1-Main Theme (Score) 1.46
2-Yashi No Mi (Coconut) 1.20
3-Mayum Mayim
(Israeli Folk Song) 2.50
4-Hoshi No Furamenko
(Musique de Teruhiko Saigo) 2.51
5-Ohanahan 1.25
6-Hyokkori Hyoutan-Jima
(The Floating Gourd Island) 1.04*
7-Kokekokko no Uta
(Cock-a-doodle-doo song) 0.59**
8-Poor Boy 1.39***
9-Hyokkori Hyoutan-Jima
(Ending Theme) 1.10+
10-Omoide no Nagisa
(The Beach of Memories) 0.42++
11-Tokyo Blues 0.30+++
12-Damatte Ore ni Tsuite Koi
(Follow Me without a Question) 0.17#
13-Sayonara ha Dansu no Ato ni
(Say Farewell After the Dance) 1.24##
14-Suki ni Natta Hito
(The One I Came to Love) 0.37###
15-Omohide Poroporo (Score) 1.02
16-Teremtés (Genesis) 4.03°
17-Fuvom Azénekem
(I Sing My Song) 2.11°
18-Hajnali Nota (Morning Song) 2.30°
19-Frunzulitâ Lemn Adus
(Fluttering Green Leaves) 1.32°°
20-Cîntec de Nunta
(Song of Marriage) 2.49°°
21-Stornelli (Italian Folk Song) 3.11°°°
22-Ame no Benihana-zumi
(Safflower Picking in Rain) - Score 1.35
23-Theme Variation Abe-kun
(Score) 1.46
24-Ai ha Hana, Kimi ha
Sono Tane (Ending Song)
(Love is a Flower, You are
The Seed) 4.00"

*Interprété par Youko Maekawa
**Interprété par Arihiro Fujimura
***Interprété par Kazuo Kumakura
(Torahige)
+Interprété par Sei-ichirou Umo
++Interprété par The Wild Ones
+++Interprété par Sachiko Nishida
#Interprété par Hajime Hana
and the Crazy Cats
##Interprété par Chieko Baisho
###Interprété par Harumi Miyako
°Interprété par
Márta Sebestyén with Muzsikás
°°Interprété par Gheorghe Zamfir
°°°Interprété par Italie Eternelle
"Interprété par Harumi Miyako.

Musique  composée par:

Katsu Hoshi/divers.

Editeur:

Tokuma Japan Communications
TKCA-30331

Album produit par:
Katsu Hoshi

Artwork and pictures (c) 1991 Studio Ghibli. All rights reserved.

Note: ***
OMOHIDE PORO PORO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Katsu Hoshi/divers.
Isao Takahata reste à ce jour l’un des maîtres du cinéma d’animation japonais en compagnie de son célèbre mentor et compatriote, Hayao Miyazaki (ce sont les deux fondateurs du studio Ghibli), avec lequel il collabore régulièrement pour le compte du studio Ghibli. L’auteur du bouleversant ‘Tombeau des lucioles’ nous offrait en 1991 l’un de ses plus beaux films, et peut être aussi l’un de ses plus intimistes, ‘Omohide Poro Poro’ (‘Souvenirs goutte à goutte’, connu aussi sous le titre anglais ‘Only Yesterday’). Le film évoque les souvenirs de Taeko Okajima, une jeune femme de 27 ans qui décide de quitter son Tokyo natal pour partir à la campagne chez Toshio, le frère d’un de ses cousins, dans la petite préfecture de Yamagata en 1982. Tout au long de son séjour, Taeko se souvient de son enfance, et plus particulièrement de son année de CM2 et des différents moments qui ont ponctués sa jeunesse dans les années 1966, alors qu’elle était âgée de 10 ans. Le film évoque les souvenirs tour à tour heureux, mélancoliques et nostalgiques de Taeko, et sa relation naissante avec Toshio. Ses souvenirs l’amèneront à reconsidérer ses choix de vie. Visuellement, ‘Omohide Poro Poro’ est tout à fait classique pour une production Ghibli. Le thème central étant ici l’idée du souvenir nostalgique, Takahata a décidé d’utiliser des couleurs claires aux tons pastels et doux pour toutes les scènes de souvenir, tandis que les scènes du présent en 1982 ont des couleurs plus vives et colorées. Ici, pas d’effets visuels particuliers ni aucun artifice de mise en scène, Takahata nous livre un film d’animation extrêmement sobre, doux et raffiné, mais une sobriété réaliste, comme en témoigne quelques plans magnifiques comme cette scène en 1982 où Taeko, Toshio et sa soeur discutent de leurs souvenirs de jeunesse en haut d’une colline à la campagne, éclairée par un magnifique soleil couchant.

A noter que le sujet du film peut étonner pour un film d’animation de ce genre: pas de grosses scènes d’aventure ici, pas de monstres à affronter ni de héros intrépides, juste une jeune japonaise ordinaire qui se souvient de sa jeunesse et se questionne sur sa vie présente. On pourrait s’interroger sur l’intérêt réel de traiter une histoire pareille en film d’animation, et la réponse semble venir d’elle même tant le film et ses dialogues s’avèrent être extrêmement spontanés: Isao Takahata a toujours défendu comme Miyazaki le cinéma d’animation japonais. Avec ‘Omohide Poro Poro’, le réalisateur casse les stéréotypes habituels de ce type de film et prouve que le film d’animation est un support sérieux à part entière qui peut aussi servir à raconter le présent et le réel comme le cinéma normal. Il s’agit aussi pour Takahata de prouver que le cinéma d’animation n’est pas réservé qu’aux enfants mais peut aussi s’adresser aux adultes en traitant des sujets plus contemporains, réels et graves (‘Le tombeau des lucioles’ en était un exemple frappant, mais on retrouve aussi ce ton réaliste dans ‘Mes voisins les Yamada’!). Reste néanmoins quelques scènes plus magiques et oniriques comme l’envol imaginaire de la jeune Taeko vers le milieu du film, des scènes qui sont ici extrêmement rares (à vrai dire, c’est la seule scène un peu fantastique du film). ‘Omohide Poro Poro’ reste donc ancré dans la réalité et évoque les thèmes chers aux productions Ghibli: la jeunesse japonaise, mais aussi le rapport de l’homme à la nature et le monde rural (ici, l’agriculture et le travail des paysans japonais, sujet sur lequel le film insiste plus particulièrement dans la seconde partie de l’histoire lors de la rencontre entre Taeko et Toshio) et bien évidemment, comme toujours chez les productions Miyazaki, l’idée de la quête initiatique, de l’apprentissage des valeurs et du passage à la vie adulte (un thème récurrent, surtout dans les films réalisés par Miyazaki). Porté par une poésie intime, une douceur de vivre émouvante et un ton chaleureux et réconfortant, ‘Omohide Poro Poro’ reste à ce jour l’une des plus belles réussites d’Isao Takahata, un film qui, hélas, reste encore à redécouvrir, puisqu’il n’a malheureusement jamais été distribué en Europe. Un petit chef-d’œuvre du studio Ghibli, une vraie oeuvre d’art à découvrir d’urgence!

La musique de ‘Omohide Poro Poro’ a été confiée au compositeur japonais Masaru Hoshi qui avait déjà écrit la musique d’un film d’animation plus ancien d’Isao Takahata, ‘Jarinko Chie’ (‘Kié la petite peste’, datant de 1981). 10 ans après sa première collaboration avec le maître, Masaru Hoshi revient en pleine forme sur ‘Omohide Poro Poro’ pour lequel il livre un score intime, frais et émouvant dans la lignée des musiques de film d’animation Ghibli. Le score original de Hoshi alterne avec une série de chansons et même, surprise, quelques musiques folkloriques hongroises qui sont diffusées sur l’autoradio de la voiture de Toshio. Le film s’ouvre donc sans surprise sur le thème principal, ‘Main Theme’, confié à un piano délicat et nostalgique sur fond de cordes (on pense inévitablement ici à la poésie des partitions de Joe Hisaishi pour les films de Miyazaki). Le thème évoque ici les souvenirs de Taeko qui sont véritablement au coeur de l’histoire et qui vont l’aider à découvrir qui elle est et ce qu’elle recherche réellement dans la vie. On retrouve ce thème dans ‘Omohide Poro Poro’ accompagnant une autre scène de souvenir avec une retenue toujours très émouvante à l’écran, le piano soliste étant ici accompagné par des cordes chaleureuses. Même chose pour ‘Ame no Benibana Tsumami’ qui accompagne une scène où Taeko est à la campagne en train de faire la cueillette des fleurs dans les champs. Autre pièce orchestrale, ‘Ohanahan’ (qui n’est pas de Hoshi !) accompagne avec une certaine émotion la scène du flash-back où la jeune Taeko rencontre le jeune garçon au croisement d’une rue et où elle rêve qu’elle s’envole dans les nuages. Le compositeur illustre la dimension onirique de cette très belle séquence pleine de poésie avec une mélodie gracieuse et nostalgique de toute beauté. Finalement, le thème principal des souvenirs revient dans ‘Theme Variation, Abe-Kun’ joué par le piano et les cordes, accompagnant une autre scène de flash-back dans l’enfance de Taeko avec délicatesse et finesse. Et c’est à peu près tout en ce qui concerne la partie instrumentale originale de Masaru Hoshi.

Le reste de la musique est composée de diverses pièces non originales d’un grand éclectisme. On trouve par exemple une musique de flamenco hispanisante pour la scène du flash-back de la partie de base-ball vers le début du film (on regrettera ici le côté étonnement synthétique des cordes !). Quelques jingles d’émissions de jeunesse parsèment la bande originale comme ‘Hyokkori Hyoutan-jima’, générique d’une émission pour enfant similaire à celle de ‘L’île aux enfants’ en France, sans oublier ‘Koke Kokko no Uta’ où l’interprète imite une poule (durant une scène de flash-back dans l’enfance de Taeko, alors qu’elle regarde une émission de marionnette à la télévision). Ces morceaux contribuent à renforcer le caractère nostalgique de ces flash-back dans l’enfance de l’héroïne. Avec ‘Omoide No Nagisa’ des Wild Ones, il est question de la naissance des premiers groupes de pop/rock au Japon dans les années 60 après les premiers concerts des Beatles. A noter que, curieusement, ce ne sont que des extraits de quelques secondes de ces chansons, comme une sorte de kaléidoscope musical juxtaposant des bouts de chansons diverses pour mieux accentuer la sensation d’éclectisme voire de temps qui passe dans le film. Mais la partie la plus surprenante provient de l’utilisation de chanson traditionnelle hongroise interprétée par le groupe Muzsikás comme ‘Teremtés’ ou ‘Fuvom Azénekem’, chansons que Toshio diffuse en fait en fond sonore sur l’autoradio de sa chanson, accentuant une fois encore l’éclectisme très riche de musique dans le film de Takahata. Autre musique diffusée sur l’autoradio de Toshio: ‘Frunzulitâ Lemn Adus’ interprété par Gheorghe Zamfir à la flûte de pan, et accompagné par un petit groupe de cordes et un cymbalum hongrois, suivi de ‘Cîntec de Nunta’ que l’on entend durant la dernière partie du film à la campagne. Cette musique accompagne d’ailleurs la plupart des scènes dans les champs de fleur et devient une sorte de refrain paisible pour accompagner l’héroïne et sa nouvelle vie à la campagne. Finalement, le film se conclut sur une reprise japonaise de la chanson ‘The Rose’, ici sous le titre de ‘Love is a Flower, You Are The Seed’, écrite par Amanda McBroom et traduite ici en japonais par Isao Takahata sur des arrangements musicaux de Katsu Hoshi. Cette chanson poignante accompagne le générique de fin du film en évoquant la difficulté de Taeko à faire des concessions par peur d’ouvrir son coeur aux autres (lorsque la vie devient trop difficile, il est plus facile de se construire une carapace pour éviter d’être blessé, mais en agissant ainsi, ne risque t’on pas de passer à côté de l’essentiel de la vie?).

Au final, même si la bande originale de ‘Omohide Poro Poro’ contient peu de score original, on est immédiatement charmé par la sélection musicale faite par le réalisateur et le compositeur sur ce magnifique film animé du grand Isao Takahata. Le score de Katsu Hoshi apporte son lot d’émotion et de finesse au film, tandis que les diverses chansons accompagnent subtilement les différents flash-backs/moments de la vie de l’héroïne. Sans être ce que l’on a entendu de mieux dans un film de Takahata, la musique de ‘Omohide Poro Poro’ devrait néanmoins combler les fans des musiques Ghibli et tout ceux qui seraient désireux de se replonger dans l’ambiance musicale résolument éclectique du film de Takahata.


---Quentin Billard