1-Bambino 3.18*
2-Le Caire Nid d'Espions 1.59
3-OSS 117 Thème 2.43
4-Larmina Thème 1.15
5-Bienvenue au Caire 0.41
6-Tant qu'il y aura des
hommes mélancoliques 0.47
7-La dialectique peut-elle
casser des briques? 1.32
8-Froggy Afternoon 3.14
9-Egyptian Polka 1.57
10-Cuando Hablas,
No Te Entiendo 2.57
11-Nefertitwist 1.54
12-Sweet Night in Cairo 1.40
13-Chili Chicken Dance 1.31
14-Wesh Wesh 117 2.05
15-Tant qu'il y aura des
hommes joyeux 0.54
16-Dans les eaux troubles
du Canal de Suez 2.39
17-Derrière les dunes 1.19
18-Requiem pour un espion 0.32
19-OSS 117 Thème (Remix) 7.54

*Interprété par Jean Dujardin.

Musique  composée par:

Ludovic Bource/
Kamel Ech-Cheik

Editeur:

Virgin France/EMI Music
009463606212 9

Produit par:
Ludovic Bource, Kamel Ech-Cheik


Note: ***1/2
OSS 117 :
LE CAIRE NID D'ESPIONS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ludovic Bource/
Kamel Ech-Cheik
‘OSS 117’ est à l’origine une série de romans d’espionnage écrits par Jean Bruce entre 1949 et 1963. Le cinéma français s’est très vite intéressé à ces romans et a décidé de nous offrir de nombreuses adaptations cinématographiques telles que ‘OSS 117 n’est pas mort’ (1956), ‘OSS 117 se déchaîne’ (1963), ‘Banco à Bangkok pour OSS 117’ (1964) ou bien encore ‘Furia à Bahia pour OSS 117’ (1965) pour ne citer que les plus connus. En tout huit films incluant ce très récent ‘OSS 117, Le Caire nid d’espions’, comédie réalisée par Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin dans le rôle du célèbre agent secret français. L’histoire se déroule ici en Egypte, 1955. La ville du Caire est devenu un véritable nid d’espions en tout genre. Les complots se multiplient, que ce soit entre les français, les anglais ou les russes. A l’intérieur même du pays, la princesse Al Tarouk (Aure Atika), fille du roi déchu Farouk, cherche à reconquérir le trône, tandis que les Aigles de Kheops, une secte de fanatiques religieux, cherche à prendre le pouvoir en Egypte. C’est alors que le Président de la République Française, René Coty, décide d’envoyer son meilleur agent pour mettre fin à cette situation explosive : OSS 117, ou Hubert Bonisseur de la Bath pour les intimes. Le résultat sera loin d’être triste, car à l’inverse des sept films précédents, ce OSS 117 version 2006 se veut ouvertement parodique. Le réalisateur détourne ici les codes et conventions du genre et nous offre une comédie d’espionnage étonnante et satirique, par moment même très osée dans sa façon de traiter des sujets sensibles. Jean Dujardin s’éclate complètement dans le rôle de OSS 117, et le scénario nous propose quelques gags et répliques savoureuses. Evidemment, Dujardin crève l’écran dans la peau de cet agent secret misogyne, colonialiste, homophobe, raciste, etc. Le personnage même est une caricature hautement satirique d’un certain état d’esprit français qui régnait à cette époque en France dans les années d’après-guerre. On aurait donc tort de prendre tout cela au sérieux car le second degré reste constant tout au long du film et savamment dosé. A vrai dire, la véritable surprise du film vient avant tout de son humour décalé et ironique qui évite le traditionnel côté tarte à la crème et s’avère être bien plus subtil qu’il n’y paraît. En écorchant quelques travers de la mentalité franchouillarde de l’époque, ce ‘OSS 117’ marque vraiment un point et s’apprécie en plus comme un excellent divertissement populaire mené par un Jean Dujardin décidément increvable. Le fait même que le film contienne plusieurs niveaux de lecture rend l’ensemble beaucoup plus consistant qu’une simple comédie française populaire de base. En clair : une véritable surprise!

La musique de ‘OSS 117, le Caire nid d’espions’ a été confiée à Ludovic Bource et Kamel Ech-Cheik. Les deux compères travaillent ensemble depuis ‘Entre amis’, précédent film de Michel Hazanavicius réalisé en 1999. Depuis, ils ont signé la musique de quelques courts-métrages et se sont enfin vus offrir un nouveau long-métrage sur lesquels ils retrouvent Hazanavicius. Pour ‘OSS 117’, Bource et Ech-Cheik nous livrent une solide partition mélangeant jazz, orchestre et sonorités arabes pour notre plus grand plaisir. La musique illustre à la fois les aventures d’OSS 117 tout en évoquant les lieux dans lesquels se déroule l’histoire du film. Le héros du film a ainsi droit à son propre thème, le ‘OSS 117 Thème’, qui se distingue par sa mélodie de cuivres sur fond de batterie, basse, piano, accordéon, cordes et instruments à vent. Le thème d’OSS 117 possède un côté rétro « sixties » à la James Bond, la seconde partie du thème s’orientant davantage vers un style musical arabe évoquant la ville du Caire. Le thème d’OSS 117 attire très vite notre attention grâce à sa mélodie et ses rythmes entraînants indissociables de l’agent secret franchouillard. Le générique de début est accompagné d’un solide ‘Le Caire Nid d’espions’ qui dévoile le thème jazzy accrocheur et irrésistible du héros, avec un côté toujours très rétro absolument remarquable et totalement maîtrisé.

Le duo nous offre ensuite un second thème associé à la belle Larmina (Bérénice Bejo), un ‘Larmina Thème’ romantique et lui savoureusement rétro, à la manière des grandes mélodies romantiques de certains films français des années 60/70. On appréciera ici la qualité des orchestrations, l’écriture très raffinée des cordes et du piano et l’utilisation de cuivres rétro sur la fin du morceau. Le ‘Larmina Thème’ évoque la romance entre OSS 117 et Larmina dans le film, avec, comme toujours, ce ton rétro constant rendant un bien bel hommage à la série des OSS 117 des années 60. L’arrivée au Caire nous permet de retrouver une variante arabisée du thème d’OSS 117 dans ‘Bienvenue au Caire’, le thème, véritablement protéiforme, s’adaptant aux différentes situations du film avec une certaine efficacité. A noter quelques rythmes jazzy entraînants dans le morceau au nom à coucher dehors, ‘La dialectique peut-elle casser des briques’, et qui contient lui aussi quelques touches rétro avec en particulier des accords de cuivres conclusifs qui ne sont pas sans rappeler maints partitions de la saga ‘James Bond’.

Dans ‘Froggy Afternoon’, Ludovic Bource nous plonge dans du lounge/easy-listening jazzy kitsch à la Michel Magne, autre hommage évident au grand musicien de la saga des ‘OSS 117’. Les amateurs de musique rétro des années 60 en ont véritablement pour leur argent ici, la musique apportant par la même occasion une fraîcheur et un humour véritable au film de Michel Hazanavicius. Les deux compositeurs semblent d’ailleurs s’être bien amusé sur ce film, nous offrant par exemple un morceau survitaminé dans ‘Egyptian Polka’, se partageant entre les rythmes arabes avec darbouka, riqq (tambourin égyptien à cymbalette) et oud (luth oriental) et section de cuivres jazzy, un joli mélange entre cultures musicales orientales et occidentales pour les aventures de l’agent secret français dans la ville égyptienne du Caire. Le duo apporte un véritable punch à la musique et soigne particulièrement chaque axe musical sans privilégier un style plus qu’un autre. On appréciera par la suite le twist rétro de ‘Nerfertitwist’ qui accompagne les exploits d’OSS 117 ou le slow pour piano très romantique d’esprit dans ‘Sweet Night in Cairo’ – et qui évoquerait presque par moment un tube de Michel Polnareff.

On retourne à un style de film d’espionnage plus traditionnel dans ‘Chili Chicken Dance’ avec sa ligne de basse de piano très jazzy et ses cordes mystérieuses qui nous proposent ici une variante autour du thème d’OSS 117 durant la scène de l’affrontement dans le poulailler. Idem pour ‘Dans les eaux troubles du canal de Suez’ avec son ambiance d’infiltration/espionnage (scène où OSS 117 se rend dans le canal de Suez pour l’affrontement final) utilisant un orchestre plus traditionnel, teinté ici d’un soupçon de suspense. Quand à ‘Derrière les dunes’, on retrouve là aussi une utilisation plus conventionnelle de l’orchestre, avec quelques vagues touches orientalisantes de qualité. A noter un très beau ‘Requiem pour un espion’ avec sa vocalise féminine éthérée et son mélange cordes/piano de qualité. ‘Wesh Wesh 117’ nous offre une superbe pièce orientale dans la tradition musicale égyptienne avec un solo de flûte ney accompagnée de la formation instrumentale plus arabe d’esprit, toujours associé au climat égyptien du film.

La musique de Ludovic Bource et Kamel Ech-Cheik rend au final un bien bel hommage aux partitions de Michel Magne sur les précédentes aventures de OSS 117, surfant entre jazz, musique arabe et ambiance musicale traditionnelle de film d'espionnage. La partition des deux compères apporte donc une fraîcheur et une énergie considérable au film de Michel Hazanavicius. Dommage que l’album ne retranscrive que la moitié de la musique entendue dans le film. Par exemple: où est passée la musique d’action assez jouissive pour l’affrontement dans l’avion au début du film ? Malgré les défauts d’un album largement incomplet (il manque en plus beaucoup de variantes du thème principal), la musique de ‘OSS 117 Le Caire Nid d’Espions’ demeure une véritable bonne surprise, rappelant encore une fois la grande fraîcheur de cette production qui semble avoir décidément inspiré tout ceux qui ont travaillé dessus.


---Quentin Billard