1-Brief Reunion 4.27
2-Farewell and Hello, Key West 2.19
3-First Kiss 1.21
4-Perfect Outlaws 1.36
5-Hyperion Job, I Was Famous 5.49
6-Acoustic Outlaws 1.56
7-Long Spring, Better Posters 2.31
8-This Is War 1.39
9-Life's a Beach 2.02
10-Thaddius Raines 0.32
11-War Is Over 0.57
12-No Ma, No More 1.01
13-Pinkerton's Idea 2.19
14-You're All Dead Men 1.11
15-Train Escape 1.32
16-Do You Miss The War? 0.49
17-Jesse's Ride 4.13
18-Surprise Attack 0.58

Musique  composée par:

Trevor Rabin

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6276

Produit par:
Trevor Rabin, Paul Linford,
Steve Kempster

Producteur exécutif:
Robert Townson
Superviseur de la musique:
Maureen Crowe
Montage musique:
Will Kaplan
Coordination de la musique:
Audrey De Roche

Artwork and pictures (c) 2001 Morgan Creek Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ***
AMERICAN OUTLAWS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Rabin
Jesse James reste le personnage emblématique incontournable dans l’univers du western américain traditionnel. L’histoire romancée de ce hors-la-loi mythique de l’ouest sauvage a été adaptée à de nombreuses reprises au cinéma, que ce soit la version de 1939 avec Tyrone Power dans le rôle du célèbre bandit, celle de 1959 avec Henry Brandon (‘Hell’s Crossroads’) ou bien encore de Philip Kaufman datant de 1972 avec Robert Duvall dans le rôle clé. Chaque période a donc eu droit à ses adaptations de l’histoire de Jesse James. En 2001, c’est au tour du réalisateur Les Mayfield de nous offrir sa propre version des aventures du célèbre héros de l’ouest américain. Nous sommes en 1863, à la fin de la Guerre de Sécession. Le jeune Jesse James (Colin Farrell) et ses frères retournent s’occuper de leur ferme familiale située en plein cœur du Texas, jusqu’à ce qu’un certain Thaddeus Rains (Harris Yulin), un homme d’affaire sans scrupules, débarque chez lui avec la ferme intention de chasser les habitants de leurs terres afin d’y faire construire une ligne de chemin de fer. Jesse et ses frères font comprendre à Thaddeus et ses deux hommes de main, Allan Pinkerton (Timothy Dalton) et Rollin Parker (Terry O’Quinn), qu’ils n’ont pas intérêt à remettre les pieds chez eux sous peine de se faire abattre pour de bon. Parker réplique alors violemment en faisant abattre la mère de Jesse, Ma James (Kathy Bates). Nourrissant désormais une haine farouche pour Thaddeus Rains et son projet de ligne de chemin de fer, Jesse rassemble sa bande avec son frère Frank James (Gabriel Macht) et son cousin Cole Younger (Scott Caan) et commence à piller les banques de la région en volant l’argent qui appartient à l’homme d’affaire. Il redistribue ensuite l’argent volé aux habitants de la région et se retrouve très vite considéré comme l’un des bandits les plus respectés et les plus recherchés de tout l’ouest américain. Mais pendant que la bande des James/Younger continue de sévir dans la région, Thaddeus charger son homme de main Pinkerton de traquer et d’arrêter Jesse James. ‘American Outlaws’ est donc une nouvelle version de l’histoire de Jesse James, racontée ici de façon nettement plus édulcorée que certaines versions plus anciennes. Ici, le film s’arrête bien avant l’épisode célèbre avec Robert Ford qui mit fin au mythe en abattant lâchement le célèbre bandit d’une balle dans le dos. Toute cette partie a été passée à la trappe comme si les producteurs du film avaient eu peur de faire une fin trop pessimiste pour le public américain moyen. Colin Farrell campe ici un Jesse James super héroïque, une sorte de Robin des Bois du far-west distingué et vaillant, qui vole aux riches pour donner aux pauvres. Caricatural au possible, ce Jesse James manque cruellement de charisme et de conviction, tout comme le reste du casting d’ailleurs. Et ce n’est hélas pas la mise en scène totalement impersonnelle de Les Mayfield qui viendra arranger les choses. Reste quelques bonnes scènes d’action pour pimenter un peu un ensemble moyen et totalement dénué d’audace et d’originalité. C’est décidément loin d’être la meilleure adaptation des aventures de Jesse James que l’on ait pu voir au cinéma!

Confier la musique d’un western moderne à Trevor Rabin paraissait fort curieux. Et pourtant, le compositeur ex-guitariste du groupe Yes ne s’en tire pas si mal que ça en nous livrant un score synthético-orchestral dans la lignée de ses scores d’action/aventure précédents, avec en prime une petite touche western. Rabin utilise donc l’orchestre traditionnel auquel il ajoute ses traditionnels samples et rythmiques électro habituelles. Les amateurs du compositeur seront heureux de retrouver ici toutes les sonorités habituelles du compositeur, qui use décidément de tics musicaux très reconnaissables depuis ses premiers gros scores d’action de la seconde moitié des années 90. Le thème principal de la partition est une mélodie héroïque et rythmée associée aux exploits de Jesse James et sa bande tout au long du film. Ce thème entraînant et majestueux n’est pas sans rappeler bon nombre de passages héroïques de la partition de l’incontournable ‘Armageddon’ : du pur Trevor Rabin donc! On trouve ensuite un thème de cuivres majestueux et ample qui fait office de thème d’aventure dans certains moments de bravoure. Et pour finir, l’inévitable ‘Love Theme’ évoquant la romance entre Jesse et Zerelda (Ali Larter), sans aucun doute le thème le moins accrocheur de l’ensemble de la partition de ‘American Outlaws’. Avec ‘Brief Reunion’, Rabin illustre le début du film avec une première apparition du thème d’aventure pendant la fin de la Guerre de Sécession à grand renfort de percussions électroniques, de guitares électriques et d’un orchestre dominé par cordes/cuivres. ‘Farewell And Hello, Key West’ utilise quand à lui des guitares plus intimes pour une première apparition du thème romantique. On notera l’utilisation d’un violon soliste dans ‘First Kiss’ qui reprend le Love Theme de façon assez touchante (mais aussi ô combien conventionnelle). L’utilisation de samples de choeurs en arrière-fond sonore mélangés au violon rappelle là aussi inévitablement certains passages romantiques du score d’Armageddon qui semble décidément avoir servi de modèle à Trevor Rabin sur ‘American Outlaws’. ‘First Kiss’ accompagne dans le film la scène du premier baiser entre Jesse et Zerelda avec une certaine poésie. Et c’est le thème principal associé à Jesse James qui fait enfin son apparition dans l’héroïque ‘Perfect Outlaws’ accompagnant les images de la bande galopant en quête de nouveaux exploits (les rythmes rappellent là aussi bon nombre de passages de ‘Armageddon’). L’utilisation de la guitare électrique à la fin du morceau nous rappelle la traditionnelle ‘Trevor Rabin’s touch’. A noter que le compositeur s’aventure de temps en temps à utiliser des bois même si l’on sent bien à quel point il ne maîtrise pas vraiment l’écriture orchestrale (Trevor Rabin est un musicien de rock à la base sans réelle formation de compositeur solide!).

Les thèmes ayant été exposés progressivement dans la première partie du film, on peut enfin passer aux choses sérieuses avec l’agité ‘The Hyperion Job, I Was Famous’ qui nous plonge dans l’action avec une écriture de cuivres, cordes et percussions qui rappelle certains passages de ‘Ennemy of The State’ et ‘Bad Company’. Ici aussi, nous sommes à 100% dans du Trevor Rabin sans le moindre doute! L’utilisation des percussions électroniques et des guitares électriques résonnent évidemment de façon trop moderne pour une musique de western, mais qu’importe, le résultat fonctionne à l’écran sans être pour autant d’une grande subtilité, loin de là. Le morceau emporte l’adhésion par sa montée rythmique héroïque illustrant les exploits de la bande à Jesse lors d’une violente fusillade contre les hommes de Thaddeus au cours d’un guet-apens en pleine ville. Rabin s’amuse à nous offrir un peu de rock/country avec ses guitares électriques diverses et amplifiées dans ‘Acoustic Outlaws’ qui donnent un côté « cool » et « jeune » à Jesse et ses hommes, et rappelle l’univers ‘western moderne’ du film de Les Mayfield. On retrouve des guitares plus intimes dans la reprise du thème romantique dans ‘Long Spring, Better Posters’, tandis que ‘This Is War’ annonce clairement la couleur : désormais, c’est la guerre entre la bande à Jesse et les hommes de Thaddeus Rains. On retrouve ici le thème d’aventure joué de façon plus lente. Le méchant a d’ailleurs droit à son propre morceau dans ‘Thaddius Raines’ où l’on retrouve des sonorités électroniques et des rythmes hérités là aussi de ‘Enemy of the State’ (Rabin semble d’ailleurs réutiliser quelques samples électro par moment de ce précédent score d’action). ‘Pinkerton’s Idea’ et ‘You’re All Dead Men’ évoquent de façon plus sombre la séquence finale de l’arrestation de Jesse emmené dans le train de Thaddeus et de sa spectaculaire évasion dans le morceau d’action ‘Train Escape’ malheureusement gâché par des samples d’orchestre un brin kitsch qui sonnent comme une ‘maquette’ et non comme une production musicale finale. Le mélange cordes/cuivres/percus fonctionne toujours aussi bien chez Rabin même si une fois encore, on sent à quel point le compositeur paraît très limité dans son écriture instrumentale. Néanmoins, sa musique apporte une certaine pêche aux scènes d’action du film et traduisent bien les exploits du personnage et les derniers grands morceaux de bravoure du film. Finalement, ‘Jesse’s Ride’ est un dernier gros morceau d’action pour l’affrontement final dans le train de Thaddeus.

Trevor Rabin continue de se maintenir en nous offrant régulièrement des partitions de qualité correctes mais toujours très alimentaires et qui révèlent très rapidement toutes les limites techniques et stylistiques du compositeur. Avec ‘American Outlaws’, Trevor Rabin n’apporte finalement rien de particulier au genre du western et préfère se retrancher derrière son style synthético-orchestral habituel. Rien de bien neuf à l’horizon donc : les détracteurs du compositeur pourront fuir ce score comme la peste tandis que les fans du compositeur de ‘Armageddon’ et ‘Enemy of the State’ pourront se ruer sur ce score les yeux fermés. Reste un score alimentaire qui, s’il fonctionne bien dans le film et demeure assez agréable à l’écoute, manque cruellement d’ambition et de relief pour rester gravé suffisamment longtemps dans notre mémoire. Un Trevor Rabin en petite forme donc!


----Quentin Billard