1-Overture and a Prisoner
Of The Crusades
(From Chains to Freedom) 8.28
2-Sir Guy Of Gisborne
and The Escape
To Sherwood 7.27
3-Little John and The Band
In The Forest 4.52
4-The Sheriff and His Witch 6.03
5-Maid Marian 2.57
6-Training - Robin Hood,
Prince of Thieves 5.15
7-Marian At The Waterfall 5.34
8-The Abduction and
The Final Battle
At The Gallows 9.53
9-(Everything I Do)
I Do It For You 6.38*
10-Wild Times 3.13**

*Interprété par Bryan Adams
Ecrit par B.Adams,
R.J. Lange, Michael Kamen
Produit par
Robert John "Mutt" Lange
**Interprété par Jeff Lynne
Ecrit par M.Kamen
et J.Lynne
Produit par Jeff Lynne.

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

Polydor/Morgan Creek
511 050-2

Monteurs de la musique:
Christopher Brooks,
Eric Reasoner

Assistant montage:
James George
Préparation de la musique:
Joel Franklin
Musique produite par:
Michael Kamen,
Christopher Brooks
& Stephen McLaughlin

Producteurs exécutifs:
David Kershenbaum,
Jim Mazza

Artwork and pictures (c) 1991 Warner Bros Inc. All rights reserved.

Note: *****
ROBIN HOOD, PRINCE OF THIEVES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
De tous les films évoquant les aventures du désormais mythique Robin des bois, celui qui vole aux riches pour donner aux pauvres, 'Robin Hood Prince of Thieves' de Kevin Reynolds est sans aucun doute l'un des meilleurs films du genre. Tourné en 1991 avec la participation fondamentale d'un Kevin Costner qui venait tout juste de sortir de l'énorme succès de son 'Dances with Wolves', 'Robin Hood' est sans aucun doute l'un des grands classiques du film d'aventure épique du début des années 90, réunissant un casting prestigieux incluant Kevin Costner, Morgan Freeman, Mary Elizabeth Mastrantonio, Christian Slater, Alan Rickman, Michael Wincott et même une apparition furtive de Sean Connery dans le rôle du légendaire Richard Coeur de Lion. L'histoire se déroule au XIIIe siècle. Fait prisonnier à Jérusalem par les turcs durant les croisades de Richard Coeur de Lion, Robin de Locksley réussit à s'échapper en compagnie d'un maure nommé Azeem (Morgan Freeman), à qui il sauve la vie. De retour en Angleterre avec Azeem, qui le suit désormais partout dans ses aventures, Robin découvre que son père, Lord Locksley (Brian Blessed), a été pendu tandis que son château a brûlé dans les flammes. Parmi les ruines, Robin et Azeem découvrent un survivant, Duncan (Walter Sparrow), qui était le serviteur et ami de son père. Les yeux crevés, Duncan explique que c'est le shérif de Nottingham (Alan Rickman) et ses hommes qui ont tués son père et détruit son château, et qu'en son absence, le shérif en a profité pour mettre à sac la région et amasser des fortunes sur le dos de la population. Robin croise alors la route des hommes du shérif et réussit à leur échapper en se réfugiant dans la forêt de Sherwood, où il se fait attaquer par une bande de brigands qui vivent au coeur de la forêt. Après une rencontre musclée avec leur chef, Petit Jean (Nick Brimble), Robin réussit à convaincre les brigands de s'associer avec lui pour lutter contre le shérif et mettre fin à son règne de terreur. Robin en profite aussi pour retrouver une vieille connaissance, Marian (Mary Elizabeth Mastrantonio), la fille du roi Richard dont il va très vite tomber amoureux. Robin et les brigands décident alors d'attaquer et de piller systématiquement les convois du shérif pour distribuer le butin aux pauvres, mais le shérif, aidé par une cruelle sorcière, n'est pas près de se laisser faire et décide de sévir. L'affrontement entre les deux hommes deviendra tôt ou tard inévitable.

Cette superproduction épique possède tout ce qu'il faut pour en faire un divertissement de qualité: combats, cascades spectaculaires, scènes de bataille magnifiquement filmés, grands moments de bravoure (la scène où Robin et ses amis partent délivrer Will l'écarlate lors de la scène de pendaison, la scène où Robin réussit à s'échapper à cheval du château de Nottingham, l'affrontement final contre le shérif, etc.) et un peu de poésie pour la romance entre Robin et Marian, sans oublier un casting au diapason (Kevin Costner est impeccable dans le rôle de Robin des bois) et, chose rare, pas mal de violence pour un film d'aventure censé être tout public (le film a d'ailleurs été largement censuré en Angleterre par la BBFC). Kevin Reynolds et la production (Morgan Creek, James G. Robinson et même Kevin Costner) ont vu grand avec ce grand classique du film d'aventure des années 90, une grande histoire mélangeant aventure, danger, romance et vengeance sur une mise en scène bien rythmée (le film fait quand même près de 2h20!), qui parvient même à nous faire oublier la version de 1938 réalisée par Michael Curtiz avec Errol Flynn. Certes, on pourra toujours reprocher au film de Kevin Reynolds de faire dans le spectaculaire (la version de 1938 s'avérant être plus légère tandis que celle de Reynolds est nettement plus sombre et brutale) mais il y a un tel souffle épique et de tels grands morceaux de bravoure qu'il serait difficile de ne pas apprécier 'Robin Hood Prince of Thieves' en tant que spectacle d'aventure dans la grande tradition hollywoodienne du genre, un grand classique qu'on ne se lasse pas de (re)découvrir!

Le succès du film de Kevin Reynolds doit beaucoup à la splendide et célèbre musique de Michael Kamen, qui demeure à ce jour l'un des plus grands chef-d'oeuvres du compositeur. Comme l'indiquent les notes dans le livret de l'album, 'les grands films d'aventure ont toujours été les concerts des émotions', autrement dit, un grand spectacle d'aventure ne peut qu'être accompagnée par une grande musique personnifiant l'héroïsme, le danger, la romance, etc. Tous ces éléments sont présents dans la spectaculaire partition symphonique de Michael Kamen qui s'en est donné à coeur joie sur ce film (il est marrant de noter que les notes du livret de l'album citent comme références musicales 'L'ouverture 1812' de Tchaïkovski' ou le 'Clair de Lune' de Debussy). Et pourtant, la tâche est loin d'avoir été aussi simple puisque, outre le nombre de re-montages assez conséquent durant la post-production du film, Kevin Reynolds a été remplacé durant le tournage par Kevin Costner (producteur du film), ce qui explique probablement le fait que Michael Kamen a été obligé d'engager un nombre record d'orchestrateurs sur le film pour pouvoir écrire plus de 2 heures de musique en un temps record, face aux problèmes de post-production du film - on compte pas moins de 11 orchestrateurs sur cette musique, incluant le compositeur en personne mais quelques autres grands noms moins connus à l'époque comme William Ross, Don Davis, Chris Boardman, des orchestrateurs devenus aujourd'hui compositeur). Malgré ces problèmes, le résultat est véritablement énorme. A l'instar du film, Michael Kamen voit grand et nous livre un score épique encore plus énorme et massif que ce qu'a put faire Erich Wolfgang Korngold en 1938 sur la version de Michael Curtiz. Vous aimez vous laisser emporter par une musique héroïque au souffle épique dévastateur? Alors écoutez 'Ouverture' et vous serrez grandement convaincu. Un petit ostinato rythmique de contrebasses et des cors annoncent le superbe thème principal comme une sorte d'appel royal, tandis que le célèbre thème principal est magnifié par des trompettes héroïques et grandioses, associés tout au long du film aux exploits de Robin des bois. Le second thème fait son apparition sur un rythme de chevauchée avec ses cloches et ses cors massifs imitant des cors de chasse, avec des sauts de quartes et de quintes très évocateurs des ambiances de chevauchée guerrière, et qui correspond bien à l'esprit des partitions hollywoodiennes médiévales - même si le langage musical utilisé, du grand symphonique pur, est purement anachronique avec l'époque à laquelle se déroule le film, comme c'est d'ailleurs bien souvent le cas à Hollywood. Avec une ouverture aussi brillante, on ne peut qu'apprécier l'aventure qu'on nous invite à partager. La seconde partie, 'Prisoner of the Crusades', se veut bien plus sombre, avec ses instruments aux sonorités arabes qui évoquent les prisons turques au début du film, desquelles s'échappent Robin et Azeem. On notera au passage la richesse et le relief apporté aux orchestrations, comme toujours chez Michael Kamen (c'est devenu une de ses marques de fabrique).

Puis, très vite, l'action démarre au plus fort avec la spectaculaire évasion des prisons de Jérusalem au début du film, avec un premier morceau d'action aux cuivres massifs, reprenant le thème guerrier de la chevauchée, avant de se conclure sur un rappel plus majestueux du thème principal lorsque Robin retourne chez lui, dans sa terre natale qu'est l'Angleterre, thème toujours personnifié par des cuivres amples symbole d'héroïsme et de grandeur d'âme. Mais les choses semblent changer dans 'Sir Guy of Gisborne and the Escape to Sherwood' où l'on découvre un nouveau thème plus mélancolique faisant intervenir quelques solistes comme des flûtes à bec, un hautbois (l'instrument fétiche du compositeur, qui est hautboïste de formation) et une harpe, Kamen ayant toujours manifesté une vive attention pour le jeu des solistes dans ses musiques. Le thème évoque ici la tristesse de Robin à la découverte de la mort de son père. La partie illustrant la fuite dans la forêt de Sherwood est accompagné au son d'un sympathique travail de contrepoint autour d'un motif rythmique d'une dizaine de notes, d'abord amorcé par les cordes puis développé par imitation aux cuivres et au reste de l'orchestre, preuve du talent d'écriture et de contrapuntiste du compositeur qui nous livre là un nouveau morceau d'action particulièrement éclatant et rythmé. Variant les émotions avec une habileté rare, Michael Kamen nous offre un peu plus de légèreté dans 'Little John and the Band in the Forest' pour la rencontre entre Petit Jean et Robin dans la forêt de Sherwood. On retrouve le thème mélancolique de 'Sir Guy of Gisborne' transposé ici dans un style plus médiéval avec hautbois, harpe et cithare qui cherchent clairement à évoquer des sonorités musicales médiévales (le film se déroule quand même au XIIIe siècle). Comme la plupart des morceaux sont souvent bien longs, Kamen prend bien le temps de développer chaque ambiance avec grande efficacité, apportant un soin tout particulier à chaque morceau. Ainsi, on appréciera la bonne humeur que nous fait ressentir Kamen durant la scène où Robin doit affronter Petit Jean dans la rivière pour pouvoir traverser la forêt. Kamen nous offre ici un petit scherzo joyeux et entraînant, au classicisme d'écriture évident - on est guère loin par moment de Beethoven! A ce sujet, à noter une étrange ressemblance à 4.30 au début d'un mouvement de la sixième symphonie de Beethoven, ce qui n'est certainement pas hasard lorsque l'on sait que Kamen apprécie particulièrement ce compositeur au point de le citer dans des partitions telles que 'Die Hard' ou 'Last Action Hero'.

L'ambiance change à nouveau dans 'The Sheriff and his Witch' où l'on découvre la partie plus sombre de la musique de Kamen, associée ici au shérif et à sa sorcière maléfique (dans une scène coupée du film, on nous apprend que la sorcière est en réalité la mère du shérif). Plutôt que d'utiliser un nouveau thème pour le shérif et sa sorcière, Kamen a préféré opter pour une approche plus atmosphérique, utilisant cordes dissonantes, vents graves et quelques brèves et discrètes sonorités électroniques inquiétantes personnifiant le côté maléfique des deux grands méchants du film - on a carrément l'impression d'avoir à faire ici à une musique de thriller! Finalement, 'Maid Marian' nous permet de découvrir une autre facette d'une partition décidément très riche, puisqu'il s'agit du morceau contenant un autre thème majeur de la partition, le 'Love Theme', romantique et inspiré à souhait, avec sa mélodie gracieuse associée dans le film à Marian et Robin. Joué en premier par une harpe, le thème est repris ensuite dans un très beau duo hautbois/flûtes avant une magnifique envolée de cordes romantiques à l'ancienne, apportant beaucoup de poésie à la scène où Marian quitte Robin après lui avoir rendu visite dans la forêt de Sherwood, ambiance que l'on retrouve dans le magnifique 'Marian at the Waterfall', où règne une très grande fraîcheur et un raffinement typique du compositeur. On retrouve ici le thème majestueux de l'arrivée de Robin en Angleterre au début du film, joué ici par une flûte, suivi d'une superbe reprise plus lente et magnifique du thème de Robin aux cordes lors de la scène où ce dernier prend son bain dans une rivière et que Marian vient lui rendre visite. Il règne ici aussi une certaine légèreté que côtoie un lyrisme sous-jacent que l'on retrouve dans une émouvante reprise du 'Love Theme' au hautbois, décidément l'instrument roi par excellence chez Michael Kamen, et très présent tout au long de la partition (on sent à quel point le compositeur se fait plaisir avec sa musique).

La dernière partie du film fait place à l'aventure et à l'action avec, par exemple, le superbe 'Training - Robin Hood, Prince of Thieves', qui débute sur un ton plutôt mélancolique aux cordes pour évoquer les méfaits du shérif (d'où une reprise du thème mélancolique de 'Sir Guy of Gisborne'), avant de se poursuivre avec une très vive reprise du superbe thème principal héroïque à souhait durant la scène où Robin fait s'entraîner les brigands de Petit Jean pour faire d'eux des guerriers capables de combattre le shérif et ses hommes. La séquence d'entraînement est entièrement portée par cette superbe reprise du thème principal aux cors (une autre reprise, elle aussi fameuse, étant malheureusement absente de l'album, pour la scène où Robin s'échappe à cheval du château du shérif). Pour finir, 'The Abduction and the Final Battle at the Gallows' illustre la bataille finale durant la scène où Robin et ses compères aident leurs amis prisonniers à échapper à la pendaison dans la place fortifiée du shérif. La tension monte tout au long des préparatifs du sauvetage, Kamen entretenant une dynamique orchestrale constante tout au long de cette scène, faisant passant des motifs répétitifs d'un instrument à un autre avec une grande habileté, jusqu'au morceau d'action final qui débute au son d'un ostinato de cithare suivi par un déferlement de cuivres, de cordes et de percussions pour la bataille finale (l'album omettant toute la partie musicale illustrant l'affrontement entre Robin et le shérif) au son d'une superbe reprise du thème de chevauchée guerrière à grand renfort de tambours (les cors et les trompettes étant un peu limite niveau justesse à partir de 6.39, même s'ils exécutent à merveille leur partie virtuose!). La conclusion vient finalement d'elle-même, véritable triomphe musical reprenant le 'Love Theme' à partir de 7.34 pour le happy-end final, qui nous permet d'entendre une fanfare majestueuse pour l'arrivée du Roi Richard et une dernière reprise du thème principal sous une forme plus lente et majestueuse avant une coda orchestrale triomphante, débouchant sur la célèbre chanson du générique de fin, 'Everything I Do, I Do It For You' interprétée par Bryan Adams (et basé sur la mélodie du 'Love Theme' du score), le tube de la musique de 'Robin Hood' qui continue encore aujourd'hui de tourner sur la plupart des radios, et qui a certainement fait beaucoup pour le succès commercial du film (hélas, ne nous leurrons pas, une chanson fonctionnera toujours aussi mieux auprès du public qu'une grosse partition symphonique de plus de deux heures, quelque soit sa qualité d'ailleurs!).

Que dire de plus si ce n'est que l'on est emporté du début jusqu'à la fin par cette magnifique partition d'aventure au souffle épique, où règne romance, héroïsme, action, danger, etc. Tous les ingrédients sont réunis pour faire de la partition de 'Robin Hood Prince of Thieves' un grand chef-d'oeuvre de la musique de film hollywoodienne des années 90. Véritable tour de force orchestral de plus de 2 heures, le score de 'Robin Hood' (présenté ici dans une version de 60 minutes incluant les grands morceaux incontournables de la musique) est un exemple de déchaînements orchestraux totalement maîtrisés, de grands morceaux de bravoure, de thèmes mémorables, le tout au service d'un film d'aventure non moins splendide qui, en 1991, renouait avec la tradition des grands spectacles hollywoodiens à l'ancienne. Totalement inspiré par son sujet, Michael Kamen nous emporte dans une magnifique aventure symphonique où règnent de multiples émotions, que ce soit la mélancolie du début de 'Sir Guy of Gisborne', l'héroïsme de 'Training - Robin Hood, Prince of Thieves' ou la tendresse paisible de 'Marian at the Waterfall'. Accompagnant chaque scène, chaque personnage et chaque moment clé du film avec une même intensité, Michael Kamen prouvait définitivement en 1991 qu'il avait l'étoffe d'un très grand compositeur digne de siéger au panthéon des grands artistes qu'Hollywood ait connu tout au long du 20ème siècle. En tout cas, ce chef-d'oeuvre de la musique de film est là pour en témoigner! Un grand classique, à connaître absolument!


---Quentin Billard