1-Opening Title 2.31
2-Ted 2.46*
3-Paris 2054 1.21
4-Passion's Kiss 1.49
5-Chasend 4.58**
6-Farfella's World 3.03
7-Introspection 0.48
8-Fairground Schemes 2.26
9-Nostalgia 2.33***
10-Muller's Sacrifice 2.48
11-We've Found Him 3.04
12-Melrose Bar 2.32***
13-Karas Uncovers The
Mystery of Klaus 2.28
14-Club 71 3.36***
15-Karas and Bislane 2.26
16-Memories Forgotten 3.21
17-Si on partait 4.09+
18-Renaissance Ending 5.07***

*Composé par Chris Clark
**Composé par Plaid
***Composé par Louis Warbeck
+Composé par LFO.

Musique  composée par:

Nicholas Dodd

Editeur:

Naive France NV808811

Album produit par:
Nicholas Dodd

Artwork and pictures (c) 2005 Onyx Films. All rights reserved.

Note: **
RENAISSANCE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nicholas Dodd
Le film d’animation français semble être au beau fixe depuis quelques années. C’est dans ce contexte florissant pour le cinéma d’animation frenchy que débarque ‘Renaissance’, dessin animé entièrement conçu en motion capture, technique qui consiste à enregistrer les mouvements d’acteurs réels pour les reproduire ensuite sur un personnage virtuel en trois dimensions. Réalisé par Christian Volckman, ‘Renaissance’ est un véritable défi technique arborant un énigmatique noir et blanc sans aucun dégradé, alors même que l’histoire se déroule dans un futur lointain. Nous sommes à Paris en l’an 2054. Une jeune et jolie scientifique de 22 ans, Ilona Tasuiev, est kidnappée. Barthélemy Karas, un flic controversé, est chargé par ses supérieurs de mener l’enquête et de retrouver la trace d’Ilona. Au cours de son enquête, Karas découvre un complot au sein d’une gigantesque entreprise de cosmétique nommée Avalon, pour laquelle travaille Ilona. Cette dernière est en réalité la clé d’un protocole qui pourrait remettre en cause l’avenir de l’humanité, le mystérieux protocole Renaissance, crée par le docteur Muller il y a de nombreuses années déjà. Techniquement, ‘Renaissance’ demeure impressionnant, avec sa peinture d’un Paris suffocant et tentaculaire où les contacts humains se raréfient de plus en plus. L’utilisation d’un noir et blanc radical crée une atmosphère particulière tout au long du film, et le procédé du motion capture achève de rendre le tout résolument moderne, inscrit dans le film d’animation nouvelle génération – tout comme le récent ‘Sin City’ de Robert Rodriguez et Frank Miller. Seule ombre au tableau : à trop vouloir en faire, on en oublie le scénario! Les concepteurs du film ont trop voulu miser sur l’aspect visuel de ‘Renaissance’. Du coup, le scénario en pâtit bien lourdement et ne fais qu’accumuler des poncifs de polar/film noir en tout genre. Ici, tout demeure prévisible de A à Z. Les personnages semblent tous très creux et stéréotypés, les dialogues sont aussi largement téléphonés, et l’histoire n’a aucun fond particulier, aucun message à faire passer, pas même un semblant de morale (si ce n’est « l’immortalité c’est pas bien ! »). Du coup, on s’ennuie un peu face à ce film d’animation visuellement spectaculaire mais très creux et sans grande saveur.

Comme souvent aujourd’hui dans la plupart des grosses productions cinématographiques françaises, le compositeur est recruté outre-atlantique. Certains artisans du 7ème art français qui critiquaient ouvertement les américains il y a 10 ans sont bien obligé de reconnaître qu’aujourd’hui, la plupart des grosses productions françaises sont mises en musique par des compositeur américains. Manque de talent en France, ou tout simplement de budget conséquent alloué à la musique pour les musiciens français ? La question reste posée. Toujours est il que pour ‘Renaissance’, c’est Nicholas Dodd qui a été choisi pour écrire la partition orchestrale du film de Christian Volckman. Dodd est plus connu à Hollywood pour être l’orchestrateur attitré de David Arnold et Mychael Danna. Sur ‘Renaissance’, le compositeur s’est vu offrir un budget assez conséquent pour écrire une partition mélangeant orchestre et synthétiseurs sans grande surprise. Hélas, le résultat est fort décevant, Dodd ne témoignant d’aucune idée musicale qui puisse apporter un quelconque souffle au film de Christian Volckman. Tout ici est affaire de clichés et de musique purement fonctionnelle : la musique se limite à accompagner les images sans aucune inspiration particulière, comme si le compositeur lui même semblait ne pas y croire. Le ‘Opening Title’ pose le ton de la partition avec un orchestre ample et sombre dominé par cordes, vents, cuivres, piano et voix féminines mystérieuses, idéales pour évoquer l’énigme de l’enlèvement d’Ilona Tasuiev. Un premier thème de piano vient annoncer l’ambiance polar du film. ‘Paris 2054’ évoque les décors futuristes du film avec un ton résolument très orchestral, sombre et ample. ‘Passion’s Kiss’ dévoile un thème romantique pour Karas et Bislane pour cordes et piano, au lyrisme très hollywoodien et classique d’esprit. Nicholas Dodd reprend ce thème romantique dans ‘Karas and Bislane’ pour une autre très belle variante autour du Love Theme.

‘Farfella’s World’ s’avère être plus orienté vers le suspense et le mystère, Dodd incorporant à son orchestre une série de percussions électroniques accentuant le côté futuriste du film. Il s’amuse ensuite à varier les ambiances suivant les différents moments clé du film : un peu d’intimité avec le piano et les sonorités électroniques new-age de ‘Introspection’, de l’action et de la tension avec ‘Fairgrounds Schemes’ lorsque Karas mène son enquête (la partie orchestre demeure résolument sombre avec la présence de ces voix synonymes de danger et d’énigme policière) ou ‘Muller’s Sacrifice’ pour la mort du Dr. Muller - on retrouve ici un style orchestral ample et dramatique visiblement très inspiré de David Arnold, pour qui Dodd a signé la plupart des orchestrations de ses musiques. De l’action, le compositeur nous en offre avec ‘We’ve Found Him’ (poursuite entre Karas et les sbires d’Avalon dans les souterrains parisiens), agrément de percussions électro/techno du plus bel effet sur fond d’orchestre cuivré et musclé. Ici aussi, l’ombre de David Arnold plane sur la musique et plus particulièrement celle de partitions telles des derniers ‘James Bond’. Le mystère est enfin dévoilé avec ‘Karas Uncovers the Mistery of Klaus’ où le piano et les voix féminines samplées renforcent la dimension mystérieuse de la composition de Nicholas Dodd. A noter que le score orchestral de Dodd cohabite tout au long du film avec plusieurs morceaux électro-acide signés Chris Clark (‘Ted’), Plaid (‘Chasend’), le duo britannique LFO – composé de Gez Varley et Mark Bell (‘Si on partait’) et surtout Louis Warbeck, qui signe une bonne partie de la musique additionnelle électro du film avec des pièces telles que ‘Nostalgia’, ‘Melrose Bar’, ‘Club 71’ et le générique de fin du film, ‘Renaissance Ending’, pièce qui s’avère extrêmement monotone, désagréable et fatigante à écouter (on aurait préféré une bonne suite orchestrale résumant les principales idées de la partie de Nicholas Dodd).

Hélas, on traverse l’écoute de cette bande originale sans retenir la moindre idée particulière, car même si la partition de Nicholas Dodd contient un thème romantique classique et soigné, l’ensemble demeure trop fonctionnel et insipide pour pouvoir véritablement attirer notre attention. Apparemment, Nicholas Dodd semble davantage à l’aise avec les orchestrations qu’avec la composition. Dommage, d’autant que le caractère futuriste et le graphisme original du film de Christian Volckman auraient nécessités une musique bien plus ambitieuse et radicale dans son fond comme dans sa forme. En clair : un score aussitôt écouté, aussitôt oublié !


---Quentin Billard