Score de Ron Goodwin

1-Battle of Britain Theme 1.25
2-Ace High March 3.35
3-The Lull Before The Storm 1.40
4-Work and Play 2.30
5-Death and Destruction 1.26
6-Briefing the Luftwaffe 1.18
7-Prelude to Battle 3.24
8-Victory Assured 2.16
9-Defeat 1.28
10-Hitler's Headquarters 0.58
11-Return to Base 0.48
12-Threat 1.25
13-Civilian Tragedy 1.11
14-Offensive Build-Up 3.47
15-Attack 1.02
16-Personal Tragedy 0.47
17-Battle in the Air 4.54*
18-Absent Friends 1.07
19-Battle of Britain Theme -
End Title 2.59

Score de Sir William Walton

20-Introduction March and
Battle of Britain March 2.18
21-The Young Siegfrieds 1.24
22-Luftwaffe Victory 1.18
23-The Few Fight Back 1.53
24-Cat and Mouse 2.54
25-Scherzo 'Gay Berlin' 1.21
26-Dogfight 1.30
27-Scramble/Battle in the Air 5.41
28-Finale: Battle of Britain March 2.30

*Morceau écrit par William Walton.

Musique  composée par:

Ron Goodwin/Sir William Walton

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 153 2

Producteur exécutif:
Robert Townson
Sir William Walton Score Restoration
Produit par:
James Fitzpatrick

Artwork and pictures (c) 1969/2004 Metro-Goldwyn-Mayer Inc. All rights reserved.

Note: ****
BATTLE OF BRITAIN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ron Goodwin/Sir William Walton
Célèbre film de guerre de 1969 réalisé par le français Guy Hamilton, ‘Battle of Britain’ (La bataille d’Angleterre) nous transporte dans un épisode particulier de l’histoire de la 2de Guerre Mondiale, celui de l’entrée en guerre de l’Angleterre contre les troupes nazies vers le début du conflit. Tout commence le 30 juillet 1940, alors que Goering, l’un des principaux lieutenants d’Hitler, dirige la Luftwaffe, un escadron aérien allemand chargé d’attaquer l’Angleterre au cours de ce qu’il annonce comme une ‘grande bataille aérienne’ contre la RAF, la Royal Air Force. Après la chute de la France, Hitler se met alors en tête de conquérir l’Angleterre dirigée à cette époque par Winston Churchill, l’Angleterre étant le dernier pays européen qui résiste encore à l’invasion allemande en 1940. Près de 700 avions sont alors envoyés au cours d’une première bataille aérienne qui tourne en la défaveur des nazis. Hitler réplique alors en ordonnant dès le 7 septembre 1940 le bombardement de Londres. Les bombes touchent différents quartiers populaires et endommagent une bonne partie du Buckingham Palace. Autre problème, les récents affrontements aériens ont causés pas mal de dégâts du côté de la RAF, et les pilotes commencent à manquer dangereusement. Mais la stratégie élaborée par Goering a une faille, car elle oblige les avions allemands à attaquer de nuit par vague de 150 à 200 appareils à la fois, afin de limiter les dégâts et d’éviter la défense anglaise. Le chef de l’aviation anglaise Sir Hugh Dowding (Laurence Olivier) envoie alors des renforts pour lutter contre l’aviation allemande alors à découvert, et très vite, les Spitfires de la RAF finissent par prendre le dessus, obligeant Hitler à abandonner définitivement toute tentative d’invasion de l’Angleterre. Pour le peuple britannique, cette bataille a fait la fierté de la RAF qui a su prouver son héroïsme et sa détermination au cours de ce conflit majeur du début du la 2de Guerre Mondiale.

Le film de Guy Hamilton est une superbe reconstitution des différentes étapes de cette bataille d’Angleterre, vue essentiellement du point de vue des aviateurs anglais mais aussi du côté des troupes allemandes. En ce sens, ‘Battle of Britain’ est une grande réussite tant les séquences de combats aériens – nombreuses tout au long du film – sont filmées avec maestria et virtuosité pour un rendu visuel impressionnant pour l’époque. On pourra même reprocher au film de contenir un peu trop de scènes de batailles aériennes qui s’enchaînent systématiquement à un rythme effréné avec peu de temps morts, tout le contraire par exemple d’un film comme ‘Midway’ (1976) qui tombait quand à lui dans l’excès inverse (beaucoup de scènes de préparatifs militaires et peu de scènes de batailles à proprement parler). Au moins, ‘Battle of Britain’ ne déçoit pas dans le sens où il promet quelque chose qu’il nous offre sans retenue: une énorme reconstitution des batailles aériennes entre la RAF et l’aviation nazie en 1940. Evidemment, comme souvent dans ce type de film, le casting est particulièrement impressionnant, réunissant quelques stars comme Michael Caine, Laurence Olivier, Christopher Plummer, Ian McShane, Robert Shaw, Susannah York, Nigel Patrick, Curd Jürgens, Trevor Howard, etc. Certes, le parti pris du film paraît ici plus qu’évident, car malgré le réalisme du film et la qualité des scènes de batailles aériennes, le film prend clairement le parti de l’aviation anglaise en vantant le mérite et le courage de ces jeunes pilotes qui étaient pour la plupart inexpérimentés lorsque les avions allemands attaquèrent dans la Manche dès 1940. Malgré ses quelques longueurs et sa quantité parfois un peu excessive de scènes de batailles aériennes, ‘Battle of Britain’ n’en demeure pas moins un film de guerre de qualité, sans aucun doute l’un des grands classiques du genre en cette fin des années 60!

La musique de ‘Battle of Britain’ était prévue à l’origine pour le compositeur anglais Sir William Walton. Il faut savoir que c’est grâce à la demande explicite de Laurence Olivier (interprète de Sir Hugh Dowding dans le film) que William Walton fut engagé sur ce film (épaulé par Malcolm Arnold, autre spécialiste de musiques de film de guerre qui dirige ici l’orchestre), le compositeur ayant écrit auparavant bon nombre de musiques pour des pièces de Shakespeare interprétées par Laurence Olivier. Mais il faut croire que la musique écrite par Walton n’aura pas réussi à satisfaire les producteurs du film puisque la partition du compositeur fut partiellement rejetée au profit d’une nouvelle musique de Ron Goodwin. Pour l’anecdote, il faut savoir que Walton appris le rejet de sa musique par le biais des journaux, alors qu’aucune personne du film n’a eu le courage de le lui avouer (décidément, cela devait être fréquent à cette époque puisque c’est exactement ce qui est arrivé à Alex North sur ‘2001 A Space Odyssey’). A noter que Ron Goodwin est un spécialiste des musiques de film de guerre puisqu’il a déjà écrit les partitions de films tels que ‘633 Squadron’ (1964), ‘Operation Crossbow’ (1965), ‘Submarine X-1’ (1968), ou bien encore ‘Where Eagles Dare’ (1968). La partition de Ron Goodwin pour ‘Battle of Britain’ s’inscrit alors dans la veine de ses précédents travaux, une grande partition symphonique martiale, solide et vigoureuse, menée par deux thèmes principaux grandement mémorables. Le premier thème n’est autre que le ‘Battle of Britain Theme’, fanfare héroïque dans la plus pure tradition hollywoodienne du genre rappelant les grandes mélodies chevaleresques du Golden Age hollywoodien façon Korngold. Ce thème de marche, dominé par les trompettes et les percussions militaires est associé tout au long du film aux exploits des pilotes de la RAF. Le second thème est une marche fameuse, la ‘Ace High March’, associée dans le film à la Luftwaffe nazie. Ecrite dans la grande tradition des marches militaires allemandes, la ‘Ace High March’ renforce le côté déterminé des nazis avec une marche somme toute étonnamment joyeuse et enjouée pour illustrer les ennemis, une idée intéressante que le compositeur assume complètement tout au long de sa partition. Avec ces deux thèmes principaux, Ron Goodwin élabore une grande partition symphonique qui sera bien mise en valeur tout au long du film.

Le compositeur n’en oublie pas pour autant le côté plus humain et dramatique du film, comme le confirme un morceau comme ‘The Lull Before The Storm’ dominé par des cordes/vents plus apaisé à l’ambiance quasi pastorale, évoquant le calme avant la tempête chez les pilotes de la RAF. ‘Work and Play’ évoque de son côté les nazis installés en France à l’aide d’une très belle mélodie de cordes inspirée du postromantisme allemand de la fin du 19ème siècle façon Wagner ou Strauss. Ici aussi, Goodwin évite tout schéma manichéen dans sa musique et confère une certaine émotion aux allemands, même si cette émotion cache en réalité un second degré témoignant d’un parti pris évident de la part des concepteurs du film (il aurait paru bien hasardeux de glorifier les allemands dans ce film!), compte tenu du fait que le compositeur est britannique et qu’il semble évident que le sujet du film a du le toucher personnellement et l’inspirer particulièrement. ‘Death and Destruction’ marque ainsi le début des hostilités entre les deux troupes ennemies, alors que les allemands commencent à bombarder des sites aériens anglais. La musique se veut ici plus sombre, Goodwin accentuant les dissonances et les sonorités graves de l’orchestre, cuivres et percussions à l’appui. On retrouve ce côté sombre dans les préparatifs allemands de ‘Briefing the Luftwaffe’, qui nous permet de réentendre au passage une variante de la marche allemande, le tout aboutissant à un ‘Prelude to Battle’ plus agité marquant le début de la bataille d’Angleterre. C’est l’occasion pour le compositeur de dévoiler sa superbe fanfare héroïque associée à la RAF.

Le reste de la partition oscille ainsi entre développements thématiques (‘Victory Assured’, ‘Hitler’s Headquarters’ et sa solide reprise de la marche allemande lors du speech d’Hitler, etc.) et morceaux d’action d’une énergie redoutable sur les images des affrontements aériens. On ne pourra ainsi qu’adhérer à l’enthousiasme de l’envolée héroïque de ‘Return to Base’, du côté massif et dissonant de ‘Defeat’ ou de la noirceur dramatique de ‘Civilian Tragedy’ pour la scène de l’après bombardement sur Londres, lorsque les survivants constatent avec effroi l’étendue des dégâts. Les scènes de bataille sont illustrées pour la plupart par des déchaînements orchestraux dominés par les cuivres et les percussions dans la grande tradition du genre, comme le confirment ‘Offensive Build-Up’ et ‘Attack’. Mais le climax du film est atteint grâce à l’unique morceau du score rejeté de William Walton qui a été retenu pour le film, le fameux ‘Battle in the Air’, grand classique du répertoire symphonique du compositeur anglais. Cet inoubliable déchaînement orchestral virtuose de plus de 5 minutes apporte à la longue séquence de la bataille aérienne finale tout son lot de fureur, d’intensité et de chaos absolu. Afin d’accentuer l’impact de la musique sur les images, il a été décidé de supprimer tous les bruitages de la scène, entièrement portée par la musique qui peut ainsi s’exprimer seule, transformant la séquence en une véritable chorégraphie aérienne d’une efficacité redoutable. Le morceau se veut agressif, dominé par le pupitre des cuivres et des percussions (à noter les effets de flatterzunge (roulements de la langue) violents des trompettes lors de plans où l’on voit des avions se faire abattre. A noter que ‘Battle in the Air’ semble avoir servi d’inspiration à Hans Zimmer pour ‘The Battle’ du score de ‘Gladiator’ (2000), un morceau qui s’inspirait déjà d’un autre grand compositeur, Gustav Holst. Décidément, ‘Battle in the Air’ est sans aucun doute l’un des atouts majeurs de cette partition, et l’on ne peut que féliciter les producteurs pour avoir la présence d’esprit d’utiliser ce superbe morceau parfait pour cette bataille aérienne finale, une superbe pièce symphonique spectaculaire et toute à l’honneur du compositeur. Quelques mots au sujet du reste de sa partition rejetée, qui contient un ‘Battle of Britain Theme’ moins orienté sur le côté héroïque/martial mais plus sur le côté hymne solennel, qui semble coller nettement moins bien au film. Le reste du score de William Walton s’avère être très écrit – comme celui de Goodwin – et par moment assez raffiné et plein d’esprit, comme le dansant et ironique ‘Scherzo Gay Berlin’, sans oublier quelques morceaux d’action savoureux comme ‘The Few Fight Back’ ou ‘Dogfight’.

Grand classique des musiques de film de guerre hollywoodien à l’ancienne, ‘Battle of Britain’ est ce genre de partition savoureuse que l’on apprécie au fil des écoutes et qui ne cesse de se bonifier avec le temps. La musique de Ron Goodwin apporte son lot d’héroïsme, d’émotion et de morceaux de bravoure au film de Guy Hamilton tandis que le morceau de la bataille finale signé William Walton est d’une efficacité redoutable et d’une intensité remarquable pour cet affrontement final. Les deux compositeurs se sont montrés visiblement très inspirés par leur sujet, motivés – pourrait on penser – par leur nationalité (comme dit précédemment, ce sont deux compositeurs anglais) et leur savoir-faire musical exemplaire. ‘Battle of Britain’ s’inspire d’un certain langage musical britannique classique (on pense par moment à Holst ou Elgar dans certaines parties du score de Walton) pour retranscrire avec brio et énergie toute la fureur et l’intensité dramatique de ces combats aériens qui furent décisif pour l’avenir de l’Angleterre au début de la 2de Guerre Mondiale. Voilà en tout cas un grand classique des musiques de film de guerre hollywoodien à ne surtout pas manquer, un score martial, héroïque et sombre à savourer avec la récente réédition chez Varèse Sarabande, incluant les deux scores, celui de Goodwin et de Walton. Excellent, tout simplement!


---Quentin Billard