1-(You Ain't) Home on
the Range 1.13*
2-Little Patch of Heaven 2.45**
3-Yodel-Adle-Eedle-Idle-Oo 2.43***
4-Will The Sun Ever Shine Again 2.36+
5-(You Ain't) Home on the Range
(Echo Mine Reprise) 1.01*
6-Wherever the Trail May Lead 3.33++
7-Anytime You Need a Friend 3.21+++
8-Cows in the Town/Saloon Song 1.09
9-On the Farm 2.40
10-Bad News 4.16
11-Storm and the Aftermath 3.06#
12-Cows to the Rescue 3.08#
13-Buck 2.16
14-My Farms is Saved/
Little Patch of Heaven
(Finale Reprise) 2.28
15-Anytime You Need a Friend 2.35##

*Interprété par Tim Blevins,
Gregory Jbara,
William H. Parry, Wilbur Pauley
et Peter Samuel
Musique d'Alan Menken
Paroles de Glenn Slater
**Interprété par K.D. Lang
Musique d'Alan Menken
Paroles de Glenn Slater
***Interprété par Randy Quaid (Slim)
Chant yodel interprété par
Randy Erwin et Kerry Christenson
Willie Brothers interprétés par
David Burnham,
Jason Graae et Gregory Jbara
Musique d'Alan Menken
Paroles de Glenn Slater
+Interprété par Bonnie Raitt
Musique d'Alan Menken
Paroles de Glenn Slater
++Interprété par Tim McGraw
Produit par Byron Gallimore
et Tim McGraw
Cordes et bois arrangés
et conduits par David Campbell
Musique d'Alan Menken
Paroles de Glenn Slater
+++Interprété par The Beu Sisters
Produit par Mark Hammond
Musique d'Alan Menken
Paroles de Glenn Slater
#Inclut 'The Good, the Bad & The Ugly'
de Ennio Morricone
##Interprété par Alan Menken.

Musique  composée par:

Alan Menken

Editeur:

Walt Disney Records 61066-7

Score et chansons produit par:
Alan Menken
Co-produit par:
Byron Gillimore, Tim McGraw,
Mark Hammond

Score et chansons
arrangées et conduites par:
Michael Kosarin

Artwork and pictures (c) 2004 Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
HOME ON THE RANGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Menken
A une époque où l’écurie Disney commence à être sérieusement sur le déclin, voilà un dernier film animé en 2D à l’ancienne, ‘Home on the Range’ (La ferme se rebelle), sorte de grosse parodie de l’univers des westerns traditionnels vu à travers les aventures d’animaux d’un ranch. Pour information, il s’agit du dernier film 2D que Disney produit, par la suite, la société de production de feu Walt Disney pourrait bien se reconvertir définitivement dans le 3D ou chercher d’autres solutions. ‘Home on the Range’ nous transporte dans l’ouest américain de la fin du 19 ème siècle. Le ranch du ‘Patch of Heaven’ que dirige la bienveillante Pearl et sur le point d’être vendu aux enchères, alors que la propriétaire n’a pas les moyens de payer la somme qu’elle doit à la banque. Les animaux de la ferme, inquiets, se réunissent entre eux et cherchent une solution pour sauver leur ranch. Ce sont les trois vaches qui trouvent alors la solution: capturer le célèbre bandit local Alameda Slim, un voleur de bétail qui fait des ravages dans la région, et dont la récompense pour sa capture est fixée à 750 dollars, de quoi rembourser les dettes de Pearl et sauver sa ferme. Et voilà donc nos trois vaches chasseuses de prime, la maniérée Mrs. Calloway, la hippie Grace et la rurale et très rude Maggie en route pour une grande aventure dans l’ouest américain.

Avec l’échec commercial de ‘Home on the Range’, c’est tout l’avenir des studios Disney qui est désormais en jeu. Les producteurs souhaitaient depuis longtemps faire un film animé se déroulant dans l’univers des westerns. L’écriture du scénario débuta en 2000 et lorsque le film se tourna enfin, il fut décidé d’avoir une dernière fois recours à la technique traditionnelle du 2D, avec une animation réalisée ‘à la main’, sans recours aux images numériques. Mais l’échec du film a prouvé qu’une partie du public n’était plus réceptif à ce type de dessin animé à l’ancienne - ou plutôt à ce type de dessin animé sans poésie et bâclé d’un point de vue scénario, mais cela, les producteurs semblent ne pas l’avoir compris, préférant tout remettre sur le dos de l’animation 2D! Et pourtant, tout semblait avoir été mis de côté pour pouvoir réaliser un nouveau chef-d’oeuvre de chez Disney : une équipe soudée qui s’est rendue dans l’ouest sauvage pour s’imprégner de cette atmosphère unique des westerns à l’ancienne, des modèles cinématographiques pris chez John Ford (‘The Searchers’, etc.), un soin apporté à l’animation des vaches, et une musique signée du grand Alan Menken, figure emblématique des musiques Disney qui signa quelques grands chef-d’oeuvres oscarisés tels que ‘Aladdin’, ‘Beauty and The Beast’ ou ‘The Little Mermaid’. Malgré tout cela, le film s’avère être très décevant: pas de poésie, un rythme trop continuel et frénétique, des personnages extrêmement fades (les trois cousins de Slim sont très agaçants tout au long du film, surtout avec la voix stupide qu’on leur a collé en V.F.) et des situations très prévisibles (le cheval orgueilleux qui finit par se ranger du côté des gentils vers la fin du film). Les réalisateurs Will Finn et John Sanford ont voulu faire de ‘Home on the Range’ une comédie western délirante, mais à trop jouer sur l’humour et le rythme aventureux, ils ont oubliés ce qui faisait vraiment la magie des grands films Disney d’antan: un besoin de réconfort, de poésie, de coeur, etc. C’est sur, les studios Disney sont en crise, surtout depuis que le très décrié PDG actuel, Michael Eisner, mène une politique extrêmement critiquée par les employés du studio et la famille de Walt Disney, accusant Eisner de n’être qu’un businessman qui ne respecte plus l’éthique du studio et fait des films commerciaux, fades et sans âme, des mots durs mais qui pourraient néanmoins servir à résumer ‘Home on the Range’. Car, aussi sympathique et divertissant qu’il soit, ‘Home on the Range’ n’a rien d’un grand Disney 2D à l’ancienne! Il est donc plus que temps que les dirigeants du studio comprennent enfin qu’ils font fausse route – eux comme une bonne partie des producteurs hollywoodiens à l’heure actuelle! Au final, une déception solide qui va donc peser lourd dans l’avenir du mythique studio d’animation américain!

La musique d’Alan Menken est sans aucun doute l’un des meilleurs points du film de Will Finn et John Sanford. Cela faisait pratiquement sept ans que le compositeur n’avait pas écrit la musique d’un dessin animé Disney depuis ‘Hercules’ en 1997. Pour ‘Home on the Range’, Alan Menken revient finalement aux formules habituelles du mélange score original et chansons originales qui ont fait la fierté de films tels que ‘Aladdin’, ‘The Little Mermaid’ ou bien encore ‘Beauty and the Beast’. Seulement voilà, à l’instar du film lui-même, la musique semble refléter curieusement ce manque de magie et de poésie qui faisait pourtant le charme des précédentes oeuvres du compositeur. Au lieu de cela, Menken nous livre un score fun et délirant mais à des années lumières de ce qu’aurait pu être une vrai partition Disney à l’ancienne! La musique s’affirme très clairement ici dans la droite lignée des partitions western aux sonorités americana traditionnelles pour évoquer l’Ouest sauvage traditionnel tel qu’Hollywood le représente depuis près d’un siècle déjà. ‘Cows in the Town/Saloon Song’ est ainsi très représentatif du style western de la musique de ‘Home on the Range’, avec une première pièce orchestrale fun et divertissante, bourrée d’énergie et de bonne humeur pour accompagner les vaches héroïnes du film. Le morceau s’inspire ici du style des partitions americana d’Aaron Copland à l’ancienne (genre ‘Billy the Kid’) avec une énergie orchestrale typique du compositeur, idéal pour débuter la partition en beauté, sous le signe de la bonne humeur. Les orchestrations sont comme toujours très fouillées chez le compositeur, incluant le traditionnel lot de guitares/banjos typiquement western. Les scènes à la ferme au début du film permettent à Menken de développer ses traditionnelles touches de mickey-mousing indissociables des musiques Disney, et toujours ces petits rythmes americana à la Copland qui rappellent par moment le travail de James Horner sur ‘An American Tail: Fievel Goes West’ (1991).

Si l’on retrouve le style intime et doux typique de Menken sur ‘Bad News’ - l’un des rares moments d’émotion du score tout en finesse, lorsque les animaux apprennent que la ferme va être hypothéquée si la maîtresse ne peut pas rembourser ses dettes à temps – l’aventure reprend dans ‘Storm and the Aftermath’, excellent morceau d’action et plus sombre et agité lors de la scène de la tempête (à noter que le morceau contient un clin d’oeil malicieux à ‘Le bon, la brute et le truand’ d’Ennio Morricone, autre référence incontournable de la musique de western qui a servi de source d’inspiration à Alan Menken sur ‘Home on the Range’), débouchant sur l’un des sommets de la partition de ‘Home on the Range’, l’excellent ‘Cows to the Rescue’ pour la scène finale où les vaches affrontent Alameda Slim et ses compères. On retrouve ici les élans héroïques et les envolées western du début avec ces rythmes à la Aaron Copland et l’utilisation du banjo apportant une couleur supplémentaire agréable à cet excellente pièce orchestrale particulièrement brillante, énergique et fun à souhait (on retrouve ici aussi une richesse typique de l’écriture orchestrale d’Alan Menken!), sans oublier la présence de l'excellent thème principal western, associé aux exploits des trois héroïnes du film. A noter que cette pièce contient aussi une allusion ironique à 'le bon, la brute et le truand' de Morricone. Le morceau offre donc une ambiance particulièrement jouissive à cette séquence d’action finale. Idem pour ‘Buck’ avec ses rythmes sautillants et ses envolées héroïques du thème principal rappelant par moment certaines partitions western d’antan du grand Elmer Bernstein. Et c’est le traditionnel happy end dans le très lyrique et tendre ‘My Far is Saved/Little Patch of Heaven – Finale’ qui reprend la chanson clé du score écrite par Alan Menken, ‘Little Patch of Heaven’, joyeuse ballade typiquement américaine.

Concernant les chansons originales signées Alan Menken, signalons la présence du titre-clé ‘Home on the Range’, entendu au début du film alors que l’on voit tous les animaux parader dans la ferme de ‘Patch of Heaven’, chanson entraînante et agréable écrite dans le style des musiques de saloon de l’Ouest américain et chanté ici par un choeur. Autre chanson remarquable, ‘Yodel-Adle-Eedle-Idle-Oo’ interprétée par Randy Quaid lui même et associée dans le film à Alameda Slim, une autre chansonnette de saloon dont la particularité provient de l’utilisation de chant yodel, que le méchant de l’histoire utilise pour envoûter le bétail et les capturer ainsi plus facilement. On retrouve aussi la traditionnelle ballade pop sentimentale avec le joli ‘Will The Sun Ever Shine Again’ interprétée par Bonnie Raitt et accompagnée par un piano intime et quelques cordes, sans oublier les nostalgiques ‘Wherever The Trail May Lead’ et ‘Anytime You Need A Friend’, évoquant l’amitié qui unit les vaches héroïnes dans le film.

Hélas, comme annoncé plus haut, rien de bien folichon ici aussi! Alors que les anciennes BO de Disney possédaient des chansons extrêmement mémorables pleines de magie et de lyrisme (qui ne se souvient pas des célèbres tubes de ‘Aladdin’, ‘Beauty and the Beast’ ou ‘The Little Mermaid’ ?), celles de ‘Home on the Range’ déçoivent irrémédiablement par leur manque de relief et leur côté extrêmement fade voire commercial. Une fois encore, exit la magie de Disney, place à l’ère du mercantilisme pur comme en témoigne tristement cette sélection musicale franchement guère concluante. Si la musique apporte un fun et une énergie remarquable au film de Will Finn et John Sanford, l’ensemble n’en demeure pas moins extrêmement quelconque et dénué de toute magie, de toute poésie. Il manque quelque chose pour en faire une vraie partition Disney, un comble pour Alan Menken qui reste pourtant à ce jour l’un des plus importants compositeurs ayant collaboré à des dessins animés des studios Walt Disney. Bien évidemment, la musique possède ses grands moments et témoigne d’une richesse musicale et d’un raffinement d’écriture typique du compositeur qui n’a de toute évidence plus grand chose à prouver après avoir gagné une multitude d’oscars en l’espace d’une dizaine d’années au service des studios Disney. Menken caricature sur ‘Home on the Range’ l’univers des musiques western pour notre plus grand bonheur, quelque part entre Aaron Copland, Elmer Bernstein et Ennio Morricone, mais il manque toujours ce petit ‘plus’ qui aurait permit d’élever cette nouvelle partition Disney aux rangs des chef-d’oeuvres que sont ‘The Little Mermaid’ ou ‘Pocahontas’, et ce n’est pas la fadeur extrême des nouvelles chansons du compositeur qui viendront contredire cette affirmation quelque peu sévère mais hélas ô combien réaliste!


---Quentin Billard