1-Maestro 3.54
2-Iris and Jasper 3.24
3-Kayak for One 1.31
4-Zero 2.45
5-Dream Kitchen 1.36
6-Separate Vacations 1.48
7-Anything Can Happen 0.49
8-Light My Fire 1.14
9-Definitely Unexpected 3.35
10-If I Wanted To Call You 1.51
11-Roadside Rhapsody 1.39
12-Busy Guy 1.28
13-For Nancy 1.28
14-It's Complicated 1.00
15-Kiss Goodbye 2.33
16-Verso E Prosa 1.59
17-Meu Passado 1.25
18-The 'Cowch' 2.42
19-Three Musketeers 2.45
20-Christmas Surprise 2.33
21-Gumption 3.45
22-Cry 2.39

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 784 2

Musique produite par:
Hans Zimmer
Producteur exécutif de l'album:
Nancy Meyers
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Directeur de la musique pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack

Artwork and pictures (c) 2006 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ****
THE HOLIDAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Décidément, Nancy Meyers semble être une indécrottable romantique comme en témoigne sa filmographie quasiment entièrement remplie de comédie romantique en tout genre. Après le sympathique ‘The Parent Trap’ réalisé pour Disney, l’amusant et enjoué ‘What Women Want’ et le très frais ‘Something’s Gotta Give’, la réalisatrice est de retour pour une nouvelle comédie romantique en bonnes et dues formes, ‘The Holiday’. L’histoire commence lorsqu’une américaine nommée Amanda (Cameron Diaz) et une anglaise nommée Iris (Kate Winslet) se font plaquer par leur fiancé respectif. Déçues par les hommes, les deux jeunes femmes décident de changer d’air et de s’échanger leurs demeures respectives par le biais d’une annonce sur internet, alors même qu’elles ne se connaissent pas et ne se sont jamais rencontrées. Amanda atterrit alors dans la petite maison de campagne d’Iris où elle a bien du mal à s’habituer, tandis qu’Iris mène au contraire une vie plus décontractée et joviale, loin de la gente masculine. Mais le petit train-train quotidien est brusquement rompue pour Amanda lorsqu’un jeune anglais nommé Graham (Jude Law) fait brusquement irruption dans sa maison, en prétendant être le frère d’Iris. De son côté, Iris fait la connaissance de deux nouveaux hommes: Arthur Abbott (Eli Wallach), un vieux papy de 90 ans qui se trouve être un très grand scénariste hollywoodien qui a cessé d’exercer à la fin des années 70, et Miles (Jack Black), un compositeur de musique de film exubérant et extraverti. Iris commence à nourrir des sentiments pour Miles qu’elle n’avait pas ressenti depuis sa rupture avec son ancien fiancé Jasper (Rufus Sewell), tandis qu’elle noue une amitié solide avec le vieux Arthur. De son côté, Amanda décide de trouver un peu de réconfort dans les bras de Graham, qui lui annonce que sa vie est bien trop compliquée pour elle et que leur relation n’a aucun avenir. Mais de fil en aiguille, chacun cèdera à l’autre pour célébrer une nouvelle renaissance grâce à l’amour et à l’amitié.

‘The Holiday’ respecte fièrement toutes les conventions de la comédie romantique avec une constance qui force le respect. Comme toujours chez Nancy Meyers, le film se propose de peindre les dessous de la société moderne à travers le regard des femmes, car s’il est une chose que l’on ne peut contester au sujet de ‘The Holiday’, c’est bien son statut de ‘film de femmes’. A travers les deux histoires parallèles de Cameron Diaz et Kate Winslet, une américaine et l’autre anglaise, la réalisatrice évoque les comportements des hommes et femmes d’aujourd’hui par rapport à tout ce qui touche à l’amour, avec son lot de complication, de drame personnel, de tromperie et de sentiments refoulés. Mais ‘The Holiday’ aurait pu être une simple comédie romantique de plus si le film de Nancy Meyers n’avait pas la particularité de rendre un hommage vibrant au monde du 7ème art avec un humour et une ferveur impressionnante. Ainsi, ce n’est pas pour rien si le grand Eli Wallach (90 ans et toujours en pleine forme le bougre !) campe dans le film un ancien scénariste considéré comme une gloire par ses pairs, ou que Jack Black interprète – avec surprise – un compositeur de musique de film, un métier rarement évoqué au cinéma ce qui permet ici une formidable mise en abîme astucieuse sur la musique dans le film. A ce sujet, impossible de résister à l’humour et la fraîcheur de la scène où Jack Black alias Miles s’amuse avec Iris dans le vidéoclub où il fredonne chacune des grandes musiques de film dont il trouve les DVD – sont ainsi passés en revue ‘Jaws’, ‘The Mission’, ‘Chariots of Fire’, ‘Driving Miss Daisy’, ‘The Graduate’, la réalisatrice allant même jusqu’à faire apparaître dans un clin d’oeil surprise Dustin Hoffman dans un rayon du vidéoclub visiblement ironiquement agacé que Miles fasse une référence à ‘The Graduate’ (Le lauréat, l’un des films qui a lancé la carrière de Dustin Hoffman à la fin des années 60). Pour finir, signalons qu’Amanda travaille dans une agence de production de bande-annonce de film. Bref, ‘The Holiday’ montre un amour évident de la réalisatrice pour le cinéma, combinant ainsi astucieusement une trame romantique avec une autre plus subtile et émouvante sur le pouvoir et la magie du cinéma, qui devient alors ici à travers une nouvelle mise en abîme astucieuse une symbolique de la vie avec son lot d’héroïne qui doit affronter de nombreuses épreuves dramatiques avant d’atteindre le happy-end final, peut être une façon pour Nancy Meyers de prendre un peu de recul par rapport à un sujet finalement très bateau et pas franchement original pour une comédie romantique de ce genre. En bref, voilà un film plein de fraîcheur, d’enthousiasme et d’émotion qui, malgré la mièvrerie très convenue de certaines scènes, suscite l’adhésion grâce à son humour à toute épreuve (la bande-annonce hollywoodienne ultra parodique sur laquelle travaille Cameron Diaz dans le film est à mourir de rire!) et son charme insolemment rétro.

La musique de Hans Zimmer contribue sans aucun doute au charme incroyable que dégage ‘The Holiday’ à l’écran. La magie opère grâce à la nouvelle partition orchestrale du compositeur allemand, décidément très doué pour les musiques de comédie (et hélas de moins en moins inspiré pour tout ce qui touche aux musiques d’action). A noter que ‘The Holiday’ marque les retrouvailles entre Nancy Meyers et Hans Zimmer après l’enjoué ‘Something’s Gotta Give’. Pour ‘The Holiday’, Zimmer utilise l’orchestre habituel en mettant en avant les bois, les cordes et les solistes (piano, violoncelle, clarinette, etc.) en utilisant quelques touches d’électroniques et de rythmes légers et enjoués, avec de temps à autre quelques moments plus inventifs et rafraîchissants. ‘Maestro’ ouvre le film en imposant d’emblée le ton intime et romantique de la partition de Zimmer: violoncelle, bois, cordes et piano interprètent ici le très beau thème principal typique des musiques comédie du compositeur allemand. La seconde partie, plus rythmée, dégage un parfum d’optimisme et d’entrain avec des voix féminines légères, une rythmique légère, des guitares et un orchestre dominé ici par des cordes plus vivantes. C’est le début de l’aventure pour les deux héroïnes principales. Avec son entrain et sa grande fraîcheur mélodique, ‘Maestro’ accompagne fièrement l’introduction du film, Hans Zimmer renouant par moment avec le style de ses anciennes musiques de comédie romantique (on pense notamment à ‘Green Card’). A noter que la première partie plus romantique du morceau est en réalité entendue lorsque Miles compose la musique d’un film romantique sur son séquenceur Midi. La musique de Hans Zimmer devient alors subtilement un personnage à part entière du film, une sorte de commentateur externe/interne jouant sur deux tableaux : la musique en tant que score original composé pour l’histoire, et la musique diégétique vécue par le personnage du film. ‘Iris & Jasper’ prolonge cette atmosphère romantique, agréable et intime avec beaucoup de poésie. Zimmer utilise une fois encore le traditionnel mélange cordes/piano/bois avec violoncelle soliste pour arriver à ses fins, délaissant temporairement ses traditionnels synthétiseurs. Le morceau évoque ici avec une certaine mélancolie la scène du début du film où Iris apprend que Jasper, l’homme qu’elle aime, va se marier avec une autre femme.

‘Kayak for One’ se veut quand à lui plus inventif et rythmé. Zimmer utilise ici un loop électro soutenant un mélange clarinette/piano/cordes/guitare et voix féminines légères, le tout enveloppé d’une grande vitalité et d’une fraîcheur que l’on avait pas réentendu chez Hans Zimmer depuis pas mal de temps. Dans le même ordre d’idée, le très joyeux ‘Zero’ accompagne les péripéties d’Iris et Amanda dans leurs nouvelles vies respectives avec une grande fraîcheur. Ici aussi, on ressent un certain optimisme agréable et accrocheur, bien loin de la fadeur de certaines partitions action/aventure plus récentes du compositeur. Il est aussi amusant de constater à quel point le compositeur semble revenir avec ‘The Holiday’ au style de ses anciennes musiques de comédie comme ‘Dream Kitchen’, qui avec sa mélodie de piano joyeuse nous rappelle par moment ‘Radio Flyer’. Zimmer manie ses instruments avec une inventivité rare ici, laissant libre cours à son inspiration à travers le jeu de ses différents solistes qui semblent bien s’amuser ici, que ce soit le piano, la guitare ou les autres instruments. ‘Dream Kitchen’ accompagne en beauté la séquence où Graham aide Amanda à faire la cuisine. La vitalité et l’enthousiasme de morceaux tels que ‘Separate Vacations’ ou ‘Light My Fire’ fait plaisir à entendre, tout simplement, preuve que le compositeur d’origine allemande a décidément plus d’un tour dans son sac (difficile de résister au charme de la guitare ‘boogie’ sautillante de ‘Light My Fire’). Mais la musique alterne tout au long du film entre bonne humeur sautillante et moments plus intimes et romantiques comme ‘Anything Can Happen’ qui, malgré son ton plus mélancolique, annonce un certain espoir pour l’avenir sentimental d’Amanda et Iris. ‘Definitely Unexpected’ utilise brillamment quand à lui les voix féminines qui rythment le morceau (elles évoquent sans aucun doute les deux jeunes femmes) et l’on repasse à nouveau à une tonalité plus intime et romantique dans ‘If I Wanted To Call You’ qui évoque l’amour que ressent encore Iris pour Jasper, et qui a bien du mal à l’oublier. On retrouve ici le très joli thème principal sentimental interprété au piano avec cordes, bois et guitare. ‘Roadside Rhapsody’ se veut quand à lui plus espiègle et sautillant avec ses pizz limite ‘mickey-mousing’ et son air plus nonchalant. A noter que l’on retrouve l’air de ‘Definitely Unexpected’ dans ‘Busy Guy’, associé dans le film au personnage de Jude Law et qui renforce son côté papa poule complètement débordé (à noter que les rythmes légers de voix féminines sont toujours présents). Zimmer s’offre même un petit passage du côté de la musique latino avec une très belle bossa dans ‘For Nancy’ entendu pour une scène où Amanda s’amuse avec Graham dans la neige (le titre sous-entendu que le morceau est dédié à la réalisatrice – attention mignonnette et charmante de la part du compositeur !).

Ici aussi, impossible de résister au la fraîcheur et à la joie de vivre de cette musique, aussi agréable sur les images que sur l’album. Zimmer nous offre une autre bossa limite jazzy dans ‘Verso E Prosa’, où le chant se partage l’affiche avec une trompette jazzy soliste et le reste des instruments. A noter que le morceau a été composé par Heitor Pereira, guitariste sur la partition de ‘The Holiday’ et compositeur de la musique additionnelle. On retrouve une seconde pièce de style latino dans ‘Meu Passado’ qui devrait séduire les amateurs d’ambiances brésiliennes intimes à la Caetano Veloso. L’émotion devient plus forte dans ‘Kiss Goodbye’ avec la reprise du thème romantique principal lorsqu’Amanda fait ses adieux à Graham. Le morceau rejoint ici le style de ‘Maestro’ dans une sorte de ‘bis repetita’ particulièrement savoureuse. L’espoir semble renaître avec ‘Three Musketeers’ qui utilise des sonorités électroniques cristallines et quasi angéliques pour les retrouvailles entre Amanda et Graham vers la fin du film et le retour du très beau thème principal au piano (et toujours accompagné de ses douces voix féminines légères). Même émotion dans ‘Christmas Surprise’ qui touche la corde sensible en reprenant le thème secondaire de piano plus mélancolique d’esprit, associé aux sentiments d’Iris, l’occasion idéale pour écouter ensuite le très rythmé et optimiste ‘Gumption’ qui conclut l’aventure avec entrain et bonne humeur avant le bouquet final de ‘Cry’ pour le happy-end tant attendu. ‘Cry’ se propose de récapituler brièvement les principales idées du score dans une coda partagée entre émotion et enthousiasme marquant la fin de cette belle aventure humaine.

Que du positif donc pour cette nouvelle partition comédie romantique de Hans Zimmer pour ‘The Holiday’. Visiblement très inspiré par son sujet, Zimmer nous livre une musique belle, fraîche, agréable, élégante et pleine d’optimisme. Si sa musique ne marque pas les esprits aux premiers abords, elle demeure malgré tout très charmante et pleine de poésie et d’esprit. Avec ses thèmes mélodiques sympathiques, son alternance entre tendresse nostalgique et morceaux plus rythmés et entraînants, le score de ‘The Holiday’ a véritablement de quoi réconcilier les anti-Zimmer avec le compositeur allemand qui, s’il est loin d’avoir fait l’unanimité sur ses dernières partitions, emporte finalement l’adhésion de tous avec sa partition pour la nouvelle comédie romantique de Nancy Meyers. C’est aussi l’occasion pour nous de redécouvrir la facette plus généreuse et poétique du style musical de Hans Zimmer, dont la musique a réussit à trouver dans ‘The Holiday’ une seconde jeunesse. On retrouve donc ici le Hans Zimmer de ‘Green Card’, ‘Renaissance Man’ ou ‘Radio Flyer’ mais avec une plus grande maturité de style. Tout tourne autour des instruments de l’orchestre et des différents solistes, le compositeur mettant ses traditionnels synthétiseurs au placard le temps d’une nouvelle BO charmeuse et joviale. Fraîcheur et tendresse seront finalement les mots clés de cette musique à écouter sans modération !


---Quentin Billard