1-The Scientific Method 3.00
2-Maria Y Su Caballo 2.40
3-The Beautiful Daughter 0.40
4-Sara Y Maria 1.58
5-You Killed My Father 3.08
6-Solmo 1.13
7-Los Peones En La Iglesia 1.20
8-Traperas 1.13
9-El Pueblo En La Iglesia 1.20
10-Adious 2.08
11-Billbuck 0.58
12-El Caballo Altras 0.21
13-La Escuela De Billbuck 1.49
14-El Torrente 1.25
15-Companeras 1.18
16-Carino 0.37
17-Las Bandidas 1.20
18-Marijo En El Saloon 2.18
19-Los Mercenarios 3.25
20-Huella Dactilar 0.41
21-Princesa Sara 0.48
22-Novios En El Banco 4.12
23-Robodos 2.51
24-Ladronas Horcas 1.54
25-Viva Mejico 0.39
26-Cirios 1.48
27-Prelio 1.20
28-Bandidas Finalio 2.28
29-Leyenda Y Muerte 1.21
30-Gobernador Y Oro 0.27
31-Le Echamos De Menos 1.37
32-Can't Stop Thinking 0.42
33-Las Bandidas (Reprise) 1.29

Musique  composée par:

Eric Serra

Editeur:

Recall Music For Films/NA 007

Album produit par:
Eric Serra

Artwork and pictures (c) 2006 Europa Corp. All rights reserved.

Note: ****
BANDIDAS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Eric Serra
Avec ‘Bandidas’, Luc Besson s’essaie à un nouveau type de production : le western modernisé à la sauce féminine, une sorte de ‘Bad Girls’ version EuropaCorp (la boîte de Besson). La réalisation étant confiée à deux spécialistes de la pub, Joachim Roenning et Espen Sandberg qui signent là leur premier film, Luc Besson est sur de toucher le jackpot. Au programme : humour, fusillade, vengeance et héroïnes sexy. Et pour se faire, la production a réuni deux actrices de charme : Penélope Cruz et Salma Hayek, une rencontre inédite pour les deux comédiennes aux origines latino. L’histoire nous plonge dans le Mexique de 1880. Tyler Jackson (Dwight Yoakam), le représentant de la New York Bank and Trust, projette de saisir illégalement les terres mexicaines afin d’y faire construire un chemin de fer. Pour se faire, il fait assassiner le père de Sara Sandoval (Salma Hayek) et tue plusieurs mexicains, blessant mortellement le père d’une modeste paysanne, Maria Alvarez (Penélope Cruz). Les deux jeunes femmes, qui n’ont rien en commun excepté leur culture mexicaine, vont devoir s’unir pour affronter Jackson et sauver leur peuple. Elles vont se faire aider dans leur quête par Quentin Cooke (Steve Zahn), un jeune policier idéaliste originaire de New York et spécialisé dans les méthodes scientifiques. Ensemble, elles vont piller les banques de la ville pour reprendre l’argent qui a été volé à leur peuple.

Le scénario n’a rien de follement original puisqu’il s’inspire allègrement de tous les westerns traditionnels, que ce soit Sergio Leone côté Italie ou John Ford côté U.S. On y retrouve toujours la sempiternelle histoire de vengeance, de lutte pour la terre, de braquage de banques, etc. Mais les clichés sont ici tempérés par un duo d’actrice de charme qui allie allures sexy et humour avec un certain panache, face à un Dwight Yoakam une fois de plus parfait dans la peau du grand méchant de service. Steve Zahn, plus terne, passe quand à lui la majeure partie du film à se faire embrasser par Salma Hayek et Penélope Cruz (le petit veinard). Enfin, signalons une brève apparition du toujours aussi charismatique Sam Shepard dans la peau du coach qui va préparer les deux jeunes femmes aux braquages de banque. Le film ne se prend trop au sérieux et mélange humour et action de façon agréable, Luc Besson évitant fort heureusement de retomber dans ses mauvaises habitudes (pas de ‘banlieue attitude’ ici ! Tout de même, dans un western, ça aurait été le bouquet !!!). Ceci étant dit, l’ensemble sent le réchauffé et les personnages sont trop caricaturaux pour être honnête. Le rythme excessivement soutenu fait de ‘Bandidas’ une sorte de gros clip MTV de 90 minutes se déroulant dans l’univers du western. Pas d’ambition ici si ce n’est donc que celle de nous divertir le plus simplement du monde. C’est creux et totalement futile, mais on appréciera néanmoins l’énergie de l’ensemble et le charme des deux actrices principales, qui semblent s’être bien amusées sur ce film.

‘Bandidas’ permet à Luc Besson de renouer avec son compositeur attitré, Eric Serra, qui signe pour ce film une partition orchestrale riche et énergique, empreinte de sonorités hispanisantes et mexicaines. Dès l’ouverture du film (‘The Scientific Method’), Serra annonce clairement la couleur à l’aide d’une guitare électrique, d’une guitare basse et de quelques percussions. Serra s’amuse ici à pasticher le style des musiques western du légendaire Ennio Morricone réadapté à la sauce 2006. Le morceau dévoile subtilement le thème principal joué ici par des pizzicati synthétiques, alors que le morceau augmente lentement en intensité, l’instrumentation s’étoffant progressivement. Dès les premières minutes du score, il est clair que l’on a ici à faire à un Eric Serra qui maîtrise complètement son sujet et semble s’être bien amusé en écrivant cette musique. ‘Maria Y Su Cabillo’ évoque le personnage de Maria (Penelope Cruz) et développe le fun du début en introduisant les sonorités de trompettes mariachi incontournables pour toutes ambiances musicales mexicaines qui se respecte. A noter l’utilisation amusante des castagnettes dans le pupitre des percussions qui renforce les sonorités hispanisantes de la musique d’Eric Serra, tandis que la guitare sèche et la trompette soliste du morceau nous renvoient clairement une fois encore à la dimension western traditionnelle, agrémenté de quelques synthétiseurs. Les deux héroïnes se rencontrent enfin dans le trépidant ‘Sara Y Maria’ où le compositeur semble s’en donner à cœur joie sur des sonorités électroniques étranges et des rythmes inventifs évoquant l’énergie des deux cow-girls. Un thème plus mélancolique apparaît dans le poignant ‘The Beautiful Daughter’ aux cordes et repris dans le tragique ‘You Killed My Father’, qui évoque le meurtre du père de Sara et son désir de vengeance. Ce genre de passages plus intimes nous permettent de retrouver la sensibilité habituelle d’un compositeur décidément très habile dans les passages émouvants. Un troisième motif plus hispanisant d’esprit apparaît aux vents/cordes à la fin de ‘You Killed My Father’, associé à la vengeance de Sara (motif qui n’est pas sans rappeler certains passages du ‘Mask of Zorro’ de James Horner).

Et l’action peut enfin commencer véritablement avec l’excitant ‘Solmo’ où Serra utilise le pupitre des cuivres de façon assez inventive, avec la traditionnelle fanfare ‘mariachi’, la guitare, les castagnettes et les percussions : ambiance mexicaine 100% garantie pour accompagner les exploits de Maria et Sara à l’écran! A noter la façon dont le compositeur s’amuse à mélanger vrais cuivres et samples de cuivres avec une inventivité et une certaine fraîcheur tout à son honneur. On retrouve le motif de la vengeance dans le très beau ‘Los Peones En La Iglesia’ qui prend une allure plus ample et déterminée à l’instar de la motivation des deux héroïnes partant en guerre contre les injustices infligées à leur peuple. Mais ce sont les passages aux accents plus folkloriques qui attirent ici notre attention, Eric Serra s’essayant à l’exercice de style périlleux de la pastiche entre la musique mexicaine et les fanfares des mariachi afin de planter le décor dans le film. La sensibilité du compositeur s’exprime à nouveau dans l’émouvant ‘El Pueblo En La Caverna’ où Serra utilise un très beau solo de guitare sèche avec quelques cordes et une voix soliste, le morceau illustrant le peuple paysan pour lequel Maria et Sara se battent (on retrouve une fois encore ici le motif hispanisant de la vengeance). L’inventivité du compositeur se retrouve dans le rafraîchissant ‘La Escuela de Billbuck’ pour la scène où Billbuck (Sam Shepard) entraîne les deux héroïnes pour les préparer aux hold-up. L’enthousiasme communicatif que dégage le morceau est renforcé par d’habiles rythmes flamenco qui rappellent là aussi certains passages du ‘Mask of Zorro’ de James Horner. Dommage cependant que l’un des premiers gros morceaux d’action du score comme ‘El Torrente’ prenne des allures de maquettes inachevées avec ces samples d’orchestre kitsch et un brin vulgaires. Mais cette faut de goût est très vite rattrapée par l’énergie du joyeux ‘Companeras’ aux allures festives. Enfin, le morceau ‘Bandidas’ nous dévoile le très attendu thème principal dans toute sa splendeur lors d’une cavalcade héroïque des deux cow-girls du film. Percussions électroniques endiablées, thème de guitare électrique héroïque à souhait et orchestre cuivré s’en donnent ici à coeur joie sur des rythmes de chevauchées trépidants accompagnant les exploits des deux héroïnes lorsque ces dernières viennent de cambrioler plusieurs banques de la région. Serra pousse même le pastiche jusqu’à la composition d’une petite pièce pour piano de saloon dans ‘Maria En El Saloon’ aux accents de ragtime 100% far west garanti!

L’action reprend ensuite dans ‘Los Mercenarios’ pour l’affrontement entre les deux héroïnes et les mercenaires de Tyler Jackson dans le guet-apens de la banque. A noter ici la tension suggérée par le martèlement des cuivres graves illustrant l’avancée des mercenaires et les sonorités électroniques omniprésentes. L’action reprend dans ‘Novios En El Banco’ pour une autre scène d’affrontement contre les sbires de Jackson, pour lequel Serra utilise plus particulièrement des percussions électroniques très agitées. ‘Prelio’ reprend malheureusement les sonorités électroniques un peu kitsch de ‘El Torrente’, ces passages d’action de style film d’action de série-B restant sans aucun doute les passages les moins intéressants et les moins réussis de toute la partition de ‘Bandidas’. En revanche, l’action culmine de façon bien plus efficace dans l’excitant ‘Bandidas Finalio’ lors de la confrontation finale contre Tyler Jackson, Serra réutilisant la guitare électrique à la Morricone associé ici aux deux héroïnes du film. ‘Leyenda Y Muerte’ illustre quand à lui le traditionnel duel final avec la trompette soliste pastichant ici bon nombre de final des musiques western d’Ennio Morricone, avant la coda festive de ‘Gobernador Y Oro’. On appréciera au passage une superbe reprise finale du thème principal interprété dans toute sa splendeur dans l’héroïque ‘Bandidas (Reprise)’ parfait pour conclure cette chevauchée féminine sexy en beauté!

Force est de constater qu’au fil des années, que l’on n’aime ou pas sa musique, Eric Serra a su s’imposer comme l’un des compositeurs les plus originaux et les plus talentueux de sa génération dans le cinéma français contemporain. Si ses partitions n’ont pas toujours fait l’unanimité, creusant régulièrement l’écart entre sa horde de fans qui ne jurent que par lui et ses nombreux détracteurs, nul ne peut nier que le musicien a réellement mis du coeur à l’ouvrage sur ‘Bandidas’. Il ne fait aucun doute que la présence de Luc Besson à la production a sans aucun doute permit à Eric Serra d’avoir une bonne marge de manoeuvre et une certaine liberté artistique sur un film pour lequel on n’en attendait pas tant. Si la musique n’a rien d’étonnant dans le fond, elle demeure bien plus surprenante sur la forme, Serra s’essayant avec humour et fraîcheur à l’exercice de style de la musique western modernisée. Certes, Serra n’est pas Ennio Morricone et n’a nullement l’intention de prétendre rivaliser sur le terrain du maestro italien. Au contraire, sa musique s’avère être totalement décomplexée, inventive et résolument fun d’un bout à l’autre du film, remplie d’humour et de bonne humeur. Eric Serra possède décidément plus d’un tour dans son sac et n’a pas fini de nous étonner!


---Quentin Billard