1-How Can I Be Sure of You 3.05*
2-Il faut du temps au temps 2.21**
3-Je Chante 2.47***
4-Breezin' Along Wih The Breeze 2.55+
5-Jump Into the Fire 4.13++
6-The Wedding Samba 2.54+++
7-Never Ending Song of Love 3.23#
8-Old Cape Cod 2.49##
9-J'Attendrai 2.56###
10-Gotta Get Up 2.15°
11-Le Chant du Gardian 3.18°°
12-Itsy Bitsy Petit Bikini 2.27°°°
13-Max-a-Million 4.55
14-Le Coin Perdu 5.56
15-Wisdom 8.26

*Interprété par Harry Nilsson
**Interprété par Makali
***Interprété par Charles Trenet
+Interprété par Joséphine Baker
++Interprété par Harry Nilsson
+++Interprété par Edmundo Ros
and his orchestra
#Interprété par Delaney & Bonnie
##Interprété par Patti Page
###Interprété par Jean Sablon
°Interprété par Harry Nilsson
°°Interprété par Tino Rossi
°°°Interprété par Richard Anthony.

Musique  composée par:

Mark Streitenfeld

Editeur:

Sony Music Legacy
88697-03065-2

Score produit par:
Mark Streitenfeld, Hans Zimmer
Montage musique:
Christopher Benstead, Del Spiva

Artwork and pictures (c) 2006 Fox 2000 Pictures/Scott Free Productions. All rights reserved.

Note: ***
A GOOD YEAR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Streitenfeld
Après le massif et épique ‘Kingdom of Heaven’, l’infatigable Ridley Scott décide de faire une petite pause en Provence dans ‘A Good Year’ (Une grande année), comédie adaptée du roman homonyme de Peter Mayle. L’histoire se déroule dans un vignoble du Lubéron, en Provence, dans le sud de la France. Max Skinner (Russell Crowe) est un banquier d’affaires anglais particulièrement actif et survolté. Un jour, il hérite du vignoble provençal dans lequel il passait autrefois ses vacances d’été aux côtés de son oncle Henry (Albert Finney). Max décide alors de faire une pause dans son travail afin de se rendre dans le vignoble pour y faire une estimation financière, avec la ferme intention de le revendre à prix fort. Il y retrouve Francis Duflot (Didier Bourdon), le vigneron qui s’est occupé des cépages pendant une trentaine d’années. Suspendu à la suite d’une transaction douteuse, Max reçoit une semaine de mise à pied et est contraint de passer plus de temps que prévu dans le château que lui a légué son oncle. Il découvre que le vin qui y est produit est tout simplement atroce et que les vignes sont en mauvais état. Voilà qui ruine les plans de Max, qui espérait revendre le vignoble et le château au prix le plus fort. C’est alors qu’une jeune fille nommée Christie Roberts (Abbie Cornish) débarque un jour en prétendant être la fille illégitime d’Henry Skinner, l’oncle de Max. Si ce qu’elle affirme est exact, cela ferait d’elle l’héritière du domaine convoité par Max. Au même moment, Max fait la connaissance de Fanny Chenal (Marion Cotillard), une jeune serveuse qui travaille dans le restaurant du coin, et qui l’impressionne par son caractère volcanique.

Ridley Scott réussit avec ‘A Good Year’ à nous faire partager la douceur de vivre provençale, avec ses traditions, son humour, son art de vivre, le tout bercé par l’amour de la vie et du bon vin. Pour Russell Crowe, ‘A Good Year’ marque l’occasion de retrouver Ridley Scott après ‘Gladiator’ dans un nouveau film à des années lumières du style de sa précédente collaboration avec le réalisateur anglais. L’acteur australien interprète avec brio cet homme d’affaire qui va apprendre à vivre au contact des personnes qu’il va rencontrer en Provence. Mais l’aspect le plus étonnant vient ici de la présence de Didier Bourdon au casting, l’ex-« Inconnu » changeant de registre pour interpréter ici un vigneron vieillissant très attaché à sa terre. La présence de Marion Cotillard et de Valeria Bruni Tedeschi achève alors de rendre le tout étonnamment proche d’un casting d’une comédie française – une première pour Ridley Scott! Le réalisateur pousse même le vice jusqu’à nous faire entendre une chanson d’Alizée (la jeune protégée de Mylène Farmer) durant la scène où Max se rend en Provence à bord d’une Smart. Bref, du 100% inédit de la part du réalisateur de ‘Alien’, ‘Blade Runner’ et ‘Gladiator’! Hélas, l’ensemble demeure constamment plombé par un côté caricatural maladroit, Ridley Scott nous présentant la Provence comme une immense succession stéréotypée de vignettes incluant la 4L, le vélo comme au temps d’Yves Montand, le traditionnel apéro à coup de rouge aux repas, etc. Pour un peu, on verrait presque le bon français bourru avec son béret sur la tête, son litre de rouge dans une main et la baguette de pain dans l’autre! Au final, malgré son côté charmant et paisible, ‘A Good Year’ n’a rien d’un grand Ridley Scott et demeure au contraire un effort mineur dans la carrière du versatile réalisateur britannique, qui semble s’être reposé un peu en attendant un projet bien plus ambitieux.

Hans Zimmer devait retrouver une fois de plus Ridley Scott sur ‘A Good Year’, mais un problème d’emploi du temps l’a obligé à céder sa place à son assistant, Mark Streitenfeld, qui signe la musique du film (décidément, c’est la seconde fois que Zimmer fait faux bond à Scott après ‘Kingdom of Heaven’). La bande originale de ‘A Good Year’ inclut évidemment son lot habituel de chansons, que ce soit la variété française ancienne (Richard Anthony avec ‘Itsy Bitsy Petit Bikini’, Tino Rossi avec ‘Le Chant du Gardien’ ou ‘Je Chante’ de Charles Trenet) et moderne (Alizée avec ‘Moi Lolita’, Makali avec ‘Il faut du temps au temps’) ou la variété internationale (Harry Nilsson avec ‘How Can I Be Sure Of You’ et ‘Jump Into the Fire’, etc.). En mélangeant différentes époques, la musique contribue à créer un climat dépaysant (pour le public U.S.) et intemporel dans le film, comme pour rendre universel cette histoire d’un homme qui se reconvertit à la douceur de vivre. La musique originale de Mark Streitenfeld occupe ainsi une place minime dans l’album et dans le film, même si elle reste néanmoins assez présente tout au long de l’histoire.

Délaissant l’orchestre traditionnel, Streitenfeld préfère opter pour une petite formation instrumentale incluant cordes, synthétiseurs, guitares, percussions et accordéon. Le score n’est représenté sur l’album que par trois morceaux qui résument néanmoins l’essentiel du travail de Streitenfeld sur le film de Ridley Scott : ‘Max-a-million’, ‘Le Coin Perdu’ et ‘Wisdom’. Dans le premier, le compositeur développe des sonorités électroniques et autres loops électro associés à Max le banquier surchargé de travail et qui ne prend jamais de vacance. Le côté froid des synthétiseurs correspond bien à l’univers urbain dans lequel vit le personnage, créant une certaine tension sous-jacente dans l’utilisation de sonorités synthétiques froides et de loops répétitifs. A noter que le morceau dévoile le sympathique thème de guitares associé à Max, construit autour d’un motif harmonique de quatre notes, et qui accompagne Max Skinner tout au long du film. Changement d’ambiance avec ‘Le Coin Perdu’ qui évoque cette fois le vignoble en Provence. Les cordes sont ici très présentes avec les guitares et les rythmiques légères pour illustrer cette douceur de vivre au quotidien dans les paysages magnifiques du Lubéron. On évite malheureusement pas le traditionnel cliché de l’accordéon franchouillard, même si ce dernier est ici mis en retrait et néanmoins très discret. La musique apporte une certaine fraîcheur aux images tout en évitant le côté ‘underscore’ traditionnel, préférant opter pour une ambiance générale juxtaposée aux images. De la même façon, ‘Wisdom’ nous dévoile le second thème, une très belle valse nostalgique pour cordes avec quelques sonorités cristallines qui donnent presque un côté onirique à cette valse paisible. Le thème de valse évoque la ‘renaissance’ de Max qui s’ouvre enfin à la vie et à l’amour en la personne de Fanny alias Marion Cotillard. La musique demeure constamment épurée et indéniablement sobre, évitant de surcharger au maximum les images, préférant opter au contraire pour une approche intime, douce et retenue, un ode à la douceur de vivre et à la beauté incomparable de la Provence, dans le sud de la France.

Pour sa première composition pour le cinéma, Mark Streitenfeld ne révolutionne pas le genre mais nous offre au contraire une musique assez belle et simple sans pour autant briller d’une originalité particulière. Avec peu de moyens, le compositeur réussit à nous offrir une partition pleine de charme et de fraîcheur qui épouse à merveille les contours du dernier film de Ridley Scott, sans pour autant nous laisser un souvenir impérissable. On se demande néanmoins ce que Hans Zimmer aurait pu faire sur ce film (probablement un score dans la lignée de ‘Matchstick Men’, sa dernière collaboration avec Ridley Scott ?). Entre rythmes synthétiques, guitares éthérées et cordes belles et élégantes, la musique de ‘A Good Year’ est l’accompagnement musical parfait pour partir quelques jours dans le sud de la France, sous un beau ciel d’été bercé par le chant des cigales et des parfums de la Provence, une musique que n’aurait certainement pas renié Marcel Pagnol!



---Quentin Billard