Disc 1

1-Welcome To The Jungle 2.52
2-Chat 2.02
3-Up On The Roof 3.27
4-First Carnage 2.35
5-Feds On The Case 0.44
6-Swinging Rude Boys 5.33
7-Last Person/Danny Gets It 4.30
8-Stay Out Of My Way 0.31
9-Mystery Dart 1.32
10-Truly Dead 5.25
11-Kid Commando 0.34
12-Rest In Pieces 1.36
13-Subway Predator 5.22
14-Tunnel Chase 5.17
15-This Is History 7.11

Disc 2

1-Meat Locker 3.29
2-Ugly Mother 3.40
3-Birds 2.33
4-The Doctor 3.44
5-Elevator Shaft 1.45
6-Dem Bones 4.29
7-More Than One 2.34
8-Came So Close/End Credits 9.09

Bonus Tracks

9-Hardcore Logo 1.26
10-Dem Bones (extended album mix) 4.29
11-Danny Gets It (extended
album mix) 4.20
12-Tunnel Chase (extended
album mix) 5.17
13-This Is History (extended
album mix) 6.40
14-Wild Predator Voices 2.11

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Varèse Sarabande VCL 1114 1151

Produit par:
Alan Silvestri
Edition Deluxe produite par:
Nick Redman
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction musique pour
la 20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Orchestrations:
James B. Campbell
Assistant du producteur:
David Bifano
Monteur musique:
Kenneth Karman
Orchestre:
The Skywalker Symphony Orchestra
Préparation musique:
Steven L. Smith
Assistante montage:
Jacqueline Tager
Restaurant et mix score:
Mike Matessino
Mastering:
Dan Hersch

Edition limitée à 3000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1990/2014 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: *****
PREDATOR 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Grand succès cinématographique de l’année 1987, « Predator » imposa Arnold Schwarzenegger comme une star des films d’action et John McTiernan comme un spécialiste des réalisations musclées (l’année suivante, il réalisait « Die Hard »). Face au succès de « Predator », la 20th Century Fox envisagea rapidement la mise en chantier d’une suite censée se dérouler dix ans après les événements du premier film. Le scénario initial devait même prévoir le retour du personnage de Dutch Schaeffer, campé par Schwarzy, mais ce dernier rejeta la proposition, n’appréciant guère le nouveau script qui se déroulait cette fois-ci dans un tout autre type de jungle : la ville de Los Angeles. Le scénario fut donc quelque peu remanié : le personnage de Dutch fut remplacé par celui de Peter Keyes, campé dans le film par Gary Busey (John Lithgow fut un temps pressenti pour interpréter le rôle) et le film fut finalement confié à Stephen Hopkins, jeune réalisateur jamaïcain de 32 ans connu pour son thriller « Dangerous Game » tourné en 1987 et « A Nightmare On Elm Street Part 5 » réalisé en 1989 (John McTiernan se vit offrir l’opportunité de tourner « Predator 2 », mais il préféra faire à la place « Hunt for the Red October »).

L’histoire se déroule à Los Angeles en 1997. Une guerre fait rage dans les rues de la ville entre les cartels colombiens de la drogue et les forces de police, alors que la ville est accablée par une chaleur écrasante. Tout en haut du toit d’un building, un être invisible et mystérieux observe le conflit qui dévaste les rues du boulevard principal de Los Angeles. C’est alors qu’entre en jeu le lieutenant Mike Harrigan (Danny Glover), qui s’illustre par ses méthodes expéditives et violentes. Avec l’aide de ses coéquipiers Leona Cantrell (Maria Conchita Alonso) et Danny Artchuletta (Rubén Blades), Harrigan investit un immeuble où se sont retranchés le gangster El Scorpio et sa bande. A leur arrivée sur les lieux, ils découvrent un spectacle horrible : tous les hommes ont été massacrés, les murs sont recouverts de sang et aucune trace n’a été retrouvée sur les lieux. El Scorpio ressurgit alors, paniqué et terrorisé, mais Harrigan parvient à le traquer jusque sur le toit de l’immeuble, d’où il fait une chute mortelle. Peu de temps après, Mike et Danny réalisent qu’un nouveau justicier est arrivé en ville et sème le chaos parmi les cartels colombiens et les gangs jamaïcains. Lorsqu’un nouveau carnage a lieu peu de temps après dans un luxueux penthouse de la ville, Harrigan comprend que le mystérieux agresseur est en train de monter en puissance et qu’il faut l’arrêter absolument. Il décide donc de rencontrer King Willie, le grand prêtre vaudou et chef de la secte jamaïcaine de Los Angeles. Ce dernier l’informe de la réelle nature de celui qu’il traque sans relâche : un prédateur venu d’un autre monde, qui chasse les êtres humains comme du gibier pour en faire des trophées.


UNE SUITE MEMORABLE…


« Predator 2 » a souvent été malmené par la critique, et ce dès sa sortie en salles en 1990. Trop souvent sous-estimé ou critiqué en raison de ses quelques erreurs techniques ou parce que l’histoire ne se déroulait plus dans la jungle mais dans la ville, le film de Stephen Hopkins a pourtant tout d’une suite plus qu’honorable. Danny Glover s’impose ici dans le rôle d’un flic violent et tenace face à une menace surnaturelle qui dépasse tout ce qu’il aurait pu imaginer. A ses côtés, on retrouve un casting de stars latinos incluant Rubén Blades (chanteur de salsa et comédien panaméen très célèbre à l’époque), l’actrice et chanteuse vénézuélienne Maria Conchita Alonso ou l’excellent Bill Paxton dans le rôle de Jerry Lambert, jeune recrue téméraire au bagou irrésistible (avec une réplique anthologique et misogyne typique des années 80 : « mais qu’est-ce qu’elle a cette salope ? Elle a ses règles ou quoi ? »). Parmi les seconds rôles, on retrouve quelques têtes bien connues de l’époque à commencer par l’inénérable et survolté Gary Busey, le costaud Adam Baldwin, l’incontournable Robert Davi – qui a du jouer dans la moitié des gros films d’action hollywoodiens des années 80 ! – Kent McCord ou Morton Downey Jr, qui interprète le rôle de Tony Pope, journaliste à sensation et véritable tête à claque, qui donne lieu à une espèce de running gag récurrent dans le film.

« Predator 2 » s’imposa à l’époque comme l’un des films les plus violents tourné en 1990, une année déjà bien chargée en films ultra violents (« Total Recall », « Die Hard 2 », « Robocop 2 », etc.), à tel point que le métrage de Stephen Hopkins fut l’un des tous premiers à recevoir par la MPAA une classification NC-17 (interdit aux moins de 17 ans), obligeant le réalisateur à couper une bonne partie des scènes gores et violentes pour obtenir une classification R selon les desideratas de la Fox. A ce sujet, les fans du film recherchent depuis des décennies le fameux workprint de « Predator 2 » qui contiendrait toutes ces scènes bien connues que Stephen Hopkins a du couper mais qui n’ont jamais été éditées officiellement. Au final, « Predator 2 » est une suite de grande qualité que l’on aurait tort de bouder sous prétexte qu’elle n’est pas réalisée par McTiernan et qu’elle ne se déroule plus dans la jungle. Visuellement, le film est très réussi pour une production de 1990 (même si certains effets ont pas mal vieilli).

Le montage est vif et dynamique, le rythme est parfaitement entretenu et surtout, le predator, à nouveau campé par Kevin Peter Hall, n’a jamais été aussi impressionnant que dans ce film, avec une toute nouvelle armure et de nouvelles armes ultra meurtrières (la lance télescopique, le disque coupant, etc.). Les effets et les maquillages de la créature sont à nouveau l’oeuvre de Stan Winston, qui nous livre une relecture géniale de son célèbre predator, probablement l’un des plus beaux et des plus impressionnants monstres de toute l’histoire du cinéma. Certes, l’effet de surprise a disparu ici, mais le film a la bonne idée de proposer de toutes nouvelles idées qui relance l’intérêt et permettent d’en savoir un peu plus sur la mythologie du Predator : le film baigne dans une ambiance mystique et ésotérique terrifiante, là où le métrage de McTiernan paraissait beaucoup plus terre-à-terre et primitif. Le Predator n’est plus un simple ennemi à combattre, il devient ici une entité maléfique surnaturelle provenant de l’au-delà. A ce sujet, la séquence où la créature affronte King Willie dans une ruelle de la ville est un pur moment d’anthologie digne de figurer dans les annales : Hopkins a eu l’idée géniale de placer la caméra aux pieds de la créature avec son camouflage optique qui se dégrade sous l’effet de l’eau qui ruisselle au milieu de la ruelle.

« Predator 2 » prend alors l’apparence d’une longue succession de scènes d’action anthologiques : la fusillade introductive dans les rues de la ville, le carnage des jamaïcains dans le penthouse (incluant une brève scène érotique très hot), la mort de Danny, le carnage hallucinant dans le métro, la mort de King Willie, la poursuite dans les abattoirs de la ville, la confrontation sur le toit de l’immeuble ou le duel final dans le vaisseau du Predator, autant de scènes inoubliables qui font de « Predator 2 » une suite de grande qualité devenue par la suite un classique du cinéma d’action de la fin des années 80, qui n’a malheureusement pas réussi à trouver son public à sa sorties en salles en 1990 : c’est pourquoi il faudra attendre plusieurs décennies avant de voir arriver un troisième épisode au cinéma ! Le film reste très sanglant, avec des scènes gores parfois intenses et aussi quelques erreurs regrettables (la mort de Peter Keyes, techniquement ratée pour une raison inconnue – probablement dû à la censure ?), mais Hopkins a la bonne idée d’apporter quelques touches d’humour typiquement ‘eighties’ tout en filmant les rues de Los Angeles comme peu de cinéastes l’ont fait auparavant (il faut saluer ici la photographie de Peter Levy et les décors de Lawrence G. Paull !). Certes, il y a des hauts et des bas, mais « Predator 2 » est bien la suite anthologique que méritait pleinement un grand classique du cinéma d’action comme « Predator » !


UNE PARTITION SAUVAGE ET GENIALE…


Il faut croire que le film aura inspiré tous ceux qui ont travaillé dessus, car c’est sans surprise qu’Alan Silvestri est de nouveau engagé par la Fox pour composer la musique de « Predator 2 », après avoir signé l’une des plus grandes partitions de toute sa carrière pour le film de John McTiernan en 1987, et le résultat est, comme on pouvait s’y attendre, tout bonnement excellent, peut être même un cran an dessus du premier « Predator » ! Lorsqu’il arrive sur « Predator 2 », Alan Silvestri venait déjà de livrer quelques classiques comme « Back to the Future », « Back to the Future II », « Who Framed Roger Rabbit ? » ou « The Abyss ». Connu pour ses musiques d’action très personnelles et ses méthodes de composition très reconnaissables – notamment au niveau rythmique et harmonique – Silvestri aborda « Predator 2 » comme un nouveau challenge musical à part entière. C’est pourquoi le compositeur, épaulé ici par les musiciens du Skywalker Symphony Ranch, livre une composition assez unique en son genre de par sa personnalité musicale très reconnaissable et aussi ses quelques expérimentations sonores très particulières, indissociables de l’univers de « Predator 2 ».

En plus d’une grande formation symphonique classique, Silvestri a eu l’idée d’incorporer ici quelques éléments électroniques et de nouvelles idées sonores, avec en particulier la participation du musicien de jazz Ray Pizzi, connu pour son sens inné de l’improvisation et ses nombreuses participations à des albums d’artistes divers (Dizzy Gillespie, Frank Zappa, Ravi Shankar, Henry Mancini, Quincy Jones, Jack Elliot, Lalo Schifrin, et même John Williams). Pour répondre à la dimension mythologique et ésotérique du Predator dans le film, Silvestri a conçu une série de textures sonores inédites associées au monstre à l’écran. Pour cela, il enregistra une série de sons improvisés par Ray Pizzi sur son basson, censés évoquer l’univers sonore de la créature, des sons que l’on pourrait qualifier d’étranges, primitifs, sauvages et effrayants. Mais ce n’est pas tout : en plus des sons du basson, Silvestri a eu l’idée de génie de concevoir un trucage inédit avec l’instrument baptisé pour l’occasion le « hose-oon » : un bout de tuyau d’arrosage dans lequel on place une embouchure de basson et qui, une fois que l’on souffle dedans, produit des effets sonores insolites et bizarroïdes. Le résultat est assez unique en son genre, d’autant qu’en plus de ces sons venus d’un autre monde, Silvestri ira même jusqu’à enregistrer des effets vocaux interprétés et improvisés par le comédien Hal Rayle, puis modifiés par ordinateur pour créer une sorte de voix maléfique et surnaturelle, un sound design insolite là aussi incorporé à la musique du film (sur le double album publié par Varèse Sarabande en 2014, on peut entendre ces effets sonores en guise de bonus sur la piste 14 du CD 2 intitulée « Wild Predator Voices »).


ANALYSE DE LA MUSIQUE DU FILM…


Dès les premiers instants de la musique dans le film, on est frappé par la puissance sonore du score de « Predator 2 » (favorisé sur le double album par un mixage généreux de Dan Hersch, qui efface d’un trait le mixage décevant de l’ancien album de 1990). Pour les besoins du film, Silvestri a fait appel à une pléiade de percussions brésiliennes (un ensemble de congas et de bongos) interprétées par Alex Acuna, Luis Conte et Walfredo Reyes Sr pour reproduire les sons primitifs et sauvages de la jungle, ce qui sert alors de fil conducteur musical avec le premier score de « Predator », et qui illustre habilement l’aspect jungle urbaine du film. Le message est très clair dès « Welcome to The Jungle » : l’ouverture du film pose le ton de toute l’oeuvre : les percussions brésiliennes se déchaînent alors que la caméra aérienne se déplace au dessus de la jungle jusqu’à ce que se dévoilent au loin les buildings de Los Angeles qui font place à un autre type de jungle. L’orchestre explose avec l’apparition du titre « Predator 2 » à l’écran, puis la tension retombe rapidement alors que le predator observe en vue subjective-thermographique- les rues de la ville en proie à une guerre opposant les gangs colombiens aux forces de police. Quelques trémolos mystérieux de cordes nous plongent ici dans une ambiance étrange avec les sonorités du basson et du hose-oon de Ray Pizzi. Niveau composition, on retrouve la personnalité musicale habituelle d’Alan Silvestri dans l’emploi caractéristique d’harmonies mineures enchaînées à la tierce mineure – un tic d’écriture hérité du premier « Predator » -

« Welcome to the Jungle » évolue alors rapidement vers une dimension plus apocalyptique lorsque les cuivres, les cordes et les percussions s’élancent dans un fracas sonore endiablé et parfaitement maîtrisé, suggérant la violence des affrontements urbains et la chaleur écrasante (à noter vers 2:00 les premières allusions mélodiques au fameux thème principal de « Predator » aux trompettes). De la même façon, « Chat » fait monter la tension d’un cran en accélérant le tempo, alors qu’Harrigan s’élance vers les gangsters pour sauver ses deux collègues motards et supprimer les agresseurs qui bloquent les rues de la ville. Le morceau se construit autour des ostinatos rythmiques frénétiques des percussions brésiliennes et d’un orchestre déchaîné ponctué d’allusions cuivrées au thème principal de « Predator ». Dès les premières secondes du film, on est plongé dans de l’action non-stop, avec le retour de ces fameux rythmes martelés chers au compositeur, qui prennent ici l’apparence de coups de marteau assénés violemment. Silvestri décuple ici la puissance de sa musique avec une sauvagerie rare, sans jamais céder à la cacophonie ou au vacarme sonore : en grand compositeur qu’il est, Silvestri sait comment créer la tension et instaurer une grande puissance musicale à l’écran sans jamais sombrer dans l’anarchie facile.

« Up On The Roof » suggère la scène avec El Scorpio en alternant percussions exotiques, martèlements rythmiques agressifs de l’orchestre, cordes dissonantes et tendues et effets vocaux étranges – repris en partie ici du score de « Clan of the Cave Bear » (1986) – Les effets sonores du basson suggèrent continuellement la présence du prédator, qu’il soit présent ou non à l’écran. Il y a ici un sentiment de chaos et de panique qui monte crescendo tout au long de la scène jusqu’à la chute mortelle d’El Scorpio du toit de l’immeuble. « First Carnage » évoque la désolation après le premier carnage et la découverte des corps en charpie des hommes d’El Scorpio. Silvestri parvient à nous plonger habilement dans une ambiance mystérieuse, macabre et effrayante en combinant les harmonies mineures de l’orchestre, les effets sonores d’Hal Rayle et ceux du basson/hose-oon. A 1:48, on retrouve le motif mystérieux du commando tiré du score de 1987 pour la découverte du corps suspendu au plafond de la pièce où les corps ont été retrouvés. A note qu’une bonne partie de la partition de « Predator 2 » sera ainsi constituée d’éléments repris du score de « Predator », réarrangés et modifiés pour les besoins du métrage afin d’assurer une continuité musicale évidente entre les deux films. De la même façon, le fameux thème principal est repris dans « Feds On The Case » pour l’arrivée en hélicoptère de Peter Keyes et ses hommes, qui décident alors de reprendre l’affaire en mains.

« Swinging Rude Boys » est un des moments forts du score de « Predator 2 ». La première section du morceau (qui couvre en fait plusieurs scènes) accompagne l’attaque des jamaïcains dans le penthouse de Ramon Vega. Silvestri met ici l’accent sur les percussions brésiliennes qui scandent des rythmes hystériques à la manière d’une musique de rituel vaudou ou africain. Les éléments électroniques sont ici très présents, accentuant la dimension ésotérique, violente et effrayante pour la mort sanglante de Ramon Vega. A 2:43, Silvestri reprend un morceau d’action de « Predator » dont il multiplie ici la puissance par 10 pour la scène où le prédator, invisible, attaque les jamaïcains qu’il tue les uns à la suite des autres. Enfin, à 3:31, il s’agit de la séquence où Harrigan, Leona, Danny et Jerry arrivent dans le penthouse après la fusillade et découvrent les corps écorchés et éventrés des jamaïcains suspendus au plafond comme des carcasses de bêtes. Silvestri reprend ici « First Carnage » qu’il développe avec le retour d’un motif bien connu du premier score de 87, le motif de 4 notes mystérieux associé au mythe du prédator (aux cordes à 4:53). Ce motif sert aussi de base au morceau « Danny Gets It », pour la scène où Danny retourne au penthouse pour y rechercher des traces de la mystérieuse arme coincée au plafond.

On notera ici les effets étranges du basson au début du morceau, qui ressemblent clairement aux sons d’un animal sauvage, accompagnés d’étranges effets des chimes et de raclements de petites percussions. Silvestri se montre ici particulièrement inventif, en nous plongeant dans une atmosphère troublante et nocturne, quasi mystique. Le morceau est en réalité repris en grande partie de « The Waiting » du score de 1987. A noter que dans le film, le morceau a été remplacé par une large section de « The Waiting », Hopkins ayant probablement préféré le morceau d’origine à celui composé par Silvestri pour ce deuxième opus. Autre élément notable : les plans avec l’étrange arme coincé dans un mur de l’appartement sont souvent accompagnés d’un effet sonore aigu qui a été rajouté par la suite, effet sonore électronique qui provient en fait du morceau « Mystery Dart » (on peut l’entendre notamment à 0:52). Le motif du commando de « Predator » revient dans « Stay Out Of My Way » et « Mystery Dart », assurant encore une fois la continuité avec le précédent film. Il règne dans « Mystery Dart » une ambiance de mystère assez impressionnant, reprenant les harmonies mineures et les cordes trémolos aiguës de « Danny Gets It ».


UN SCORE D’ACTION BARBARE ET SAUVAGE !


Dès « Truly Dead » (titre mal orthographié puisque le vrai titre est en fait « Truly Dread » !), la partition de « Predator 2 » prend une tournure mystique et ésotérique absolument phénoménale. Pour la première fois dans l’univers de la saga, Silvestri va faire intervenir des chœurs (synthétiques) lors de la séquence avec King Willie, un moment fort de la musique de « Predator 2 ». Le compositeur dévoile donc ici un nouveau thème dominé par un véritable barrage de percussions brésiliennes déchaînées qui accompagnent la marche du prédator lorsque ce dernier fait face à King Willie dans une ruelle de la ville et s’apprête à le décapiter. A noter ici la manière dont le morceau se construit progressivement : les percussions apparaissent progressivement, puis de plus en plus vite, comme une sorte de rituel de sorcellerie, avant de lancer un ostinato frénétique et déchaîné sur lequel viendra se greffer le thème choral maléfique et mystique du prédator : l’impact à l’écran est absolument incroyable, viscéral même ! « Truly Dead » dégage alors une sensation de puissance, de force surnaturelle qui semble surgir d’un autre monde. Rares sont les compositeurs à avoir su exprimer avec une telle maîtrise la venue apocalyptique d’un monstre descendu sur Terre pour détruire les hommes. Les auditeurs les plus attentifs remarqueront ici l’incorporation du motif de la mort repris de « Predator » : un motif de 4 notes (parfois comparé au « Dies Irae » grégorien) que l’on entendait régulièrement dans le premier film à chaque fois qu’un personnage faisait face à un danger ou s’apprêtait à se faire tuer !

« Rest In Pieces » reprend la trompette élégiaque (inspirée d’Aaron Copland) du premier film pour la scène où Harrigan se rend sur la tombe de Danny. Le morceau se conclut de manière chaotique avec un sursaut soudain des voix synthétiques et anarchiques déjà entendues dans « Up On The Roof » pour la scène où Harrigan retrouve le colier de Danny suspendu dans un arbre – un signe de provocation et un appel à la guerre de la part du prédator – Enfin, on arrive à l’un des morceaux d’anthologie du score dans « Subway Predator », honteusement absent de l’édition 1990 et présenté ici dans son intégralité : il s’agit de la séquence du carnage dans le métro. En plus de 5 minutes, Silvestri parvient à maintenir la tension en élaborant une sorte de marche frénétique et barbare avec ses timbales martelées, ses rythmes sauvages et son torrent de cuivres déchaînés et apocalyptiques. Silvestri reprend ici le motif d’action de 7 notes de « Predator », qui sera très présent durant toute la seconde partie du film. On retrouve aussi le motif de 4 notes de la mort, lorsque Jerry fait face au prédator. Le morceau se conclut sur un sursaut strident (avec un piccolo qui siffle dans un registre suraigu à la limite du tolérable…) alors que le prédator surgit soudainement et s’empare de Leona avant de découvrir qu’elle est enceinte.

Dès lors, l’action ne va plus nous lâcher jusqu’à la fin du film. Après le véritable rouleau compresseur musical qu’est l’anthologique et brutal « Subway Predator », « Tunnel Chase » illustre la scène où Harrigan traque le prédator dans les tunnels du métro et dans les rues de la ville, autre morceau anthologique ponctué de rappels thématiques au film de 1987, avec des cuivres démentiels, des rythmes belliqueux constamment martelés, un rappel au motif électronique de l’arme secrète du prédator (à 1:37), une superbe reprise du thème principal assez inoubliable (ne ratez pas le passage entre 3:30 et 3:56 !) et une série de variations apocalyptiques autour du thème d’action de sept notes (notamment à la fin de la séquence, lorsque le prédator escalade le Eastern Columbia Building). L’action continue de plus belle dans le superbe « This Is History », pour la séquence où Keyes et ses hommes traquent le prédator dans l’abattoir, avant de se faire repérer et d’être à leur tour massacrés par le monstre. On appréciera la façon dont Silvestri fait monter progressivement la tension pendant près de 7 minutes, évoquant la traque et la rapidité du monstre qui parviendra à tuer tous ses assaillants en seulement quelques minutes. « This Is History » est un autre morceau d’anthologie qui, à l’instar de « Subway Predator », devrait être inscrit dans les annales de la musique d’action au cinéma.

La dernière partie du film débute lorsqu’Harrigan retrouve le prédator à l’abattoir et décide de l’affronter à son tour dans « Meat Locker », « Ugly Mother », « Birds », « The Doctor », « Elevator Shaft » et « Dem Bones ». Le compositeur reprend ici plusieurs éléments thématiques de sa précédente partition et développe ses idées avec une intensité accrue, maintenant un rythme constant pour évoquer l’idée de la traque, la poursuite et la chasse. Les rythmes martelés se multiplient ici de manière fulgurante, avec les nombreux effets sonores du basson, les sursauts orchestraux agressifs, les envolées thématiques, le thème d’action de sept notes, un motif d’action secondaire repris là aussi de « Predator » et très présent dans « Meat Locker », etc. Véritable jeu du chat et de la souris, ces morceaux qui alternent envolées belliqueuses et suspense glauque constituent l’essentiel du dernier acte du film, moins surprenant que certaines musiques de la première partie mais toujours aussi violents et extrêmes dans leur brutalité sonore constante. Exit ici la subtilité : « Predator 2 », c’est de la musique d’action barbare à tous les étages !


UNE CODA APOCALYPTIQUE


Et pour la première fois dans le film, le prédator devient enfin vulnérable et gravement blessé dans « Meat Locker », ce qui ne l’empêche pas contre-attaquer dès « Ugly Mother » ou « Birds », morceau partiellement rejeté dans le film, remplacé par un segment de « Tunnel Chase » (scène où le prédator se retrouve suspendu au bord du toit de l’immeuble, s’accrochant désespérément au bras d’Harrigan). Enfin, « Dem Bones » reprend le thème choral mystique du prédator lors de l’affrontement final entre Harrigan et le monstre, thème qui reviendra une dernière fois dans « More Than One », pour la scène où les prédators surgissent brusquement et entourent Harrigan après sa victoire contre son adversaire. Enfin, et comme si cela ne suffisait pas, Silvestri nous propose une conclusion titanesque dans « Came So Close/End Credits », 9 minutes exceptionnelles souvent considérées comme l’un des meilleurs morceaux de toute la carrière du compositeur, durant lesquelles Silvestri reprend le thème principal de « Predator » dans son intégralité (générique de fin) avant d’enchaîner sur une longue suite apocalyptique résumant les différents motifs et idées de la partition : inoubliable !

Vous l’aurez donc compris, « Predator 2 » est une partition absolument colossale et monumentale que nous livre Alan Silvestri pour le film de Stephen Hopkins. Véritable tour de force orchestral à la fois inventif, brutal et radical, le score de « Predator 2 » s’inscrit dans la continuité du précédent film de 1987 et met les bouchées doubles, avec des orchestrations plus massives, des moyens considérables et de nouvelles idées fabuleuses. Rares sont les musiques à avoir su apporter un tel impact sur les images d’un film, mais « Predator 2 » fait bien partie de cette catégorie rare de chef-d’oeuvre de la musique au cinéma, un score monumental du début des années 90 qu’il ne faut rater sous aucun prétexte, surtout depuis que Varèse Sarabande a enfin édité l’intégralité du score dans un superbe double album CD Club sorti en 2014 servi par un mixage (bourrin) exemplaire. En guise de bonus, le CD 2 nous propose aussi des mix albums de certains morceaux – hélas, il y a des erreurs dans les titres des pistes 10 à 13 – le jingle composé par Silvestri pour l’émission « Hardcore » que l’on voit plusieurs fois dans le film et même les enregistrements effectués par Hal Rayle dans « Wild Predator Voices », de quoi combler n’importe quel fan du film et de la musique de Silvestri : un must !




---Quentin Billard