1-Overture 4.21
2-She Wrecks Me 1.38
3-NASA Strikes! 2.46
4-Conspiracy Theory 2.14
5-Brain Gravy 3.05
6-Wheelchair Chase 1.44
7-First Date 1.08
8-Delicate Shadows 1.52
9-The Catcher 5.32
10-Turning Into a Jerry 1.33
11-Who Are You? 3.28
12-Searching for the Music 3.11
13-Middle Names 2.14
14-Now You Tell Me 2.37
15-Riding 2.49

Musique  composée par:

Carter Burwell

Editeur:

TVT Records TVT 8130

Album produit par:
Carter Burwell

Artwork and pictures (c) 1997 Warner Bros Pictures Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
CONSPIRACY THEORY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Carter Burwell
‘Conspiracy Theory’ (Complots), thriller réalisé par Richard Donner deux ans après l’insipide ‘Assassins’, nous plonge dans un univers de paranoïa et de conspiration, mené tambour battant par un Mel Gibson exceptionnel comme à l’accoutumée. Jerry Fletcher (Gibson) est un modeste chauffeur de taxi new-yorkais qui passe une bonne partie de ses nuits à confier à ses clients un nombre incalculable de théories conspirationnistes qu’il semble être le seul à connaître. Evidemment, Jerry passe pour un paranoïaque complètement cinglé. Alice Sutton (Julia Roberts), jeune procureur au ministère de la justice, semble être la seule qui accepte de l’écouter. Jerry est amoureux d’Alice et la protège depuis le jour où elle s’est faite agresser il y a quelques temps. La jeune femme vit en recluse chez elle depuis l’assassinat de son père, un important magistrat. Jerry lui confie alors qu’il est suivit par des individus mystérieux qui lui veulent du mal. Le jour où l’énigmatique et inquiétant docteur Jonas (Patrick Stewart) surgit de nulle part à la recherche de Jerry, Alice comprend que Jerry n’est pas complètement cinglé et que quelqu’un lui veut effectivement du mal, pour une raison qu’elle ignore encore. Elle décide alors de mener sa propre enquête et d’aider Jerry à semer ses mystérieux poursuivants. ‘Conspiracy Theory’ nous plonge dans un astucieux mélange entre thriller et drame dans lequel Mel Gibson s’en donne une fois de plus à coeur joie, alternant folie et légèreté comme il sait si bien le faire. A ses côtés, une Julia Roberts légère, fragile et pleine de charme. Quand à Patrick Stewart, il campe un méchant tortionnaire assez mémorable – dans la lignée du personnage de Laurence Olivier dans ‘Marathon Man’. A ce sujet, la scène où Jonas torture Jerry vers le début du film est assez dérangeante, surtout dans son utilisation de lumières épileptiques.

La musique de Carter Burwell contribue sans aucun doute à créer une ambiance particulière dans le film de Richard Donner. Burwell fait preuve d’une certaine inventivité, mélangeant rythme jazzy et morceaux de suspense/action trépidants avec un certain doigté. Le film débute au son du thème de Jerry, sur un rythme jazzy rétro avec section rythmique, piano, vibraphone, cuivres et cordes. Burwell accompagne la scène d’ouverture où Jerry raconte ses théories conspirationnistes à ses clients sur un rythme de jazz/rock à la Henry Mancini, très inspiré du célèbre ‘Peter Gunn’s Theme’, et qui affiche clairement ici l’énergie et la fantaisie du personnage de Mel Gibson. Avec ‘She Wrecks Me’, Burwell utilise une guitare électrique de façon plus curieuse lors de la scène où Jerry, rêveur, perd momentanément le contrôle de son taxi. Burwell se montre décidément ici très inventif dans sa manière de manier ses différentes sonorités instrumentales. ‘NASA Strikes !’ dévoile quand à lui un sombre motif de 7 notes ascendantes et descendantes associé dans le film au sinistre docteur Jonas, pour la scène où ce dernier cherche à s’emparer de Jerry. L’ambiance se veut ici plus inquiétante et menaçante, avec un orchestre décidément très présent. Un morceau comme ‘Conspiracy Theory’ s’avère être très représentatif de l’atmosphère de la partition de Carter Burwell avec son rythme de bongos entraînant et le retour du thème jazzy de Jerry et son côté très ‘Peter Gunn’ un brin rétro (on sent à quel point le compositeur s’est fait plaisir avec ce thème fort sympathique et cool à l’écran), thème qui évoque la paranoïa de Jerry sur un ton assez humoristique et étrangement détendu.

Mais les choses s’aggravent considérablement avec ‘Brain Gravy’ pour la séquence de la torture de Jerry par le sinistre Jonas. Burwell utilise ici des cordes sombres et dissonantes sur fond de sonorités électroniques étranges et distordues avec des cuivres imposants et des percussions martiales agressives. Le compositeur capture ici toute l’intensité de la séquence avec sa musique particulière et ses mélanges inventifs de sonorités très particulières. Le morceau explose littéralement avec la poursuite en fauteuil roulant dans le chaotique ‘Wheelchair Chase’ où Burwell se montre clairement inventif avec son ostinato martial de percussions, son motif de 7 notes associé à Jonas, et son utilisation étrange de sons de guitare électrique lointains. Ici aussi, la musique capture toute l’intensité de la scène avec ses sonorités étranges, fantaisistes – et un final à la guitare électrique curieusement très mélodique, rompant avec le chaos instauré par le morceau. Dans ‘First Date’, on découvre le thème romantique associé à Alice pour la scène où Jerry commence à avouer ses sentiments à la jeune femme, thème plutôt simple et très retenu. Le thème apporte un peu de respiration à la partition dans ‘Turning Into A Jerry’ où Alice apprend la vérité sur le passé de Jerry, l’occasion pour Carter Burwell de reprendre ici les rythmes jazzy de l’introduction. Enfin, l’action reprend très vite le dessus dans ‘The Catcher’ où le thème menaçant de Jonas est développé sur un ensemble assez inventif de percussions diverses. ‘The Catcher’ est sans aucun doute l’un des meilleurs passages d’action du score de ‘Conspiracy Theory’, avec ses percussions agressives, ses cordes dissonantes, ses cuivres massifs et ses sonorités électroniques bizarres mélangés à la guitare électrique fantaisiste. La tension monte d’un cran avec ‘Who Are You ?’ et ‘Searching For The Music’ et ses percussions entêtantes. Enfin, ‘Now You Tell Me’ semble marquer une accalmie qui se concrétise enfin dans un ‘Riding’ plus optimiste, où la seconde partie du thème de Jerry revient une dernière fois pour conclure l’histoire en beauté.

Score éclectique et par moment très rafraîchissant, ‘Conspiracy Theory’ démontre tout le savoir-faire de Carter Burwell, un compositeur passé maître dans les ambiances décalées et ironiques, sorti grandi par sa collaboration passionnante avec les frères Coen. La musique de Carter Burwell est à l’image même du film de Richard Donner : à la fois amusante, entraînante mais aussi sombre et agressive. Cet éclectisme résume donc à lui tout seul l’ambiance particulière voulue par le réalisateur dans ce thriller mené par un Mel Gibson déchaîné. Voilà en tout cas une très sympathique partition thriller tour à tour sombre et fantaisiste à découvrir, surtout si vous appréciez habituellement le travail de Carter Burwell!



---Quentin Billard