1-African Rundown 6.52
2-Nothing Sinister 1.27
3-Unauthorized Access 1.08
4-Blunt Instrument 2.22
5-CCTV 1.30
6-Solange 0.59
7-Trip Aces 2.06
8-Miami International 12.43
9-I'm The Money 0.27
10-Aston Montenegro 1.03
11-Dinner Jackets 1.52
12-The Tell 3.23
13-Stairwell Fight 4.12
14-Vesper 1.44
15-Bond Loses It All 3.56
16-Dirty Martini 3.49
17-Bond Wins It All 4.32
18-The End of an Aston Martin 1.30
19-The Bad Die Young 1.18
20-City of Lovers 3.30
21-The Switch 5.07
22-Fall of a House in Venice 1.53
23-Death of Vesper 2.50
24-The Bitch is Death 1.05
25-The Name is Bond...
James Bond 2.49

Musique  composée par:

David Arnold

Editeur:

Sony Classical 88697-02369-2

Musique produite par:
David Arnold
Supervision montage musique:
Dina Eaton
Montage musique:
Dominic Gibbs
Assistant monteur:
Robin Whittaker
Directeur de la musique pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack
Directeur du soundtrack pour
Sony BMG Masterworks:
Paul Cremo
Product management:
Leslie Collman-Smith

Le score contient des extraits de:

"You Know My Name"
Ecrit par David Arnold
et Chris Cornell

"The James Bond Theme"
Ecrit par Monty Norman

Artwork and pictures (c) 2006 Danjaq, LLC, United Artists Corporation, Columbia Pictures Industries Inc. All rights reserved.

Note: ****
CASINO ROYALE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Arnold
James Bond renaît enfin de ses cendres après quelques derniers épisodes plutôt décevants et sans âme. ‘Casino Royale’ n’est pas seulement une énième aventure de l’agent secret 007 mais bel un bien une résurrection du mythe, un dépoussiérage en règle, un James Bond définitivement entré dans une nouvelle ère. Plus jeune et plus robuste, ce nouveau 007 campé par l’anglais Daniel Craig (qui succède ainsi à Pierce Brosnan) fait donc peau neuve devant la caméra de Martin Campbell, qui avait déjà réalisé un ancien James Bond, ‘Goldeneye’ (1995). On assiste donc ici à la toute première mission du célèbre agent secret. Après avoir mené à bien une mission explosive en Afrique pour tenter de freiner les activités terroristes de Steven Obanno (Isaach De Bankolé), Bond affronte le sinistre ‘Chiffre’ (Mads Mikkelsen), le banquier de l’organisation terroriste africaine. 007 doit battre le sinistre banquier lors d’une partie de poker à haut risque dans le prestigieux Casino Royale au Monténégro, dans l’espoir de ruiner Le Chiffre et de l’empêcher d’utiliser l’argent pour financer les terroristes. La mission est supervisée par la très belle Vesper Lynd (Eva Green), attachée au Trésor, et chargée de surveiller que Bond ne gaspille pas l’argent du gouvernement britannique au cours de ses mises. La mission se complexifie lorsque Le Chiffre envoie des hommes pour tenter d’éliminer Bond et Vesper, alors que commencent à naître des sentiments entre eux qui risquent fort de rendre la tâche de Bond plus difficile qu’elle ne l’est déjà.

‘Casino Royale’ aurait pu être un épisode ordinaire de plus si les concepteurs du film n’avaient pas pris le parti de nous proposer un James Bond nouvelle formule et entièrement modernisé: on assiste ainsi à la toute première mission de l’agent 007, dans un film nettement plus violent et sombre que les précédents. (Attention spoiler !!!) Daniel Craig campe un James Bond extrêmement rapide et brutal, qui se retrouve dans des positions difficiles et douloureuses qui frôlent le jamais vu dans la saga – cf. la scène de torture ou celle où Bond frôle la crise cardiaque après avoir été empoisonné – Si les clichés habituels des James Bond sont toujours présents, Martin Campbell prend un malin plaisir à bousculer les codes de la saga en faisant par exemple mourir plus tôt certains personnages clés du film ou en modifiant complètement la logique des traditionnelles ‘bastons finales’ (à la fin du film, Bond n’affronte pas celui que l’on croit!). Bond perd même au cours de la première scène de poker au moment où on s’attendait à le voir gagner. Le réalisateur semble balader le spectateur en l’amenant de surprise en surprise avec, au passage, des scènes d’action à couper le souffle, que ce soit l’hallucinante poursuite initiale en Afrique ou la poursuite explosive sur la piste d’aéroport (scène quasi anthologique dans la saga des James Bond!) sans oublier l’incroyable bagarre finale dans un immeuble vénitien en train de s’effondrer. Evidemment, le film vaut aussi par sa très longue et captivante scène de la partie de poker à Casino Royale vers le milieu du film, scène bourrée de tension et de suspense qui devrait particulièrement ravir tous les amateurs de poker (un jeu décidément très à la mode en ce moment!). Daniel Craig reste quand à lui très convaincant, avec son regard d’un bleu perçant et son physique plus ‘bad guy’, entouré d’une Eva Green craquante à souhait et d’un Mads Mikkelsen parfait dans le rôle du grand méchant de service! Avec ses rebondissements savoureux, son rythme effréné, sa profondeur psychologique plus importante que d’habitude (c’est la première fois que l’on voit 007 tomber réellement amoureux d’une de ses conquêtes féminines et en souffrir inévitablement par la suite), sa violence et sa noirceur rarement égalée dans un film de James Bond, ‘Casino Royale’ a tout pour être l’une des grandes surprises de ce mois de novembre 2006, un James Bond différent qui bouscule tous les codes de la saga et qui nous montre l’agent secret 007 sous un autre jour. Il était temps!

David Arnold rempile pour la quatrième fois après avoir mis en musique ‘Tomorrow Never Dies’, ‘The World Is Not Enough’ et ‘Die Another Day’. A l’inverse du film de Martin Campbell, la musique de ‘Casino Royale’ ne bouscule en aucune façon les codes du genre et préfère se reposer au contraire sur des bases musicales solides déjà jetées dans ‘Tomorrow Never Dies’. Arnold retrouve ainsi un style orchestral brillant et explosif comme on ne l’avait pas entendu depuis fort longtemps. Toujours épaulé par son fidèle orchestrateur Nicholas Dodd, Arnold signe une musique d’action/suspense encore plus sombre et déchaînée que ne l’était la BO de ‘Tomorrow Never Dies’ (considérée encore aujourd’hui comme la meilleure BO écrite par David Arnold pour un James Bond!). Mais cette fois-ci, Arnold délaisse le célèbre thème principal de Monty Norman et nous propose une nouvelle chanson pour le générique de début (magnifiquement animée à base d’images représentant les cartes de poker), ‘You Know My Name’, interprétée par Chris Cornell (malheureusement absente de l’album, et ce pour des questions de droit! C’est la première fois qu’un album de James Bond ne contient pas la chanson-clé du film!). Le thème de ‘You Know My Name’ sera associé tout au long du film à 007, remplaçant ainsi le thème de Monty Norman qui n’apparaîtra que vers la fin du film lorsque Bond aura officiellement terminé sa toute première mission et deviendra définitivement l’agent 007. (‘The Name is Bond…James Bond’). Le score nous offre en attendant une sympathique variante du nouveau thème de Bond soutenu par une batterie rock dans ‘Blunt Instrument’. Pas de grande nouveauté à l’horizon donc, si ce n’est des morceaux d’action explosifs et un thème romantique écrit dans la lignée des grandes partitions lyriques de John Barry, influence inattendue sur ce nouvel opus Bondien mais qui renforce subtilement le lien stylistique avec le style du grand maestro britannique qui a offert à la série des James Bond des partitions savoureuses. Dans ‘Dinner Jackets’, ‘Vesper’, ‘City of Lovers’, ‘Death of Vesper’ (merci aux spoilers révélés par le track list !!!) ou bien encore ‘The Bitch is Dead’, David Arnold joue ainsi la carte du lyrisme à la John Barry pour toutes les scènes faisant intervenir Vesper Lynd et sa romance passionnée avec Bond (de mémoire, rares sont les films de cette saga à avoir montré une romance qui sonne aussi juste dans les aventures de l’agent secret au service de sa majesté !). Le thème de Vesper se caractérise par son motif de 4 notes envoûtantes de piano qui évoquent la fragilité profonde du personnage matiné d’un doux sentiment de mélancolie qui prend tout son sens dans le très beau ‘Vesper’, le motif étant suivi par une mélodie de cordes plus ample et romantique absolument magnifique, du rarement entendu dans la musique d’un James Bond ! En ce sens, ‘City of Lovers’ accompagne magnifiquement la scène où les deux tourtereaux partent pour un petit voyage romantique à Venise, avec des cordes lyriques et romantiques de toute beauté! A noter qu’il existe aussi un deuxième thème de cordes très inspiré du lyrisme de John Barry, ‘Solange’, associé au personnage de Caterina Murino, et qui n’est pas sans rappeler certaines mélodies de ‘Dances with Wolves’ ou ‘Swept from the Sea’ du grand John Barry (on retrouve ce thème dans ‘Trip Aces’).

Mais la portion romantique/intime de ‘Casino Royale’ n’occupe finalement qu’une mince partie du score, car ce sont ici les morceaux d’action/suspense qui prédominent, avec pour commence un formidable morceau d’action introductif de plus de 6 minutes, ‘African Rundown’, ou comment David Arnold nous ressort sa traditionnelle artillerie lourde à base de cuivres déchaînés, de cordes frénétiques et de percussions agressives, le tout soutenu par des percussions africaines excitantes et quelques touches d’électronique habituelles. ‘Africain Rundown’ accompagne avec férocité la poursuite initiale entre Bond et le terroriste africain au début du film, avec une agressivité orchestrale particulièrement redoutable et excitante à souhait! Et comme si cela ne suffisait pas, Arnold nous offre LE morceau d’action ultime, ‘Miami International’, déchaînement orchestral de plus de 12 minutes totalement maîtrisé pour la séquence de la poursuite sur la piste d’aéroport, un très long morceau qui se construit sous la forme d’un implacable compte à rebours débouchant sur un nouveau bulldozer orchestral d’une puissance redoutable ! Et que dire ici de ces reprises du thème de ‘You Know My Name’ transfiguré par des cuivres implacables illustrant à l’écran la violence de cet affrontement sans merci entre James Bond et un terroriste qui s’est juré de faire sauter l’aéroport coûte que coûte. A noter ici l’utilisation des rythmiques électroniques qui rappellent ‘Die Another Day’, tandis que les percussions martiales frénétiques nous renvoient par moment au style du David Arnold de ‘Independence Day’ ou de ‘Godzilla’. On est totalement submergé ici par la puissance orchestrale mise au service du film, apportant un véritable punch aux images du film. Pour en rester dans l’action, impossible aussi de ne pas citer le très brutal ‘Stairwell Fight’ pour l’une des scènes les plus violentes du film, lorsque Bond affronte le terroriste africain dans les escaliers du casino. En l’espace de 4 minutes, Arnold fait monter la tension et nous propose un nouveau déchaînement orchestral d’une violence rarement égalée chez le compositeur. L’orchestre s’en donne une fois de plus à coeur joie dans ces morceaux d’action virtuoses et redoutables!

Le reste du score évolue ainsi sans surprise entre action, suspense et romance. La partie suspense/thriller du score est quand à elle magnifiquement représentée par quelques morceaux particulièrement sombres et déroutant pour une musique de James Bond, tel que ‘Dirty Martini’, morceau atonal à l’ambiance assez macabre durant la scène où Bond est empoisonné et est sur le point de faire un arrêt cardiaque. Arnold utilise ici des effets de cordes dissonantes et des clusters de cuivres agressifs pour évoquer toute la noirceur de la scène. On avait ici aussi rarement entendu cela auparavant dans une musique d’un James Bond! Idem pour la partie finale de ‘The Bad Die Young’, elle aussi particulièrement sombre. Les passages plus mystérieux et tendus apparaissent plus discrètement durant la scène de la partie de poker qui se divise en deux parties, ‘Bond Loses It All’ et ‘Bond Wins It All’ qui traduit parfaitement à l’écran toute la tension de la séquence sans pour autant prendre le pas sur les images. Les derniers morceaux d’action renforcent une dernière fois la tension et la violence du film comme le confirment les frénétiques ‘The Switch’ et ‘Fall of a House in Venice’ tandis que le thème de Vesper revient une dernière fois de façon plus mélancolique et dramatique dans ‘Death of Vesper’ et ‘The Bitch is Dead’, et c’est donc le très attendu ‘The Name Is Bond…James Bond’ qui nous permet enfin d’entendre le célèbre thème de Monty Norman dans sa version intégrale, alors qu’Arnold le suggérait très timidement par moment durant certaines scènes du film.

‘Casino Royale’ a donc tout pour être un nouveau score de qualité signé David Arnold, qui confirme une fois encore sa bonne position dans l’univers prestigieux des compositeurs de la saga des James Bond. Oubliez les très fades ‘The World is Not Enough’ ou ‘Die Another Day’, avec ‘Casino Royale’, Arnold place la barre plus haut et nous offre un score frénétique et inspiré qui, à défaut de révolutionner le genre, nous offre quelques bonnes surprises et témoigne du talent d’un jeune compositeur toujours au sommet de l’affiche, et qui ne demande qu’à oeuvrer sur des films de qualité! Dommage cependant que certains passages plus atmosphériques de la partition soient particulièrement anecdotiques et inintéressants à écouter en dehors des images du film. En revanche, le score marque un point dans le domaine de l’action et des passages romantiques. De mémoire, jamais encore une musique d’un James Bond n’avait sonnée aussi massif, aussi violent et romantique à la fois! Ainsi donc, si vous étiez déjà très emballé à l’écoute de ‘Tomorrow Never Dies’, attendez de découvrir cette nouvelle partition Bondienne signée David Arnold, succès garanti!


---Quentin Billard