1-Main Titles 1.26
2-Birthday Party 1.06
3-Agfa Montage 1.43
4-Diner 2.03
5-Good Thoughts 1.52
6-Hamster 0.45
7-Wall Of Photos 1.38
8-Five Customers 1.33
9-Christmas With the Yorkins 0.40*
10-Flea Market 2.33
11-Breaking and Entering 3.13
12-Sy and Jake 1.36
13-The Things We Fear The Most 1.39
14-Silver Recovery 0.57
15-I'm Letting You Go 4.46
16-Discovery/Following Nina 9.28
17-Sy's Nightmare 5.57
18-Sy On The Move/The Assault 9.04
19-Sy At Rest 1.22
20-The Pursuit 5.05
21-Will Returns Home 1.35
22-End Titles (Sy's Theme) 5.12

*Contains an interpretation of
"Silent Night (Gruber/Mohr)
arranged by Tim Heintz.

Musique  composée par:

Johnny Klimek/Reinhold Heil

Editeur:

Colosseum Records
CST 8088.2

Directeur de la musique pour
20th Century Fox:
Robert Kraft
Superviseurs musique du film:
Michael Knobloch, Julia Michels
Business Affairs:
Tom Cavanaugh
Superviseur musique:
Chris Douridas
Consultant exécutif soundtrack:
Shiro Gutzie

Artwork and pictures (c) 2002 20th Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ****
ONE HOUR PHOTO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Johnny Klimek/Reinhold Heil
Réalisé par un spécialiste du clip vidéo, Mark Romanek, ‘One Hour Photo’ (Photo Obsession) met en scène un Robin Williams à total contre-emploi, dans un rôle situé à des années lumières des personnages loufoques et aimables qu’il a l’habitude de jouer dans ses sempiternelles comédies hollywoodiennes. Sy Parrish (Robin Williams) travaille depuis des années pour le laboratoire de photos de SavMart dans un grand centre commercial. Il vit seul dans son appartement et nourrit une passion excessive pour son métier, qui est pour lui son seul refuge. Il n’est pas marié, n’a pas de famille ni d’amis. Cela fait maintenant pas mal d’années que les Yorkin, un couple ordinaire vivant dans une banlieue américaine paisible, viennent porter chez SavMart leurs pellicules pour faire développer leurs photos de famille. Sy suit avec un intérêt constant l’évolution de la famille Yorkin en conservant systématiquement des doubles de leurs photos, qu’il utilise pour tapisser ensuite le mur de sa chambre recouvert de centaines de photographies de la famille Yorkin. Sy voue une obsession quasi maladive pour cette famille modèle qu’il a idéalisé tout au long de ces années, la famille modèle qu’il n’a jamais eu. Mais un jour, il découvre par inadvertance une série de clichés montrant Will Yorkin (Michael Vartan) en plein délit d’adultère. Bouleversé par cette découverte qui brise ses illusions, Sy sombre et se fait virer par son patron. Complètement abattu par le comportement de Will, Sy décide d’agir, quitte à commettre l’irréparable, maintenant qu’il n’a plus rien à perdre.

Traitée avec une certaine froideur et un sens du détail qui impose le respect, l’histoire de ‘One Hour Photo’ montre un Robin Williams totalement méconnaissable dans la peau de cet homme solitaire qui cache un passé douloureux et qui s’est réfugié dans une obsession quasi maladie de la photographie. C’est pour lui une sorte de façon de rêver d’un monde idéal mais aussi réaliste – photographier par exemple les divers moments de la vie, y compris les plus sombres. Etant donné le passé de réalisateur de clip de Mark Romanek, on pouvait craindre le pire quand à la réalisation de ‘One Hour Photo’. Et pourtant, le résultat final est tout bonnement épatant : Romanek filme avec une certaine lenteur les péripéties de son personnage principal, en insufflant à sa trame psychologique une certaine énergie qui passe par un montage modéré mais généreux, un jeu sur les éclairages très réussi (la couleur verte lorsque Sy sort du centre commercial vers le début du film, la lumière rouge dans la chambre noire pour faire émerger la colère de Sy, etc.) et bien sur, une interprétation tout bonnement remarquable, Robin Williams s’imposant véritablement dans l’un de ses plus beaux rôles, celui d’un homme hanté par un passé douloureux et qui voue une obsession sans borne pour les photographies d’une famille modèle à laquelle il se sent très proche – il rêverait d’être l’oncle du petit Jake. Touchant et aussi très inquiétant et manipulateur, le personnage de Sy Parrish est sans aucun doute l’un des rôles les plus forts que l’on ait offert à Robin Williams depuis de nombreuses années, l’acteur parvenant à s’émanciper de plus en plus de ses sempiternels comédies familiales habituelles et alimentaires qui dominent depuis trop longtemps l’ensemble de sa filmographie, pour révéler enfin sa part sombre dans des films tels que ‘The Final Cut’ (2004), ‘Insomnia’ (2002) ou bien encore ‘The Night Listener’ (2006). Pour un premier film, ‘One Hour Photo’ s’avère être prometteur. On attend maintenant avec impatience le prochain long-métrage de Mark Romanek!

La musique a été confiée au duo Johnny Klimek et Reinhold Heil, membres du groupe électro allemand Pale 3. Les deux compères ont utilisés pour ce film leurs traditionnels synthétiseurs mélangés à une petite formation de cordes. Le ‘Main Titles’ est ainsi très représentatif de l’ambiance du score de ‘One Hour Photo’ : atmosphérique, lent et aussi mystérieux et envoûtant. Des nappes de synthé inquiétantes, des pulsations électroniques et quelques cordes sombres viennent évoquer dès le début du film le climat troublant du film de Mark Romanek. Autre élément sonore important ici, l’utilisation d’une harpe samplée et fragile associée au personnage de Robin Williams, élément récurrent dans le score qui apparaît pour la première fois dans le nostalgique ‘Birthday Party’ dans lequel on ressent toutes les émotions de Sy pour la famille Yorkin. Mais le score vaut surtout par son très beau thème principal, décrit pour la première fois dans ‘Agfa Montage’ lorsque Sy assemble les photos de famille des Yorkin. Le thème est joué par des cordes mystérieuses accompagnées d’une harpe samplée légère, révélant toute l’ambiguïté et le calme apparent du personnage, qui cache en réalité une grande souffrance au fond de lui. Le thème de Sy – véritable pierre angulaire de la partition de Heil et Klimek – revient au piano dans ‘Diner’ avec ses arpèges envoûtants. Il se distingue avant tout par son côté non mélodique et son approche entièrement harmonique. En effet, le ‘Sy’s Theme’ se résume essentiellement à une succession d’accords mineurs mystérieux et mélancoliques absolument indissociables dans le film du côté obsessionnel et solitaire du personnage de Robin Williams. Très vite, la magie opère rapidement à l’écran, le ‘Sy’s Theme’ revenant régulièrement comme pour mieux traduire avec des notes l’obsession de Sy pour les photos et la famille Yorkin.

La musique conserve, comme le film, une certaine lenteur et une froideur parfaitement retranscrite dans les sonorités électroniques du duo Heil/Klimek. Ainsi, l’obsédant thème de Sy revient dans ‘Wall of Photos’ lorsque l’on découvre le mur de Sy entièrement recouvert de milliers de photographies. L’obsession du personnage devient ici plus inquiétante et quasi perverse, suggérée par des synthétiseurs inquiétants et un clavier plus froid, plus distant. ‘Five Customers’ tente d’apporter un peu d’espoir et de légèreté, tout comme ‘Christmas With the Yorkins’ avec son allusion à ‘Douce Nuit Sainte Nuit’ joué par une boîte à musique qui semble se détraquer quelque peu, alors que Sy s’imagine le noël de cette famille qu’il idéalise tant. La reprise du ‘Sy’s Theme’ par les cordes dans ‘Flea Market’, accompagné par le piano, achève de rendre le personnage définitivement inquiétant, le tout soutenu par un excellent sound design révélant le talent des deux compositeurs à manier l’électronique pour un rendu musical souvent inventif et frais. Avec ‘Breaking and Entering’, la tension et le suspense deviennent enfin clairement palpable dans la scène où Sy s’imagine rentrer dans la maison des Yorkin et faire partie de leur famille. La tension ne cesse de monter durant la dernière partie du film, comme nous le rappelle ‘Silver Recovery’, tandis que ‘I’m Letting You Go’ reprend l’obsédant thème de Sy dans un magnifique mélange célesta/harpe/cordes. ‘Discovery/Following Nina’ va même jusqu’à utiliser des glissandi de cordes dissonantes et glaciales pour retranscrire la colère de Sy, bouleversé par les révélations des photographies montrant Will Yorkin en plein délit d’adultère (même ambiance pour le sinistre ‘Sy’s Nightmare’). La noirceur des cordes suggère pleinement ici les tourments du personnage sur le point d’exploser. A noter l’utilisation d’une rythmique électro qui traduit ici la détermination de Sy, qui, après avoir été renvoyé de son boulot, n’a dorénavant plus rien à perdre. Le suspense atteint son climax dans ‘Sy on the Move/The Assault’ lorsqu’il prend d’assaut la chambre d’hôtel de Will et son amante, la musique virant alors au thriller pur et dur avec ses sonorités électroniques plus sombres et agressives. Enfin, on ne pourra pas passer à côté de l’un des meilleurs morceaux de la partition de ‘One Hour Photo’, ‘The Pursuit’, plus de 4 minutes inoubliables durant lesquelles les deux compositeurs développent l’obsédant ‘Sy’s Theme’ dans un grand crescendo intense et dramatique du plus bel effet pour la séquence où Sy est poursuivit par la police dans le parking de l’hôtel. A noter pour finir une ultime reprise du ‘Sy’s Theme’ dans une version absolument poignante pour cordes, piano, harpe et célesta, l’écriture des cordes révélant un souffle classique/dramatique assez époustouflant ici, quasi romantique d’esprit, idéal pour conclure ce grand film en beauté.

‘One Hour Photo’ est à l’image du film de Mark Romanek une oeuvre inspirée de bout en bout, servi par un thème principal obsédant et inoubliable, et une tension dramatique permanente. La musique révèle à la fois la part d’ombre et de lumière qui habite le personnage de Robin Williams. Elle apporte une émotion indispensable aux images du film et renforce la lenteur et la tension psychologique de l’histoire. Le duo Johnny Klimek/Reinhold Heil se fait enfin connaître du grand public en 2002 grâce au succès de cette partition et du film, qui leur permettra de se voir confier par la suite la musique de projets hollywoodiens bien plus ambitieux.


---Quentin Billard