent de ses manières et de sa façon de s’habiller et de bouger en haute société pour une soirée avec les filles (qui nous vaudra quelques scènes de drague bidon totalement hilarantes!). Pour ‘Cary Grant’, Poledouris s’amuse carrément à pasticher les grandes musiques romantiques raffinées du ‘Golden Age’ hollywoodien avec une grâce élégante en utilisant l’orchestre, un violon et un piano dans un style assez sirupeux et forcément empreint d’une profonde ironie sur cette séquence amusante. Le reste du score restera ainsi dans le même ordre d’idée : la caricature et l’humour avant tout!

‘Fire Drill – La Crosse – Hoover Award’ reprend les trompettes baroques de ‘Palmer’s Mansion’ tandis que ‘Diceman’s Dilemma – Shopping for Preppies’ nous permet d’entendre un morceau de clarinette et cordes plus retenu associé à Dice, le bookmaker qui pourchasse Eddie tout au long du film, le morceau lui conférant un côté mafieux assez hilarant dans le film. La seconde partie, accompagnant la scène où Eddie part faire du shopping avant de rencontrer Tracey est illustrée quand à elle avec un mélange cordes/clavecin très réussi, les touches baroques restant toujours présentes pour rappeler avec humour le décalage entre le côté traditionnel et prestigieux de l’école et le comportement déjanté des élèves. Poledouris nous offre même un morceau de violon solo quasiment désaccordé pour ‘Violins for Muffy’ lors d’une scène où Palmer fait l’amour avec Muffy en ayant engagé un violoniste qui joue près d’eux les yeux bandés (on est dans le délire pur ici!).

‘Nicky Buys Hoover – Horse Play – 1st Call to Breakfast’ reprend quand à lui l’hymne de la Hoover Academy dans une superbe version pour chœur d’hommes et orgue aux sonorités ironiquement religieuses, lorsque Nicky (Ronald Lacey), qui se fait passer pour le père de Palmer/Eddie dans le film, décide de faire un don généreux à l’école. La seconde partie, plus rythmée et majestueuse, accompagne la scène où Eddie s’essaie à l’équitation en compagnie de Tracey, Poledouris développant ici des rythmes de siciliennes (croche pointée – double croche – croche) majestueux et héroïques avec les trompettes baroques tandis que la dernière partie reprend l’hymne d’abord joué par des cloches, et que l’on entend à plusieurs reprises dans le film comme une sorte d’appel aux élèves. On pourrait aussi citer l’amusant ‘Class Act – Good Presents’ avec son clavecin baroque, la scène de la remise des diplômes dans ‘Graduation’ reprenant de façon très solennelle l’hymne de l’école à grand renfort de choeur et d’orchestre, sans oublier ‘Making the Grade’, amusante reprise du thème principal version orchestre + synthétiseur kitsch très ‘eighties’. Les derniers morceaux comme ‘Love Montage’ ou ‘Golf Chase’ sont des pièces interprétées aux synthétiseurs avec des sonorités là aussi très connotées années 80 mais qui collent très bien à l’ambiance du film. L’album nous offre même en guise de bonus certaines chansons du film comme ‘Living on the Edge’ ou ‘Double Trouble’, sans oublier un morceau du score non écrit par Poledouris pour ‘The Diceman Cometh’, avec son mélange synthé/rock entendu durant la scène du début où Eddie se fait courser par les hommes de main de Dice (d’où un jeu de mot assez vaseux avec le titre du film, mélange entre le nom Dice et le titre d’une célèbre pièce de théâtre d’Eugene O’Neill, ‘The Iceman Cometh’).

‘Making the Grade’ est une partition somme toute assez étonnante de la part de Basil Poledouris. Le compositeur fait preuve comme d’habitude ici d’un savoir-faire musical évident et lorgne cette fois-ci du côté de la parodie et de l’humour dans un exercice de style qui pouvait s’avérer très risqué mais que le compositeur a parfaitement maîtrisé pour les besoins du film de Dorian Walker. Poledouris évite donc toute vulgarité et opte au contraire pour un classicisme d’écriture faussement raffiné, en décalage complet avec le ton loufoque du film (d’où le formidable impact de la musique dans le film). L’hymne de la Hoover Academy reste quand à lui longtemps gravé dans notre esprit même après une première vision du film. Au final, le score de ‘Making the Grade’ fait partie de ces scores de Poledouris injustement tombé dans l’oubli et qui méritent d’être très sérieusement redécouvert (comme le film lui-même) et apprécié à leur juste valeur. Si vous voulez écouter un Poledouris bourré d’humour et de classicisme, procurez-vous rapidement le CD Club de cette bande originale, bonne humeur 100% garantie!


---Quentin Billard