1-The First Night 4.10
2-Home 0.58
3-Nando Awakes 2.18
4-Fining The Tail 3.27
5-Alberto 1.48
6-Eating 5.00
7-Are You Ready? 1.13
8-Frozen Climbers 1.51
9-It's God 2.40
10-The Final Climb 3.28
11-End Title 3.04

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Hollywood Records
HR-61454-2

Album produit par:
James Newton Howard
Co-Produit par:
Michael Mason
Music Préparation:
JoAnn Kane Music Services

Artwork and pictures (c) 1993 Touchstone Pictures and Paramount Pictures corp. All rights reserved.

Note: ****
ALIVE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Réalisé par Frank Marshall, « Alive » (Les Survivants) décrit l'histoire vraie et bouleversante d’un drame qui défraya la chronique dans les années 70 : l’avion de l’équipe uruguayenne de rugby des Old Christians s’écrasa dans la Cordillère des Andes, à quelque trois mille mètres d’altitude, coûtant la vie à plusieurs passagers. Seule une vingtaine de survivants réussirent à en réchapper. Affrontant alors le froid et des conditions climatiques extrêmes, les survivants du crash durent alors manger leurs morts pour lutter contre la faim. Leur calvaire dura ainsi près de 72 jours. Le scénario a été inspiré du best-seller éponyme de Piers Paul Read, qui raconta toute l’histoire des survivants du vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya. Le film de Frank Marshall rend un bien bel hommage à tous ces jeunes gens qui vécurent un enfer terrible en plein milieu de la Cordillère des Andes, certains survivants du crash - comme Nando Parrado (interprété dans le film par Ethan Hawke) ayant d’ailleurs servi de consultant technique pour l’histoire. Aujourd’hui, « Alive » est un peu tombé dans l’oubli même si certains se souviennent encore de la très vive émotion que suscita ce drame en 1972, et plus particulièrement lorsque les 16 rescapés du crash revinrent dans leur pays d’origine et racontèrent leur histoire, ou comment ils en vinrent à pratiquer l’anthropophagie pour tenter de survivre. Ces jeunes gens, issus d’écoles catholiques, durent affronter le regard et le jugement des leurs, certains les ayant condamné - bien trop vite - pour leur acte de cannibalisme désespéré. Le film de Frank Marshall s’arrête au moment où les rescapés furent sauvés, mais l’histoire qui suivit après fut toute aussi émouvante. Le casting repose sur une brochette de jeunes acteurs très convaincants avec entre autre Ethan Hawke, Vincent Spano, Josh Hamilton, Bruce Ramsay, John Newton, Illeana Douglas, Danny Nucci, José Zuniga, Josh Lucas et un John Malkovich - non crédité - dans le rôle du narrateur. Curieusement, ce n’est pas tellement la scène de cannibalisme qui a marqué les esprits mais bien celle du crash de l’avion, probablement la séquence catastrophe la plus terrifiante jamais filmée dans un long-métrage hollywoodien de cette époque, une scène qui nécessita d’ailleurs près de 9 jours de tournage intensifs.

La musique de « Alive » a été confiée à James Newton Howard, une musique considérée par beaucoup comme l’une de ses plus belles partitions du début des années 90. A la fois mélancolique, sombre, tragique mais aussi pleine d'espoir, la musique de « Alive » est une oeuvre symphonique poignante sur l'histoire d'un drame qui changera à jamais la vie de tous ces hommes. On trouvera ici deux thèmes principaux, une mélodie dramatique et mélancolique représentant la catastrophe, et un autre thème plus lyrique, majestueux et plein d'espoir, thème joué avec beaucoup de grâce et de délicatesse par une guitare acoustique dans « Alberto », lorsque l’on voit les rescapés réunis au bord d’un feu de camp. Ce thème représente la solidarité et la fraternité de ces hommes qui vont devoir s’unir pour tenter de survivre ensemble, luttant contre la faim, le froid, l’angoisse et le désespoir. C’est en tout cas tout ce que l’on peut ressentir dans la musique de JNH, et ce même si le compositeur a fort heureusement évite le piège des grandes envolées mélodramatiques, préférant opter pour une approche musicale plus intime et chaleureuse. Enfin, le score de « Alive » nous permettra aussi d’entendre un troisième motif lorsque les survivants sont secourus à la fin du film.

On appréciera plus particulièrement ici l'utilisation de la guitare tout au long de la musique du film, représentant à l’écran la chaleur humaine et l'amitié unissant ces hommes qui vont devoir affronter ensemble un véritable calvaire. Le thème de « Alberto » est tout bonnement poignant, réexposé avec grâce par des cordes amples et grandioses dans le superbe « End Title », conclusion triomphante représentant l'explosion de joie finale des survivants lorsqu'ils aperçoivent enfin les premiers hélicoptères de secours venus les chercher. A noter que, curieusement, ce thème n’est pas sans rappeler un thème entendu dans le mouvement final de la cinquième Symphonie de Sibelius - coïncidence, probablement ? James Newton Howard lâche alors son orchestre pour une grande envolée teintée de joie et d’espoir (avec ses harmonies belles et raffinées, typiques du compositeur), un grand élan d’espoir qui cède très vite la place au magnifique thème principal repris aux cordes, illustrant l’idée que ces hommes ont su se battre jusqu’au bout pour survivre, et que malgré les coups durs, ils ont toujours su garder l'espoir. A propos d'espoir, « It's God » reste sans aucun doute l’une des plus belles pièces de la partition de « Alive », lorsque Nando et Roberto escaladent les montagnes à la recherche des terres du Chili. Cette pièce représente l'extrême ferveur de ces hommes et leur espoir en Dieu.

La musique de « Alive » ne possède pas d’originalité particulière mais conserve une approche à la fois intime et humaine sobre et touchante. Tour à tour amère, tragique mais aussi pleine d'espoir, la musique de James Newton Howard ne recherche pas de grands effets sophistiqués mais s’attache à retranscrire le plus fidèlement possible des émotions purement humaines, comme la peur, la tristesse ou la joie, d’où une certaine sobriété et une retenue nécessaire à ce genre de tâche. A l’écran, un morceau comme le très sombre « Eating » aurait pu en faire des tonnes confié à un mauvais compositeur, mais ici aussi, JNH a su éviter toute forme d’empathie en conservant une certaine retenue qui renforce l'horreur de la situation, lorsque les survivants prennent ensemble la terrible décision de manger les cadavres de leurs amis pour survivre.

Au final, « Alive » apparaît dans le film de Frank Marshall comme une partition sobre, émouvante et touchante, inspirée d’une histoire tragique et bouleversante, une partition très réussie qui démontre déjà à cette époque tout le talent du compositeur lorsqu’il s’agit de susciter l’émotion à travers des orchestrations très soignées, des harmonies élaborées et des mélodies poignantes. Même si le score est aujourd’hui un peu tombé dans l’oubli, « Alive » n’en demeure pas moins l’une des plus belles réussites du jeune James Newton Howard du début des 90s, une musique poignante à ne surtout pas manquer !


---Quentin Billard