CD 1

1-The Beginning 3.29
2-Tanker Gets It 1.11
3-Chernobyl 3.13
4-Footprint 0.33
5-Footprints/New York/Audrey 0.54
6-Chewing Gum Nose 0.30
7-Ship Reveal/Nick Discovers Fish/Flesh 1.39
8-The Boat Gets It 2.09*
9-Dawn of the Species 1.49
10-Joe Gets a Bite/
Godzilla Arrives 3.11
11-Mayor's Speech 1.03
12-Caiman's Office 0.45
13-Animal's Camera 1.39
14-Military Command Center/
New Jersey 1.55
15-Audrey's Idea 0.22
16-Evacuation 2.41
17-French Coffee 0.56
18-Subway Damage/
Command Enters City 2.50
19-Fish 1.48
20-Guess Who's
Coming To Dinner? 2.50
21-1st Helicopter Chase/
Godzilla Swats a Chopper 4.08
22-We Fed Him/Audrey Sees Nick 1.21
23-Nick and Audrey/He's Pregnant/
Audrey Takes The Tape/
French Breakfast 4.46
24-He's Preparing To Feed 0.34
25-Nick Gets Fired/Nick Gets Abducted/
Frenchie's Warehouse/Nick Joins
The Foreign Legion 5.47

CD 2

1-Chewing Gum 1.51
2-Rumble In The Tunnel 1.35
3-Godzilla O Park/
Godzilla Takes A Dive/
Godzilla Versus The Submarine/
Egg Discovery 9.42
4-Baby 'Zillas Hatch 3.51*
5-Nick Phones For Help 1.28
6-Eat The French 2.14
7-Phillip Shoots The Lock 1.39
8-Nick's Big Speech/
The Garden Gets It 7.07
9-He's Back!/Taxi Chase & Clue 7.06
10-Big G Goes To
Monster Heaven 4.30
11-The End 4.05

Bonus Tracks

12-The Beginning (no choir) 3.32
13-Footprints/New York/
Audrey (alt.) 0.50
14-The Boat Gets It (alt.) 1.09
15-Gojira (Album version) 2.46

*Contains material not
used in film.

Musique  composée par:

David Arnold

Editeur:

La La Land Records
LLLCD 1058

Producteurs exécutifs de l'album:
MV Gerhard, Matt Verboys
Album produit par:
David Arnold, Ford A. Thaxton
Superviseur de la musique:
Peter Afterman
Montage musique:
Dina Eaton
Assistant montage:
Daniel Gaber

Artwork and pictures (c) 1998 TriStar Pictures, Inc. All rights reserved.

Note: ****1/2
GODZILLA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Arnold
‘Godzilla’ est un véritable phénomène de société au Japon. Crée par la Toho en 1954, le célèbre monstre géant terrorisa les spectateurs japonais à travers toute une série de films de qualité bien souvent inégale. Mercantilisme oblige, celui qui était au départ une allégorie spectaculaire des ravages du nucléaire est devenu par la suite un véritable emblème culturel qui rapportait gros à chaque film produit au Japon. Les américains décidèrent à leur tour de s’emparer de la franchise et d’en faire une version pour le public U.S. En 1994, un premier script vit le jour et l’annonce du film fut faite par TriStar Pictures, avec Jan DeBont à la réalisation. Mais le projet fut finalement abandonné. C’est là qu’intervient le duo Roland Emmerich/Dean Devlin. A peine sorti du succès colossal de ‘Independence Day’, mega blockbuster hollywoodien de 1996 toujours autant décrié aujourd’hui, le duo décide de s’attaquer au projet ‘Godzilla’. Et le film vit finalement le jour en 1998. Transposition oblige, l’histoire ne se passe donc plus au Japon mais aux Etats-Unis, dans la ville de New York. Les essais nucléaires français dans la Polynésie française ont donnés naissance à une bête gigantesque qui a muté dangereusement après avoir été irradié par les retombées radioactives. Cette créature baptisée « Gojira » par des pêcheurs japonais terrifiés, se dirige maintenant vers New York, dans le quartier de Manhattan, où elle est sur le point de tout dévaster sur son passage et de donner naissance à une centaine de bébés prêts à tout détruire à leur tour. L’armée américaine décide alors de faire appel au scientifique Nick Tatopoulos (Matthew Broderick), un spécialiste des mutations animales qui va aider les militaires à traquer et capturer le monstre avant que tout ne soit trop tard (à noter que le nom de Tatopoulos est un clin d’oeil au français Patrick Tatopoulos, concepteur de la créature et des effets spéciaux sur le film). Au même moment, des agents des services secrets français dirigés par Philippe Roaché (Jean Reno) mènent leur propre enquête et vont tout faire pour tenter de réparer les dégâts que la France a commis. Malgré une campagne marketing intrigante annonçant ‘Godzilla’ dans la lignée du ‘Jurassic Park’ de Spielberg, le film de Roland Emmerich s’est littéralement cassé la figure au box-office U.S. Le succès ne fut pas vraiment au rendez-vous, et le film reçut même de nombreux Razzie Awards. ‘Godzilla’ reste aujourd’hui encore très critiqué pour la faiblesse de son scénario, de l’interprétation (Matthew Broderick est totalement plat et inexpressif dans le film, Hank Azaria est agaçant, Maria Pitillo est cruche au possible, les clichés sur les français puérils au possible, etc.), et par son humour bidon typique du tandem Emmerich/Devlin. Ainsi, ceux qui avaient détesté ‘Independence Day’ ont eu encore une fois l’occasion de s’acharner contre Roland Emmerich avec ‘Godzilla’. Mais comme pour le film précédent du réalisateur, ‘Godzilla’ ne doit en aucune façon être pris au sérieux et demeure un bon divertissement hollywoodien qui, hélas, n’atteint nullement les sommets des anciennes versions japonaises. Le monstre géant demeure très réussi, alternant plans numériques et maquettes avec brio. Mais là aussi, la réalisation empêche la créature d’être réellement terrifiante : on est même surpris de ressentir de la sympathie pour le monstre sur la fin du film. Quand à la scène de la poursuite dans le stade avec les bébés de Godzilla, on ne pourra que la rapprocher de ‘Jurassic Park’, film qu’Emmerich tente d’imiter sans vraiment y arriver (n’est pas Spielberg qui veut !). Bref, voilà une adaptation U.S. assez inutile de ce célèbre monstre du cinéma japonais qui ferait mieux de rester à l’avenir au pays du soleil levant.

Après ‘Stargate’ et ‘Independence Day’, le compositeur David Arnold retrouve Roland Emmerich pour la troisième fois sur un gros blockbuster hollywoodien bourré d’effets spéciaux. Avec ‘Godzilla’, Arnold renoue avec le style symphonique à l’ancienne de ses deux précédentes partitions et nous rappelle à quel point il est un maître des grandes musiques symphoniques épiques et démesurées. La partition de ‘Godzilla’ fait donc la part belle aux grands morceaux d’action, aux thèmes mémorables et aux envolées héroïques/martiales de qualité. Premier élément notable : les thèmes principaux de la partition sont présents mais moins mis en valeur que dans ‘Independence Day’. Roland Emmerich souhaitait effectivement que la partition de ‘Godzilla’ soit moins thématique et encore plus axée sur l’action et l’émotion. Néanmoins, les thèmes restent présents tout au long du score, à commencer par le thème menaçant et massif du monstre introduit dès l’ouverture du film (‘The Beginning’), qui apparaîtra principalement lors des scènes d’attaque de Godzilla dans le film. Autre thème mémorable, une mélodie plus lyrique et émouvante associée au côté plus maternel de Godzilla, un animal qui protège avant tout ses bébés. Cette mélodie plus majestueuse et touchante apporte une certaine poésie inattendue à certaines scènes comme la rencontre entre Nick Tatopoulos et Godzilla vers le milieu du film (scène de l’appât des poissons) ou lors de la scène où Godzilla coule sous l’eau après l’attaque du sous-marin. Autre thème notable, un motif de cuivres ascendant et héroïque associé aux agents secrets français dirigé par le personnage de Jean Reno – et qui sera associé tout au long du film aux militaires américains - un ‘Love Theme’ plus romantique et doux associé à la romance entre Nick et Audrey, et un thème plus héroïque et entraînant entendu à seulement deux reprises dans le film, et qui devait faire office à l’origine de thème militaire avant d’être finalement mis en retrait. On trouve enfin un motif d’action qui apparaît à quelques reprises et un autre motif pour le personnage d’Animal (Hank Azaria). David Arnold fait alors appel à une très large formation instrumentale réunissant 98 musiciens incluant une grande chorale, avec une très grande section de cordes, de cuivres (incluant cimbasso, tuba Wagner et heckelphone) et une pléiade d’instruments à percussions parmi lesquels on retrouve un glockenspiel et un célesta (très présent tout au long du film) sans oublier une impressionnante partie de tambours exotiques en tout genre.

‘The Beginning’ nous plonge immédiatement dès l’ouverture du film dans une ambiance sombre et apocalyptique alors que l’on aperçoit à l’écran des stock shots des essais nucléaires français. Le thème de Godzilla fait son apparition, joué ici par des cuivres graves ascendants et imposants sur fond d’ostinato rythmique martial et de dissonances. Puis, le morceau atteint son climax lors de l’explosion nucléaire, ostinato martial à l’appui inspiré du ‘Mars’ des ‘Planètes’ de Holst, percussions tonitruantes, cuivres démesurés et choeurs apocalyptiques massifs et déchaînés. Bref, une introduction idéale qui nous donne un bon avant-goût de la partition de David Arnold dès l’ouverture du film. De l’action, le score de ‘Godzilla’ en a à revendre, et ce dès le début avec l’impressionnante attaque du bateau japonais (‘Tanker Gets It’) avec ses cuivres furieux, ses choeurs massifs et ses percussions déchaînées, ou l’excitant ‘The Boat Gets It’ dans la scène de l’attaque des bateaux de pêcheurs américains, ou lors de la première apparition du monstre géant à Manhattan dans ‘Joe Gets a Bite/Godzilla Arrives’. On y retrouve le style action brillant, martial et explosif qui ont fait le succès de ‘Stargate’ et ‘Independence Day’. Les orchestrations demeurent très riches et fouillées, comme toujours chez David Arnold. Le travail effectué avec son complice orchestrateur Nicholas Dodd a une fois de plus porté ses fruits. Des morceaux comme ‘Animal’s Camera’ et ses cuivres héroïques associés au personnage de Hank Azaria (scène où Animal filme Godzilla en pleine rue) ou l’excitant ‘1st Helicopter Chase’ sont autant de déchaînements orchestraux qui permettent d’apporter un souffle épique spectaculaire à l’écran, même si l’on regrettera une fois de plus une certaine tendance à sous mixer la musique sous des tonnes d’effets sonores. ‘1st Helicopter Chase’ (traque de Godzilla par les hélicoptères de l’armée américaine) demeure impressionnant de bout en bout avec ses percussions exotiques qui rythment un orchestre totalement déchaîné, au sommet de sa forme, le genre de morceau d’action riche que l’on aimerait entendre plus souvent de nos jours à Hollywood!

David Arnold n’en oublie pas pour autant la facette plus humaine du film, développant à plusieurs reprises le joli ‘Love Theme’ pour Nick et Audrey qui demeure malgré tout assez anecdotique dans la partition mais qui a au moins le mérite d’être présent, apportant un peu de souffle entre deux gros morceaux d’action démesurés. Des morceaux comme ‘Audrey’s Idea’, ‘Nick and Audrey’ ou la partie finale de ‘Footprints/New York/Audrey’ sont autant de passages calmes qui permettent d’apprécier le thème romantique dans de multiples variantes, souvent confié aux cordes, aux bois ou au piano. Certains passages plus mystérieux et sombres comme ‘Dawn of the Species’ (scène où Nick explique qu’avec Godzilla, l’humanité va devoir faire face à l’apparition d’une nouvelle espèce animale surpuissante) et son utilisation d’un célesta/glockenspiel cristallin avec des chœurs mystérieux apportent un peu de relief à la partition. Un morceau comme ‘Evacuation’ oscille quand à lui entre rythmes martiaux et passage solennel émouvant lorsque les autorités décident d’évacuer la population de New York. La partie solennelle et quasi héroïque du morceau nous renvoie à la détermination des militaires qui pensent encore à ce moment là qu’ils maîtrisent tout. Arnold en profite pour nous faire entendre ici l’ancien thème héroïque qu’il avait écrit pour les militaires et qui ne sera finalement pas beaucoup utilisé dans le film. Ce thème fait une apparition particulièrement savoureuse dans la seconde partie de ‘Subway Damage/Command Enters City’, véritable marche militaire triomphante dans la lignée de ‘Independence Day’. ‘Guess Who’s Coming To Dinner ?’ nous permet quand à lui d’entendre le thème lyrique associé à Godzilla, révélant le caractère animal naturel de la créature et non son côté monstrueux, essentiellement du à sa taille imposante. La musique apporte à la scène de la rencontre entre Godzilla et Nick une certaine poésie et une magie inattendue, un passage de pure beauté avec ce thème mélodique très touchant – qui, curieusement, rappelle un peu les premières notes du thème de ‘Speed’ de Mark Mancina. Le thème exprime aussi l’admiration et l’émerveillement de Nick qui se retrouve enfin face à une créature mutante gigantesque qu’il a toujours rêvé de voir tout au long de sa vie de chercheur. Pour en rester dans la partie plus émotionnelle du score, ‘Nick Gets Fired’ (scène où Nick se fait virer après qu’Audrey ait dérobé une cassette top secrète dans sa tente) demeure un parfait exemple du style plus mélancolique et dramatique de David Arnold, avec ses cordes plaintives et langoureuses qui rappellent beaucoup les passages tragiques de ‘Independence Day’ ou ceux de ‘Last of the Dogmen’.

La dernière partie du film débute avec le retour du thème martial héroïque des français dans ‘Chewing Gum’. L’action repart alors de plus belle dans le massif ‘Godzilla O Park/Godzilla Takes a Dive/Godzilla Versus The Submarine/Egg Discovery’, plus de 9 minutes d’action non-stop pur et dur, toujours aussi saisissant et intense à l’écran comme sur l’album (séquence de la confrontation entre Godzilla et le sous-marin). On y retrouve au passage le motif d’action entendu dans ‘1st Helicopter Chase’, rendu ici encore plus intense avec un travail remarquable autour du pupitre des percussions et des cuivres. Mais c’est avec la séquence de l’attaque des bébés Godzilla dans le stade que la musique décolle pour de bon vers un climax final grandiose. Ainsi, ‘Baby Zillas Hatch’ (dont une partie du morceau n’est pas utilisée dans le film) installe une certaine tension – soutenue par des effets synthétiques inquiétants – avant que l’action ne prenne son envol à grand coup de percussions exotiques et d’orchestre complètement déchaîné – à l’instar des créatures, particulièrement voraces. La poursuite dans le stade s’accentue sensiblement avec les excitants et frénétiques ‘Nick Phones for Help’, ‘Eat the French’ ou bien encore ‘Phillip Shoots The Lock’. La contre-attaque débute avec ‘Nick’s Big Speech’ qui prend une tournure solennelle et émouvante lorsque Nick fait son speech devant les caméras pour expliquer l’importance de détruire Godzilla avant que l’humanité ne soit perdue. Le morceau affirme clairement ici un sentiment d’espoir, l’union de tous les hommes dans un même combat pour sauver le monde de la menace du monstre géant. Le thème lyrique de Godzilla est repris ici dans une version solennelle de toute beauté (à noter ici l’importance de la trompette soliste) dans un passage qui rappelle beaucoup le style du ‘President’s Speech’ de ‘Independence Day’. A noter une superbe envolée héroïque martiale à la fin de ‘The Garden Gets It’ où Arnold reprend son thème militaire dans une version cuivrée absolument triomphante. Arnold nous offre pour finir deux morceaux d’action ultimes : le frénétique ‘Taxi Chase’ (Arnold explique dans le livret du CD qu’il s’agit de l’un de ses morceaux préférés du score de ‘Godzilla’) pour la poursuite en taxi vers la fin du film – à grand renfort de percussions diverses et de variantes du thème militaire français. La musique retranscrit parfaitement ici toute l’intensité de cette poursuite effrénée entre le taxi dirigé par le personnage de Jean Reno et un Godzilla complètement enragé (notons ici les très intéressants changements rythmiques qui parcourent l’ensemble du morceau). Enfin, ‘Big G Goes To Monster Heaven’ illustre la mort de Godzilla avec un ultime morceau d’action aux envolées héroïques totalement excitantes – dans la lignée des passages les plus triomphants de ‘Independence Day’ – pour la scène où les avions de l’armée décollent et sont sur le point d’abattre le monstre. Et comme si cela ne suffisait pas, le morceau atteint un climax grandiose pour la mort de Godzilla, illustrée avec le retour du thème lyrique renforcé par d’impressionnants choeurs, un véritable Requiem poignant dédié à la mort de l’immense créature (à noter que, curieusement, les choeurs sont absents du film dans ce morceau!). On respire enfin avec ‘The End’ qui reprend le thème lyrique dans une version plus paisible et triomphante pour la fin du film.

Si ‘Stargate’ et ‘Independence Day’ ont été de véritables claques musicales, ramenant au goût du jour un grand langage symphonique typique du ‘Golden Age’ hollywoodien que l’on avait pas réentendu depuis un certain temps à l’époque, ‘Godzilla’ achève ce triptyque grandiose et monumental de David Arnold pour sa collaboration aux films du tandem Emmerich/Devlin. Partition symphonique ample, colossale, épique et grandiose, ‘Godzilla’ fait une fois de plus dans la démesure pure et dure et nous rappelle à quel point David Arnold, à peine âgé de 36 ans à cette époque, est décidément un grand maître de la musique symphonique hollywoodienne à l’ancienne. Le score de ‘Godzilla’, qui n’avait malheureusement pas été édité après l’échec du film au box-office 1998, voit enfin le jour sous la forme d’une généreuse édition discographie 2 CD offerte par La La Land Records, un jeune label de musique de film décidément très prometteur. Grâce à ce formidable album de plus de 110 minutes de musique, le public a enfin l’occasion d’apprécier le travail colossal de David Arnold sur le film de Roland Emmerich dans toute son intégralité. A noter au passage la richesse du livret et la qualité du son. En conclusion, ‘Godzilla’ fait incontestablement partie des oeuvres-clé de David Arnold, une partition riche et puissante dans le film, à ne rater sous aucun prétexte!


---Quentin Billard