1-Naughty Girl 1.25
2-Parking Fight 1.41
3-Main Theme 4.05
4-Lonely Driver 2.25
5-Kendo 1.16
6-Sexy Nurse 9.12
7-Kidnapping 2.07
8-The Chase 4.11
9-Policeman 1.29
10-Frank's Calling 2.13
11-After The Flames 2.31
12-Chasing a Russian 4.47
13-Exchange 2.27
14-The Antidote 3.00
15-Frank 0.41
16-Saving Jack 2.54
17-D-day 1.00
18-Kill Bitch 2.25
19-Catching Gianni 2.47
20-Jet Boxing 2.19
21-Underwater 2.24
22-Good Bye Tarconi 1.14

Musique  composée par:

Alexandre Azaria

Editeur:

WEA/Recall 084

Produit par:
Alexandre Azaria

Artwork and pictures (c) 2005 EuropaCorp./20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ***
LE TRANSPORTEUR II
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Azaria
Quand y en a plus, y en a encore ! Après un premier épisode explosif et efficace, Luc Besson rempile pour ‘Le Transporteur II’, toujours réalisé par le français Louis Leterrier avec Jason Statham dans le rôle principal. A l’origine, c’était Corey Yuen qui devait réaliser le film, mais Leterrier est arrivé entre temps et s’est vu confier la direction du film, Yuen n’assurant au final que les chorégraphies des combats. Frank Martin (Statham) est à Miami où il se prépare à dépanner un ami en vacances, le commissaire Tarconi (François Berléand). En attendant, il s’occupe de conduire un enfant à l’école pendant quelques jours. Mais son père, Mr. Billings (Matthew Modine), est un important homme d’affaire qui doit se rendre dans quelques jours à une conférence sur la lutte antidrogue. Un jour, un trafiquant de drogue nommé Gianni (Alessandro Gassman) kidnappe l’enfant et demande en échange une importante somme d’argent. Frank Martin se retrouve alors mêlé malgré lui à ce complot. Prêt à tout pour sauver l’enfant, il réussit à échapper aux hommes de main de Gianni et retrouver par la suite leur trace. Frank découvre alors que les trafiquants ont mis au point une drogue mystérieuse qui a le pouvoir de tuer le porteur ainsi que tout ceux qui respirent le poison autour de lui. Mais l’enfant est retrouvé par la suite, avec le poison dans ses veines. Entre temps, Frank a réussit à dégoter le sérum, mais Billings et sa femme sont déjà contaminés. Avec l’aide de son ami français Tarconi, Frank va entamer une course contre la montre pour stopper Gianni et l’empêcher de tuer tout le monde à la conférence de lutte antidrogue. Le scénario de cet opus 2, écrit par Luc Besson, semble avoir été expédié à la va vite : ainsi, on retrouve le sempiternel kidnapping d’enfant et le héros qui s’est juré de tout faire pour le sauver (qui a dit « Man on Fire » ?), saupoudré d’un bon zest d’action et de scènes pseudo humoristiques.

Pas grand chose à dire, si ce n’est que ‘Le Transporteur II’ est une catastrophe du début jusqu’à la fin : les effets spéciaux, à moitié terminés, sont honteux pour une production de ce genre (dans un récent entretien, Louis Leterrier a avoué être très déçu que le film soit sorti aussi vite alors que les effets spéciaux étaient à moitié achevés). Les cascades et les scènes d’action sont toutes plus invraisemblables les unes que les autres : Frank qui décroche la bombe sous sa voiture lors d’une cascade impossible, l’avion qui tombe dans la mer à la fin du film dans des mouvements totalement irréalistes, la scène où Frank saute en ligne droite pour éviter deux voitures qui se percutent en frontal, la scène totalement gratuite et grotesque de la voiture qui roule entre deux immeubles, etc. Et que dire de ces chorégraphies bâclées comme lorsque Frank affronte une dizaine de sbires à la fin du film à coup de lance incendie ! Bref, du n’importe quoi total du début jusqu’à la fin avec des personnages caricaturaux à l’extrême, des situations totalement irréalistes pour qu’on y adhère, une méchante qui se balade en sous-vêtements tout au long du film sans qu’on comprenne vraiment pourquoi (ah, le bon goût légendaire des productions Luc Besson!), et, cerise sur le gâteau, un François Berléand complètement paumé qui semble se demander qu’est-ce qu’il peut bien faire dans cette misère (car entre une scène où il apprend à faire la cuisine à des flics américains et une autre où il monopolise discrètement l’ordinateur de la police, il ne se foule pas trop !). Pire encore, l’acteur a carrément l’air de se moquer royalement du film en portant sur son visage une expression du genre « mais pourquoi je me suis laissé entraîner dans une galère pareille ? ». Bref, voilà un film d’action qui, à force d’en faire des tonnes, se grille les ailes et finit par nous ennuyer. Même les scènes d’action sont molles et mal filmées, la faute incombant probablement à une réalisateur chaotique qui a vu se succéder deux réalisateurs d’affilée avec les problèmes de production que l’on connaît (effets spéciaux à moitié fini, film sorti dans l’urgence et charcuté au montage pour pouvoir obtenir un PG-13 aux USA, etc.). Conclusion : un navet d’action totalement insipide et gras à oublier d’urgence !

Alexandre Azaria (ancien guitariste du groupe de rock français ‘Le Cri de la Mouche’ qui rejoindra par la suite le groupe ‘Indochine’) s’impose depuis quelques années déjà comme l’un des rares compositeurs français à savoir maîtriser un style symphonique hollywoodien, comme nous le prouvent ses partitions pour les comédies françaises populaires (‘Fanfan La Tulipe’, ‘Les Dalton’, ‘Astérix et les Vikings’, etc.). Sur ‘Le Transporteur II’, Azaria s’exporte à Hollywood et signe un score d’action qui respecte toutes les conventions du genre avec une réelle efficacité. Evidemment, une production aussi calibrée ne pouvait prétendre à une musique très recherchée. C’est pourquoi Alexandre Azaria s’est contenté d’appliquer toutes les recettes du genre avec un certain savoir-faire. Epaulé d’un orchestre de 70 musiciens enregistré à Paris, Azaria utilise un thème principal reconnaissable à ses notes descendantes dès le générique de début et qui sera associé tout au long du film aux exploits de Frank Martin. Le prologue du film nous offre deux premiers morceaux d’action qui nous mettent d’emblée dans le bain : ‘Naughty Girl’ et ‘Parking Fight’ pour l’affrontement dans le parking souterrain au début du film. ‘Naughty Girl’ se distingue par ses cuivres massifs et ses rythmiques électroniques tendance techno/électro, deux éléments majeurs du score de ‘Le Transporteur II’. Dans ‘Parking Fight’, Azaria mélange électronique et orchestre dans la plus grande tradition des scores d’action hollywoodiens de maintenant. A noter un intéressant travail sur les percussions électroniques qui rappelle par moment le travail de David Arnold sur les derniers ‘James Bond’. La partie orchestrale reste quand à elle très soignée même si l’ensemble demeure toujours très conventionnel et prévisible. Enfin, le générique de début (‘Main Theme’) nous permet de découvrir le thème principal exposé par un piano sur fond de choeurs samplés, de rythmiques électroniques cool et de partie orchestrale dominé par cordes et cuivres. Le ‘Main Theme’ évoque parfaitement l’atmosphère d’action du film de Louis Leterrier tout en associant au personnage de Jason Statham un côté héros de film d’action prêt à se battre pour que le bien triomphe. Quoiqu’il en soit, ce ‘Main Theme’ reste l’un des passages les plus sympathiques du score de ‘Le Transporteur II’.

‘Lonely Driver’ se veut quand à lui plus intime, mélancolique et torturé avec une très belle écriture de cordes et des sonorités électroniques plus froides et distantes qui trahissent ici une certaine tristesse, associé au caractère solitaire du héros. ‘Sexy Nurse’ développe quand à lui la facette plus moderne du score d’Azaria. On retrouve donc les sonorités électro/techno de vigueur avec une écriture orchestrale toujours très présente. La fusion entre synthétiseur et orchestre fonctionnant parfaitement ici. Le morceau accompagne avec une certaine tension la séquence où la compagne de Gianni se fait passer pour une infirmière. La seconde partie du morceau aboutit à un passage d’action tonitruant pour l’affrontement dans l’hôpital, à grand renfort de cuivres, percussions et cordes frénétiques. A noter que, curieusement, les bois semblent être majoritairement absents des passages d’action du score d’Azaria (choix stylistique volontaire ou lacune d’écriture de la part du compositeur?). Ajoutons que le compositeur utilise aussi une guitare électrique afin d’accentuer le punch de sa musique à l’écran. L’action continue de plus belle avec l’excitant ‘The Chase’, morceau accompagnant la course poursuite en voiture vers le premier quart d’heure du film. On retrouve ici une rythmique rock/électro et un orchestre agité développant le thème principal partagé entre cordes et cuivres avec un certain tonus. Le morceau penche ici très nettement du côté du score de ‘Tomorrow Never Dies’ de David Arnold, qui semble avoir servi de source d’inspiration à Alexandre Azaria sur ‘The Chase’ (on pense par exemple ici au morceau ‘Backseat Driver’ du score d’Arnold). Azaria digère ses influences et maîtrise malgré tout sa musique même si l’on ne peut s’empêcher de regretter un certain manque de style propre au compositeur. L’action reprend avec ‘After The Flames’ et ses rythmes électro, ou ‘Chasing a Russian’ pour la poursuite avec le gangster russe vers le milieu du film, soutenu ici aussi par des rythmiques électro et un orchestre toujours dominé par cordes et cuivres. A noter un rebondissement rythmique dans la dernière partie du morceau, soutenu par un rythme rock du plus bel effet. Signalons au passage une autre source d’inspiration du compositeur, Jerry Goldsmith, avec la partie finale de ‘Saving Jack’ qui a parfois tendance à rappeler le style de ‘Basic Instinct’.

A noter que certains morceaux plus orchestraux comme le dramatique ‘Exchange’ pour la scène du sauvetage de l’enfant (morceau dominé par des cordes lyriques) ou ‘Frank’s Calling’ se distinguent par leur écriture de cordes très soutenue et là aussi parfaitement maîtrisée. Néanmoins, l’action domine par dessus tout ici comme nous le rappelle ‘The Antidote’, ‘Kill Bitch’, ‘Catching Gianni’ et ‘Jet Boxing’ (affrontement final contre Gianni). Finalement, ‘Underwater’ et ‘Goodbye Tarconi’ ramènent de l’ordre et du calme pour l’inévitable happy-end final. Et Alexandre Azaria boucle ainsi sa partition de façon tout à faire ordinaire, aussi ordinaire que sa musique elle-même, car ce qui domine ici, c’est une certaine sensation de déjà entendu. On sent à quel point Azaria aime la musique de film hollywoodienne. Avec ‘Le Transporteur II’, le compositeur a encore une fois de plus l’occasion de nous le prouver. Seulement voilà, le musicien imite ici le style hollywoodien sans y apportant quelque chose de personnel voire de neuf. Sa musique demeure constamment plombé par un certain manque d’originalité et par un côté très prévisible parfois assez lassant à la longue. Malgré tout, on prend un certain plaisir à écouter ce score d’action typiquement ‘à l’hollywoodienne’ de la part d’un compositeur enthousiaste mais qui est toujours en quête de style musical personnel. Gageons que des projets plus ambitieux lui permettront à l’avenir de s’épanouir et de nous offrir des musiques plus matures et plus personnelles.


---Quentin Billard