1-The Incident in Chile 1.54
2-The Call From Costigan 2.16
3-Trip to Haven 2.47
4-River of Blood 2.01
5-Katherine Encounters Lauren 2.08
6-Plague Of Flies 3.47
7-Katherine's Story 2.36
8-Katherine's Faith 2.37
9-Katherine Reaches for Lauren 1.23
10-Why Not? 1.59
11-Livestock 1.07
12-Katherine Believes/
Costigan Burns 4.34
13-The Sacrifice Room 1.57
14-Flowing Blood 1.56
15-Locusts 1.55
16-Ben Is Dead/
The Confrontation 1.59
17-The Darkness 1.47
18-God Intervenes 2.53
19-The Boy 4.45
20-The Reaping Title Sequence 1.58

Musique  composée par:

John Frizzell

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 802 2

Produit par:
John Frizzell
Score électronique produit par:
John Frizzell, Frederick Wiedmann
Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Doug Frank, Carter Armstrong
Montage musique:
Jim Harrison

Artwork and pictures (c) 2007 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***
THE REAPING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Frizzell
Nouveau thriller horrifique signé Stephen Hopkins (‘Predator 2’, ‘Lost in Space’), ‘The Reaping’ (Les châtiments) met en scène Hilary Swank dans le rôle d’une spécialiste des évènements paranormaux confronté à des phénomènes étranges et terrifiants en rapport avec les Dix Plaies de la Bible. Katherine Winter (Hilary Swank) est une ancienne missionnaire chrétienne qui a quitté son habit après le meurtre de son mari et de sa petite fille lors d’une mission au Soudan, il y a quelques années. Devenue aujourd’hui professeur d’université, Katherine s’attache à démystifier tous les ‘miracles’ surnaturels qu’elle rencontre en fournissant pour chacun une explication scientifique et rationnelle. Un jour, la jeune femme est contactée par Doug Blackwell (David Morrissey), instituteur dans la petite bourgade de Haven, en Louisiane. Selon lui, des fléaux inspirés des Dix Plaies de l’Ancien Testament se seraient abattus sur le petit village. Les habitants de Haven reportent unanimement la faute sur une fillette sauvageonne, Loren McConnell (AnnaSophia Robb), qui vit seule avec sa mère au fond des bois. Ils l’accusent d’avoir contaminé l’eau du lac qui s’est transformée en sang après la mort mystérieuse de son jeune frère. Katherine, épaulée par son collègue Ben (Idris Elba), commencer à mener son enquête. Mais les phénomènes se succèdent rapidement, et leur troublante ressemblance avec les fléaux bibliques commence à perturber Ben. Mais Katherine reste convaincue que tout ceci a une explication rationnelle. Mais ses théories ne fonctionnent pas et la jeune femme commence à se rendre à l’évidence : il se pourrait bien que Haven soit touché par des forces obscures qui menacent la paix de la ville et de ses habitants pour une raison encore inconnue. Katherine va donc devoir tout mettre en œuvre pour découvrir la vérité et mettre fin à ce cauchemar.

‘The Reaping’ suit alors le schéma classique des thrillers théologiques comme on en voit à la pelle ces derniers temps (‘Stigmata’, ‘End of Days’, etc.). Le film donne enfin l’occasion au réalisateur Stephen Hopkins de refaire équipe avec le producteur Joel Silver après l’inoubliable ‘Predator 2’ en 1990. Les deux complices attendaient un projet solide pour pouvoir reformer à nouveau leur tandem, et c’est maintenant chose faite. Hélas, on est bien loin ici du brio de leur ancienne production, car ‘The Reaping’ accumule tous les poncifs du genre sans aucune imagination, soutenu par une avalanche d’effets spéciaux (surtout dans la partie finale) pas toujours bien dosés. L’intrigue est néanmoins suffisamment captivante pour nous maintenir en haleine du début jusqu’à la fin (le tout agrémenté de quelques rebondissements sympas bien qu’un reste très prévisible !). Hilary Swank est très à l’aise dans son rôle d’ex-missionnaire devenue une indécrottable scientifique qui se complait à rationaliser tous les phénomènes paranormaux en rapport avec la religion chrétienne. Le film oppose ainsi science et religion, croyance contre rationalité, pour finalement déboucher sur le véritable sujet du film : l’éternelle lutte entre le bien et le mal. A noter une AnnaSophia Robb étonnante, une jeune actrice de 12 ans aperçue récemment dans ‘Bridge to Terabithia’ et qui devrait faire parler d’elle à l’avenir. Pour le reste, ‘The Reaping’ est un thriller théologique sans grand relief, qui souffre d’une réalisation un peu excessive (Hopkins filme caméra à l’épaule et ça bouge beaucoup trop, même dans les scènes qui auraient nécessité un plan fixe) et d’un montage parfois très confus (l’alternance entre le moment présent et les flashbacks ne paraissent pas toujours maîtrisés). Quand au suspense du film, il reste bien dosé même si l’on regrette le côté parfois très prévisible de l’ensemble (genre sursauts gratuits dans le style des ‘slasher movies’ traditionnels). Au final, ‘The Reaping’ reste un thriller honnête de la part de Stephen Hopkins, mais qui ne laissera pas un souvenir impérissable.

Comme le duo Hopkins/Silver s’est reformé sur ‘The Reaping’, on aurait pu s’attendre à retrouver le grand Alan Silvestri à la musique du film. Mais c’est finalement John Frizzell qui a été choisi pour mettre en musique ce nouveau long-métrage à suspense. Le compositeur, décidément très actif ces derniers temps, est devenue en l’espace de quelques années un spécialiste des musiques d’horreur/thriller, un peu à la façon de ses collègues Marco Beltrami ou Elia Cmiral. Pour ‘The Reaping’, Frizzell a décidé d’utiliser l’orchestre symphonique de 80 musiciens agrémenté de synthétiseurs et d’un choeur de 60 voix. Rien de bien neuf pourrait-on dire, sauf que les choeurs ne chantent pas ici dans le latin traditionnel que l’on entend souvent dans ce type de thriller religieux mais en Gaëlique, un ancien dialecte qui était parlée dans le nord de l’Ecosse et que l’on considère comme l’une des plus vieilles langues d’Europe. Les sonorités particulières du Gaëlique confèrent aux choeurs un côté étrange, étonnant et fort bienvenue pour le film. Le score de ‘The Reaping se structure autour de trois thèmes principaux majeurs, tout d’eux joué au piano, instrument soliste principal de la partition de Frizzell. La scène de l’incident au Chili (‘The Incident in Chile’) permet au compositeur de dévoiler le premier motif de quelques notes jouées par un piano, motif mystérieux qui évoque l’enquête de Katherine et Ben. A noter ici l’utilisation d’une guitare pour évoquer les paysages du Chili, avec l’orchestre habituel. ‘The Call from Costigan’ dévoile le second thème, plus ample, toujours joué au piano. Ce second thème possède lui aussi un côté sombre et mystérieux qui évoque les fléaux de Haven. A noter une partie finale clairement atmosphérique et sombre où Frizzell utilise une partie plus électronique et inquiétante. Cette partie électronique restera d’ailleurs omniprésente tout au long du film, Frizzell ayant réussi à créer un véritable design sonore en compagnie de son complice Frederik Wiedmann. Enfin, un thème plus intime et mélancolique d’esprit apparaît dans ‘Trip to Haven’, lui aussi joué au piano. Cette mélodie évoque de façon plus ambiguë les souvenirs douloureux du passé de Katherine.

La première illustration musicale d’un fléau de Haven est faite dans ‘River of Blood’ où Frizzell mélange effets de cordes dissonantes, piano et sonorités électroniques sombres et étranges, alors que les personnages découvrent pour la première fois la rivière de sang. On retrouve dans ce passage le style ‘thriller’ atmosphérique habituel cher au compositeur, avec un piano décidément omniprésent. Idem pour ‘Katherine Encounters Lauren’ qui reprend le motif mystérieux de piano de ‘The Incident in Chile’, lors de sa toute première rencontre avec Lauren, la fillette sauvageonne des bois. Ce motif se retrouve ensuite juxtaposé à celui de Katherine, malmené par des sonorités électroniques sinistres et plus inquiétantes. Frizzell installe dans le film une véritable atmosphère de mystère, de suspense et de tension, comme il sait si bien le faire. On notera l’ostinato rythmique plus entêtant et menaçant de ‘Plague of Flies’ pour la scène du fléau des sauterelles. L’orchestre devient ici plus massif et instaure un climat de terreur et de suspense. Le thème du fléau est repris au piano, entre deux passages plus atmosphériques. Frizzell calme le jeu avec ‘Katherine’s Story’ lorsque l’héroïne se remémore son passé en compagnie de Doug. L’ambiance devient ici plus chaleureuse et intime avec des cordes émouvantes et retenues. Mais il s’agit bien évidemment d’une petite pause très brève qui nous permet de mieux repartir dans la tension et le mystère avec le sinistre ‘Katherine’s Faith’ qui se distingue par ses sonorités électroniques glauques dans la lignée du score de ‘Stay Alive’. La tension monte encore d’un cran lorsque Katherine vient faire un tour chez Lauren et rencontre sa très intrigante mère (‘Why Not?’). A noter que le choeur apparaît dans ‘Livestock’, interprétant ici un autre thème mystérieux du score, toujours associé à l’énigme des fléaux d’Haven. Le chœur reste présent dans ‘Katherine Believes/Costigan Burns’ où les choses semblent se précipiter vers une conclusion apocalyptique. A noter la reprise massive du motif mystérieux lors de la séquence où le père Costigan brûle, rythmé par un choeur aux sonorités sataniques du plus bel effet – sans aucun doute l’un des premiers passages mémorables du score de ‘The Reaping’.

La tension explose enfin dans ‘Flowing Blood’ avec sursauts de terreur, choeurs, clusters et dissonances à l’appui. Enfin, le climax de la partition est atteint dans ‘Locusts’, morceau où le choeur interprète en Gaëlique une véritable danse satanique massive durant la scène où Lauren déchaîne les fléaux autour d’elle. Seule ombre au tableau, ‘Locusts’ semble avoir été indubitablement inspiré par un morceau similaire entendu dans le score de ‘House on Haunted Hill’ de Don Davis (influence des temp-tracks probablement, comme d’habitude pourrait-on dire d’ailleurs). L’affrontement final se décompose alors en 4 morceaux : le sombre ‘Ben is Dead/The Confrontation’ où culminent des chœurs grandioses, ‘The Darkness’, où l’on retrouve le motif mystérieux joué aux cordes avec un rythme scandé brutal (à noter comment progressivement Frizzell abandonne l’usage du piano au fur et à mesure que Katherine se rapproche de la vérité, comme si le piano était associé à ses convictions et son rationalisme). Enfin, ‘God Intervenes’ reprend le thème du fléau dans une reprise chorale grandiose, massive et de toute beauté, quasi religieuse d’esprit. Idem pour ‘The Boy’ qui conclut le film sur une dernière touche de noirceur et de tension. Frizzell nous offre ensuite en bonus le morceau qu’il a écrit pour la première partie du générique de fin du film, ‘The Reaping Title Sequence’, qui se trouve être un remix du thème du fléau et du motif mystérieux sur fond de sonorités électro/techno du plus bel effet, particulièrement efficace alors que l’on observe à l’écran de nombreuses images furtives en rapport avec les fléaux bibliques.

Soyons honnête pour finir : il est clair qu’avec ‘The Reaping’, John Frizzell ne renoue pas avec le véritable exploit créatif que représenté le score de ‘Stay Alive’ dans une catégorie similaire. ‘The Reaping’ suit tous les codes de la musique de thriller sans jamais tenter la moindre audace ni prise de risque. La seule véritable originalité du score de Frizzell demeure l’utilisation du Gaëlique pour les choeurs, mais en dehors de cela, pas grand chose de neuf à la clé. La musique s’avère être très prenante à l’écran sans pour autant constituer une écoute puissante qui hante l’esprit comme on aurait pourtant été en droit de s’attendre étant donné le sujet du film. Néanmoins, force est de constater que John Frizzell se maintient dans un paysage hollywoodien de plus en plus accidenté. Le compositeur semble posséder un appétit sur pour l’expérimentation et les recherches sonores, mais hélas, certains de ses projets ne lui permettent pas toujours de s’exprimer pleinement, même si avec le récent ‘Stay Alive’ il a prouvé à quel point il aimait travailler le son en profondeur. ‘The Reaping’ fait donc partie d’une catégorie de musique efficace dans le film mais plus conventionnelle sur le fond, un résultat musical satisfaisant mais au bilan mitigé de la part d’un jeune compositeur qui possède pourtant un véritable potentiel et qui ne demande qu’à éclore sur des projets vraiment plus artistiques et ambitieux.


---Quentin Billard