1-The Royal Treatment 2.31
2-Fatherly Dreams 2.19
3-The Frog King Dies 2.51
4-Another Adventure 2.33
5-Little Ogre Feet 1.53
6-Worcestershiree? 1.53
7-Charmed & Dangerous 3.25
8-Artie's Sob Story 1.33
9-A Warm & Fuzzy Navel 2.17
10-The Campfire 1.34
11-The Hook Attack 1.22
12-Merlin 1.48
13-The Trip Home 2.15
14-Princess Resistance 2.26
15-The Dressing Room 2.19
16-The Show Begins 2.03
17-King Arthur 3.30
18-(Almost) Alone At Last 2.01

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 826 2

Musique produite par:
Harry Gregson-Williams
Directeur de la musique pour
DreamWorks Animation:
Sunny Park
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 2007 DreamWorks SKG. All rights reserved.

Note: ***1/2
SHREK THE THIRD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
Shrek est de retour dans une troisième aventure haute en couleur. L'ogre vert est dorénavant l’épouse de la princesse Fiona. Mais le jour où son beau-père le roi Harold meurt, c’est le drame pour notre héros : ce dernier a été explicitement désigné par le roi pour être son successeur au trône du royaume de Fort Fort Lointain. Mais Shrek est horrifié à l’idée de devoir assumer de pareille responsabilité, Shrek ne se sentant nullement posséder l’étoffe d’un roi. Il décide alors de partir en quête du jeune Arthur, le cousin de Fiona qui traîne derrière lui une solide réputation de loser. Entre temps, le sinistre Charmant prépare un mauvais coup et envisage de prendre le pouvoir et de capturer Shrek pour le mettre définitivement hors d’état de nuire. Troisième opus des aventures du plus célèbre ogre vert de l’animation U.S., ‘Shrek The Third’ n’est ni plus ni moins qu’un insipide ‘ter repetita’ d’une formule déjà éprouvée et usée jusqu’à la moelle : mêmes gags, mêmes répliques, mêmes références parodiques, etc. Où sont passés l’inventivité et l’humour du premier épisode ? Avec deux nouveaux réalisateurs à la barre – Chris Miller et Raman Hui, Andrew Adamson ayant tourné les deux premiers opus – ‘Shrek The Third’ n’apporte finalement rien de neuf à la saga du sympathique et bedonnant ogre vert. L’animation reste toujours de haute qualité, le graphisme étonnant de réalisme, et le jeu des acteurs toujours aussi spontanée (à noter qu’Alain Chabat continue toujours de doubler Shrek dans la V.F., tandis que Mike Myers s’occupe de cette tâche dans la V.O. du film). Seulement voilà, le scénario traîne des pieds, les gags sont recyclés, et la magie n’opère plus. Autrement dit : la saga s’essouffle considérablement! Même les références aux Monty Python et aux mythes en tout genre (Le Roi Arthur, Merlin, Lancelot, etc.) ne parviennent pas à rehausser le niveau d’un troisième épisode sans grande saveur, à bout de souffle.

Seul point positif de cette entreprise, l’excellente nouvelle partition orchestrale d’Harry Gregson-Williams pour ‘Shrek The Third’. Le compositeur reprend une fois encore toutes les formules de ses deux partitions précédentes et nous offre un nouveau score 100% symphonique au classicisme éprouvé. Evidemment, le thème principal féerique associée à la romance entre Shrek et Fiona est de retour, avec un nouveau thème à l’appui, mélodie héroïque entraînante associée au jeune Arthur et annoncée dans ‘Another Adventure’. Comme dans les précédents opus, Gregson-Williams s’amuse à varier les ambiances en touchant à divers styles musicaux, comme par exemple la musique baroque dans ‘The Royal Treatment’, durant la scène des préparatifs royaux de Shrek et Fiona. Gregson-Williams nous propose ici un morceau en deux temps : d’abord, un pastiche très réussi du style des sonates baroques de Telemann et Haendel avec petite formation à cordes, continuo et flûte à bec. On sait que le compositeur, pourtant très connu pour ses musiques électro, a reçu une solide formation classique, chose qu’il nous prouve fièrement avec ‘The Royal Treatment’, où il s’amuse même à reprendre le thème de Shrek à la flûte à bec. Puis, un appel royal des trompettes annonce l’arrivée du couple Shrek/Fiona avant qu’un couac humoristique annonce clairement la série de gags en tout genre qui vont mettre fin à la cérémonie. Le compositeur s’amuse pour cette séquence à faire référence à un style plus classique d’esprit, quelque part entre Beethoven et Rossini. Le compositeur continue de s’amuser pleinement avec ‘Fatherly Dreams’ où il décrit la séquence où Shrek rêve qu’il est devenu père. Gregson-Williams s’amuse ici avec son orchestre en faisant passer un instrument vers l’autre sur la mélodie héroïque de l’ogre vert, mélodie déjà présente dans les précédents opus. ‘Fatherly Dreams’ est un pur moment d’humour musical et de dérision, le morceau allant même jusqu’à citer brièvement la célèbre marche de ‘Pomp and Circumstance’ d’Edward Elgar. Visiblement, Harry Gregson-Williams se fait plaisir, et c’est tant mieux pour nous.

Mais si l’humour du film est réellement présent dans la musique de ‘Shrek The Third’, le compositeur n’en oublie pas pour autant la facette plus dramatique avec l’émouvant ‘The Frog King Dies’ accompagnant avec douceur et retenue la scène de la mort du roi Harold. Et c’est ensuite le départ vers une nouvelle aventure héroïque et faussement épique dans ‘Another Adventure’ qui, comme décrit précédemment, sert à poser les bases du nouveau thème de la partition, celui du jeune Arthur. Evidemment, ceci n’empêche nullement au compositeur de reprendre le thème principal de la saga dans ‘Little Ogre Feet’ où il lui confère un aspect féerique avec l’intervention brève mais généreuse d’une chorale féminine. Le thème d’Arthur est repris dans ‘Worcestershiree’ lors de la rencontre entre les héros et le jeune Arthur. A noter l’utilisation d’une guitare au début du morceau qui vient soutenir un orchestre déjà assez richement écrit (Harry Gregson-Williams abandonne ici toute utilisation de synthétiseur pour une approche purement classique dans la lignée des scores précédents). Idem pour ‘The Campfire’ qui reprend le thème d’Arthur dans un savoureux mélange hautbois/guitare/cordes pour la scène du campement. Le score prend alors son envol avec ‘A Warm & Fuzzy Navel’ durant la scène avec Merlin. Le morceau nous propose une superbe envolée orchestrale complètement maîtrisée ici, avec un contrepoint de qualité et des orchestrations très riches, dans un style toujours très classique d’esprit, quasi wagnérien ici. De classicisme il est toujours question avec ‘The Hook Attack’, véritable rapsodie débridée pour piano et orchestre durant la scène de l’attaque du capitaine crochet qui s’accompagne au piano pour rythmer les attaques de ses sbires, un pur moment de fantaisie assez jouissif. Toujours dans le domaine de la fantaisie, ‘Merlin’ monte d’un cran en utilisant des sonorités électroniques kitsch rappelant les vieux films d’extra-terrestres des années 50, pour illustrer le personnage farfelu du vieux Merlin. Gregson-Williams va même jusqu’à utiliser quelques touches de rock dans ‘The Dressing Room’ (scène des dames préparant leur évasion avec Fiona) où il pastiche le célèbre morceau de Tomoyasu Hotei, ‘Battle Without Honor of Humanity’, rendu très populaire par le film ‘Kill Bill’ de Quentin Tarantino. Enfin, ‘Almost Alone At Last’ conclut l’aventure de façon triomphante et émouvante avec le retour de la chorale angélique et du thème principal – une conclusion un peu facile car calquée sur la coda des précédents opus musicaux de la saga.

Avec ‘Shrek The Third’, Harry Gregson-Williams n’apporte rien de neuf à la saga du plus célèbre des ogres verts et demeure rigoureusement inscrit dans la continuité des opus 1 et 2. Mais le compositeur comble ce manque d’originalité et de nouveauté par une certaine fraîcheur et une richesse dans l’écriture et les orchestrations qui incite le respect. Le compositeur, pourtant connu pour ses scores synthético-orchestral chez Media-Ventures, nous prouve ici qu’il a décidément plus d’un tour dans son sac. Variant les ambiances et les touches d’humour, Harry Gregson-Williams se fait plaisir et apporte une énergie et un dynamisme certain aux images du film de Chris Mille et Raman Hui. Certes, ceux qui connaissent bien les précédents scores n’auront aucune surprise à l’écoute de ‘Shrek The Third’, d’autant que le compositeur n’hésite pas à reprendre à certaines occasions des passages entiers de ses précédentes partitions pour les besoins du film (une facilité largement discutable). Mais l’ensemble demeure malgré tout très réussi et d’une certaine richesse, idéal pour prolonger le plaisir d’écoute de la saga musicale ‘Shrek’!



---Quentin Billard