1-Jours Heureux (cha cha) 1.35
2-Amore piu bello 1.56
3-Bonne humeur swing 1.53
4-Théâtres 1.10
5-Radio Pékin 1.19
6-Valse d'enfance 1.59
7-In a potion this far 1.18
8-La fée 0.54
9-La fata non ce piu 1.22
10-Bonne humeur swing 2 1.06
11-Jours heureux (jazzy) 2.05
12-Déprime slow 2.04
13-Hésitations 2.17
14-True 2.01
15-Easy 0.56
16-Lady Marmelade 3.30
17-Retrouvailles 1.22
18-Un peu de Bossa 1.12
19-La Marseillaise Nuptiale (1.16)
20-Sortie de scène 0.56
21-Générique fin 3.55

Musique  composée par:

Jacques Davidovici

Editeur:

Wagram Music 3106142

Album produit par:
Jacques Davidovici

Artwork and pictures (c) 2005 Pathé Renn Productions. All rights reserved.

Note: ***
LE DÉMON DE MIDI
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jacques Davidovici
A l’origine, ‘Le démon de Midi’ est une bande dessinée de Florence Cestac, adaptée par la suite en pièce de théâtre par Marie-Pascale Osterrieth et l’humoriste Michèle Bernier. C’est après avoir rencontré Claude Berri que les deux femmes ont eu l’idée de transposer ce spectacle en film. ‘Le démon de Midi’ évoque ainsi les turpitudes de Anne (Michèle Bernier), une quadragénaire qui vit avec Julien (Simon Abkarian) depuis près de 15 ans déjà avec Pierre, leur petit garçon. Elle travaille en tant qu’animatrice pour une radio locale tandis que Julien est dessinateur de bande dessinée. Un jour, elle découvre que Julien la trompe avec une jeune femme qui a 20 ans de moins que lui. Julien finit par lui avouer qu’il est tombé amoureux fou de sa jeune maîtresse. Pour Anne, son monde s’écroule du jour au lendemain. Elle comprend que Julien est en pleine crise de la quarantaine, atteint du fameux démon de midi qui pousse la plupart des hommes de cet âge à aller voir chez le voisin si l’herbe est plus verte. Faible et dépendante, Anne plonge dans la déprime jusqu’à ce qu’elle décide de se révolter et de chercher à son tour des amants. Cette douloureuse expérience l’amène alors à se souvenir de moments plus tristes de sa jeunesse, et plus particulièrement du chagrin qu’éprouva autrefois sa mère après la séparation d’avec son père. Mais la situation ne semble pas vouloir s’arranger, et Anne doit se résoudre à perdre Julien pour de bon et à se partager la garde de leur fils. Anne finit par trouver la vraie solution: rire de cette situation!

Sur le thème usé jusqu’à la moelle de l’adultère – l’une des obsessions du cinéma français actuel, qui ferait bien de changer de disque de temps en temps ! – ‘Le démon de Midi’ dresse le portrait ironique et cynique des ravages de la quarantaine chez les hommes mariés, avec une Michèle Bernier comme toujours très sympathique, débordante d’humour et d’énergie, et une mise en scène pleine de fantaisie et de dérision. Face à elle, Simon Abkarian campe un fiancé infidèle parfait dans son rôle. Le film plonge dans la dérision la plus totale et évite de justesse le pathétique et le misérabilisme qui est trop souvent de mise pour ce type de film dans le cinéma français actuel (citons ‘5x2’ de François Ozon ou ‘Reines d’un Jour’ de Marion Vernoux par exemple). On regrettera néanmoins l’avalanche de stéréotypes et le côté parfois très caricatural du film, qui semble vouloir mettre tous les hommes dans le même panier et faire passer un message très pessimiste sur le manque de sérieux et de fidélité des hommes qui ont la quarantaine passée. Le film semble donc généraliser stupidement sans prendre la peine de montrer une seule image positive d’un homme, un parti pris jusqu'au-boutiste peut être complètement assumée par la réalisatrice mais quelque peu simplet et regrettable en soi - si ce n’était pas adapté d’une BD et si ce n’était pas une comédie, on pourrait presque croire que la réalisatrice a cherché à régler un compte avec les hommes dans ce film à l’humour doux-amer.

Jacques Davidovici fait partie de la nouvelle génération de jeunes compositeurs qui officient à l’heure actuelle pour le cinéma français, à l’instar de ses collègues Philippe Rombi, Alexandre Desplat, Nicolas Errera, Pascal Estève, etc. Pour information, Davidovici est le compositeur attitré de Patrick Braoudé pour lequel il a composé de nombreuses musiques incluant ‘Génial, mes parents divorcent!’ (1991), ‘Neuf mois’ (1994), ‘Amours et confusions’ (1997), ‘Deuxième vie’ (2000) et ‘Iznogoud’ (2005). Pour ‘Le démon de Midi’, Jacques Davidovici signe une petite partition orchestrale intime et légère retranscrivant le côté humoristique du film. La musique est écrite dans un style léger et sautillant qui fait parfois penser à du Philippe Rombi dans le genre comédie. Le score repose sur un très sympathique thème principal intitulé ‘Jours Heureux’ et introduit dès le générique de début du film. Le thème est joué par un saxophone avec cordes, guitares et percussions, et évoque les derniers moments de bonheur entre Anne et Julien avant que ce dernier ne trompe sa femme. Avec ‘Bonne humeur Swing’, la partition du ‘Démon de midi’ se place très clairement sous le signe de la jovialité et de l’insouciance avec un swing léger très agréable. ‘Théâtres’ est un peu à part puisqu’il mélange cordes, piano et sonorités électroniques/rythmiques plus particulières, dans un style planant et majestueux qui fait presque penser à du Vangelis années 90. Ce thème accompagne les moments où Anne fait son show à la radio ou au théâtre à la fin du film. Idem pour ‘Radio Pékin’, chanson qui caricature la musique pop chinoise en guise de petit bonus musical (même si cela n’a pas grand rapport avec le film, en dehors du film que la compagne du père d’Anne dans le film est chinoise). ‘Valse d’enfance’ développe un nouveau thème, une mélodie de valse jouée avec douceur par un piano et quelques guitares, associé dans le film aux souvenirs d’enfance d’Anne. On appréciera ici le doux parfum de nostalgie que dégage ‘Valse d’enfance’ avec toujours ce côté insouciant et naïf qui colle parfaitement au personnage de Michèle Bernier dans le film.

Davidovici se plaît alors à varier les ambiances, car après l’électro, la musique chinoise et la valse, ‘La fée’ utilise des rythmes plus jazzy et une fin bizarre, le morceau se concluant sur un piano aux sonorités désaccordées, alors qu’Anne pense à son fiancé en train de la tromper. ‘Déprime Slow’ évoque quand à lui un slow très rétro et affreusement kitsch version 70’s pour évoquer une scène de déprime avec un côté évidemment très ironique, preuve que les concepteurs du film ont voulu éviter de trop se prendre au sérieux (ce qui n’est pas plus mal, étant donné la lourdeur du sujet). ‘Hésitations’ retourne à un style plus orchestral avec un mélange agréable clarinette/cordes/piano aux sonorités vaguement hispanisantes tandis que ‘True’ développe un côté pop très kitsch façon années 80, sans oublier le easy-listening/new age très musique de film érotique/porno dans ‘Easy’ (idéal pour évoquer les égarements des quadragénaires piqué par le démon de midi!) et la bossa nova du sympathique ‘Un peu de bossa’ - le titre affirme très clairement l’envie délibérée de jouer sur plusieurs genres musicaux tout au long du film, au risque d’aboutir à un véritable bric-à-brac musical sans grande unité stylistique et thématique. L’humour est aussi au rendez-vous avec un combo délirant de la Marseillaise et de la célèbre marche nuptiale de Mendelssohn dans ‘La Marseillaise Nuptiale’, joué en partie par l’orchestre et quelques synthétiseurs cheap – illustrant l’amusante scène du mariage de Samir (Zinedine Soualem) vers la fin du film. Si ‘Retrouvailles’ nous permet de retrouver le style orchestral léger et sautillant du début lorsque Anne et Julien se réconcilient temporairement vers la fin du film – le morceau apportant un certain optimisme à cette séquence – ‘Sortie de Scène’ plonge carrément dans un style country/rock du plus bel effet pour marquer la fin de l’aventure avec une bonne dose d’énergie, de fraîcheur et de bonne humeur, avant le retour du thème principal des jours heureux dans ‘Générique Fin’.

Visiblement, Davidovici semble s’être fait plaisir sur la musique de ce film, variant les ambiances musicales avec une aisance certaine et une décontraction pleinement affichée, visant un seul et même objectif: ne jamais se prendre au sérieux avec le film de Marie-Pascale Osterrieth. Avec ‘Le démon de Midi’, Jacques Davidovici prouve qu’il sait maîtriser différents genres musicaux avec une aisance remarquable et qu’il est décidément très à l’aise dans le registre des musiques de comédie, un genre qui lui a toujours bien réussi et qui continue de lui convenir à merveille, apportant au film de Marie-Pascale Osterrieth une bonne dose de fraîcheur, d’humour et de tendresse. Si vous ne connaissez pas bien ce compositeur français, la BO du ‘démon de midi’, sans être grandement mémorable ou d’une folle originalité, devrait être un bon moyen de débuter avec Jacques Davidovici!


---Quentin Billard