1-Main Title 2.37
2-The Prisoner 0.19
3-Get Me Out 0.39
4-The Exterminator 0.32
5-Where's The Water 1.52
6-The Fuse 1.00
7-Bandits Ho 6.03
8-Smoke Signals 0.54
9-The River 1.53
10-Unlucky Lover 0.55
11-River Crossing 4.21
12-The Aftermath 2.09
13-Lassiter Remembers/
The Lance 1.37
14-Wall of Fire 2.15
15-Lonely Indian 3.11
16-Cantina 1 & 2/
A Change of Luck 4.26
17-The Captive 0.57
18-Big Deal 1.20
19-Chief Bloodshirt 2.36
20-Drag Race/The Corral 4.01
21-Free Men/The Intruder 5.02
22-Special Delivery 5.41
23-Cast Credits 0.29

Title Song

24-Rio Conchos 2.36*

Stereo Bonus Tracks

25-Main Title 2.37
26-River Crossing 4.21
27-Drag Race/The Corral 4.01
28-Special Delivery 5.41
29-Cast Credits 0.29

*Interprété par Johnny Desmond.

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

FSM Silver Age Classics FSM
Vol. 2 No. 8

Album produit par:
Jeff Bond, Nick Redman
Producteur exécutif:
Lukas Kendall
Consultant projet:
Douglass Fake
Coordinateur du projet pour
la 20th Century Fox:
Tom Cavanaugh

Artwork and pictures (c) 1964 20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ****
RIO CONCHOS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
‘Rio Conchos’ est un énième western américain tourné en 1964 par Gordon Douglas, artisan hollywoodien plus connu pour des films comme ‘In Link Flint’, ‘The Detective’ ou bien encore ‘They Call Me MISTER Tibbs!’. Douglas est devenu au cours des années 60 un spécialiste du western, filmant sans grand génie mais avec un professionnalisme toujours constant. Inspiré d’un roman de Clair Huffaker, ‘Rio Conchos’ nous transporte dans le grand Ouest sauvage peu de temps après la guerre de sécession, dans la lignée de ‘The Comancheros’ (1961), qui semble avoir très clairement inspiré ‘Rio Conchos’. Le major Jim Lassiter (Richard Boone), un ex-officier alcoolique et revanchard, est chargé d’une importante mission : empêcher l’ex colonel confédéré Pardee (Edmond O’Brien) de vendre une importante cargaison d’armes aux sanguinaires indiens Apaches. Lassiter est accompagné par le capitaine Haven (Stuart Whitman) et son acolyte le sergent Franklyn (Jim Brown), un brigand mexicain amateur de femmes nommé Rodriguez (Anthony Franciosa), qui fut pendant un temps le compagnon de cellule de Lassiter, et une jeune indienne nommée Sally (Wende Wagner) qu’ils ont capturés sur le chemin alors qu’elle tentait d’alerter ses frères Apaches. Lassiter est motivé quand à lui par un seul et unique but : retrouver et tuer l’assassin de sa femme et de son enfant qui n’est autre que le chef de la tribu Apaches qui doit faire le troc avec le colonel Pardee. ‘Rio Conchos’ s’apparente donc à un western classique ultra conventionnel, avec son lot de fusillades, d’indiens sanguinaires et de héros qui s’avèrent ici plus complexes qu’il n’y paraît. A ce sujet, la plus grande réussite du film provient du personnage interprété par Richard Boone, un homme violent obsédé par l’idée de venger la mort de sa famille. En ce sens, son goût pour la tuerie fait de lui un parfait anti-héros bien éloigné des traditionnels héros de western hollywoodien (du coup, ‘Rio Conchos’ s’avère être un western nettement plus psychologique et sombre que ce que l’on voit habituellement au cinéma à cette époque). On retrouve au casting Jim Brown, acteur noir très présent dans les westerns américains de cette époque, puis Stuart Whitman et un caméo pour Edmond O’Brien dans le rôle du colonel mégalomane. Au final, ‘Rio Conchos’ est un énième western U.S. lambda, dramatique et violent, dans la lignée des films de Sam Peckinpah!

La musique de Jerry Goldsmith demeure incontestablement l’atout clé du film de Gordon Douglas. En 1964, Goldsmith a déjà écrit quelques musiques de western telles que ‘Black Patch’, ‘Face of a Fugitive’ et ‘Lonely Are the Brave’. Sa partition pour ‘Rio Conchos’ reprend le style de ‘Lonely Are the Brave’ en accentuant ici le côté americana/western du film de Gordon Douglas, dans la lignée d’Aaron Copland. Pour cela, le compositeur utilise l’orchestre symphonique habituel auquel il ajoute un important attirail de percussions en tout genre – castagnettes, temple block, woodblock, guiro, timbales, tambourin, xylophone, marimba, fouet, tambour – une guitare, un banjo et un accordéon. Sa partition se structure sans surprise autour d’un thème principal de qualité, une mélodie entraînante aux accents folkloriques introduite dès le ‘Main Title’ par un accordéon sur un rythme de tambourin et de coups de fouet. Très vite, l’orchestre s’empare de cet excellent thème pour le rendre plus ample et majestueux, accompagnant tout au long du film le périple des héros. A noter que les percussions occupent un rôle prépondérant dès le ‘Main Title’, et ce jusqu’à la fin du film. A noter l’utilisation de la guitare et des autres percussions qui affirment clairement ici le côté western de la musique de Goldsmith, indissociable des grands paysages de l’Ouest sauvage du film. La musique de ‘Rio Conchos’ apporte son lot d’action et de suspense au film de Gordon Douglas. En ce sens, les premiers morceaux du score, ‘The Prisoner’ et ‘Get Me Out’, sont tout à fait représentatif de l’atmosphère sombre qu’a cherché à retranscrire le compositeur à l’écran. A noter que le compositeur introduit de temps à autre quelques rythmes de flamenco et de touches hispanisantes comme ‘The Exterminator’ avec ses castagnettes dansantes ou sa guitare typiquement mexicaine de ‘A Change of Luck’ pour la scène de la mort de Rodriguez. Goldsmith a toujours eu un certain goût pour l’utilisation de touches ethniques dans ses partitions western, et ‘Rio Conchos’ ne déroge pas à la règle.

Le thème principal, totalement indissociable du groupe de héros du film, reste très présent, Goldsmith le développant sous de multiples variantes comme dans ‘Where’s The Water’ ou ‘Bandits Ho’ avec ses rythmes entraînants et quasi dansants. A noter ici la richesse des orchestrations et l’inventivité avec laquelle le compositeur développe le jeu de ses différents instruments qui se relaient les uns à la suite des autres avec une fluidité exemplaire – une caractéristique majeure des musiques western du Goldsmith des ‘sixties’. A noter l’utilisation des rythmes syncopés et des percussions dans ‘The River’ qui affirment très clairement ici l’influence de Bartok et Stravinsky dans l’écriture orchestrale du compositeur et son écriture rythmique. On retrouve une ambiance d’aventure assez similaire dans ‘River Crossing’, premier morceau d’action majeur du score de ‘Rio Conchos’ avec ses cuivres massifs, ses cordes virtuoses et ses percussions endiablées et complexes, aux rythmes syncopées, traversés de nombreux changements de mesure. Le morceau apporte une certaine férocité aux images lors de la scène de la traversée de la rivière. On retrouve quelques variantes du thème principal rendu ici beaucoup plus sombre et ambigu, Goldsmith n’hésitant pas à malmener sa mélodie pour souligner les passages plus sombres et tendus du film, la mélodie s’adaptant ainsi parfaitement à chaque situation de l’histoire. L’action reprend de plus belle dans ‘Lassiter Remembers/The Lance’ où l’influence de Stravinsky et Bartok devient plus flagrante dans la façon dont Goldsmith manie les rythmes, surtout dans cette excellente partie de xylophones syncopés entendus à la fin du morceau. A noter l’utilisation de la guitare basse dans ‘Wall of Fire’, qui deviendra un élément sonore lui aussi caractéristique des partitions western de Jerry Goldsmith. ‘Wall of Fire’ demeure d’ailleurs sans aucun doute l’un des morceaux d’action les plus déchaînés et les plus complexes du score de ‘Rio Conchos’, avec sa reprise tonitruante du thème principal sur fond d’orchestre agité et incroyablement agressif (scène où les héros prennent les indiens en embuscade en se cachant près des restes d’une maison abandonnée).

Goldsmith n’en oublie pas pour autant la partie plus dramatique et humaine comme nous le rappellent les mélancoliques ‘Lonely Indian’ ou ‘A Change of Luck’ et sa guitare mexicaine solitaire en tierces parallèles. Néanmoins, l’action et le rythme dominent avant tout comme le confirme fièrement ‘The Captive’ et son rythme étonnamment dansant. Avec ‘Big Deal’, on entame la dernière partie du film avec un motif sombre et menaçant de quatre notes confié à des bois et des cuivres graves pour évoquer le deal entre le colonel Pardee et le chef Apache. On retrouve la couleur sonore si particulière de ‘Big Deal’ dans l’inquiétant ‘Chief Bloodshirt’ lorsque Lassiter rencontre enfin le chef Apache à la fin du film, prête à se venger de celui qui a assassiné sa famille. ‘Drag Race/The Corral’ nous offre un nouveau morceau d’action complexe et virtuose confié cette fois-ci exclusivement à des percussions pour la scène où le chef Apache attache nos malheureux héros à des chevaux et les malmène sadiquement. A noter ici l’utilisation impressionnante d’une partie complexe de xylophone à la Bartok qui rappelle par moment sa ‘Sonate pour 2 pianos et percussions’. Autre élément sonore notable : l’utilisation d’un effet d’écho sur la guitare basse dans ‘Free Men/The Intruder’, affirmant clairement la modernité d’écriture du compositeur. ‘Special Delivery’ fait quand à lui monter la tension durant l’affrontement final, véritable climax d’action où le thème est repris de façon tonitruante, croisant le style de ‘Wall of Fire’ et ‘River Crossing’ avec ses rythmes à la Stravinsky influencés par le ‘Sacre du printemps’.

Au final, ‘Rio Conchos’ s’avère être une partition western impressionnante, captivante de bout en bout, avec son thème principal mémorable. La musique de Jerry Goldsmith demeure résolument inventive et complexe, maniant les rythmes syncopés à la façon d’un Bartok ou d’un Stravinsky et des orchestrations riches et élaborées pour mieux retranscrire le caractère sombre et âpre du film de Gordon Douglas. A ce titre, la musique de ‘Rio Conchos’ peut donc rejoindre sans équivoque le rang des grandes partitions western incontournables de Jerry Goldsmith!


---Quentin Billard