1-Ironclad 3.55
2-Beach Attack! 1.22
3-Here We Go! 2.22
4-Calliope At Night 1.17
5-Mosque 2.43
6-Into The Unknown 2.05
7-Kazim's Theme 2.31
8-Hold Tight! 3.18
9-Hold Tighter! 2.56
10-Discovery At Asselar 1.57
11-Eva Investigates 1.15
12-Kazim Arrives 4.25
13-Fight In Asselar 2.06
14-Death In The Desert 2.55
15-Ambush 3.05
16-Bonding 2.19
17-A Clue 2.22
18-Desert Trek 2.40
19-All Aboard! 2.38
20-Solar Plant 3.07
21-Truck Escape 1.18
22-Desert Heat 2.02
23-Land Yacht 1.15
24-Dirk's Got A Plan 1.16
25-Burn Tower 6.25
26-Bomb Alley/
Ironclad Revealed/Victory 9.48
27-Celebration 1.29
28-Rock On! (Ironclad Remix) 3.52

Musique  composée par:

Clint Mansell

Editeur:

Bulletproof/Rykodisc
RCD-10819

Album produit par:
Clint Mansell
Producteur exécutif pour
Bulletproof Recording Company, Inc:
Ralph Sall

(p) & (c) 2005 Bristol Bay Productions LLC under exclusive license to Bulletproof Recording Company, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
SAHARA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Clint Mansell
C’est bien connu: c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes ! Partant de ce fameux adage populaire, le réalisateur Breck Eisner nous offre un ‘Sahara’ placé sous le signe de l’aventure et de l’action non-stop en s'inspirant des grands classiques du genre, à commencer par les 'Indiana Jones' de Spielberg. L’explorateur et aventurier Dirk Pitt (Matthew McConaughey) et son associé et ami Al Giordino (Steve Zahn) se mettent en tête de découvrir l’épave d’un cuirassé confédéré de la guerre de sécession qui, selon une légende, reposerait quelque part en Afrique du sud, dans le désert du Sahara. Avec ses collègues de la NUMA (National Underwater and Marine Agency), Pitt organise une expédition périlleuse du côté du Mali et du Niger. Sur le chemin, il croise la route du Dr. Eve Rojas (Penélope Cruz), qui travaille pour l’OMS. Rojas enquête sur une mystérieuse épidémie qui ravage les peuples du Mali et du Niger. Les deux individus se retrouvent finalement embarqués dans une même aventure, alors que leurs enquêtes respectives convergent vers un même point commun: celui de la mystérieuse épidémie. Ils découvrent en fait que le pays est dirigé d’une main de fer par un sinistre dictateur, le général Kazim (Lennie James). Le dictateur s’est associé avec un richissime industriel français, Yves Massarde (Lambert Wilson), qui possède une usine de traitements de déchets nucléaires implantés au beau milieu du Sahara. Ils comprennent alors que l’épidémie provient en réalité des produits que laisse échapper l’usine dans les eaux du Niger. Ils vont devoir tout mettre en oeuvre pour empêcher une future catastrophe écologique et stopper les agissements du dictateur sanguinaire.

‘Sahara’ est une sorte de ‘Indiana Jones’ version 2005. On y retrouve ce même goût pour l’aventure à l’ancienne, avec ses traditionnels exploits héroïques et ses grands moments de bravoure. Mais n’est pas Spielberg qui veut ! Le film a beau être impressionnant techniquement, il n’en demeure pas moins bien fade comparé à la saga des ‘Indiana Jones’, qu’il tente ici d’imiter mais en vain. Le scénario, pourtant intéressant (comment une expédition scientifique se transforme en double affrontement contre un industriel crapuleux et un dictateur fou), part très vite dans la seconde partie du film dans une succession de stéréotypes et de touches d’humour vaseuses. Matthew McConaughey n’a quand à lui pas le charisme d’un Harrison Ford, et Penélope Cruz a beau être une très grande actrice, elle paraît peu à l’aise dans ce film (son personnage devient complètement effacé dans la dernière partie du film!). Dommage, car le couple McConaughey/Cruz a pourtant un certain charme tout au long du film. Dommage aussi que les personnages soient aussi stéréotypés (le gentil héros aventurier, le méchant français très riche, etc.). On appréciera néanmoins le fun qui se dégage de la plupart des grosses scènes d’action du film (affrontement sur le toit de l’usine, course poursuite avec le train dans le désert, affrontement en bateau sur la rivière, etc.) et l’humour quasi systématique, qui nous rappelle constamment l’objectif premier de ‘Sahara’ : nous divertir coûte que coûte sans jamais se prendre la tête. On voyage, on s’amuse, on vit une grande aventure, bref, ‘Sahara’ n’a beau être qu’une pale imitation de ‘Indiana Jones’ à la sauce Breck Eisner, il n’empêche que le film n’en demeure pas moins pour autant très divertissant.

La musique de ‘Sahara’ a été confiée à Clint Mansell, compositeur anglais très remarqué depuis sa partition pour ‘Requiem for a Dream’ en 2000. Le score de ‘Sahara’ est un peu particulier dans le sens où l’on sent ici une très nette influence du compositeur David Arnold, et ce tout au long de la musique. Chose étrange, c’est Nicholas Dodd, orchestrateur attiré de David Arnold, qui a signé ici les orchestrations de ‘Sahara’. Coïncidence ? Probablement pas, d’où une certaine polémique au sujet de qui a réellement fait quoi sur ‘Sahara’ (et aussi une polémique très vivace au sujet de Nicholas Dodd, qui selon certaines rumeurs non confirmées, aurait fait plus que de l’orchestration sur certains scores d’Arnold...). Quoiqu’il en soit, la BO de ‘Sahara’ porte la marque de l’aventure et de l’action en grande pompe. Le score s’articule autour d’un thème principal grandiose à souhait, ‘Ironclad’, introduit dès le début du film. Ce thème joué par des cuivres sur fond de percussions et de choeurs d’hommes épiques est associé au cuirassé mythique que poursuit Dick et ses compagnons tout au long du film. Il s’agit d’un véritable thème d’aventure ample, puissant et majestueux comme on les aime, qui rappelle par moment certains passages du ‘Stargate’ de David Arnold. A noter ici l’utilisation d’un motif de 3 notes de trompettes juxtaposé à la mélodie principale, qui revient régulièrement, et qui fait penser là aussi à certaines sonorités de musiques de David Arnold (autant le dire de suite, ce genre d’affirmation risque de revenir souvent tout au long de cette critique, tant il paraît difficile de percevoir ici le style musical de Clint Mansell!). Avec ‘Ironclad’, la partition de ‘Sahara’ débute donc en grande pompe et nous promet une grande aventure en perspective!

Avec ‘Beach Attack !’, Mansell met en place ses percussions exotiques/orientales évoquant les décors du Sahara pour la scène sur la plage vers le milieu du film. Les sonorités orientales se mélangent sur fond de martèlement rythmique symbole d’action et d’aventure. Le départ vers l’aventure et la remontée de la rivière du Niger est accompagnée par un superbe ‘Here We Go’ qui se distingue par sa rythmique cool entraînante et ses chants africains agréables, dans un style clairement inspiré de la World Music/Fusion. Idem pour un morceau plus rythmé que l’on retrouvera vers la fin du film, ‘Truck Escape’, écrit et interprété à la façon d’une musique africaine traditionnelle avec claquements de main, petites percussions, instruments ethniques arabisants et chants africains. ‘Mosque’ développe quand à lui des sonorités plus proches des musiques du Moyen-Orient tandis que ‘Into The Unknown’ reprend les choeurs africains de ‘Here We Go’ sur un rythme entraînant, métissé avec un orchestre symphonique traditionnel. Le cruel dictateur a même droit à son propre thème aux sonorités arabisantes dans ‘Kazim’s Theme’ où Mansell utilise les percussions ethniques avec quelques nappes de synthé sombres et une flûte grave exotique. Le thème de Kazim est guère mémorable en comparaison de l’excellent thème principal mais se distingue néanmoins par son mélange de sonorités orientales sombres et menaçantes, parfaite pour le grand méchant du film. On le retrouvera par la suite dans des morceaux comme ‘Kazim Arrives’ pour évoquer les déplacements des troupes du dictateur et son côté dangereux et omniprésent. Evidemment, l’action n’est pas en reste, avec, pour commencer, un excitant ‘Hold Tight!’ évoquant la scène d’affrontement en bateau sur fond de percussions frénétiques, d’orchestre déchaîné (avec un pupitre de cuivres prédominant) et un motif de 3 notes aux sonorités clairement inspirées des musiques des ‘James Bond’, autre influence incontestable sur le score de ‘Sahara’. Ce motif de cuivres à la ‘James Bond’ revient d’ailleurs dans la plupart des morceaux d’action du score de Mansell – là aussi, on pense par exemple aux récentes musiques de David Arnold pour les dernières aventures de l’agent 007 (temp-track?), et plus particulièrement ‘Tomorrow Never Dies’. L’action se prolonge dans le non moins excitant ‘Hold Tighter!’ pour la suite de cette grosse séquence d’action. A noter à la fin de ‘Hold Tight!’ une superbe envolée héroïque du thème principal qui se transforme ici en thème d’action.

Les passages atmosphériques et sombres comme ‘Discovery at Asselar’ paraissent moins percutants et moins mémorables mais ils remplissent quand même parfaitement leur fonction en représentant ici la menace des méfaits de la mystérieuse épidémie qui ravage les habitants de cette région d’Afrique du sud. A noter ici la présence de Natacha Atlas, célèbre chanteuse belge spécialiste du chant du Moyen-Orient qui – autre coïncidence – avait déjà participé au ‘Stargate’ de David Arnold. ‘Death in the Desert’ développe quand à lui sonorités électroniques et orientales pour un morceau plus calme et mélancolique évoquant les méfaits tragiques du dictateur, à l’instar de l’intime ‘Bonding’. Le compositeur nous offre même un rare moment plus optimiste dans ‘A Clue’ lorsque Dirk et ses compagnons découvrent un indice prouvant l’existence de l’épave du cuirassé dans cette région d’Afrique. Mansell met ici l’accent sur un orchestre aux sonorités plus légères et cristallines avec un chœur féminin symbolisant l’émerveillement de cette découverte (ici aussi, impossible de ne pas penser au style de David Arnold!). Mais c’est l’action qui prédomine dans la seconde partie du score et du film, comme le confirment de superbes déchaînements orchestraux tels que ‘Fight in Asselar’ reprenant les percussions endiablées de ‘Hold Tight!’ ou ‘Ambush’ et son côté plus agressif. Et comme si cela ne suffisait pas, on continue de plus belle avec l’excitant ‘All Aboard!’ et sa superbe reprise du thème d’action et son motif à la James Bond, le tout traversé de quelques belles envolées héroïques influencée du ‘The Mummy’ de Jerry Goldsmith, pour la séquence où Dirk et ses compères grimpent à bord d’un train en direction de l’usine du méchant français. Le thème d’action revient en grande pompe dans le massif ‘Land Yacht’ pour la scène où Dirk et ses amis construisent un yacht tout terrain à l’aide de la carcasse d’un avion récupéré dans le désert.

On reprend temporairement son souffle dans le très beau ‘Dirk’s Got A Plan’ qui possède un côté plus optimiste avec ses cordes plus lumineuses symbolisant l’espoir alors que Dirk monte un plan visant à défaire l’industriel français et ses sinistres desseins. ‘Burn Tower’ évoque ainsi cet affrontement dans l’usine de déchets nucléaires durant près plus de 6 minutes particulièrement intenses et assez jouissives, sans oublier le climax du film, ‘Bomb Alley/Ironclad Revealed/Victory’ pour l’affrontement final contre Kazim et ses troupes, nos héros s’étant caché dans l’épave du cuirassé qu’ils ont finalement découverts et qu’ils utilisent dorénavant comme arme contre les troupes du dictateur. Si vous adorez les gros morceaux d’action tonitruants et totalement déchaînés, ce long morceau de près de 10 minutes devrait vous ravir pleinement, même si là aussi, difficile de s’ôter de la tête l’influence indiscutable de David Arnold dans ce morceau d’action aux rythmes frénétiques. On termine sur le superbe ‘Celebration’ qui reprend les chants africains sur une conclusion orchestrale grandiose et majestueuse en forme de célébration de la victoire, l’album nous offrant en guise de bonus un remix rock de ‘Ironclad’, le grand thème principal de la partition de ‘Sahara’ dans une version rock/électro particulièrement prenante sans être exceptionnelle.

On aura rarement entendu un score aussi embourbé dans ses influences, que ce soit celles de David Arnold (‘Stargate’, ‘Tomorrow Never Dies’) ou de Jerry Goldsmith (‘The Mummy’). Il paraît évident que Clint Mansell a du se plier ici aux exigences très précises des producteurs qui souhaitaient sans aucun doute avoir David Arnold sur ce film, et qui à défaut de se payer les services du compositeur ont fait appel à Clint Mansell et à l’orchestrateur Nicholas Dodd pour élaborer une partition d’action/aventure ‘à la David Arnold’. On pourrait évidemment reprocher amplement ce très gros défaut trahissant un manque d’imagination flagrant de la part des producteurs du film, mais ce serait passer à côté des réelles qualités de cette solide partition d’aventure/action orchestrale dans la plus pure tradition hollywoodienne du genre. Clint Mansell nous livre ainsi un score totalement décomplexé bourré de fun et d’énergie, tout à l’image du très divertissant film de Breck Eisner. Son thème principal, sans posséder l’impact d’un grand thème d’aventure à la John Williams, laisse néanmoins un très bon souvenir, le tout incorporé à un score rempli de morceaux d’action purement jouissifs et de sonorités orientales de qualité. Visiblement, le compositeur semble s’être fait plaisir en écrivant la musique de ce film, même si l’ensemble est totalement impersonnel au maximum. Une fois encore, on pourra se demander qui a fait quoi sur cette musique, chacun étant libre de se forger ses propres théories et ses propres opinions. Quoiqu’il en soit, voilà en tout cas un solide score d’aventure/action à l’hollywoodienne qui devrait ravir tous les fans des grosses BO symphoniques à la David Arnold!


---Quentin Billard