1-Stürm 6.07*
2-Hello, Adam 3.57
3-Bite the Hand that Bleeds 4.01**
4-Last I Heard 4.40
5-Action 3.43***
6-Reverse Beartrap 4.47
7-You Make Feel So Dead 3.49+
8-X Marks the Spot 4.34
9-Wonderful World 5.00++
10-Cigarette 3.07
11-We're Out of Time 3.48
12-F**K This S*!T 4.09
13-Hello Zepp 3.00
14-Zepp Overature 2.38

*Interprété par Front Line Assembly
Ecrit par Bill Leeb et Rhys Fulber
**Interprété par Fear Factory
Ecrit par Fear Factory
(Olde Wolbers, Herrera, Bell)
***Interprété par Enemy
Ecrit par Troy Van Leeuwen
et Jason Slater
+Interprété par Pitbull Daycare
Ecrit par Stephen Ladd Bishop,
Charles Todd Conally
et Don Van Stavern
++Interprété par Psycho Pomps
Ecrit par Schmidt, Larsen

Musique  composée par:

Charlie Clouser

Editeur:

Koch Records KOC-CD-9653

Album produit par:
Charlie Clouser
Musique composée avec:
Page Hamilton, Danny Lohner
& Chas Smith

Superviseurs de la musique:
Jonathan Scott Miller, Jonathan Platt

Artwork and pictures (c) 2004 Saw Productions Inc. All rights reserved.

Note: ***
SAW
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Charlie Clouser
Un jour, deux hommes se réveillent enchaînés au mur d’une salle de bains complètement délabrée et abandonnée. Ils ne se connaissent pas et ne savent pas comment et quand ils sont arrivés ici. L’un s’appelle Adam (Leigh Whannell), l’autre est le docteur Lawrence Gordon (Cary Elwes). Au milieu de la salle se trouve un cadavre baignant dans une marre de sang. Près de lui, une arme à feu et un petit magnétophone à cassette. Ils cherchent alors autour d’eux et découvrent un emplacement qui contient deux enregistrements audio adressés respectivement à Adam et à Lawrence. Sur la bande, on peut entendre la voix d’un homme qui résume la situation et explique qu’ils participent à une sorte de jeu machiavélique et pervers: Gordon a 18 heures pour tuer Adam. S’il ne le fait pas, sa femme et sa fille seront exécutées, avant d’être tué à son tour. Tapis dans l’ombre, le redoutable maître du crime qui a organisé ce jeu macabre diabolique épie leurs moindres faits et gestes par le biais d’une caméra caché quelque part dans la pièce. Il n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’il avait déjà organisé ce genre de jeux diaboliques auparavant. Le principe est toujours le même: la victime se retrouve confrontée à une situation qui nécessite de faire de terrifiants choix afin de choisir entre la vie ou la mort. Pendant ce temps, le détective David Tapp (Danny Glover) et son collègue Steven Sing (Ken Leung) mènent l’enquête après avoir suspecté le docteur Gordon, vers qui tout semble converger mystérieusement.

Second long-métrage du jeune réalisateur d’origine malaisienne James Wan, ‘Saw’ est un véritable film choc, la révélation d’un réalisateur bourré de potentiel, reprenant ici un court-métrage que Wan avait tourné un an auparavant et que le jeune réalisateur a décidé de réadapter en long-métrage en se dotant d’un budget modeste pour un film de ce genre (à peine 1,2 millions de dollars). Le résultat dépassa complètement toutes les attentes puisque le film a rapporté plus de 55 millions de dollars, une véritable réussite sur toute la ligne pour ce thriller macabre et oppressant qui fut pourtant difficile à financer mais qui remporta finalement le prix du jury (ex-aequo avec le film ‘Calvaire’) au festival de Gérardmer 2005. ‘Saw’ s’inspire des films d’Hitchcock et plus particulièrement de Dario Argento (l’angoissante poupée/clown animée est une référence à ‘Les frissons de l’angoisse’ du même Argento) pour élaborer un gigantesque puzzle machiavélique qui rappelle David Fincher, avec en bonus une réflexion de fond sous forme de dilemme existentiel (jusqu'où irions-nous pour rester en vie? A quel point tenons nous à la vie voire à celle des autres?). On pense ici à l’ambiance de ‘Se7en’ ou ‘The Game’. Bref, que des influences de qualité chez ce jeune réalisateur prometteur. L’atmosphère de ‘Saw’ oscille donc entre l’angoisse permanente et l’oppression psychologique/physique, entre sadisme et torture psychologique malsaine. En obligeant ses personnages à se confronter à des situations et des dilemmes terribles, le tueur de ‘Saw’ s’avère être l’un des criminels les plus diaboliques et les plus étranges que l’on ait vu à ce jour dans un thriller américain de ce genre. Le suspense est donc permanent, avec quelques séquences gores particulièrement éprouvantes (scène où l’un des personnages se coupe le pied avec une scie, scène où une femme éventre un homme pour récupérer une clé dans son estomac afin de se libérer d’un piège mortel, etc.) et un twist final audacieux bien qu’un peu bizarre. En somme, voilà un thriller choc qui annonce une carrière fort prometteuse pour le jeune James Wan.

Claviériste et programmeur pour le groupe Nine Inch Nails, Charlie Clouser signe avec ‘Saw’ sa première musique de film hollywoodienne. Le compositeur nous livre un score atmosphérique oppressant oscillant entre sonorités électroniques/indus d’usage et orchestre à cordes. Dès l’ouverture du film, ‘Hello Adam’ nous plonge direct dans l’ambiance macabre du score à l’aide de nappes électroniques glauques et de cordes graves. C’est le climat mystérieux et pesant de la musique qui attire ici toute notre attention. Un motif de synthétiseur mystérieux et mélancolique se ballade alors dans la première partie du morceau, associé aux personnages d’Adam et du docteur Gordon. Clouser utilise ici des sonorités métalliques déformées afin de renforcer à l’écran la sensation de l’isolement. Le compositeur travaille donc ici ses différentes textures électroniques sonores afin d’accoucher d’un premier morceau effrayant, inquiétant, sinistre, parfait pour le début du film. ‘Last I Heard’ confirme clairement l’orientation atmosphérique et macabre de la musique de ‘Saw’ avec ce même mélange de sonorités électroniques disparates et oppressantes, et cette utilisation toujours constante de rythmiques électro modernes qui apportent une pulsation inquiétante à la plupart des morceaux du score. Le morceau accompagne la séquence où le docteur Gordon se souvient de ce qu’il a entendu dernièrement au sujet du mystérieux tueur qui organise ces jeux diaboliques. La deuxième partie de ‘Last I Heard’ renforce la tension par l’irruption brutale de rythmes rock électro déjantés, associés à la violence des crimes. On retrouve ces rythmes dans le violent ‘Reverse Beartrap’ toujours associé aux méfaits du tueur, tandis que les cordes font aussi leur apparition, Clouser mélangeant pour l’occasion quelques touches atonales bruitistes expérimentales. A noter la façon dont Clouser évite systématiquement tout aspect mélodique dans sa musique en dehors d’une partie centrale plus mélancolique s’apparentant à un chœur dans ‘Reverse Beartrap’, associé au désespoir des deux individus piégés. Le morceau se conclut finalement sur une partie action avec de nouveaux rythmes rock indus à la Graeme Revell ou Trevor Rabin, idéal pour accompagner l’une des scènes d’enquête des deux flics.

Les loops de rythmiques électroniques reviennent dans ‘X Marks The Spot’ accompagnant les tentatives d’Adam et du docteur Gordon de trouver des indices pour essayer de sortir de cet enfer. Tout en restant très sombre et atmosphérique, ‘X Marks The Spot’ n’en demeure pas moins l’une des pistes les moins oppressantes de tout le score de ‘Saw’, à part une fin à l’ambiance plus macabre – effet de cordes dissonantes et sursaut rock indus à l’appui. La séquence de la cigarette empoisonnée (‘Cigarette’) avec ses loops électro, l’urgence de l’agressif ‘We’re Out of Time’ (traque avec le tueur) et ses effets de cordes frénétiques à la Penderecki ou l’oppressant ‘Fuck This Shit’ et ses percussions électro ‘action’ très présentes font monter la tension durant toute la dernière partie du film, avec ce même sentiment d’urgence et de montée brutale de la tension qui permettent à Charlie Clouser de rompre un peu avec le style lent et monotone du début pour apporter un peu de rythme et d’énergie au final de sa partition somme toute très bruyante (à la limite de la cacophonie par moment). ‘Hello Zepp’ réutilise diverses loops électro avec l’apparition d’un thème de cordes plutôt dramatique, seul véritable passage mélodique du score de ‘Saw’ que l’on entend lors de l’apparition finale du tueur baptisé ‘jigsaw’ à la fin du film – morceau très impressionnant sur cette séquence finale, peut être à cause de son côté mélodique qui rompt soudainement avec le reste du score de Clouser. Le compositeur s’amuse même à reprendre son thème dans une seconde variante aux cordes dans ‘Zepp Overature’.

Il paraît évident que le score de ‘Saw’ ne sera pas à la portée de tous. Par son côté anti-mélodique et son mélange parfois très cacophonique de diverses sonorités électroniques un brin expérimentales (idéal pour évoquer l'idée du puzzle diaboliques, de l'accumulation d'indices, de pistes, etc.), la partition de ‘Saw’ ne fait pas dans la dentelle et renforce parfaitement le sentiment de cauchemar et d’oppression que véhicule le film de James Wan. Charlie Clouser démontre ici tout son talent à manier les synthétiseurs et les samples/loops en tout genre, sans pour autant briller par son originalité. Malgré ses mélanges parfois étranges et angoissants, la musique de ‘Saw’ ne parvient jamais vraiment à dépasser son statut fonctionnel. Une fois écoutée sans les images du film, le score devient somme toute un peu creux et décevant, bien que dans le film, il fonctionne à merveille. La faute peut être à une sérieuse tendance à la cacophonie, la musique se noyant constamment dans des nuages sonores électroniques cafardeux et macabres qui finissent par devenir assez lassants à l’écoute. Malgré tout, le score de ‘Saw’ apporte son lot de suspense, d’angoisse et de tension au film de James Wan et remplit donc parfaitement le cahier des charges. Reste que le premier opus musical de Charlie Clouser pour le cinéma ne marquera guère les esprits et s’oubliera certainement très vite. Pour les fans de musiques atmosphériques macabres uniquement!


---Quentin Billard