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1-Main Title Sequence 2.05
2-Arriving at the Airport 4.10 3-A Friendly Gesture 1.15 4-Waiting for the Flight 2.37 5-Takeoff 1.58 6-Changing Focus 10.11 7-No Back-Up Plan 4.19 8-Things That Go Bump In The Night 4.12 9-Bathroom Interlude 4.13 10-A Stolen Pen 2.18 11-Landing 8.47 12-The Pen Is Mightier Than The Sword 4.56 13-Rocket Fishing 3.16 14-Arriving At Home 2.04 15-Jack's Back 8.36 16-End Credits 8.51 The Extras 17-Arriving At The Airport, Pt. 1 - Alternate 2.23 18-Jet Lag Gestures 2.31 Musique composée par: Marco Beltrami Editeur: Intrada Special Collection vol. 315 CD produit par: Douglass Fake Producteur exécutif: Roger Feigelson Score produit par: Marco Beltrami Musique additionnelle: Tom Hiel, Tom Mesmer, Marcus Trumpp Orchestrations: Bill Boston, Rossano Galante, Christopher Guardino, Tom Hiel, Carlos Rodriguez, Marcus Trumpp Orchestre conduit par: Pete Anthony Monteur musique: Alex Gibson Assistant montage: Denise Okimoto Préparation musique: Steven L. Smith Artwork and pictures (c) 2005 Paramount Pictures. All rights reserved. Note: ***1/2 |
RED EYE
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Marco Beltrami
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Spécialisé dans les films d’épouvante depuis le début des années 80, Wes Craven s’attaque pour la première fois au registre du thriller dans « Red Eye », long-métrage à suspense sorti en 2005 dans lequel une jeune femme est terrorisée par un mystérieux individu à bord d’un avion. Lisa Reisert (Rachel McAdams), qui travaille à l’hôtel Lux Atlantic de Miami en Floride, revient tout juste des funérailles de sa grand-mère à Dallas dans le Texas. Alors qu’elle s’apprête à embarquer sur le vol de nuit (le fameux « red eye ») en direction de Miami, elle fait la connaissance de Jackson Rippner (Cillian Murphy), un séduisant jeune homme qui se montre charmant avec elle. Peu de temps après l’embarquement, Lisa retrouve Jackson dans l’avion, dont le siège est juste à côté du sien. Après avoir discuté ensemble plusieurs minutes, Jackson finit par révéler ses sombres desseins : il participe à une conspiration terroriste visant à éliminer le secrétaire adjoint de la sécurité nationale américaine Charles Keefe (Jack Scalia) ainsi que toute sa famille, qui doit se rendre au Lux Atlantic Hotel. Lisa est l’atout capital dans cette conspiration, et Jackson lui demande alors de téléphoner à sa collègue Cynthia (Jayma Mays) à l’hôtel de Miami afin de veiller à ce que Keefe et ses proches soient changés de chambre pour une autre chambre indiquée par Jackson. Si Lisa ne coopère pas, Joe (Brian Cox), le père de la jeune femme, sera abattu par un complice de Jackson. Menacée et séquestrée à bord de l’avion, Lisa n’a pas d’autre choix que d’obéir à Jackson. Pourtant, elle va tout faire pour tenter de sortir de ce cauchemar et d’empêcher la mort de Keefe et de son père.
Avec un scénario plutôt malin, Wes Craven signe donc un habile suspense qui ne sort guère des sentiers battus mais permet au cinéaste de nous offrir quelques frissons grâce à la performance remarquable de Cillian Murphy, superbe en jeune homme charmant qui cache une sombre personnalité de terroriste obsessionnel et violent. A ses côtés, la très jolie Rachel McAdams – dans un rôle qui rappelle celui de Neve Campbell dans « Scream » - campe la belle face à la bête, un mélange de vulnérabilité et de courage plutôt réaliste, hormis l’affrontement final dans la maison de Lisa, un peu trop hollywoodien mais très réussi dans le genre ‘jeu du chat et de la souris’ (là aussi, on remarque l’influence manifeste de « Scream » dans la manière de tourner cette confrontation pleine de suspense). Dommage cependant que le film manque un peu d’éclat et s’avère plutôt court (85 minutes), mais le film reste suffisamment captivant et plein de tension pour ce huis clos aérien qui joue sur les espaces confinés (cf. scène où Jackson brutalise Lisa dans les toilettes de l’avion) et les montées de tension afin de mieux distiller le malaise et l’angoisse de façon réaliste, hormis quelques petits défauts dans le script (pourquoi Jackson ne cherche-t-il pas le pistolet à la fin du film au lieu de s’emparer du couteau de son complice ?). Mais parce qu’il a su exploiter quasiment jusqu’au bout l’idée d’un huis clos dont une bonne partie de l’action se situe entre deux sièges en classe éco d’un vol de nuit « red eye », Wes Craven confirme qu’il est aussi un maître du suspense même si le film a bien du mal à se démarquer de l’esthétique de ces modestes séries-B que l’on voit régulièrement à la télévision ou de certaines séries TV d’action façon « 24 heures Chrono ». Marco Beltrami retrouve à nouveau Wes Craven après « Scream » (1996), « Scream 2 » (1997), « Scream 3 » (2000) et le calamiteux « Cursed » (2005). Pour sa cinquième participation à un film de Craven, Marco Beltrami concocte une partition orchestrale épousant les différents contours du film, à savoir un mélange de tension, de suspense et d’action pour retranscrire ce vol cauchemardesque et cette intrigue de conspiration terroriste. Exit ici l’aspect horrifique de la saga « Scream », et place à un style plus atmosphérique et restreint à l’aide de longues plages sonores empreintes de dissonances, de ponctuations percussives, d’éléments électroniques et de cordes menaçantes. Le ton est donné avec l’excellent « Main Title », probablement le morceau le plus mémorable du score de « Red Eye ». Avec une série de percussions synthétiques nerveuses, Beltrami pose ici le climat ‘thriller’ de sa partition, avant une seconde partie orientée ‘action’ à base de cordes staccatos, de cuivres imposants reposants essentiellement sur les cors et les trombones, quelques vents et une série de percussions électroniques entraînantes qui évoquent les préparatifs du complot terroriste lors du générique de début du film. Niveau thématique, seul l’ostinato de cordes rythmique est ici l’élément notable du score, en plus d’un thème associé à Jackson tout au long du film. Beltrami évoque le calme avant la tempête dans « Arriving at the Airport » où les cordes interprètent une série d’accords calmes et paisibles sur fond de petites percussions électroniques discrètes mais rythmées, alors que Lisa arrive à l’aéroport pour prendre son avion en direction de Miami. A 2:21, une deuxième partie dévoile un motif de cordes/piano plus mélancolique pour Lisa, évoquant un passé douloureux qu’elle tente d’oublier (sa cicatrice). Dommage qu’ici aussi le thème de Lisa soit assez sous-utilisé dans le film et manque cruellement de développement, de présence voire même d’inspiration. Et c’est un problème qui va revenir tout au long du film, car si le score est parfaitement posé sur les images du film, on regrette le manque de folie ou de passion d’un Marco Beltrami que l’on a connu bien plus audacieux et singulier par le passé. Ici, le compositeur se limite aux recettes habituelles du genre sans aucune prise de risque. Certes, il y a les éléments intimes comme « A Friendly Gesture » ou « Waiting for the Flight » qui restent plaisants dans le film, utilisant brillamment les cordes, les vents, le piano ou les percussions acoustiques/électroniques, mais il y a aussi de longues pistes sonores qui restent assez fonctionnelles dans le film et pas toujours passionnantes sur l’album. Mais c’est sans compter sur le talent de Marco Beltrami qui parvient malgré tout à apporter pas mal d’idées intéressantes à sa partition, à commencer par une bonne utilisation des cordes staccatos dans « Takeoff » pour la scène du décollage ou des petites percussions typiques du compositeur, incluant un glissando dissonant et strident des violons avec quelques clusters de cuivres suggérant l’idée de la terreur qui monte crescendo après le décollage et les révélations de Jackson au sujet du complot terroriste. Le mélange entre orchestre et électronique opère pleinement ici, Beltrami maîtrisant l’écriture orchestrale en apportant quelques couleurs supplémentaires lorsque l’occasion s’en présente. Les 10 longues minutes de « Changing Focus » nous plongent dans un suspense claustrophobique assez éprouvant, le morceau étant constitué d’une série de courtes pièces accompagnant une bonne partie des scènes de suspense dans l’avion. Beltrami utilise ici des cordes graves, des nappes sonores synthétiques obscures et des cuivres menaçants pour parvenir à ses fins. Jackson possède son propre motif de cordes dévoilé aux violoncelles/contrebasses à 1:11, cinq notes menaçantes soutenues par des loops électroniques qui créent un rythme constant à l’écran. Les amateurs de suspense glauque vont réellement apprécier les 10 minutes immersives de « Changing Focus », autant dans le film que sur l’album, même si l’on regrette encore une fois l’absence de repère thématique fort. Beltrami utilise même les cordes de manière quasi avant-gardiste au détour de quelques glissandos menaçants des violoncelles (entre 3:05 et 3:10), tandis que les loops électroniques évoquent ici par leurs cliquetis métalliques continus une sorte de son de montre/pendule suggérant l’idée d’une course contre la montre. Les cordes staccatos reviennent à partir de 6:28 pour renforcer la tension sur un fond de percussions synthétiques avec delay et réverb. Les dernières minutes de « Changing Focus » parviennent même à retrouver l’esprit singulier et horrifique de « Scream » avec ses cordes aigues acérées si typiques du compositeur. A 9:28, des timbales agressives et des cymbales viennent rappeler la violence de Jackson lorsqu’il assomme Lisa à coup de tête. Dès lors, le score se poursuit en faisant monter la tension tout au long du film avec une série d’ambiances sonores oppressantes qui ne laissent que peu de place aux respirations ou à l’émotion. « No Back-Up Plan » reprend ainsi le thème menaçant de Jackson à 0:26 aux violoncelles/contrebasses, avec une large place accordée aux dissonances, qui finissent par s’emparer de la partition du film. Le thème de Jackson, qui passe inaperçu à la première écoute, devient ici plus présent et plus important, notamment dans la façon dont Beltrami le développe avec un violoncelle soliste au milieu du morceau, l’idée étant de suggérer l’omniprésence du danger et l’obsession du sinistre terroriste/kidnappeur. Les clusters agressifs et les sursauts se multiplient alors, comme durant le final de « No Back-Up Plan » ou dans « Things That Go Bump in the Night », qui utilise aussi judicieusement le violoncelle soliste à quelques reprises, évoquant la fragilité de Lisa face à la menace de Jackson, dont le thème est à nouveau repris dans ce morceau (à 1:38 ou à 3:34) ou au début de la terrifiante et brutale scène des toilettes (« Bathroom Interlude »), avec son utilisation intéressante d’effets sonores des cuivres. Les auditeurs attentifs parviendront probablement à reconnaître le thème de Lisa au violoncelle à 3:47, dans un arrangement plutôt sombre évoquant les malheurs de la jeune femme terrorisée, arrangement que l’on retrouve aussi dans « A Stole Pen » à 1:34. Les 8 minutes intenses de « Landing » accompagnent l’atterrissage du Boeing 747 avec une série de montées de tension oppressantes et glauques, explorant les dissonances et les développements du thème de Jackson et de Lisa (à 2:20 par un violoncelle mélancolique et élégiaque). Les cordes staccatos associées au complot terroriste reviennent dans la dernière partie de « Landing » alors que Keefe est transféré dans sa nouvelle chambre et que le plan des conspirateurs se met progressivement en place. Dès lors, on entame l’acte final du film avec une série de morceaux d’action tonitruants et diablement excitants, à commencer par l’étourdissant « The Pen is Mightier Than the Sword », alors que Lisa parvient à s’échapper en enfonçant un stylo dans la gorge de Jackson. Le morceau se transforme alors rapidement en une longue course poursuite de l’aéroport jusqu’à la maison de Lisa, entièrement rythmée par des percussions électroniques nerveuses et des cordes déchaînées. Beltrami se fait plaisir ici avec l’un des meilleurs passages de la musique de « Red Eye », parfaitement mixée et valorisée dans le film au cours de cette scène très nerveuse. Le rythme ne se relâche pas et s’intensifie dans « Rocket Fishing » pour la scène où les terroristes lancent une roquette sur la chambre d’hôtel de Keefe. Même chose pour l’agressif et virtuose « Arriving at Home » ainsi que les 8 minutes finales et intenses de « Jack’s Back » durant l’affrontement final entre Jackson et Lisa, se concluant sur une jolie reprise du thème de Lisa à la flûte et aux cordes à 8:03. Marco Beltrami signe donc un score thriller plutôt intense et oppressant pour « Red Eye », parfaitement adapté à l’ambiance claustro du film mais manquant un peu d’audace ou d’originalité pour se hisser au dessus du lot. On a connu un Beltrami bien plus audacieux et inspiré dans son écriture et ses orchestrations par le passé, mais force est de constater que, si la musique paraît parfois un brin fade sur les images, elle s’avère constituer une écoute relativement solide sur l’album d’Intrada, qui révèle tous les détails d’une partition finalement bien plus aboutie et personnelle qu’elle n’y paraît (par exemple, les développements thématiques qui risquent fort d’échapper aux oreilles des spectateurs à la vision du film). Avec « Red Eye », Beltrami confirme ainsi qu’il n’est pas qu’un spécialiste des musiques horrifiques mais qu’il maîtrise aussi parfaitement les musiques à suspense dans la continuité de « Joy Ride » ou « The Watcher » : un bon score thriller en somme ! ---Quentin Billard |