1-Mission Cleopatra 3.50*
2-Gaz-L 3.40**
3-Thème Original du Film
Astérix & Obélix
Mission Cléopâtre 4.42
4-Ti Amo 4.19***
5-Intérieur Palais Cléopâtre 2.48
6-Numerobis Theme 2.03
7-Top Chronos 1.50
8-Voyage en Gaule 4.17
9-Walk Like and Egyptian 3.51+
10-Les Pirates 4.01
11-Amonbofis 3.39
12-Chantier 3.53
13-Les Romains 3.32
14-Le Sphinx 3.48
15-Les Pyramides 4.30
16-La Poursuite 3.29
17-Le Jardin Fantastique 2.04
18-Extérieur Palais Cléopâtre 1.20
19-Le Grand Final 3.34
20-Kung Fu 2.09
21-I Got You (I Feel Good) 2.46++

*Interprété par Snoop Dogg et
Jamel Debbouze
(Camel Broadus - James Debbouze/
Delmar Arnaud - George Acogny)
Produit par Daz Dillinger et
George Acogny/
KIO Productions
Producteur exécutif: George Acogny
Production artistique:
Alain Chabat, Jamel Debbouze
Coordination musicale:
Joe Fischer, Amandine Billot,
Caroline Cochaux
**Interprété par Joeystarr
(Joeystarr/ Joeystarr - DJ Spank)
***Interprété par Umberto Tozzi
et Monica Bellucci
(Bigazzi/Tozzi)
Réalisation artistique:
Bruno Berrebi/Lamaison Corporation
+Interprété par Eric Mouquet
et Deep Forest
Featuring Beverly Jo Scott
(Liam Sternberg)
++Interprété par James Brown
(James Brown)

Musique  composée par:

Philippe Chany

Editeur:

Universal France 0651142

Editions musicales:
Renn Productions
Arrangeur/programmateur/
Réalisation artistique:
Thierry Blanchard
Arrangeur/Orchestrateur:
Patrick Brugaliere
Gestion de la musique:
V.M.A.

(c) 2002 Une co-production Katharina/Renn Productions TF1 Films Production Chez Wam
en association avec CP Medien Erste Zweite et Vierte Beteiligung KC Meden AG & Co. KG Munich avec la participation de Canal + et du Centre National de la Cinématographie.

Note: ***1/2
ASTÉRIX & OBÉLIX:
MISSION CLÉOPÂTRE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Philippe Chany
Quand l’ex chef des « Nuls » Alain Chabat décide de mettre en scène les aventures du plus célèbre gaulois de la bande dessinée française, cela donne ‘Astérix et Obélix Mission Cléopâtre’. Grosse production française au budget colossal de 50,3 millions d’euros (un record pour un film français!), ‘Astérix et Obélix Mission Cléopâtre’ met en scène Cléopâtre (Monica Bellucci), la célèbre reine égyptienne qui, pour défier l’empereur Jules César (Alain Chabat), décide de faire construire en trois mois un gigantesque palais impérial en plein coeur du désert égyptien. C’est Numérobis (Jamel Debbouze), le jeune architecte avant-garde qui est chargé de construire ce palais en un temps record surhumain. S’il réussit, il sera couvert d’or mais s’il échoue, il sera jeté en pâture aux crocodiles. Se voyant dans l’incapacité à construire ce palais en trois mois, Numérobis décide de rendre visite à Panoramix (Claude Rich), le vieux druide du village gaulois où vivent Astérix (Christian Clavier) et Obélix (Gérard Depardieu). Il demande alors des conseils au vieux sage qui lui fournit alors quelques gouttes de sa fameuse potion magique qui va lui permettre d’exécuter la construction du palais à la vitesse de la lumière. Mais Amonbofis (Gérard Darmon), l’architecte de la reine, jalouse le succès de Numérobis et décide de lui mettre des bâtons dans les roues avec la ferme intention de le faire échouer dans sa mission.

Après un premier opus sympa sans plus réalisé par Claude Zidi en 1999, Alain Chabat nous offre un second épisode totalement déjanté et montre ici un amour certain pour l’univers de la célèbre bande dessinée de René Goscinny. Avec un budget colossal et un casting hallucinant quasiment exclusivement constitué de stars de la télé et de l’humour made in France (Gérard Depardieu, Christian Clavier, Jamel Debbouze, Monica Bellucci, Alain Chabat, Claude Rich, Gérard Darmon, Edouard Baer, Dieudonné, Mouss Diouf, Marina Foïs, Bernard Farcy, Jean Benguigui, Jean-Paul Rouve, Edouard Montoute, Emma de Caunes, Chantal Lauby, Noémie Lenoir, Zinedine Soualem, Isabelle Nanty, Claude Berri, Pierre Tchernia, PEF Martin-Laval, Maurice Barthélémy, Omar et Fred, Mathieu Kassovitz, la liste vous suffira ?), l’ancien membre des « Nuls » nous offre un spectacle entièrement basé sur la dérision et le sens du grotesque avec une avalanche non-stop de gag et de péripéties rocambolesques en tout genre. Alain Chabat a toujours été proche de l’humour absurde à la ‘Monty Python’ et son film n’échappe pas à la règle, même si l’on aurait aimé un scénario et des personnages un peu plus approfondis. On regrettera par exemple le fait que les vraies stars du film ne soient plus Astérix et Obélix mais les égyptiens et le tandem Jules César/Cléopâtre. Du coup, le duo Depardieu/Clavier paraît ici bien plus terne en comparaison du premier opus de Claude Zidi même si l’ensemble fonctionne toujours correctement. Le réalisateur/acteur nous assène un spectacle totalement déjanté à grand renfort d’effets spéciaux et de scènes délirantes (l’affrontement à coup de catapulte, la scène où Astérix et Obélix sont coincés à l’intérieur de la grande pyramide – ce qui nous vaut d’ailleurs une belle séquence dans le noir entièrement réalisée en dessin animé, et même une scène totalement absurde sur la vie des langoustes commentée par Jean-Pierre Bacri en plein milieu du film, une idée débile que Chabat a emprunté à un ancien sketch des « Nuls »). L’humour est omniprésent du début jusqu’à la fin, avec une avalanche de jeux de mots sur les noms des personnages, des situations loufoques (Numérobis et Amonbofis qui s’affrontent en faisant du karaté à la Bruce Lee à la fin du film, etc.) et des anachronismes en pagaille. Visiblement, toute l’équipe du film semble s’être bien amusé sur cette énorme production française qui plaira sans aucun doute aux fans de l’humour des « Nuls » et à ceux qui ont déjà apprécié le premier épisode réalisé par Claude Zidi et qui seraient désireux de voir ce qu’Alain Chabat en a fait.

Philippe Chany reste depuis le début le compositeur attitré des « Nuls ». Celui qui s’est fait connaître en 1986 avec la chanson ‘C’est la ouate’ interprété par Caroline Loeb a signé par la suite les musiques de toutes les émissions TV des « Nuls » diffusées à l’époque sur Canal +. Ami d’enfance d’Alain Chabat, Philippe Chany entame avec ‘Astérix & Obélix Mission Cléopâtre’ sa quatrième composition pour un film avec Alain Chabat après ‘La Cité de la Peur’, ‘Delphine 1, Yvan 0’ et ‘Didier’. Composant habituellement sur des synthétiseurs, Chany s’essaie pour la première fois à la grande musique symphonique hollywoodienne dans ‘Astérix & Obélix Mission Cléopâtre’. Epaulé par l’orchestrateur Patrick Brugaliere, Philippe Chany rend hommage dans cette bande originale aux grands musiciens du cinéma qu’il admire tant (il cite parmi ses compositeurs de musique de film préférés Jerry Goldsmith, John Barry, Trevor Howard, Lalo Schifrin, Ennio Morricone, Michel Magne). Dominé par un thème principal fédérateur évoquant l’Egypte ancienne dans sa grandeur et sa puissance épique (‘Thème original du film Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre’), le score développe un souffle symphonique/choral flamboyant tout au long du film, alternant morceaux d’action énormes, moments épiques, passages plus légers et doux. A noter que le morceau s’ouvre au son d’un motif ample de 4 notes de cuivres associé dans le film à Jules César. Les choeurs rajoutent ici une dimension épique et mystique à la musique du film, avec au passage les inévitables touches orientalisantes de par l’utilisation d’un luth arabe et de sonorités mélodiques très typées. La musique s’inspire très clairement ici du style de ‘The Mummy’ de Jerry Goldsmith qui semble avoir servi de modèle à Philippe Chany sur cette bande originale (et ce jusqu’à l’utilisation du luth arabe, similaire à ce que Goldsmith en avait fait dans ‘The Mummy’, qui se déroulait aussi dans l’Égypte ancienne). On remarque d’emblée le soin très particulier apporté aux orchestrations qui privilégient chaque pupitres de l’orchestre avec une certaine habileté (très bon travail de la part de l’orchestrateur de Philippe Chany!). Et si vous doutiez encore de l’atmosphère égyptienne/mystique du début du score, ‘Intérieur Palais Cléopâtre’ devrait vous convaincre amplement, avec sa harpe lancinante, sa flûte mystérieuse et ses mélopées instrumentales orientalisantes pour le palais de Cléopâtre.

Le personnage de Numérobis alais Jamel Debbouze a droit à son propre thème dans ‘Numerobis Theme’, mélodie aux accents arabes interprétée par le luth et des percussions arabes accompagnant l’orchestre. Le thème de Numérobis apporte une certaine espièglerie au personnage de James Debbouze tout en renforçant clairement la facette orientale de la musique de ‘Astérix & Obélix Mission Cléopâtre’. ‘Voyage en Gaule’ nous transporte en Gaule, avec une nouvelle phrase mélodique plus douce partagée entre bois et cordes, lorsque Numérobis se met en route vers la Gaule, à la recherche de Panoramix. A noter l’utilisation de petites touches de mickey-mousing qui apportent un peu d’humour et de légèreté à la musique du film. Inversement, ‘Les Pirates’ se veut plus massif et tonitruant avec son motif menaçant de 5 notes de cuivres. Chany renforce le côté viril et sombre du morceau avec une petite rythmique énergique et l’utilisation inattendue d’une guitare électrique (on sent à quel point le compositeur s’est amusé sur bon nombre de passages de la partition d’Astérix & Obélix Mission Cléopâtre’ !). La seconde partie du morceau se veut plus guerrière et martiale, avec son lot de cuivres tonitruants à la Jerry Goldsmith et de percussions massives (on sent par moment ici l’influence du ‘13th Warrior’ de Goldsmith). C’est ensuite au tour du personnage d’Amonbofis (Darmon) d’être mis en musique dans ‘Amonbofis’, morceau sombre et menaçant qui évoque clairement le côté comploteur et perfide du personnage (à noter qu’on retrouve ici le motif de 4 notes de César). ‘Le Chantier’ reprend quand à lui le thème principal et illustre la séquence du chantier de construction du grand temple égyptien de Cléopâtre de façon massive et épique avec percussions et choeurs à l’appui, et toujours ses sonorités orientales/égyptiennes parfaitement dépaysantes (et aussi très stéréotypées). Côté Jules César, ‘Les Romains’ évoque clairement les troupes romaines à la façon des grands péplums à l’ancienne: percussions martiales, cuivres guerriers, toutes les conventions du genre y passent sans compromis! La dernière partie du score va ensuite alterner entre morceaux d’action tonitruants (l’excitant ‘La Poursuite’, véritable tour de force orchestral massif qui reprend le motif de cuivres de ‘Les Pirates’), morceaux mystérieux et mystiques (scène où Astérix, Obélix, Panoramix et Idéfix sont enfermés dans la pyramide – ‘Les Pyramides’), touches mickey-mousing sautillantes (‘Le Sphinx’, où l’on voit Obélix faire ses pitreries sur le nez du Sphinx) et passages guerriers (‘Extérieur Palais Cléopâtre’), sans oublier la coda très attendue, ‘Le Grand Final’, qui récapitule les principales idées thématiques du score de ‘Astérix & Obélix Mission Cléopâtre’. Et pour finir, Chany s’offre un petit délire avec ‘Kung Fu’, sorte de pastiche amusant des musiques des films de Bruce Lee des années 70 (ici, on pense clairement au style du ‘Enter The Dragon’ de Lalo Schifrin), pour la scène où Numérobis et Amonbofis s’affrontent à coup de prises de kung fu à la fin du film.

Partition massive, énergique et captivante, la musique de ‘Astérix & Obélix Mission Cléopâtre’ remplit parfaitement le cahier des charges même si l’ensemble demeure très conventionnel et n’apporte pas grand chose de neuf au genre. Philippe Chany déploie une énergie et un véritable enthousiasme tout au long du film d’Alain Chabat, renforçant le sentiment de grandeur, de puissance et aussi l’humour du film. Cependant, il y a fort à parier que le rôle de Patrick Brugaliere a été prédominant dans l’élaboration de la première grande partition symphonique à l’hollywoodienne d’un compositeur jusqu’ici habitué aux synthétiseurs. Mais à une époque où les artisans du cinéma français font de plus en plus appel à des compositeurs hollywoodiens pour les musiques de leurs films, il est quand même assez rassurant de constater que certains réalisateurs continuent d’utiliser les talents de nos musiciens français, talents réellement présents mais qui ne sont plus assez bien exploités de nos jours (est-ce une coïncidence si un musicien comme Alexandre Desplat s’expatrie outre-atlantique à la recherche de projets bien plus stimulants, et que Philippe Sarde exprime régulièrement son ras-le-bol et sa lassitude de la médiocrité des productions françaises actuelles, et le peu d’intérêt accordé à la création musicale au cinéma français ?). Même si ‘Astérix & Obélix Mission Cléopâtre’ demeure une partition ‘à l’hollywoodienne’ d’un bout à l’autre du film, elle n’en demeure pas moins très réussie et signe que les compositeurs de musique de film français sont toujours présents et qu’il existe un vrai savoir-faire dans le registre symphonique qui ne doit surtout pas se perdre. Preuve en est qu’avec ‘Astérix & Obélix Mission Cléopâtre’, la musique de film française a aussi son mot à dire dans le domaine de la grande musique symphonique traditionnelle.


---Quentin Billard