1-Main Title 1.51
2-If Not Us 3.22
3-Ged and his Teacher 1.45
4-Follow Your Path 1.09
5-Isle of Roke 1.40
6-The King's Plan 0.53
7-The King's Plot 1.15
8-Time To Go 1.56
9-The Kargide Attack 1.33
10-Walk Along the Way 1.03
11-Sailing 1.33
12-Atuan 1.03
13-The Book of Spells 2.04
14-Sparrowhawk 1.28
15-Fireside 1.28
16-When We Meet 5.19
17-At Dawn 1.10
18-Halls of Wisdom 2.28
19-Wonderful Friend 0.46
20-A Discovery 2.54
21-My True Name 1.20
22-Mists of a New Land 4.22
23-A Lesson Learned 1.53
24-The Chambers 1.01
25-My Strength 1.57
26-Visions 1.07
27-The Nameless Ones 1.56
28-Catacombs of Atuan 2.02
29-The Dragon's Tale 5.26
30-My Successor 2.07
31-The Last Song 1.09
32-Into the Catacombs 1.47
33-Light Over Earthsea 3.48

Musique  composée par:

Jeff Rona

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 625 2

Score produit par:
Jeff Rona
Co-produit par:
Gregg Lehrman
Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage musique:
Richard Henderson

Artwork and pictures (c) 2004 Hallmark Entertainment Productions LLC. All rights reserved.

Note: ***
EARTHSEA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jeff Rona
Nouvelle production télévisuelle de chez Hallmark Entertainment, à qui l’on doit ‘Dinotopia’, ‘Merlin’ ou bien encore ‘Cleopatra’, ‘Earthsea’ (Terremer, la prophétie du sorcier) est l’adaptation d’une série de romans de l’écrivaine américaine Ursula K. Le Guin. Cette mini série en deux parties réalisée par le tâcheron Robert Lieberman narre l’histoire d’un jeune magicien qui part reconstituer une ancienne amulette brisée dans le monde imaginaire de Terremer, en proie à la menace de terribles démons antiques nommées ‘les innommables’. La grande prêtresse Thar (Isabella Rossellini) réussit à enfermer tous les démons dans le temple d’Atuan et à créer l’amulette magique grâce aux pouvoirs des innommables, mais un jour, les Kargide, des soldats chevaliers malfaisants, tentèrent de ravager le royaume, et l’amulette fut brisée en deux parties et égarée quelque part dans les îles de Terrmer. Le cruel roi Tygath (Sebastien Roché) se mit alors en tête de conquérir Terremer et de libérer les innommables pour pouvoir gagner leurs pouvoirs maléfiques, espérant ainsi devenir immortel. Mais une prophétie qui ne cesse désormais de se répandre dans tout le monde de Terremer annonce la venue d’un jeune sorcier censé reconstituer l’amulette et ramener la paix dans les contrées insulaires. Et ce sorcier n’est autre que Ged (Shawn Ashmore), fils d’un modeste forgeron qui décide un jour de quitter son village natal pour partir apprendre la magie et devenir un grand sorcier. L’aventure ne fait alors que commencer pour le jeune héros annoncé par la prophétie. Ce téléfilm d’heroic-fantasy réunit tous les ingrédients du genre, mélangeant magie, dragon, démons et roi perfide. Le casting sympa (Shawn Ashmore, Kristin Kreuk, Isabella Rossellini, Danny Glover, etc.), les décors et les effets spéciaux réussis (du moins pour un téléfilm de ce genre) font de ‘Earthsea’ un divertissement agréable et sans prétention, loin de posséder l’éclat des romans d’origine, mais un spectacle néanmoins tout à fait honorable dans son genre, même si on l’oubliera certainement très vite.

La musique de Jeff Rona – toujours membre de l’écurie Media Ventures de Hans Zimmer – pour ‘Earthsea’ apporte au téléfilm de Robert Lieberman sont lot d’aventure, d’émotion et de magie. L’histoire se déroulant sur une série d’îles imaginaires, Rona a décidé d’utiliser quelques touches ethniques dans sa musique, en faisant plus particulièrement appel à la musique celtique et orientale. C’est pourquoi le score met en avant divers instruments tels que la flûte ethnique, une cornemuse, une harpe celtique, une flûte ney, des percussions, sans oublier d’autres solistes comme des voix féminines, un hautbois, un violoncelle (incluant l’excellent Martin Tillman), une trompette, etc. Le tout mélangé au traditionnel orchestre symphonique (ici, le Slovakia Radio Symphony) agrémenté de quelques touches électroniques légères. Le ‘Main Title’ ouvre le film au son du superbe thème principal, thème ample et majestueux associé tout au long du film à Ged et à sa grande quête. Le thème est ici interprété par un choeur féminin ethnique, proche du chant de certaines îles tropicales (logique pour un film se déroulant sur des contrées insulaires lointaines) et qui nous immerge d’entrée dans un autre monde – le tout dans un style très ‘world music’. Les tambours tribaux servent à leur tour à planter ici le décor et annoncent clairement une grande aventure. Dommage cependant que le thème ne soit finalement guère mémorable et ne restera pas très longtemps dans notre esprit. ‘If Not Us’ prolonge son utilisation au début du film sur un ton plus apaisé et vaguement mélancolique, alors que Ged prend la décision de quitter son père pour partir affronter sa destinée. Les cordes sont ici plus présentes avec des voix féminines envoûtantes et cristallines parfaites pour évoquer cet univers de magie. La flûte ethnique intervient dans ‘Ged and His Teacher’ lorsque Ged suit les enseignements du mage Ogion au début du film. A noter que le thème serein d’Ogion est ici introduit par un hautbois soliste sur fond de cordes paisibles. ‘Follow Your Path’ s’impose à son tour par l’immense douceur des vocalises de la chanteuse soliste et le côté presque onirique de l’accompagnement instrumental. Pour un film d’heroic-fantasy de cette envergure, on est tout simplement étonné ici par la beauté et la sérénité de cette musique, bien éloignée des traditionnelles partitions épiques et massives typiques de ce genre d’aventure.

‘Isle of Roke’ dévoile quand à lui des sonorités plus orientales et sombres associées aux mystères et aux secrets de l’école de magie de l’île de Roke, cohabitant avec la flûte plus paisible de Ged amorçant ici ce que l’on pourrait appeler le ‘thème de la destinée de Ged’. Le premier morceau orienté action apparaît enfin dans ‘The King’s Plan’ avec ses rythmes orchestraux martelés et menaçants évoquant les sinistres desseins du roi Tygath. Des sonorités orientales, il est justement question dans ‘The King’s Plot’ avec sa flûte ney mystérieuse associé ici au roi maléfique. Ces moments sombres alternent systématiquement durant la première partie du téléfilm avec des moments plus paisibles et lyriques comme ‘Time to Go’ avec sa très belle partie de harpe celtique et de cornemuse reprenant le magnifique thème de la destinée de Ged – lorsque ce dernier décide quitter son village. On est proche par moment ici du lyrisme et de la beauté du score de ‘White Squall’ que Jeff Rona avait écrit en 1996 pour le film de Ridley Scott. En tout cas, la musique apporte une certaine émotion au téléfilm de Robert Lieberman, avec ces touches ethniques/celtiques de toute beauté, magnifiques dans ‘Time to Go’. Mais l’action revient finalement dans l’attaque des Kargide au début du film et le piège dans lequel Ged les attire avec le bref ‘The Kargide Attack’, dominé par cuivres, percussions et choeur d’hommes très discret. On pourra apprécier une reprise orchestrale puis puissante du thème principal dans ‘Sailing’ lorsque Ged navigue sur la mer pour rejoindre l’île de Roke avant une dernière partie agressive plus orientée action.

Les passages ethniques/celtiques comme ‘Walk Along the Way’ ou ‘Atuan’ sont nombreux et variés, Rona nous gratifiant à l’occasion de reprises solides du thème principal comme dans le très beau ‘Sparrowhawk’ lorsque Ged, pour échapper à un ennemi, se transforme en épervier – son vrai nom de magicien. Le thème est à nouveau chanté ici par le choeur féminin ethnique dans toute sa splendeur. Puis, on repart de nouveau vers des passages plus sombres et agités comme le très orchestral ‘At Dawn’ évoquant le menace des méchants, ou au contraire la légèreté et les sonorités cristallines de ‘Halls of Wisdom’ évoquant parfaitement cet univers de magie. A noter un ‘Wonderful Friend’ un peu à part, qui débute sur un rythme de gigue irlandaise du plus bel effet, associé à l’amitié entre Ged et son ami Vetch (Chris Gauthier). Dans ‘Mists of a New Land’, Ged part seul à la recherche du démon qu’il a libéré à la suite d’un défi stupide que lui a lancé un élève de l’école de Roke. Ged erre seul dans les terres à la recherche de ce démon que lui seul peut affronter mais qui le terrifie plus que tout. ‘Mists of a New Land’ évoque ce côté sombre et mystérieux à travers l’utilisation des flûtes ethniques qui résonnent ici de façon plus lointaine et inquiétante. Puis, la beauté et la sérénité du début reviennent dans le très beau ‘My Strength’ avec sa reprise du thème à la flûte et au violoncelle, et, suivant son besoin d’alterne régulièrement les ambiances, Rona nous offre un nouveau passage plus noir et sombre avec ‘Catacombs of Atuan’ où la flûte ney et les nappes de synthétiseur résonnent de façon extrêmement inquiétantes pour décrire la scène des cachots du temple d’Atuan. La séquence de l’énigme du dragon (‘The Dragon’s Tale’) condense à son tour sonorités orientales/celtiques, synthétiseurs atmosphériques et rythmes action plus agressifs et reprise du thème aux cordes vers la fin du morceau, personnifiant à la fois le danger de cette scène et son importance majeure vis-à-vis de l’issue de cette grande aventure. Les voix féminines reviennent finalement dans ‘The Last Song’ et le sombre ‘Into the Catacombs’, et l’aventure touche enfin à sa fin dans ‘Light over Earthsea’ lorsque l’amulette est enfin reconstituée et que la paix revient sur Terremer. Jeff Rona nous propose l’inévitable conclusion grandiose reprenant le thème principal dans tout sa splendeur aux chœurs féminins, comme dans le ‘Main Title’, la musique apportant une puissance magique à cette séquence finale, la boucle étant bouclée.

Pour une aventure aussi magique et épique, la musique de Jeff Rona pour ‘Earthsea’ s’avère être finalement très retenue et bien éloignée de ce que l’on pouvait attendre de la musique d’un film de ce genre. Jeff Rona opte donc pour les touches ethniques celtiques et orientales, créant un univers sonore plus approprié au son de Terremer, et parfaitement intégrées au téléfilm de Robert Lieberman. Dommage cependant que l’ensemble demeure toujours assez banal et sans grande surprise. A vrai dire, malgré la beauté de certains passages, on aurait bien aimé entendre le compositeur se lâcher un peu plus et nous offrir de gros morceaux d’action tonitruants, mais il faut dire que le téléfilm ne propose quasiment aucune véritable scène de bataille ou d’affrontement. Il aurait donc été difficile pour Jeff Rona de passer outre ce fait pour écrire malgré tout de gros déchaînements orchestraux épiques qui n’auraient de toute évidence pas pu coller au téléfilm. Dommage, car à force de trop jouer sur la retenue et le côté plus atmosphérique, la musique perd en impact sur les images et finit par devenir assez accessoire. On est loin ici de l’impact des musiques de Trevor Jones pour ‘Dinotopia’ ou ‘Merlin’, sans oublier la récente partition de Lee Holdridge pour ‘The Mists of Avalon’, autre production Hallmark. Malgré tout, sans être un score inoubliable, ‘Earthsea’ témoigne néanmoins du talent de Jeff Rona lorsqu’il s’agit de manier les sonorités ethniques avec beaucoup de délicatesse et de nous offrir des ambiances éthérées, sombres et lyriques à la fois.


---Quentin Billard