1-Générique début 0.45
2-Mon petit doigt m'a dit 2.24
3-Mon petit doigt m'a dit 0.38
4-MPD Pizz 1.20
5-By the pricking of my thumbs 1.59*
6-Thème de Rose 1.04
7-La seringue 0.34
8-Madame Pacard 0.50
9-Le singe 0.25
10-Le côteau ensoleillé 0.58
11-By the pricking of my thumbs 0.41*
12-Retour chez les Beresford 0.28
13-Prudence au jardin 0.28
14-Découverte de la maison 0.50
15-Prudence en taxi 1.51
16-La maison coupée en deux 2.21
17-Cauchemar de Prudence 2.07
18-Fresques 0.30
19-Menuet 0.32
20-Le tableau 0.20
21-Le cimetière 0.36
22-Chorale muette 2.07
23-Thème violon seul 1.28
24-Cauchemar II 0.55
25-Mon petit doigt m'a dit 2.18
26-MPD (Cordes seules) 0.42
27-Thème des limbes 0.24
28-Thème des limbes
(cor anglais) 0.38
29-Le suicide d'Anet 0.23
30-MPD (Pizz II) 1.21
31-Chorale muette II 0.45
32-Le secret de Rose II 1.05
33-Mon petit doigt m'a dit
(variation) 2.19
34-Mademoiselle Balyes s'écroule 1.32
35-Thème des limbes 0.35
36-Thème des limbes (reprise) 0.23
37-Prudence dans la campagne 0.39
38-Tango kermesse 1.13
39-Valse kermesse 1.41**
40-Thème voix seule 0.45
41-La mort du singe 0.42
42-Générique fin 1.45

*Paroles de William Shakespeare
Adaptation de Nathalie Lafaurie
**Paroles de Nathalie Lafaurie.

Musique  composée par:

Reinhardt Wagner

Editeur:

Play Time 477356 2

Direction artistique:
Thierry Caens
Album conçu et réalisé par:
Stéphane Lerouge
Produit par:
Thierry Wolf, FGL

(p) 2005 Ah! Victoria! Films (c) 2005 Play Time.

Note: ***1/2
MON PETIT DOIGT M'A DIT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Reinhardt Wagner
Après ‘La Dilettante’ et ‘Mercredi folle journée’, le réalisateur Pascal Thomas retrouve l’actrice Catherine Frot pour la troisième fois sur ‘Mon petit doigt m’a dit’, adapté d’un roman de la célèbre reine du polar britannique, Agatha Christie. Bélisaire Beresford (André Dussollier) et sa femme Prudence (Catherine Frot) rendent un jour visite à leur veille tante Ada dans une paisible maison de retraite. Prudence y fait alors la connaissance d’une vieille pensionnaire énigmatique, Madame Rose Evangelista (Geneviève Bujold), qui fait une allusion mystérieuse à un enfant emmuré dans une cheminée. Peu de temps après, Prudence et Bélisaire reviennent pour rendre un tableau que la vieille dame avait offert à leur parente. Mais ils s’aperçoivent que la vieille dame a disparu subitement de la maison de retraite sans laisser aucune trace. Croyant à un kidnapping, Prudence s’imagine le pire des scénarios et décide de mener sa propre enquête. Elle finit par retrouver en Savoie la maison peinte sur le tableau et y fait la connaissance d’un couple mystérieux qui y habite ici depuis plusieurs années. Au village, certaines rumeurs racontent des choses terribles au sujet d’enfants qui auraient été mystérieusement assassinés à une époque. Se pourrait-il que, derrière son calme apparent et idyllique, le village cache un terrible secret ?

‘Mon petit doigt m’a dit’ prend donc très vite la tournure d’un polar avec une énigme policière comme les affectionnait tant Agatha Christie, doublée ici d’une facette comédie largement soutenue par le duo André Dussollier/Catherine Frot, qui semble s’en donner ici à cœur joie dans le rôle des époux Beresford. L’un est un vieux militaire pragmatique toujours sur le devant de la scène, l’autre une enquêtrice scrupuleuse obsédé par les crimes restés impunis. Cela fait depuis 25 ans que Pascal Thomas souhaitait réaliser ce film après en avoir obtenu les droits auprès de Rosalinde, la fille d’Agatha Christie. Le résultat final est bien à la hauteur de l’attente : réalisation soignée, mise en scène sobre et parfois très fantaisiste, intrigue prenante et distribution assez exceptionnelle. Il faut dire que le réalisateur a su réunir une pléiade de stars venues d’horizons divers : hormis le couple André Dussollier/Catherine Frot, le casting inclut aussi certaines pointures du théâtre (Bernard Verley, Francoise Seigner, Laurent Terzieff), une célèbre actrice des années 80 (Valérie Kaprisky, grimée en bigote qui cache un sombre secret), deux célèbres actrices canadiennes dont la seconde a connu une grande carrière à Hollywood dans les années 70/80 (Alexandre Stewart, Geneviève Bujold), un grand comique français des années 70 (Maurice Risch), la fille de Romy Schneider (Sarah Biasini – il s’agit ici de son tout premier rôle au cinéma !) et, pour finir, Pierre Lescure en personne, le célèbre PDG de Canal + qui interprète ici le rôle d’un commissaire de police qui mène l’enquête aux côtés de Bélisaire et Prudence.

La musique de ‘Mon petit doigt m’a dit’ a été confiée au compositeur Reinhardt Wagner, qui a déjà signé quelques musiques de films pour le cinéma français incluant ‘Roselyne et les lions’, ‘La Dilettante’, ‘Mortel transfert’ ou bien encore ‘Rien que du bonheur’. Pour ‘Mon petit doigt m’a dit’, Wagner nous offre une partition orchestrale rafraîchissante interprétée par un petit orchestre régional, la Camerata de Bourgogne - un fait rare au cinéma et qui méritait d’être mentionné ! La musique de ‘Mon petit doigt m’a dit’ épouse parfaitement l’ambiance fantaisiste et policière du film de Pascal Thomas. Reinhardt Wagner multiplie les ambiances pour notre plus grand plaisir et s’offre même les services d’une chorale d’enfants avec le morceau ‘By the pricking of my thumbs, something wicked this way comes’, dont les paroles anglaises sont tirées du célèbre MacBeth de William Shakespeare (John Williams a aussi récemment repris ce texte pour une autre chorale d’enfants dans ‘Harry Potter & the Prisoner of Azkaban’). A noter que ‘By the pricking of my thumbs’ est généralement traduit en anglais par ‘mon petit doigt m’a dit’, qui est devenu au final le titre du film. L’humour est bien évidemment au rendez-vous, avec une petite marche militaire introductive dans ‘Générique de début’ associé fièrement au passé militaire de Bélisaire. Le thème principal de la partition, ‘Mon petit doigt m’a dit’, est un petit motif de quelques notes qui devient tout au long du film une sorte de refrain entêtant, une balise musicale que chantonnent les personnages au cours de leur enquête comme pour rappeler l’idée de l’intrigue policière, un thème qui devient très rapidement associé à la création du film – et qui possède aussi un côté enfantin très amusant comme le confirme sa reprise sautillante dans ‘MPD Pizz’. Il véhicule un véritable vent de mystère avec ses orchestrations irrémédiablement évocatrices d’une atmosphère de polar mystérieuse et inquiétante à base de cordes, bois, glockenspiel, etc. Le côté enfantin transparaît d’ailleurs clairement dans le thème mystérieux de ‘By the Pricking of My Thumbs’ avec sa chorale d’enfants envoûtante. Curieusement, Reinhardt Wagner détourne ici le traditionnel côté simpliste/gamin des choeurs d’enfants pour apporter bien au contraire un certain malaise, une sensation de trouble parfaitement retranscrite à l’écran. Enfin, on découvre un dernier thème dans ‘Thème de Rose’ (associé au personnage de Geneviève Bujold), très jolie mélodie classique d’esprit orchestrée toute en finesse avec bois, glockenspiel et cordes, le tout enrobé d’une certaine douceur et d’une grande retenue - à noter la façon dont Wagner utilise constamment les instruments solistes tout au long du score (clarinette, flûte, cor anglais, violon, etc.), témoignant de la modestie de son ensemble instrumental mais aussi de son envie d’écrire une musique simple et adéquate pour le film de Pascal Thomas.

Dans ‘La Seringue’, Wagner s’amuse à faire référence au style des musiques de polar à l’américaine avec une musique orchestrale plus envoûtante et mystérieuse qui pourrait presque faire penser par moment à du Bernard Herrmann voire du Jerry Goldsmith version ‘Basic Instinct’, mais en plus léger. La musique installe un certain malaise à l’écran alors que Prudence comprend que quelque chose se trame avec la disparition de Rose Evangelista. A noter la richesse des orchestrations que l’on retrouve dans des pièces comme ‘Madame Pacard’ ou ‘Le Singe’ qui utilise avec brio une clarinette basse pour accentuer le caractère intrigant et inquiétant de la musique. Idem pour ‘Retour chez les Beresford’ avec ses arpèges ascendant de vibraphone qui suggèrent une certaine tension sur fond de cordes et de clarinette basse. ‘Le coteau ensoleillé’ nous dévoile quand à lui un nouveau thème d’une grande douceur, joué ici par une flûte, et qui recèle une certaine poésie intime et touchante. Wagner tente de faire du coteau ensoleillé un lieu convivial et apaisant, alors qu’il cherche au contraire à mieux brouiller les pistes et à jouer sur les apparences et les faux-semblants. Le thème de ‘Mon petit doigt m’a dit’ parcourt l’ensemble des morceaux associés aux scènes d’enquête de Prudence comme nous le fait clairement comprendre ‘Prudence au Jardin’, dans lequel Reinhardt Wagner s’amuse à faire passer son thème d’un instrument à un autre sous une forme légère et sautillante, à la limite du mickey-mousing. La musique conserve une certaine fraîcheur et une retenue exemplaire, évitant systématiquement d’en faire de trop dans le film. A noter l’utilisation d’une valse légère et mystérieuse dans ‘Prudence en Taxi’ qui accompagne la scène de la découverte des paysages campagnards de Savoie, lorsque Prudence recherche la maison cachée qu’elle avait aperçue au loin en train. Cette même valse est ensuite reprise un peu plus loin dans ‘Prudence Dans la Campagne’ avec une grâce et une insouciance toute à l’image du personnage de Catherine Frot. L’enquête de Prudence évolue, avec quelques moments parfois plus sombres (‘Le Cimetière’, ‘Cauchemar II’), ses moments plus mystérieux (‘Chorale Muette’, ‘Le Suicide d’Anet’, ‘Mademoiselle Blayes s’écroule’) et ses nombreuses reprises thématiques entêtantes issues des principaux thèmes du score (‘Thème Violon Seul’, ‘Thème des Limbes’, ‘Thème Voix Seule’, ‘Le Secret de Rose’, ‘La Mort du Singe’, ‘Générique Fin’).

Partition simple et pleine de fraîcheur, ‘Mon petit doigt m’a dit’ confirme que la musique de film française n’a pas dit son dernier mot et est toujours très vivante, bien qu’elle ait sensiblement perdu de son ambition artistique qu’on lui connaissait autrefois, durant l’ère des Philippe Sarde, des Antoine Duhamel ou des Georges Delerue. Qu’à cela ne tienne, le compositeur Reinhardt Wagner nous offre une partition de qualité pour le film de Pascal Thomas, une musique insouciante, entêtante, mystérieuse et légère, dans laquelle le compositeur semble s’être fait particulièrement plaisir avec sa petite formation instrumentale énergique et incroyablement vivante. Les thèmes et les orchestrations constituent ici les atouts majeurs d’un score qui s’impose de lui même par son charme, sa finesse et sa sobriété exemplaire. Comme quoi, pour faire efficace, il n’y a pas toujours besoin d’en faire des tonnes ! Wagner confirme une fois de plus ce fameux adage dans sa musique pour ‘Mon petit doigt m’a dit’, à découvrir en même temps que le très bon film de Pascal Thomas.



---Quentin Billard