Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:


Réalisateur:
Michael Crichton
Genre:
Thriller
Avec:
Ben Gazzara, E.G. Marshall,
Martin Sheen

(c) 1972 ABC Circle Films. All rights reserved.

Note: ***1/2
PURSUIT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Première réalisation de l’écrivain Michael Crichton, ‘Pursuit’ est un téléfilm à suspense comme on en voyait régulièrement sur les écrans américains dans les années 70. Crichton a adapté ici son propre roman sous la forme d’un thriller dans lequel Steven Graves (Ben Gazzara), un agent du gouvernement américain, est charger d’arrêter James Wright (E.G. Marshall), chef d’une organisation extrémiste qui a dérobé un gaz neurotoxique appartenant à l’armée américaine et qui menace de déclencher une attaque chimique le jour d’une importante convention politique à San Diego en Californie. ‘Pursuit’ est un honnête film à suspense qui, à défaut de briller de par une mise en scène très originale, réussit à nous maintenir en haleine jusqu’au final. Pour son premier téléfilm, Michael Crichton se paie même le luxe de s’offrir les performances d’un trio de qualité, incluant Ben Gazzara, Martin Sheen et E.G. Marshall.

‘Pursuit’ marque la première collaboration entre Michael Crichton et Jerry Goldsmith. Le compositeur n’a pas écrit beaucoup de musique pour ‘Pursuit’, à peine une quarantaine de minutes sur les quelques 73 minutes du téléfilm. Mais le peu qui nous est donné à entendre réussit une fois de plus à nous convaincre de la qualité de cette partition méconnue du maestro mais qui mériterait d’être enfin éditée en CD. Le score de ‘Pursuit’ utilise un ensemble instrumental absolument typique du Jerry Goldsmith des années 70 : synthétiseurs datés, batterie, basse, guitare électrique, piano et orchestre symphonique sont les ingrédients d’un score mélangeant habilement suspense et thématique entraînante. La musique commence dans le film lors de la toute première scène de filature et sera utilisée principalement lors des scènes d’action et de suspense. Le score est doté d’un thème principal de qualité qui se décline en plusieurs parties : tout d’abord, un motif rythmique souvent confié aux cuivres et entendu lors de la scène où Steven Graves suit James Wright en voiture dans les rues de la ville, un motif entraînant auquel Goldsmith confère un côté cool et typiquement « seventies », surtout dans l’utilisation de synthétiseurs et d’une batterie qui rythme l’ensemble. Goldsmith utilise en contrepoint de ce thème un motif de notes descendantes proche d’une toccata baroque mais adaptées là aussi à la sauce « seventies ». Ce motif fait d’ailleurs office de thème de poursuite tout au long du film. Enfin, Goldsmith utilise un autre motif issu du même thème principal, et qu’il associera dans le film au personnage de Ben Gazzara.

Si la musique surprend par la fraîcheur de sa thématique et son côté résolument « 70s » qui rappelle beaucoup le travail du compositeur sur ‘Escape from Planet of the Apes’, c’est aussi pour nous préparer plus subtilement aux quelques passages à suspense plus sinistres dans lesquels Jerry Goldsmith réemploie son style atonal/avant-gardiste qui lui est cher. On notera par exemple cet excellent morceau de suspense durant la scène où Stevens rentre dans la pièce de l’immeuble piégée par le gaz et tente de neutraliser les bonbonnes avant d’être mis hors service par le gaz qui se répand dans la pièce. Goldsmith imite ici le malaise du héros sur le point de s’évanouir sous l’effet du gaz en utilisant des effets de glissendi de trombones et de cors dissonants particulièrement sinistres et synonymes de malaise. Les autres morceaux de suspense sont du même acabit, illustrant cette montée de tension qui parcourt l’ensemble du film. Autre élément à noter : la façon dont Goldsmith joue sur le tempo synchronisé au mouvement des secondes et des minutes sur le cadran horaire qui apparaît tout au long du film pour rappeler l’idée de la course contre la montre (une idée largement reprise depuis dans la série ’24 heures chrono’). Le thème principal et ses divers motifs restent très présents tout au long du film pour apporter un rythme vital aux images qui s’avèreraient bien pauvres sans l’apport indispensable de la musique de Goldsmith. Le film se conclut sur une ultime reprise du motif de la poursuite joué par un piano mélancolique sur fond de batterie pop.

Au final, ‘Pursuit’ demeure une partition thriller agréable et captivante, dans laquelle Goldsmith semble s’être fait plaisir en nous offrant un thème mélodique de qualité et quelques beaux morceaux de suspense particulièrement sombres. Pour sa première collaboration avec Michael Crichton, Jerry Goldsmith se montre très inspiré comme d’habitude et nous offre un score à suspense qui mériterait d’être plus connu du grand public. Vivement une édition CD digne de ce nom pour ce titre méconnu du maestro!


---Quentin Billard